Elle œuvre bien souvent dans l’ombre, mais Valentina Ragni n’en demeure pas moins l’un des piliers de l’équipe Red Bull KTM depuis plus de vingt ans. Son parcours atypique l’a menée à côtoyer les plus grands noms du championnat du monde, partageant avec eux les meilleurs comme les pires moments. L’histoire d’une femme passionnée de motocross depuis son plus jeune âge, qui a gravi les échelons un à un et consacré une grande partie de sa vie au groupe KTM. Focus sur l’une des figures incontournables du paddock MXGP, un portrait proposé par notre confrère Andy McKinstry.
Valentina. Pour commencer, parlons de vos débuts. Avant d’obtenir ce poste de coordinatrice chez KTM, que faisiez-vous ? J’imagine que vous étiez déjà passionnée ?
Oui, en fait, j’aime le motocross depuis que je suis toute petite. Je viens de Cingoli, où se trouve un terrain assez célèbre en Italie. Mes parents étaient de grands fans de ce sport et ils ont commencé à m’emmener aux courses quand j’avais seulement trois ans. Depuis lors, ça a été le coup de foudre : le motocross a toujours fait partie de ma vie.
Vous êtes aujourd’hui coordinatrice de l’équipe Red Bull KTM, l’une des meilleures équipes du paddock. Comment cette opportunité s’est-elle présentée ?
Je suis chez KTM depuis 2003, et j’ai toujours été coordinatrice d’équipe. Après avoir terminé l’université, quelqu’un m’a parlé d’un poste de coordinatrice d’équipe dans le milieu de la vitesse. Ce n’était pas vraiment ma passion — moi, c’était le motocross — mais je me suis dit que c’était une bonne opportunité. À peu près au même moment, mon club de Cingoli organisait une épreuve du championnat du Monde, et ils m’ont demandé d’être traductrice lors de la réunion du jury. Un des responsables de la Fédération italienne m’a remarquée et m’a dit : « Tu connais beaucoup de termes techniques et tu comprends vraiment comment fonctionne ce sport — pourquoi tu ne viendrais pas nous aider ? »
Ça a commencé à temps partiel, ils couvraient mes frais de déplacement. J’ai dû suivre un séminaire pour devenir Directrice de Course et ensuite, la Fédération a commencé à m’envoyer sur les Grands Prix à travers le monde comme déléguée. Lors d’une de ces épreuves, en Hollande, j’ai rencontré celui qui est plus tard devenu mon mari — il était mécanicien chez KTM à l’époque. On a commencé à sortir ensemble, et je continuais à essayer de combiner les déplacements sur les épreuves du mondial avec mon travail dans le milieu de la vitesse.
Finalement, j’ai rencontré Kurt Nicoll et Toby Gustafsson de chez KTM. Mon rôle en vitesse les a intrigués et ils m’ont dit qu’ils aimeraient beaucoup avoir quelqu’un comme moi pour le côté motocross. Fin 2002, ils m’ont proposé un poste. C’était une décision importante: quitter l’Italie pour l’Autriche, vivre avec quelqu’un que je connaissais encore peu, et laisser ma famille derrière moi. Mais ils m’ont laissé le temps de réfléchir. Kurt m’a dit : « On te veut avec nous, mais il faut aussi que tu veuilles de nous. » Ça m’a marquée. Après deux mois, mes parents m’ont dit : « Tu as toujours aimé le motocross — c’est ton opportunité. » Et c’est comme ça que tout a commencé.
Vous souvenez-vous des premiers pilotes avec lesquels vous avez travaillé ? C’était il y a plus de 20 ans.
En 2003, on avait neuf pilotes — cinq dans l’équipe basée en Autriche et quatre dans l’équipe MX2 de Kees van der Ven. Du côté autrichien, il y avait Joel Smets, Yves Demaria, Pit Beirer, James Dobb et Garcia Vico. Chez Kees, on avait Marc de Reuver, Ben Townley, Eric Eggens et Steve Ramon.
Ma première course était au Qatar, en février. Elle était organisée par Georges Jobé. Kurt Nicoll m’a dit : « Tu vas y aller seule avec les pilotes. » J’ai répondu : « Seule ? Je ne les connais même pas ! » Mais il m’a dit que c’était la meilleure façon de gagner leur respect. C’était intimidant au début — je me souviens avoir pensé : « Et s’ils ne me respectent pas ? » Mais certains me connaissaient déjà, comme Joel. Pit Beirer plaisantait avec moi au début, je crois qu’il voulait me tester pour voir ce que je connaissais du motocross… Mais ils ont tous été vraiment sympas avec moi. Je suis restée professionnelle, et ils m’ont respectée. C’est essentiel dans ce travail, surtout en tant que femme dans un monde dominé par les hommes — il faut gagner leur respect dès le premier jour.
Au fil des années, vous avez travaillé avec beaucoup de pilotes, tous avec des personnalités différentes. Est-ce qu’il a fallu s’adapter à chaque pilote ?
Absolument. Pour bien faire ce travail, il faut être un peu psychologue aussi. Je dis souvent que si je pouvais revenir en arrière, je ferais des études en psychologie. J’avais passé un examen de philo’ à l’université, et c’était un sujet que j’avais trouvé vraiment intéressant. Chaque pilote est différent — certains sont plus réservés, d’autres plus extravertis — et il faut adapter son approche à chaque pilote.
Est-ce qu’il vous arrive de repérer assez tôt si un pilote a la bonne mentalité pour devenir champion du monde ? Je pense notamment à Tom Vialle; il n’était pas forcément attendu au début, mais une fois qu’il a eu sa chance, il a su la saisir.
Tom est l’un des pilotes les plus solides mentalement avec qui j’ai pu travailler. Quand on l’a intégré à l’équipe, certaines personnes se demandaient : « Pourquoi Tom Vialle ? » Mais Dirk Gruebel, notre team manager à l’époque, disait « Et pourquoi pas ? Il mérite d’avoir sa chance. » On avait déjà donné leur chance à des pilotes qui n’avaient pas su la saisir. Tom, lui, l’a saisie à bras le corps.
Quand il a remporté le titre en Turquie face à Jago, pour moi, c’était au mental. Jago est incroyablement talentueux, c’est un excellent pilote, mais ce jour-là, c’est l’état d’esprit de Tom qui a fait la différence. Avant la deuxième manche, on a beaucoup discuté avec Tom. Je lui ai dit : « C’est un jeu mental. Si tu es plus fort dans ta tête, tu gagneras. » Et c’est ce qu’il a fait.
Comment se déroule un week-end de grand prix pour vous ? Vous ne devez pas avoir une minute pour vous.
Clairement ! En général, on arrive le jeudi ou le vendredi, selon l’endroit où se déroule le GP. Aujourd’hui, on essaie d’arriver dès le jeudi puisqu’il y a désormais des tests de départ le vendredi. Le vendredi, c’est l’organisation — établir les plannings des pilotes, gérer les obligations médiatiques, s’assurer qu’ils sont à l’heure et présentables.
Le samedi et le dimanche, je me concentre principalement sur les pilotes. Je leur transmets les résultats, je les aide à gérer leurs plannings, et je m’assure que tout se passe bien. Beaucoup de ce que je fais se passe en coulisses, mais je suis toujours là au cas où ils auraient besoin de quelque chose. Pendant la semaine, je m’occupe de tout et de tout le monde, mais lors des week-ends de course, tout tourne autour des pilotes.
Ken Roczen et Jeffrey Herlings ont explosé sur la scène mondiale en 2010–2011, et ils n’avaient pas toujours l’air de bien s’entendre — comment était la dynamique à ce moment-là ?
Oui. Aujourd’hui, ils s’entendent bien, ils se respectent. Mais à l’époque, c’était différent. Ken était déjà très professionnel, vraiment concentré sur son travail, et même en tant qu’adolescent. Quand il a remporté le titre, Jeffrey était anéanti — il avait tout donné, mais ça n’avait pas suffi. À ce moment-là, Ken était juste un peu plus prêt que Jeffrey, plus mûr. Jeffrey avait tout le talent nécessaire, mais il était plus jeune, encore en train de se construire. Il y avait clairement un peu de jalousie, mais ça n’a jamais dépassé les limites. C’étaient deux talents exceptionnels — des garçons comme ça, on n’en voit qu’une fois tous les dix ans.
On a toujours eu l’impression que Jeffrey a eu besoin de décrocher une première victoire pour vraiment croire en lui…
Oui. Ce premier titre a été un tournant. L’année avec Kenny a été difficile pour Jeffrey, mais il s’en est remis rapidement. Il a ce mental de vainqueur, donc ne pas gagner l’a beaucoup affecté — mais ça l’a aussi rendu plus fort. C’est un garçon très coriace qui travaille énormément. Perdre le titre a été un gros coup dur, évidemment, mais avec le recul, je pense qu’il comprend maintenant que peut-être, Kenny était juste un peu plus prêt que lui à l’époque. Je suis sûre que si tu lui posais la question aujourd’hui, il admettrait probablement que Kenny était simplement le plus prêt des deux pour remporter le titre cette saison-là.
C’est un sujet délicat, mais parlons de René Hofer, qui nous a tragiquement quittés après un accident de ski. C’était vraiment un garçon adorable, toujours souriant et positif. C’était comment de travailler avec René ?
René était aussi un gros travailleur. Ce que j’aimais chez lui, c’est qu’il était vraiment reconnaissant d’avoir eu cette opportunité de pouvoir intégrer une équipe factory. Dès qu’il a commencé à travailler avec Joel, avec Tom Vialle aussi, ils sont devenus très proches et formaient un super trio. Rene était très exigeant. Parfois je plaisantais avec lui, et quand il demandait encore quelque chose, je lui disais : « Si tu roules bien, je te donnerai ce que tu demandes, sinon non ! » Mais c’était pour rire, parce qu’on avait une super relation.
Je dis toujours que, même si ce sont des pilotes professionnels, ce sont encore des gamins. Et à côté des techniciens, je pense être un peu la personne qui fait « tampon ». Les pilotes ont besoin d’une personne qui soit un peu plus proche d’eux. Ce n’est pas comme s’ils avaient toujours leurs parents à leurs côtés. Pour eux, je suis un peu cette figure-là, et ça crée une relation spéciale, une belle ambiance au sein du team. Il y a une vraie connexion qui se crée avec les pilotes. C’est vraiment très précieux.
Cette année, vous avez Herlings, Adamo & Rossi au sein de l’équipe. C’est comment de travailler avec eux ?
Honnêtement, je vois beaucoup de similitudes entre Andrea et Rene. Parce que Rene était aussi très franc. Il était, comme Andrea, assez exigeant. Mais il était travailleur, très professionnel et très honnête. Parfois, peut-être un peu trop pour certaines personnes. Pour moi, non — j’aime ça, car je suis pareille. J’adore travailler avec Andrea. Jeffrey aussi est très franc, comme Andrea. Les gens pensent parfois que ce sont des garçons arrogants, mais ce n’est pas vrai. En fait, ils disent simplement la vérité.
Malheureusement, je n’ai pas encore eu l’occasion de beaucoup travailler avec Marc-Antoine, autant qu’avec Andrea et Jeffrey par exemple. Je travaille depuis 16 ans avec Jeffrey. C’est un pilote très professionnel et vraiment sérieux dans son travail. C’est l’un de ceux qui travaillent le plus dur. Jeffrey est peut-être un peu moins spontané qu’Andrea, il est aussi direct, mais d’une manière différente. Voilà, Jeffrey vient du nord, Andrea du sud — donc évidemment, ils sont un peu différents.
Marc-Antoine, même si j’ai passé peu de temps avec lui, est un garçon vraiment drôle. Il s’est vraiment bien intégré dans l’équipe en peu de temps. Il rigole beaucoup avec Andrea. Il n’a pas eu l’occasion de travailler avec Jeffrey, malheureusement. Mais Marc-Antoine est un garçon attachant. Il me manque, et ça aurait été super d’avoir les trois ensemble cette année. Je pense que chacun aurait beaucoup apporté aux autres.
Y a-t-il un Grand Prix que vous aimez plus que les autres, et que vous attendez avec impatience ?
Jusqu’à cette année, j’aurais dit Villa La Angostura en Argentine. C’est un GP qui était très spécial. D’abord, la piste est belle. Mais l’endroit, la Patagonie, est une région magnifique. Les gens sont très gentils et la nourriture est bonne. Ce n’était pas seulement un GP pour nous, ça ressemblait aussi un peu à des vacances, en fait. Tout le monde était heureux là-bas grâce à l’ambiance, à l’endroit, aux gens, etc.
À vos débuts, il n’y avait pas autant de GP, mais maintenant il y en a 20, plus le Motocross des Nations. Est-ce que vous appréciez toujours tous ces voyages et découvrir de nouveaux endroits ? Vous devez être épuisée en fin de saison.
21 courses … oui. Parfois, tu sais que tu vas manquer un événement important, ou un concert que tu aimerais vraiment voir, mais tu te dis : «Non, je ne peux pas, parce qu’il y a une course».
Mais une fois que je mets les pieds dans le paddock, j’oublie tout. J’oublie tout parce que j’adore ce que je fais. J’aime tellement cette équipe, travailler avec les garçons que, une fois que je suis là, tout devient plus facile et je ne suis plus fatiguée.
Bien sûr, on est un peu fatigué, surtout quand les courses s’enchaînent, mais malgré tout, les points positifs l’emportent sur les points négatifs. Quand on voyage, on peut parfois visiter un peu, mais c’est assez rare.
J’imagine qu’il doit aussi y avoir des imprévus. De souvenir, les bagages de Jeffrey s’étaient perdus sur un GP et il avait dû utiliser l’équipement d’un autre pilote.
C’était en Russie ! Avec Jeffrey, il se passe toujours quelque chose. Mais on plaisante en disant que quand les choses tournent au vinaigre, c’est finalement là que Jeffrey est à son top ! À Riola Sardo (Sardaigne), je plaisantais avec les garçons parce que Jeffrey est arrivé au dernier moment. Il était là: « Je ne peux pas… Je ne viens pas… Je ne suis pas sûr… Je ne me sens pas bien… Peut-être… » Mais finalement, il est venu ! On a réservé son vol à la dernière minute, et j’ai dit à un des membres de l’équipe: « J’ai un bon pressentiment. » Même si Jeffrey n’avait pas beaucoup roulé, j’ai dit : « Tout ce bazar, c’est typique de ce bon vieux Jeffrey. » Et c’est dans ce genre de situation qu’il donne le meilleur de lui-même. Je ne sais pas pourquoi, mais quand tout est trop parfait, trop organisé, trop bien réglé… il y a toujours un truc qui ne va pas.
Dirk Gruebel a été team-manager de Red Bull KTM pendant de nombreuses années. Après lui, il y a eu Antonio Cairoli, puis Harry Norton et désormais Joel Smets. On travaille différemment avec chaque team manager ?
Bien sûr, ça amène toujours quelques changements. Avec Dirk, je dis toujours qu’on était comme frère et sœur. Il suffisait qu’on se regarde pour se comprendre. Il y avait beaucoup de respect. Il avait totalement confiance en mon travail, et moi en lui.
Avec Tony et Harry, c’était aussi sympa de travailler, mais évidemment, ils n’avaient pas la même expérience que Dirk. Ils auraient eu besoin de plus de temps pour vraiment se perfectionner dans le rôle.
Ils ont décidé de prendre une autre route, mais selon moi, on aurait dû leur laisser un an ou deux de plus pour progresser, et on aurait vraiment vu ce qu’ils valaient. Je pense qu’il n’y a pas eu assez de patience parce que les gens étaient habitués à l’expérience de Dirk. Mais Dirk est aussi plus âgé, plus expérimenté dans le rôle — on ne peut pas attendre de celui qui le remplace d’être comme lui, c’est évident. Parfois, dans ce milieu, on veut que tout aille trop vite.
Joel, bien sûr, je le connais depuis qu’il est pilote, et il est avec nous depuis longtemps. Je pense qu’aujourd’hui, c’est un bon compromis, car il connaît bien la vie des pilotes, et il a plus d’expérience maintenant, donc il sait mieux gérer certaines situations.
L’intersaison est une période chargée pour les pilotes et les mécaniciens. À quoi ressemble cette période pour vous ?
Évidemment durant l’intersaison, ce n’est pas aussi intense qu’en ce moment, mais dès que la saison est finie — parce qu’on termine en octobre — on commence déjà à préparer la saison suivante. Tu prends peut-être deux semaines de vacances, mais tu penses déjà à réserver les hôtels pour la prochaine saison, à faire les inscriptions des pilotes, à signer les contrats avec Infront Moto Racing. On commence doucement à préparer les testings d’intersaison et les entraînements. Donc moi, je suis derrière toute l’organisation des vols, hôtels, voitures de location, etc. Il y a toujours quelque chose à faire, même si la période est moins intense car on voyage moins. Mais je n’ai pas deux mois de vacances par an, ça c’est sûr.
Vous êtes Italienne, mais où êtes-vous basée pendant la saison ? Italie, Belgique ?
Non, en Autriche, au siège de l’équipe ! Au début, quand j’ai déménagé en 2003, c’était un grand changement pour moi, parce que l’hiver était vraiment long. Il y avait beaucoup de neige et venant d’Italie, je me demandais où était passé le soleil et s’il allait pointer le bout de son nez un jour. Il n’y avait que de la pluie ou de la neige. Mais maintenant je m’y suis habituée et je dois dire que la météo est assez similaire à celle de l’Italie.
On a de belles journées, très ensoleillées, d’autres plus pluvieuses, mais avant c’était surtout neige et pluie. Maintenant, c’est plus équilibré. Je pense que ton pays reste toujours ton pays. Dans mon cœur, bien sûr, l’Italie est le meilleur endroit pour vivre. Mais je dois dire qu’en Autriche, je me sens bien. J’ai pas mal d’amis et le siège de l’équipe est basé là-bas. Les patrons veulent aussi que je sois sur place. Il y a quelques années, j’avais demandé à Pit si je pouvais jongler entre Italie et Autriche, mais il a dit non, car il préfère que je sois présente avec l’équipe. Si les garçons ont besoin de moi, je suis là. Et ça me va.
Même s’il n’a jamais été un pilote officiel Red Bull KTM, j’ai remarqué que vous aviez une relation spéciale avec Isak Gifting.
Oui. En fait, mon mari est Suédois. Et quand Isak avait environ 15 ou 16 ans, mon mari a commencé à l’aider. Depuis, ils sont devenus très proches, et donc nous aussi. Isak est venu plusieurs fois en Autriche, et surtout en Italie, il a passé du temps avec nous. Ça fait maintenant trois Noël qu’il passe avec nous, donc il est souvent chez nous.
Quand on est en Italie, et comme Isak est dans le team JK Racing qui est basé en Toscane, à environ trois heures de chez nous, il vient souvent passer du temps avec nous. Mon mari est très proche de lui, ils parlent souvent au téléphone de l’aspect technique, etc. Et moi, sur les courses, je suis un peu comme sa seconde maman.
Vous semblez très heureuse chez KTM et reconnaissante d’avoir ce poste depuis. Vous pourriez vous voir travailler pour une autre équipe, une autre marque un jour ou l’autre ?
Honnêtement, j’ai reçu d’autres propositions au fil des années, même ces dernières années, mais je ne les ai même pas considérées, parce que je suis bien là où je suis. J’aurais pu dire : « Discutons-en », ou demander combien ils m’offraient, etc. Mais pourquoi ?
Je ne crois pas que l’herbe soit plus verte ailleurs. Bien sûr, si je n’étais pas heureuse, ce serait idiot de ne pas essayer autre chose. Mais franchement, je ne me vois pas travailler pour une autre équipe. Bien sûr, quand quelque chose se passe mal, que tu es en colère, tu dis que tu vas aller voir ailleurs… mais honnêtement, non. Je n’ai laissé à personne l’opportunité de me faire une proposition sérieuse, de s’asseoir et de parler business.
De quoi sera fait l’avenir de Valentina Ragni ? Vous vous voyez dans ce milieu pendant encore combien de temps ?
Honnêtement… je ne sais pas. J’essaie de prendre les choses année par année. Je dis toujours : tant que ce travail me procure de l’émotion et des frissons quand je vois les garçons rouler, quand je suis là et que je ressens encore cette passion pour le sport… tant que j’ai ça, je continuerai.
Le jour où je ne ressentirais plus tout ça, que ce travail deviendra routinier ou ennuyeux, alors ce sera le moment d’arrêter. Mais jusqu’à présent, j’ai toujours ce feu en moi, donc je n’y pense pas trop. Je vis au jour le jour. C’est ma philosophie dans tout ce que je fais. Je vis au jour le jour parce que, comme je dis toujours : le futur, je ne le connais pas. Aujourd’hui on est là, demain, on ne sait pas. Mon mantra, c’est carpe diem, cette phrase latine qui veut dire : « Profite de l’instant présent ». C’est ça, ma philosophie.
