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Alexis Fueri « c’est vite devenu compliqué pendant la saison »


Alexis Fueri nous avait habitué à jouer les avant-postes depuis son arrivée sur l’Europe, mais le pilote tricolore n’est pas parvenu à truster le haut du tableau en 2024. Pilote remplaçant chez Maddii Racing en 2021 – puis titulaire par la suite – Alexis Fueri avait un temps été détenteur de la plaque rouge sur l’Europe 125 en 2022. Il effectuera, dès 2023, son premier mandat sur l’Europe 250. Un premier mandat plein de promesse pour le garçon qui jouera les places d’honneur aux portes du top 5. La famille Maddii stoppant son programme avec Fantic pour se joindre à l’aventure Ducati fin 2023, Alexis Fueri rejoindra la nouvelle structure officielle Fantic, à savoir SM Action, pour la saison 2024. Une collaboration particulièrement … infructueuse.

« La transition de Maddii Racing à SM Action a été vraiment difficile » nous confie Alexis. « J’avais eu des échos du team SM Action. Ça s’était bien passé avec Adamo et Renaux à l’époque. Au final, ça a été très compliqué pour moi. » Entre motos livrées tardivement et pépins physiques, l’intersaison 2023/2024 a été chaotique pour notre pilote Français. « J’ai quand même donné tout ce que j’avais pendant cette période, mais j’ai été rattrapé par un coup de mou mental avec tout ce qu’il se passait. J’ai aussi eu le Covid-19 pendant l’hiver, j’étais faible physiquement et je pensais à plein de choses. Puis un jour, en rodant une moto, je me suis blessé à la cheville, et je n’ai repris que deux semaines avant le premier round de l’Europe. »

Malgré ses efforts et son abnégation, Alexis Fueri n’a pas été récompensé en 2024. « Ça a été une saison très décevante au final. La moto n’était pas au point, c’était impossible de partir devant. Déjà que je manquais de rythme, de vitesse et de confiance après l’hiver, c’est vite devenu compliqué pendant la saison. » Entre manque de résultats, baisse de régime et doutes, Alexis Fueri a tout de même cherché à tirer des leçons de cette année qui se révélera difficile sur de nombreux plans. « J’ai aussi ma part de responsabilité, je pense que je n’ai pas été assez fort mentalement pendant cette période. J’ai connu des échecs toute la saison. Malheureusement, je n’ai pas été le seul à ramener de mauvais résultats. Ça a été pareil pour Braceras et Karssemakers. En fait, le patron du team a eu un gros accident l’an dernier et il a été remplacé par quelqu’un qui n’était pas aussi investi et ça s’est compliqué pour tout le monde sur plusieurs points. Mais voilà, je ne me défile pas: je sais que j’ai ma part de responsabilité dans cette histoire car j’ai beaucoup manqué de confiance en moi, mais il y a aussi beaucoup qui découle de la moto et du team. J’essaie d’apprendre de cette saison, sans trop y penser non plus, car elle représente beaucoup de négatif. »

Alexis pourrait vous en parler longuement, de cette saison 2024


La page 2024 tournée, Alexis s’offre un nouveau challenge en 2025 avec la structure Ghidinelli KTM, équipe qui l’amène toutefois à s’éloigner de son entraîneur de longue date, Quentin Thomas. « Ce n’est pas une rupture à proprement parler, mais j’ai dû partir vivre au team en Italie, c’était la condition pour rejoindre Ghidinelli KTM. Quentin a une famille, une école de pilotage, je ne pouvais pas lui demander de me suivre. » Malgré la distance, Quentin gère toujours une partie du programme d’Alexis. « On se parle souvent au téléphone, je lui envoie des vidéos à l’entraînement, sur les courses. Il s’occupe d’ailleurs encore de mon programme physique. En fait, Quentin a repris la main sur la partie physique pendant l’hiver. On avait un coach physique avec Ghidinelli; c’était un bon coach, mais le suivi ne me convenait pas. Ce n’est pas simple d’être tout seul au quotidien pour gérer ça, mais j’essaie de me débrouiller comme je peux. »

Qui dit nouvelle structure, dit également nouvel environnement et nouvelle moto pour Alexis qui évoluera sur une 250 SX-F cette saison, tant sur l’Europe 250 que le championnat National Italien. « L’adaptation à la KTM a été délicate, mais je m’y suis fait. » continue Alexis. « J’ai passé pas mal de temps sur la moto, j’ai tenté de faire le maximum d’heures dessus pour me familiariser avec. Niveau moteur, ça marche fort. Niveau châssis et suspension, c’est assez différent de ce que je connaissais. »

Pour la nouvelle recrue du team Ghidinelli – qui fait désormais équipe avec Brando Rispoli & Elias Escandell – l’adaptation sur la 250 SX-F n’a pas été le plus gros challenge cet hiver. « Le plus dur en fait, c’est plutôt le fait de devoir gérer beaucoup de choses tout seul. Avec mes coéquipiers, on est aussi tout le temps en confrontation à l’entraînement; c’est quelque chose à quoi j’ai dû m’habituer. L’hiver s’est quand même bien déroulé. J’ai beaucoup bossé, physiquement aussi. Je ne me suis pas blessé, et je ne suis pas tombé contrairement aux hivers précédents. Avant le début de saison 2023, je m’étais déboîté l’épaule et l’an dernier, je me suis blessé à la cheville, et cette cheville me pose encore problème. Je ne peux pas courir et sur la moto, j’ai encore mal. »

Alexis Fueri se relance avec le team Ghidinelli KTM en 2025

Les premières courses de préparation ont été dans la lignée de la saison 2024 pour Alexis, qui est bien déterminé à réagir afin d’inverser la vapeur pour repartir sur les meilleures bases, et dans les meilleurs délais. « Compte tenu de tout le travail abattu pendant l’hiver, je ne m’attendais pas du tout à ce que les courses de l’international d’Italie se déroulent comme ça. On est reparti sur la même lancée que l’an dernier : soit je tombe, soit j’ai mal aux bras et je roule mal. J’ai été à l’ouest complet. » Des difficultés que le pilote Français impute aussi à un mental déjà bien malmené la saison passée. « Je n’ai pas été assez positif, pas assez confiant. J’ai tendance à être un peu perfectionniste, mais quand on l’est trop, on se rabaisse tout le temps. Après Montevarchi, je me suis fait mal à l’épaule et je me suis posé beaucoup de questions. Le fait de rester deux semaines sans faire de moto m’a fait beaucoup réfléchir. J’ai continué à travailler mentalement avec des coach, et je me suis aussi remis en question tout seul. « Pourquoi je fais ça, pourquoi je suis là ? ». La réponse: parce que j’en ai les capacités. »

Avec un état d’esprit revanchard, Alexis Fueri espère pouvoir débuter sa saison Européenne plus sereinement en 2025. « Pour les prochaines courses, l’accent va être mis sur le plaisir et la confiance. Là, j’ai les dents qui traînent par terre. Même si je n’ai pas beaucoup roulé ces derniers temps, je pense que je sais toujours faire de la moto. » Les objectifs – eux – sont clairs: retrouver le niveau et démontrer son potentiel pour s’ouvrir la porte des grands prix. « Je veux pouvoir rouler comme je le fais à l’entraînement. Côté résultats, je suis là pour jouer un podium final sur le championnat d’Europe. Le niveau va être très relevé, mais c’est mon objectif. Il en va de même avec le championnat d’Italie, sur lequel rouleront quelques pilotes de grand prix. »

Gonflé à bloc mais conscient du chemin qu’il reste à parcourir pour se reconstruire, Alexis Fueri aborde la nouvelle saison avec une certaine détermination. « On va se battre avec nos armes, et notre petit team qui est motivé. » Une année décisive s’annonce pour notre Français, bien décidé à laisser derrière lui les difficultés rencontrées ces 12 derniers mois.

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