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Jeffrey Herlings « Je ne m’attendais pas à ce que Lucas soit aussi fort jusqu’à la fin »

Images: KTM Factory Racing

Jeffrey Herlings ajoute une victoire supplémentaire à son compteur, qui affiche désormais 110 succès en Grand Prix. Pour la 16ᵉ fois de sa carrière, l’officiel Red Bull KTM a décroché un succès à domicile. Dominateur à Arnhem, le pilote néerlandais s’adjuge son second triplé de l’année mais ne joue plus rien au championnat depuis longtemps, sinon les victoires d’épreuves. C’est justement dans cette optique que Jeffrey s’est aligné derrière la grille de départ du GP des Pays-Bas, seulement trois semaines après son retour en piste à Lommel.

« C’était l’objectif de gagner ici », concède Jeffrey au soir de sa 110ᵉ victoire en Grand Prix. « Quand je suis revenu à Lommel, je n’avais roulé que deux fois vingt minutes à l’entraînement depuis ma fracture de la clavicule. J’ai vu que j’avais la vitesse, j’ai pris un excellent départ en seconde manche, mais je suis beaucoup trop tombé pendant les manches. Je me suis senti beaucoup mieux cette fois, principalement parce que j’ai pu m’entraîner durant les trois dernières semaines. Mais les dix dernières minutes des manches sont toujours difficiles pour moi. »

Huitième en Belgique, second en Suède, vainqueur aux Pays-Bas, Jeffrey a vite repris du poil de la bête, question d’habitude. « En Suède, ça allait parce que le terrain n’était pas trop défoncé, il ne faisait pas trop chaud, le terrain n’était pas si exigeant physiquement », continue l’officiel Red Bull KTM. « Mais là, j’ai eu de la chance en première manche avec la chute de Lucas. J’ai pu gérer après mon bon départ. J’ai pu imprimer mon rythme comme à l’entraînement en étant en tête, et je me suis économisé un maximum pour la seconde manche, et heureusement, car j’en ai eu besoin. Je savais que Lucas allait être très fort en seconde manche et que Tim n’allait pas tenir toute la durée. Je me disais que Lucas était loin, que ça allait le faire, et finalement, il est revenu comme une fusée. À cinq tours de la fin, il n’était plus qu’à trois ou quatre secondes de moi. J’ai continué d’attaquer, j’ai mis la tête dans le guidon et j’ai tout donné. Je n’avais plus rien dans le sac à la fin, techniquement, physiquement… C’était juste de la pure détermination. Je signe le triplé, une belle façon de m’affirmer et de rebondir à domicile après une année en dents de scie. Ce sera intéressant jusqu’au bout, que ce soit en MXGP ou en MX2 : les championnats sont disputés cette année après 51 manches. Il en reste neuf et, dans les deux catégories, c’est encore très serré. C’est cool d’en faire partie cette année, même si je ne joue pas le titre. »

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Auteur de bons départs à Arnhem, Jeffrey Herlings a mené tous les tours en première comme en deuxième manche. Seul Glenn Coldenhoff a été – un temps – en mesure de devancer l’officiel Red Bull KTM lors des manches ce week-end.

« Avoir la grille à l’intérieur ce week-end, pour moi, c’était la clé. J’avais Glenn Coldenhoff à côté de moi, et il est bien parti, il a été en mesure de bloquer ce qui arrivait de l’extérieur et moi, j’ai pu suivre à la corde dans le premier virage à chaque fois. Selon moi, ce devrait être comme ça à chaque fois, comme en MotoGP ou en Formule 1 : on devrait avoir un avantage en étant à l’intérieur après les essais et la manche qualificative. Le samedi m’a vraiment aidé pour les manches du dimanche et je savais que les départs allaient être importants. Je savais aussi que ça allait être très compliqué dans les cinq ou dix dernières minutes, car le tracé se défonçait vraiment. Je ne m’attendais pas à ce que Lucas soit aussi fort jusqu’à la fin. Il m’a surpris. C’est un très bon pilote, respect à lui. »

Bien que très mal parti en seconde manche, Lucas Coenen a été en mesure de revenir jusqu’en deuxième place avant de réduire l’écart qui le séparait de Jeffrey Herlings de huit secondes en seulement neuf tours. Une remontée éclair qui a poussé le néerlandais à en remettre une couche dans les deux derniers tours pour contenir, de justesse, l’assaut du pilote belge au passage sous le drapeau à damier.

« Sans vouloir paraître arrogant, je savais que Lucas était le seul pilote capable d’afficher la même vitesse que moi ce week-end », explique le pilote néerlandais. « En première manche, j’ai un peu plus géré. Il a pu revenir de la dernière à la seconde place et, de là, j’ai su qu’il fallait garder un œil sur lui. En seconde manche, sur la table, je regardais sur ma droite pour voir où il était. Au début, l’écart restait stable, puis, au fur et à mesure, il revenait. Puis, à un moment, il n’y avait plus que quelques pilotes entre lui et moi et je me suis dit : “outch, il revient fort.” Et puis quelques tours plus tard, je n’étais même plus en mesure de le voir, et je savais qu’il était en train de me rattraper. Lucas est revenu à cinq secondes, j’ai attaqué jusqu’au bout, la tête dans le guidon. Je me suis accroché jusqu’au bout et, pour une fois, je ne suis pas tombé. »

La saison touche à sa fin avec trois étapes décisives en Turquie, en Chine et en Australie, où seront sacrés les champions du monde 2025. Une tournée lointaine, bien loin des fans européens qui font battre le cœur du mondial MXGP.

« Je préférerais que les derniers rounds de la saison soient en Europe, plutôt que de faire la finale en Australie », admet justement Jeffrey Herlings. « Pour prendre l’exemple de Romain, son enfant doit probablement aller à l’école et je ne sais pas si sa femme sera en mesure d’aller en Australie pour la finale. Je comprends qu’il faut sortir de l’Europe, car c’est un championnat du monde, mais quand il y a des épreuves overseas, ce serait mieux de les organiser en début de saison ou au milieu, pour pouvoir terminer la saison en Europe. Ce serait cool pour Lucas ou Romain de gagner un championnat en Europe, devant leurs fans, leurs familles, et pas seulement quelques membres de leur équipe. C’est Infront qui décide de ça, c’est un business, c’est comme ça. »

Jeffrey Herlings « Je ne m’attendais pas à ce que Lucas soit aussi fort jusqu’à la fin »
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