Après une blessure au genou et une période de doute, Jett Lawrence a décroché son neuvième titre en championnat AMA en s’imposant ce samedi à Unadilla. De nouveau dominateur sur l’outdoor US cette année, le garçon décroche la couronne à une épreuve de la fin du championnat, confirmant une fois de plus son statut d’homme à battre en catégorie reine. Micro.
Jett, ces huit derniers mois ont été difficiles pour toi. Vu l’émotion dont tu as fait preuve lors de l’ouverture du championnat à Pala, on comprend que tu es passé par beaucoup. Te voilà titré. C’est fait. Quel a été le moment le plus important de la saison, selon toi ?
Le plus important, ça a été le premier round. Tout ce qui s’est passé avant, avec mon genou. Je ne suis pas le premier à avoir rencontré des problèmes au genou, mais c’était ma première blessure de ce type. Du coup, inévitablement, mentalement tu te retrouves au fond à te dire que c’est terrible. À la base, on m’avait dit que j’allais être sur la touche pendant quatre mois, donc je savais que je n’allais pas être remis à temps pour la première épreuve de l’outdoor. Finalement, être en mesure de revenir à temps, c’était déjà quelque chose pour moi. Je suis non seulement revenu, mais j’ai pu gagner. Pour moi, c’était l’une des meilleures courses jusqu’à présent, rien que pour l’aspect émotionnel et compte tenu de tout ce qui s’est passé entre-temps. Je dirais que c’était le moment le plus important, car il y avait beaucoup d’inconnues à l’approche du premier round de la saison. Je suis revenu en piste après quatre mois, alors que quatre mois, ce devait être la période de convalescence.
À quoi va ressembler la semaine prochaine pour toi, maintenant que tu as décroché le titre ? Tu vas rouler en SMX, ou tu vas rester concentré pour aller chercher un nouveau doublé à Budds Creek ?
Ça va peut-être paraître dingue, mais je pense que je vais faire exactement la même chose que cette semaine, et que je vais rouler comme d’habitude. Évidemment, c’est cool de pouvoir décrocher le titre un round avant la fin du championnat, mais tu ne peux pas vraiment célébrer ni en profiter parce qu’il faut déjà penser à la prochaine course le week-end suivant. Donc je vais retourner au boulot, je vais peut-être faire un peu de préparation pour le SMX. On verra en fonction de la météo, si elle reste clémente en Floride. Je pense que je vais faire plus ou moins la même chose que d’habitude avant la finale de Budds Creek. Rester dans la même bulle mentale. Je vais surtout essayer de ne rien faire de stupide, car il faut penser au championnat SMX. Après Budds, je vais me concentrer sur les playoffs pour m’assurer de faire trois belles épreuves.
Tu avais un bel écart en piste en fin de seconde manche. À quel moment as-tu commencé à penser au titre, et à le célébrer en quelque sorte ?
Seulement une fois que j’ai franchi la ligne d’arrivée. Il ne faut jamais célébrer avant d’avoir passé l’arrivée. J’ai vu trop de vidéos où ça avait mal fini pour le mec qui célébrait avant d’avoir terminé la course. J’essaie de toujours attendre d’avoir vu le drapeau à damier avant de célébrer. Je ne veux pas m’attirer le mauvais œil, célébrer trop tôt et perdre l’avant dans le virage le plus facile [rires].
Le tracé était très sec ce week-end, on a vu un Unadilla bien différent des années précédentes. Un mot sur la piste ?
Je pense que les organisateurs s’attendaient à ce qu’il pleuve, donc ils n’ont pas vraiment griffé la piste comme d’habitude. Ils ont juste un peu griffé en surface, c’était très superficiel. Ce n’était pas terrible parce qu’avec l’arrosage, le milieu de la piste était vraiment sous l’eau. On devait serrer les côtés de la piste. On va dire qu’on a connu de meilleurs Unadilla par le passé. Là, les conditions étaient brutales. Physiquement, c’était dur avec les trous, surtout au niveau du dos ; on va le sentir demain. J’aurais aimé retrouver un tracé plus typique d’Unadilla, griffé bien profondément, car c’est là que je prends du plaisir et c’est là que – selon moi – les opportunités de faire de belles courses se présentent. Mais c’est comme ça, on rencontre des conditions différentes sur chaque piste.
Avec Hunter, vous vous battez toutes les semaines avec Eli et vous semblez tous très respectueux les uns envers les autres. Parfois, plus on se bat en piste, plus les rapports sont tendus et ça peut vite se compliquer.
On s’entraîne tous et on travaille tous dur avec le même objectif en tête. Se créer des ennemis en leur manquant de respect, ce n’est pas vraiment la chose à faire. J’essaie d’être respectueux envers tout le monde en piste, j’essaie d’être propre. Je prends bien plus de plaisir de cette façon et quand on est proches en piste avec un gars comme Eli, je sais que je ne risque rien avec lui. Je sais aussi que je ne vais pas aller lui balayer la roue avant ou faire un truc stupide, parce que selon moi, c’est vraiment être un gros fainéant. Quand tu sors un mec, tu le percutes, tu le fais tomber et tu n’as plus à t’en soucier pour le reste de la manche parce qu’il a fini par terre. Pour moi, c’est plus fun quand c’est propre, quand ça se bat, quand tu dois utiliser ta matière grise pour faire la différence, etc. Je pense que j’ai montré que je respectais Eli et les autres. Si tu te fais des ennemis sur la piste, c’est tout de suite moins fun et ça devient vite bizarre. Notre famille est très fun, on est gentils, on traite tout le monde à la même enseigne. On respecte tout le monde comme il se doit, et on espère le même type de respect en retour.
Tu as décroché pas mal de titres jusqu’à présent. À quel moment est-ce que tu réalises pleinement que c’est toi, le champion ?
Quand je touche le bonus [rires]. Je ne sais pas. Plus je gagne, plus j’aime travailler dur, m’entraîner entre les courses, faire des sorties vélo et me préparer pour l’épreuve suivante. Apprendre, etc. C’est sûr que je ne vais pas dire que décrocher un titre, c’est la misère. C’est top, et je suis très content d’être champion. Mais une fois que le titre est décroché et que le job est fait, ton corps rentre dans un état de relaxation. Je ne me suis jamais senti autant fatigué qu’après avoir décroché un titre, alors même que je me suis bien senti lors de toutes les épreuves menant à ce titre. Je suis surtout très reconnaissant envers le team qui m’aide, Hunter avec qui je m’entraîne, HRC, Honda, Red Bull, Alpinestars, 100 % et tous ceux qui me soutiennent et qui me permettent de faire ce que j’aime chaque week-end. Ce qui me motive vraiment et qui rend les titres si spéciaux, c’est surtout tout le travail fourni en amont durant la saison. Je pense que c’est ce que j’apprécie le plus, peut-être même plus que le jour où je décroche enfin le titre.
