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Travis Pastrana “Sans Brian Deegan, je n’aurais jamais été aussi bon”

Travis Pastrana raconte Brian Deegan.

Au début des années 2000, le Freestyle créé l’effervescence. Travis Pastrana & Brian Deegan – qu’on ne présente plus – repoussent sans cesse les limites du sport de par leur adversité. Si Travis Pastrana se concentre sur les innovations et utilise son talent pour se construire et gagner le cœur des fans, Brian Deegan se sert de son image de Badboy pour gagner le cœur des médias.

Avec Carey Hart, Mike Metzger & Co, Travis Pastrana et Brian Deegan ont façonné le Freestyle tel qu’on le connait aujourd’hui.

TP#199 se remémore les années 2000 et sa rivalité avec Brian Deegan.

Travis Pastrana

“Avec Brian Deegan, on représentait la scène FMX à l’époque. Il était exactement l’opposé de moi. J’ai passé le plus clair de ma carrière de Freestyler à être complètement naïf. J’étais juste moi-même, je n’ai jamais pensé à mon image. Les autres gars voulaient apparaître sur les couvertures des magazines, voulaient qu’on parle d’eux, moi je détestais ça, je détestais les médias, je voulais juste faire de la moto.

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Deegan a vite compris le truc. Il était bon en Supercross et Motocross, mais pas assez bon pour être un des meilleurs. Il a gagné une course (Los Angeles – 1997) en battant Carmichael, Reynard, Vuillemin, Pingree, Windham & co. Deegan était bon, c’est une certitude, mais pas un des meilleurs, et il savait qu’il n’allait pas pouvoir en vivre très longtemps. Il a vu le freestyle prendre de l’ampleur, et il a sauté dessus.

La première médailles aux X-Games et le trophée de sa victoire à Los Angeles – Chris Tedesco

Deegan s’est demandé « Qu’est-ce que les gens veulent voir ? Pourquoi le skate marche-t-il si bien ? Pourquoi le snowboard marche-t-il si bien ? ». Il a vu le Freestyle comme un business et il s’est donné ce style, Metal Mulisha, BadBoy. Au début, je ne comprenais pas trop ce qu’il faisait, j’étais jeune. Il disait que j’étais un vendu, toujours propre, toujours droit dans mes bottes, l’élève parfait alors qu’en fait, c’était lui le vendu ! (rires). Il essayait de faire du pognon avec le freestyle, et moi, j’essayais juste de faire de la moto et prendre mon pied.

Sans Brian Deegan, je n’aurais jamais été aussi bon. Le battre, c’était ma motivation. Ce n’est que vers les 25 ans que j’ai enfin réalisé ce que Brian Deegan faisait, cette image, ce qu’il apportait au sport, c’était tellement important au final, on n’en serait jamais arrivé là sans lui.

Que vous l’aimiez ou le détestiez, vous saviez forcément qui était Brian Deegan. J’avais 17 ans, et des mecs venaient pour se battre avec moi juste parce que j’étais le concurrent de Brian Deegan, c’était dingue (rires).

A la fin des années 1990, le Freestyle prend de l’ampleur …

Deegan était super intelligent, je vais te raconter l’histoire des Gravity Games.

Il avait dit à tout le monde qu’il allait dominer, qu’il allait me battre, qu’il avait des nouvelles figures de dingue à balancer. Tous les médias parlaient de Deegan, de ses nouvelles figures secrètes qu’il gardait pour les Gravity Games, je me demandais ce que c’était, j’étais nerveux, on ne parlait que de ça. Tout ça, c’était du pipo, il avait tout prévu, c’était du Deegan.

La veille de l’épreuve, il a provoqué une bagarre dans un bar avec un policier, tout le monde ne parlait une nouvelle fois que de lui, tous les médias, tous les magazines, toutes les télévisions, les radios …. Le lendemain, c’est moi qui remporte les Gravity Games, mais tout le monde parlait de Brian Deegan, pas de Travis Pastrana ! « Tu te fous de moi Brian », j’étais dégoûté.

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Travis Pastrana aux Gravity Games

Il venait me voir dans les paddocks, il me disait « Bonjour Madame Pastrana » et ça me faisait péter les plombs, c’était un jeu mental entre lui et moi (rires). Mais il venait aussi me voir pour me féliciter, me dire qu’il adorait telle ou telle figure, j’étais vraiment confus, jusqu’au jour où j’ai compris que Deegan, c’était un personnage .

Au final, ça a aidé le sport. Regarde, on a eu “Mad” Mike Jones, Kenny “Cowboy” Bartram, ils avaient des images, du style, un truc, ce n’étaient pas les meilleurs, mais ils étaient super populaire. Le sport a grandi avec ces mecs-là, juqu’au point où on n’avait plus besoin de se coller une image de badboy, de freestyler, et de là, Nate Adams est arrivé.

Nate, il voulait juste être le plus fort, le problème, c’est qu’en était aussi fluide, précis, efficace que lui, le Freestyle paraissait trop facile aux yeux des gens. Prend Mike Jones, il ne faisait que 2 ou 3 figures, mais à chaque saut, tu avais l’impression qu’il allait se tuer, c’était trop cool à regarder, les gens adoraient.

Regarde Robbie Maddison, il fait des sauts énormes, bien plus long qu’Evel Knievel à l’époque, pourtant, ça n’a rien à voir, à regarder, je choisis Evel Knievel.

La famille Deegan – Chris Tedesco

Chez les Deegan, ça a toujours été comme ça. Regarde la fille de Brian, elle a 16 ans, elle fait du Nascar ! Son plus grand fils, Dangerboy, roule comme un dingue avec sa 85, il fait déjà des backflip.

D’un côté, c’est triste pour les gamins qui sont sous pression. Prends le fils de Tony Hawk. Il fait du skate et il gagne, heureusement, car s’il ne gagnait pas, tout le monde se demanderait pourquoi il ne gagne pas, c’est le fils de Tony Hawk après tout.

Les enfants de Deegan auront probablement encore plus de succès que Brian s’ils ont le talent pour, pas seulement l’image marketing. Chez les Deegan, on est très réfléchi, très intelligent, on se donne une image, et ça marche.”

Pour les Deegan, tout roule ! – @Chris Tedesco

Source: Gipsy Tales – Travis Pastrana


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