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James Stewart Sr. “Je suis fier de mes fils”

James Stewart Sr. “Je suis fier de mes fils”

Depuis plus de deux décennies, Big James écume les terrains avec ses fils. D’abord avec son fils aîné, James Stewart, qui a marqué le sport de son empreinte à tout jamais en devenant le premier Afro-américain à remporter un championnat AMA, revisitant au passage le pilotage moderne et y incorporant l’incontournable ‘Scrub’.

Si James a pris ses distances depuis quelques années maintenant, c’est son frère cadet, Malcolm, qui a repris le flambeau en devenant, en 2016, champion de Supercross 250 sur la côte est. Deux frères, deux pilotes, et pourtant, deux garçons bien différents.

Invité de marque du podcast de SwapMotoLive à Salt Lake City, Big James s’est remémoré quelques histoires de James et Malcolm; et autant vous dire que ça vaut le détour …

James Stewart Senior – Swap Moto Live

“En 2016 Malcolm a gagné un championnat. J’ai toujours dit à mon fils “Ecoute, quand tu gagneras, ils viendront tous te trouver”. Mais quand il a gagné son titre, personne n’est venu le chercher. Il m’a dit “Tu m’avais dit que si je gagnais, ils viendraient tous me proposer un guidon, mais ce n’est pas le cas”

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J’ai dû m’excuser, ça m’avait vraiment étonné de voir que personne ne s’intéressait à lui malgré ça. Je pense qu’il a surpris beaucoup de gens cette saison-là. Il a fini par se dire que peu importe ce qu’il ferait, personne ne lui donnerait sa chance. On lui avait dit de faire ses preuves, il les avait faites, et rien ne s’était présenté.

C’est dur pour un jeune comme lui. Pendant toute une année, il était blessé intérieurement de ne pas avoir eu d’offre; alors qu’il le méritait. Il se disait “Je vaux mieux que ça, j’ai battu ces mecs qui ont des guidons usine aujourd’hui, et personne ne m’a donné ma chance”.

Je l’ai poussé et je lui ai dit de ne pas attendre que les gens lui donnent quelque chose, mais d’aller le chercher par lui-même. Il s’est motivé, il s’est entraîné à fond, il a fait attention à son alimentation, il était prêt à aller chercher ce qui lui était dû de lui-même, mais il s’est blessé.

De nouveau, il était au fond du sceau, mais je lui ai dit que ce nouveau contretemps allait le rendre plus fort. “N’abandonne pas alors que tu viens de faire tant des sacrifices“.

Il n’a pas abandonné, et aujourd’hui, il est là. […]”

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“Malcolm et James sont différents. Un jour, James m’a dit “Papa, tu sais quoi, je ne comprends pas. Je me pointe, je gagne, je défonce tout le monde, et pourtant, tu viens quand même me voir pour me dire que j’aurais pu faire ci ou ça différemment.” Je lui ai dit “Le jour où j’arrêterai de te dire ça, c’est que tu auras arrêté de rouler. Aussi longtemps que tu rouleras et que j’aurais de l’air dans les poumons, je serais là pour te dire comment être meilleur. ” […]”

“Alors qu’il était gamin et qu’il roulait en 50cc, Malcolm est venu me voir pour me dire “Papa, je ne roulerai plus jamais à moto, plus J A M A I S”. Il a tenu parole, pendant 2 ans, il n’a pas touché à une moto. Un jour, on se préparait pour les qualifications régionales pour Loretta Lynn’s avec James, et Malcolm vient me voir pour me demander s’il peut rouler ce weekend. “Rouler ? Tu n’as pas roulé depuis 2 ans, et tu n’as même pas de moto“. Il m’a répondu “Mais James m’a dit que je pouvais utiliser sa vieille moto“. Le guidon était tout tordu, la moto avait besoin d’un gros entretien “Papa, laisse moi rouler”.

Ok, je répare la moto, je me dis que de toute façon, ça va vite lui passer. On se pointe à la course, et lors des essais “waow“. Il n’avait pas roulé depuis 2 ans, et il roulait vraiment bien. Il signe un holeshot dans une manche, il remporte une autre manche, il termine 3ème des qualifications; je ne m’y attendais pas du tout.

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Après s’être qualifié pour Loretta, la plus grosse course amateur des USA, Malcolm est venu me voir pour me demande “Papa, est-ce que je suis obligé d’y aller ?” … [rires] Bien sur qu’il était obligé. C’est de là que tout a commencé pour Malcolm. […]”

Big James "Gamin, Malcolm avait plus de talent naturel que James ...

“Quand James a décidé que c’était terminé, c’était terminé, il n’est jamais revenu sur sa décision. Beaucoup de gens n’ont pas compris pourquoi; certains étaient amer qu’il ait pris cette décision. Mais je ne pense pas qu’ils comprennent vraiment ce qu’il s’est passé; ils ne voient que ce qu’ils peuvent voir. Ce sport a été bon envers James, et James a été bon envers le sport. Il manque ici; chaque semaine, sur les épreuves, il manque au sport. Les gens n’auront pas un second James Stewart, le sport n’aura pas un second James Stewart. Il y aura de très bons athlètes, mais pas un autre James. Il était unique en son genre. Et je ne dis pas ça car c’est mon fils, mais car j’ai vu le cœur qu’il y mettait. Il a tout donné. Parfois, je lui disais “Tu sais, si tu ralentis un petit peu, juste un petit peu ….” et il me répondait “Papa, je ne roule pas au-dessus de mes pompes; je suis à l’aise à cette vitesse”. Combien de personne peuvent dire ça à la vitesse à laquelle James roulait ? “À chaque fois que je ralentis, je roule la course de quelqu’un d’autre, pas la mienne” […]”

“Je me souviens d’un jour, sur la propriété, on avait une énorme série de whoops en sable. La série devait faire la longueur de 3 terrains de football Américains. Je disais toujours “Plus tu vas vite dans les whoops, moins tu les subiras“. James est en 125cc, il passe la grille de la propriété pour prendre de l’élan, il arrive pleine balle, à fond de 5ème dans la série de whoops. Il les a pris tellement vite qu’il n’a pas pu prendre le virage suivant et il est passé par dessus la barrière sans la moto. Il récupère sa moto en criant “Waow!”, et il refait exactement la même chose. Il voulait voir à quelle vitesse il était capable de prendre des whoops. Ce qui nous semblait être un pilotage “hors de contrôle” était un pilotage normal pour lui. […]”

“Je suis fier de mes fils. Les gens me demandent si je suis déçu que James ait pris sa retraite. Non. J’ai été avec lui toute sa vie, je l’ai tenu dans mes bras quand il était bébé et je l’ai vu devenir un homme, comment je pourrai être déçu ? Si Malcolm décide de raccrocher les gants, et alors ? Beaucoup de parents aimeraient pouvoir dire que leurs enfants ont accompli 1/5ème de ce que les miens ont accomplis. Je suis extrêmement chanceux […]”


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