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Des nouvelles de Trey Canard

Peu de temps après avoir pris sa retraite en 2017, Trey s’est lancé dans un nouveau projet intitulé «Racing Standard». Avec ce projet, Trey avait pour but d’améliorer la sécurité des pilotes.

Malheureusement, le programme Racing Standard n’a jamais vraiment reçu l’appui dont il avait besoin et est quelque peu tombé aux oubliettes.

Trey a aussi rejoint l’équipe Honda HRC en tant que testeur, et aussi pour aider Ken Roczen & Cole Seely à retrouver le chemin de la victoire.

Que devient Trey Canard ? Que pense-t-il de la situation de San Diego ? Quel est son rôle chez Honda HRC ?


Trey, Je sais que tu essayes de bosser sur la sécurité des pistes, que tu en fais une de tes priorités. Que penses-tu de la récente histoire de chaux à San Diego ?.

Ça a déjà été un problème dans le passé. Cette fois, évidemment, c’était bien pire, et c’est facile de comprendre que c’est à cause de toute l’eau stagnante.

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Je ne suis pas un expert, mais c’est la seule variable présente à San Diego qui ne l’était pas lors de toutes les autres courses, car de la chaux, il en est utilisé tout le temps. Ça a toujours endommagé les motos, mais je n’avais jamais entendu parler d’effets nocifs sur la peau, c’est pourquoi je pense que c’est toute cette eau qui a aggravé la situation.

C’est une situation compliquée, si tu n’utilises pas ce produit asséchant, peut-être que le circuit va être pire, et que d’autres problèmes vont surgir. Je ne sais pas quelle est la solution, mais pour être honnête, je suis contre l’usage de la chaux.

En dehors des effets sur la peau, à l’époque,  c’était sous forme de poussière, donc on l’inhalait.

Je ne sais pas quoi te dire, ça aide dans certaines situations, mais dans d’autres ça créé des problèmes. Ça a déjà été problématique, mais jamais à ce point.

C’est difficile de désigner un responsable ?

C’est vrai. Je parlais à un membre de l’organisation, évidemment, leur objectif n’est pas de blesser les pilotes, et ça ne l’a jamais été. Une erreur a été faite, et c’est comme ça qu’on apprend. Ce qui nous préoccupe, c’est plus qu’il n’y ait aucun changement.

Des incidents arrivent de temps en temps, les gens se fâchent, il y a beaucoup de discussions, en ligne, sur les réseaux sociaux, puis les histoires se tassent et plus personne n’en parle. Les pilotes sont assez impuissants face à ce genre de situations, ils ne peuvent rien faire changer.

Honnêtement, c’est aussi un peu de leur faute, si vraiment ils veulent apporter des changements, il faut qu’ils soient tous solidaires. Il y a un gros manque d’engagement lorsqu’il s’agit de demander des changements.

C’est très difficile de parler de ces sujets, il y a tellement d’opinions différentes, tellement d’idées différentes. Très peu de mecs sont prêts à se réunir pour en discuter, à tolérer les idées des autres. Certains ne veulent même pas rester dans la même pièce parce qu’ils se détestent.

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Ce qu’il faut, c’est regrouper tout le monde, créer une union de pilotes pour peser dans la balance, mais je doute que cela arrive un jour.

Tu as tenté de créer un groupe qui travaillerait avec les pilotes pour améliorer leur sécurité, mais ça n’a jamais vraiment marché paraît-il ?

Je pensais qu’il y avait un besoin à ce niveau-là, alors je me suis dit que j’allais faire quelque chose quand j’ai pris ma retraite sportive.

Je me suis dit que les autres pensaient la même chose que moi, et beaucoup pensent comme moi. Mais tu as raison, je n’ai reçu pratiquement aucun soutien.

Les gens disaient qu’on ne pourrait jamais rien changer, et c’est vrai. Tout le monde n’est pas prêt à s’impliquer là-dedans. Et je ne pointe personne en particulier.

Tout le monde fait du mieux qu’il peut, je pense que les intentions sont bonnes …. Je pense que les pilotes ont besoin d’un représentant, j’ai été très vite découragé, je ne savais pas trop comment faire.

Personne n’était vraiment derrière moi pour m’aider. J’avais des bonnes idées, ou des mauvaises peut-être, mais au moins, j’essayais d’apporter quelque chose.

Il n’y a pas besoin de monter la Feld contre l’AMA, ou contre les pilotes.

Essentiellement, il faut juste de la communication et comprendre les besoins des pilotes pour pouvoir y répondre. Les pilotes et les équipes ont besoin d’avoir un certain poids dans la balance, et pour l’instant, ils ne l’ont pas.

Je pense que c’est pour ça que ce que j’essayais de mettre en place n’a pas fonctionné, je n’ai pas les moyens de faire bouger les choses seul.

Changeons de sujet, tu bosses avec le team Honda pas vrai ?

Oui, quand j’ai pris ma retraite, Eric Kehoe (Le Team Manager) m’a contacté et m’a dit “Hey, on aimerait que tu bosses avec nous sur les motos”. Je n’étais pas très intéressé à l’époque.

Je souffrais encore de quelques blessures, je ne savais pas trop quoi de quoi serait constitué mon avenir. Puis très vite, j’ai roulé de plus en plus à moto, et je me suis dit que ça pourrait être une bonne idée.

Vers août,  j’ai roulé sur la moto et on a commencé à l’améliorer.

J’ai vraiment apprécié le fait de pouvoir recommencer à rouler, d’être de retour dans le milieu, ça m’avait manqué. Quand tu prends ta retraite, tu t’éloignes des personnes que tu apprécies, de tes amis.

J’ai beaucoup appris en essayant d’aider des pilotes déjà très talentueux. J’essaie d’être un atout positif pour eux, pour pouvoir les aider.

Comment tu testes les différents réglages ou les différentes pièces ?

Si on commence avec 8 réglages, j’essayes d’en réduire le nombre à 3 par exemple.

J’essaye de définir les meilleures options possibles, c’est compliqué parce que tout le monde est différent, à un ressenti différent, un style différent. Roczen & Seely sont assez différents quant à la façon dont ils aiment leurs motos. J’essaie vraiment de leur donner le plus d’informations possible.

Ils ont peu de temps pour s’entraîner, pouvoir se reposer, se remettre aussi.

Alors je peux m’occuper de certaines choses pour eux pour essayer de les aider, de comprendre leurs demandes et leurs besoins sur la moto.

Tu vis toujours en Oklahoma, mais tu passes beaucoup de temps en Californie, sur le circuit d’essais Honda. Est-ce que tu vas à toutes les courses?

Je suis allé à 3 des 5 dernières, puis j’irais de temps en temps.

J’essaye de trouver un juste milieu maintenant que je suis à la retraite.

Je ne veux pas aller à chaque course. J’y suis allé pendant toute ma carrière, maintenant je dois trouver le bon équilibre.

Il faut que je sois présent pour aider les gars mais que je puisse aussi passer du temps avec ma famille.

Il paraît que tu es toujours hyper rapide, tu te verrais remplacer un pilote si on te le demandait ?

haha, je sais toujours rouler ! La vitesse n’a jamais vraiment été un problème.

J’ai toujours été capable de rouler à un haut niveau, un niveau que j’apprécie.

Les gens me demandent tout le temps si je veux refaire des courses, et la réponse est non.

Ça pourrait être fun, mais au final, rouler comme je roule aujourd’hui, c’est fun aussi.

Je n’ai pas trop envie d’aller sur un circuit pour essayer de gagner. Parce que la course, c’est ça, c’est essayer de gagner, de faire de son mieux, et je n’en ai plus envie.

Maintenant, je roule pour le plaisir, je n’ai plus besoin de dépasser les limites.  Je n’ai plus envie de dépasser ces limites.

Quand tu as pris ta retraite, on aurait presque dit que tu n’étais pas sûr de ta décision, tu peux nous en parler ?

C’était une décision difficile. J’aimais tellement ça. Je perdais beaucoup à prendre ma retraite, mais il fallait aussi que je regarde ou j’en étais dans ma vie.
Je ne gagnais plus, et puis toutes les circonstances, les blessures ….
Dans l’ensemble, j’ai eu une belle carrière et c’est une chose pour laquelle je suis très reconnaissant.
Je pense qu’il arrive un moment dans la carrière d’un pilote où tu ne veux plus passer par les blessures, par le fait de devoir revenir après ces blessures, tu ne veux plus aller aux courses tous les week-ends.
C’est là que j’en étais rendu et je pense avoir pris une bonne décision, vraiment.
Le problème n’a jamais été l’amour du sport, ou le fait de ne pas vouloir rouler.
J’ai toujours aimé rouler, mais certains aspects de la compétition rendent la vie très difficile et c’est une chose qui demande beaucoup d’implication.

C’est comment de bosser avec Ken & Cole ? Ils ont tous deux subi de graves blessures. tu les aides à ce sujet mentalement ?

C’est très difficile de revenir après une blessure, surtout une aussi grave que ces gars-là. Je pense vraiment que Cole va faire de bonnes choses dans les prochaines semaines, alors j’essaie juste d’être derrière lui.
Mentalement il y a un blocage, mais il faut savoir le laisser derrière et ne pas trop se focaliser dessus.
C’est une situation très difficile à vivre et il y a beaucoup de pilotes dans notre sport qui passent par là. Pas juste Kenny, Cole ou moi.
Je dirais que la plupart des pilotes ont connu ça. Je pense que la meilleure chose à faire est simplement d’être là pour eux quand les choses deviennent difficiles.

Cette année, est-ce que les pilotes roulent plus comme un Dungey, à essayer de jouer la régularité pour gagner des points ?

Je pense qu’il y a juste beaucoup de très bons pilotes, honnêtement, c’est mon opinion.

N’importe qui peut gagner. 6 épreuves et 4 vainqueurs différents.

Je ne pense pas que ce soit dû a des changements dans la façon de rouler des pilotes.

C’est dur d’être aussi régulier que l’était Ryan. Sa régularité était plus qu’incroyable.

Rien qu’être dans le top 5, c’est important, mais c’est dur d’y rentrer, tout le monde roule bien.

Interview réalisée par MotocrossActionMag

 


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