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Brett Metcalfe “Le jour où je perds mon esprit de compétition, il sera temps de prendre du recul.”

“Quand je suis parti, j’ai juste pris un sac à dos. Je me suis dit “il faut que j’aille suivre mes rêves””

C’est en 2015 et après 13 ans d’une belle carrière aux USA que l’Australien Brett Metcalfe a décidé de raccrocher les gants. Pourtant, en 2018, le vétéran de la scène AMA est retourné en Australie pour participer à son championnat national.

Second du championnat de Supercross Australien en 2018, 4ème la saison dernière, Brett Metcalfe semble avoir trouvé le juste équilibre entre sa vie de pilote et sa vie de père de famille. Il s’alignera de nouveau derrière les grilles Australiennes la saison prochaine, toujours pour Penrite Honda.

Quand tu as quitté l’Australie pour ta carrière, tu pensais revenir ?

Oui. Quand j’avais 15 ou 16 ans, je rêvais de rouler en Grand prix, d’aller aux USA pour rouler en Supercross. Ce que j’ai fait, mais j’ai toujours eu comme plan de revenir en Australie. Je me suis toujours vu revenir ici, rouler quelques saisons, et prendre ma retraite.

@troybaylissevents

Quel âge avais-tu quand tu es parti ?

J’avais 16 ans, c’était quelque chose. Quand je suis parti, j’ai juste pris un sac à dos. Je me suis dit “il faut que j’aille suivre mes rêves”. Et j’ai pu le faire, j’ai eu de la chance, j’ai connu une carrière formidable. J’en ai vraiment profité et j’ai pu voyager. Revenir en Australie avec ma femme et mes deux enfants, c’est un nouveau chapitre. J’ai emménagé à Mannum ou j’ai grandi, ou je suis né, pour moi, c’est vraiment spécial. J’ai le soutien de ma famille mais aussi de mes amis avec qui j’ai grandi quand j’étais en maternelle. Mes enfants vont dans cette même école. Je réplique ce que mes parents ont fait pour moi. Ils commencent à rouler, tout ça.

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Tu penses encore rouler combien de temps ? Ça devient plus dur ? Tu en as encore sous le coude ?

Oh, c’est plus difficile – je ne vais pas mentir – mais je me sens toujours bien. Est-ce que je suis aussi compétitif que dans le temps ? Oui, mais les limites que tu es prêt à franchir déclinent un peu avec le temps. Je suis toujours compétitif, mais en tant que père, il y a un facteur famille qui t’oblige à prendre un peu de recul par rapport à la compétition. C’est un faible pourcentage, mais il faut trouver l’équilibre.

@azshot234

Pourtant tu termines second l’an dernier.

Ouai

Tu t’alignes toujours en Outdoor et en Supercross avec l’objectif de gagner ? C’est le but ?

La bonne chose, c’est qu’en Australie, je sens que je peux être un prétendant aux victoires. Aux USA, je serai probablement un pilote du top 10. C’est cool de pouvoir rouler pour gagner. J’ai gagné une épreuve de Supercross la saison passée, c’est bon de pouvoir prétendre à la victoire.

Tu étais devant lors du Supercross de Nouvelle Zélande, à Auckland.

C’était cool. J’ai pris du bon temps. J’essayais de tenir le rythme avec Jason Anderson. Il était vraiment très fort dans les whoops, et j’ai galéré dedans cette année. Autrement, je me suis senti en mesure d’être compétitif. Je me sentais bien, j’avais un bon rythme, c’était bon de pouvoir rouler devant.

@mutts86

@mutts86

Le but, c’est de revenir en Australie l’année prochaine ?

On va faire une année de plus, et ensuite, on verra. C’est comme ça que je travaille avec Yarrive Konsky, le team manager chez Penrite Honda. On a un deal plutôt neutre. Il me regarde dans les yeux et il me dit “T’es partant ?” et je dis oui ou non, et on voit. Pour l’instant, je suis engagé en Motocross la saison prochaine. À la fin de la saison, il me demandera si je suis prêt pour le Supercross, et je prendrais ma décision. C’est comme ça qu’on fonctionne. Je continuerai jusqu’au jour ou je perdrais la motivation de m’entraîner, de travailler, de faire mes tours – même si tout ça a bien changé car je suis un peu plus vieux, mais c’est toujours efficace. Le jour où je perds mon esprit de compétition, il sera temps de prendre du recul.

Justin Brayton dit pareil. Il dit qu’il en fait bien moins aujourd’hui qu’il en faisait quand il avait 25 ans, c’est pareil pour toi ?

100% vrai. La saison dernière, ma femme est retournée aux USA pendant 6 mois pour préparer les cartons, donc j’étais un père à temps plein et un pilote en même temps. Mon programme était condensé. J’étais d’abord papa, puis ensuite, j’étais pilote. Les gars comme Carmichael, Villopoto, James Stewart, et beaucoup de grands pilotes sont partis très tôt dans leur carrière. Je me dis qu’ils ont dû tellement rouler quand ils étaient plus jeunes. Maintenant que je suis plus vieux, je dois en être au même nombre d’heures d’entraînement qu’eux, alors qu’ils ont arrêté. Je me sens bien car je ne me force pas trop à en faire. Je travaille bien moins que ce que je faisais avant, mais le talent est toujours là. C’est pour ça que je continue. Malheureusement, il y a de moins en moins de talent. Je ne veux pas être péjoratif, mais beaucoup de ces pilotes Australiens qui arrivent en force n’ont aucune expérience en Supercross. Du coup, je suis encore légitime ici, j’ai fait des milliers de tours en Supercross alors que les jeunes d’ici n’ont jamais eu l’opportunité de rouler en Supercross.

@knossy

Donc le fait que toi, Chad Reed où Michael Byrne soyez venu, ayez réussi, ce n’est pas une coïncidence?

Le Supercross était au-devant de la scène en Australie, c’était vraiment basé autour du Supercross. Je roulais déjà en Supercross alors que je n’avais que 13 ans. On était des gamins. Puis ça s’est arrêté et les gens ont moins roulé, ce n’était plus populaire. Ce n’était pas commun, les gamins n’étaient pas aussi engagé dans le sport. Nous, on l’était. On roulait en Supercross, on voulait devenir Jeremy McGrath. Maintenant, l’engouement revient. Organiser ces épreuves et faire venir les meilleurs pilotes de la planète, ça aide.

Donc si tu veux aller aux USA, que tu veux apprendre le Supercross ici, la marche va être très haute ?

C’est terminé, ça ne fonctionnera pas. Regarde moi, regarde Chad. Chad, c’est le modèle Australien. Il était à fond dans le supercross, tout était question de supercross. Il est parti en grand prix, il a magnifiquement bien roulé, il a terminé second, mais il visait le Supercross, moi aussi, Byrne aussi. Les gars n’ont plus cette envie. C’est d’abord le motocross, donc ils sont plus attiré par les GP, c’est pourquoi beaucoup de nos gars finissent en grand prix, comme l’an prochain. Beaucoup moins d’Australiens finissent aux USA. Bon, il y a les frères Lawrence qui sont vraiment forts. Je pense que d’ici les deux prochaines années, on devrait avoir plus de pilotes qui s’essayent aux USA.

Interview: RacerX – Jason Weigandt


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