Interviews

John Short “Tout ce que je gagne est dépensé sur les épreuves”

“Je vois que les équipes signent des pilotes très jeunes et personnellement je ne suis pas un grand fan de l’idée”

Eli Tomac, Ken Roczen, Cooper Web et Marvin Musquin ont peut-être été les vedettes de la saison de motocross US cette saison, mais de nombreux autres pilotes étaient en piste cette année à tenter de se faire une place dans le top 10 parmi les pilotes usines.

John Short fait partie des pilotes de l’ombre qui se débrouillent semaine après semaine pour se rendre sur les épreuves avec des moyens limités. John est entré à plusieurs reprises dans le top 10 de manche et terminait 7ème à Millville, dans le Minnesota, battant 8 pilotes usines par la même occasion. Il a a finalement terminé 15ème du classement final 450 en Outdoor.

Et si on se penchait sur le profil de John Short ?

John, parlons Outdoor, tu as signé de bons résultats cette saison.

Oui, c’était pas mal. Cet été, mes résultats m’ont apporté un regain de confiance. J’ai vraiment bien roulé à Southwick, j’ai signé un top 10 de manche, ça m’a redonné confiance. Il semble qu’ensuite j’ai continué sur de bonnes bases suite à ce résultat. Je suis vraiment content de ma saison et j’espère pouvoir m’en servir pour la saison 2020.

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

Il semble que plus le circuit est défoncé, mieux tu performes. À Soutwhick, il faisait chaud et humide, à Millville, c’était le déluge et la boue.

Je suis vraiment fier de mon éthique de travail, du cœur que j’y mets, de ma détermination. Du coup, quand les conditions se compliquent, je performe encore plus. Les conditions difficiles jouent en ma faveur car je n’abandonne jamais. Je m’entraîne au Texas, on roule sous la pluie, dans la boue, sous la chaleur, sur le dur. Je suis persuadé que plus les épreuves sont techniques et les circuits difficiles, plus je suis avantagé.

Tu as gagné de la notoriété cette saison en outdoor. Comment est-ce que ça a changé les choses pour toi ?

En ce qui concerne les fans, j’ai remarqué que de plus en plus de personnes venaient me voir sur les épreuves, et pas seulement pour regarder la moto. Ils viennent pour me voir moi, et c’est vraiment cool. Les gens me suivent, s’informent sur ce que je fais, je gagne en attention. Au niveau des sponsors ou des équipes, pas vraiment. Rien n’est vraiment venu suite à mes résultats, mais c’est comme ça. Il faut rentrer constamment dans le top 5 avant que les bonnes occasions se présentent, à mon avis.

De nos jours les équipes misent sur les jeunes amateurs. Malheureusement, les pilotes privés talentueux comme toi ou encore Henry Miller, vous passez à la trappe. Qu’est-ce que tu en pense ?

Je pense que les équipes devraient s’intéresser un peu plus à nous mais en même temps, ces dernières cherchent un mec qui peut gagner des courses. C’est toujours cool d’être le premier pilote privé en piste, ou de battre quelques pilotes usines. D’un autre côté, je me dis aussi “Pourquoi est-ce qu’ils engageraient un pilote qui termine derrière les pilotes privés ?”. Je pense qu’il faut les battre, montrer qu’on a la vitesse, qu’on peut jouer devant, pour mériter ce type de soutien. Je vois que les équipes signent des pilotes très jeunes et personnellement je ne suis pas un grand fan de l’idée. Je me dis qu’on devrait un peu plus mériter notre place. Peut-être attendre que les jeunes montent chez les pros avant de les signer. Après tout, ce n’est pas mon boulot.

Certains de ces jeunes connaissent du succès, d’autres non. Mais toi, tu es présent, et tu termines devant des pilotes usines.

C’est dingue de voir que parfois, des pilotes qui finissent juste devant, ou juste derrière moi, sont des pilotes usines mais se font aussi bien plus d’argent. Tout ce que je gagne durant le weekend est dépensé sur les épreuves, les sponsors m’aident aussi un peu à me rendre sur les courses. Tout ce que je gagne, je dois le dépenser dans mon programme. L’avantage d’être un pilote usine, c’est de pouvoir disposer d’un mécanicien, de techniciens, d’un mec qui s’occupe de tes suspensions. Ça enlève un sacré poids des épaules. Je dispose de bon équipement, mais rien que le fait d’avoir un bon mécanicien à mes côtés m’aiderait beaucoup, genre, un mécanicien régulier. Ce sont des petits détails qui font qu’un team usine est un team usine, mais il faut mériter sa place dans ces équipes.

Pourquoi les pilotes choisissent-ils la Floride plutôt que le Texas ?

Difficile de répondre. Je suis allé en Floride cet été, l’avantage c’est qu’il y a beaucoup de bons pilotes contre qui rouler là-bas. C’est là que la plupart des pilotes usines s’entraînent, et rien que ça, c’est un gros avantage. Tu n’as pas de mal à te surpasser comme ça. Au Texas, s’il y avait des pilotes rapides, l’entraînement serait aussi bien qu’en Floride. J’ai fait tout mon entraînement pour la saison de motocross au Texas, et c’était vraiment brutal cet été.

Quand je suis allé en Floride pour quelques semaines avant Millville, tout le monde parlait de la chaleur en Floride et moi je me disais “Eh beh, il fait toujours moins chaud qu’au Texas” et j’ai réalisé à quel point il faisait chaud au Texas. Le fait que tout le monde roule en Floride rend les choses plus simples, à l’image de la Californie. Tous les pilotes sont en Californie durant la saison de Supercross, c’est l’endroit où il faut être.

Tu fais quoi depuis la fin de la saison de Motocross ?

J’ai continué l’entraînement. J’ai pris quelques jours de repos mais j’ai continué l’entraînement en salle de sport, le vélo, tout ça. J’avais comme but de rouler la Monster Cup et quelques courses d’intersaison. Je suis allé en Afrique la semaine dernière et j’ai roulé une petite course internationale là-bas. C’était vraiment cool. Je suis allé en Ouganda, j’ai roulé, j’ai fait un safari. J’ai pris des vacances avec ma famille. Je n’ai pas vraiment arrêté l’entraînement, j’ai juste pris un peu de temps de repos.

Donc tu vas rouler à la Monster Cup ?

C’était l’objectif, mais ça risque bien de tomber à l’eau. J’aimerais bien rouler lors de courses internationales à l’étranger. Peut-être aller en Allemagne, je veux faire ce que je peux pour continuer à rouler mais je ne peux pas me permettre de rouler et perdre de l’argent. Il faut que je trouve le budget pour ma saison 2020 pour que je puisse disposer du meilleur équipement possible et du meilleur soutien possible.

Tu as roulé en catégorie 250 et 450, quels sont tes plans pour 2020 ?

La pub' permet de rester indépendant, et gratuit !

J’ai le choix. Je n’ai rien signé avec personne pour l’heure. Je suis ouvert à toutes les propositions, mais idéalement, j’aimerais bien rouler en 250 à l’Est. J’ai bien figuré sur ce championnat par le passé. J’aimerais bien rouler en 450 sur les courses à l’Ouest, peut être sur 5 épreuves, pour rentrer dans le bain de la catégorie reine, engranger de l’expérience et voir ou je me situe dans la catégorie. J’aimerais pouvoir rouler le plus possible, c’est comme ça qu’on s’améliore, en s’alignant derrière la grille.

Vous avez des terrains de Supercross sur lesquels vous entraîner au Texas ?

Oui. Et la météo reste clémente ici. Il y a quelques semaines en hiver où il fait froid et où c’est plus dur de se motiver à rouler, on parle de 5 degrés, il fait rarement plus froid que ça. On a quelques terrains au nord du Texas, en Oklahoma, qui sont très bien. On doit avoir 5 ou 6 terrains de Supercross dans le coin. Les pilotes s’intéressent de plus en plus au Supercross au Texas et ça grossit petit à petit.

Comment tu la sens la saison de Supercross en 2020 ?

Je suis plutôt confiant. Honnêtement, je sens que cette année j’ai engrangé encore plus d’expérience. Je ne suis pas le gars qui a grandi en roulant en Supercross pourtant après quelques saisons, je me sens à l’aise. J’ai repris l’entraînement en Supercross il y a environ 2 semaines et j’ai repris les choses là où je ai laissées. J’ai directement essayé de corriger mes points faibles et améliorer ma vitesse. Le Supercross, c’est super fun. J’aime mélanger le motocross et le Supercross.

Tu roulais pour l’équipe TPJ en 2019.

Le programme TPJ Racing de Ted Parks m’a beaucoup aidé ces dernières années. Il est présent pour aider les pilotes et leur donner un programme pour aller de l’avant. Il fait un bon boulot. Il reste encore quelques petites choses qu’il faut que j’ajoute à mon programme pour pouvoir passer à l’étape supérieure, je suis un peu stressé à ce niveau à. Je veux juste disposer de tout ce dont j’ai besoin pour aller de l’avant et être en mesure de montrer à tout le monde ce que je sais faire au guidon d’une moto.

Par Jim Kimball pour MotocrossActionMag

Retour