Dernière ligne droite ce week-end pour Romain Febvre et les autres. À la veille de la finale du mondial MXGP en Australie, l’officiel Kawasaki KRT aborde le rendez-vous Australien avec une avance plus que confortable au championnat. Mais Romain garde la tête froide et sait que rien n’est jamais acquis d’avance. Entre impatience de décrocher ce titre et volonté de rester concentré jusqu’au bout, le leader du championnat évoque son état d’esprit avant ce week-end décisif.
« 47 points d’avance, c’est un bel écart. Mais rien n’est jamais joué d’avance» commente Romain au micro de Lisa Leyland. « C’est sûr que je suis plus à l’aise avec cet écart en arrivant ici que je ne l’étais en arrivant en Chine le week-end dernier. J’aimerais pouvoir décrocher le titre le plus tôt possible. Je vais faire de mon mieux le samedi, voir où on en est et, si ça ne passe pas, j’espère pouvoir concrétiser le dimanche. Je veux juste rester concentré sur ce que je fais. Ce serait cool de pouvoir gagner l’épreuve tout en décrochant le titre. On verra bien. »
Après un GP de Chine décisif le week-end dernier, Romain Febvre a réussi à reprendre de précieux points au championnat, consolidant son avance sur Lucas Coenen qui pointe désormais à 47 unités du Français. Si cette avance se veut confortable à l’aube de la finale, Romain Febvre n’a pas toujours été dans cette position. Malgré son statut de rookie, l’officiel De Carli KTM a été un rival redoutable et régulier cette année, revenant notamment à moins de 10 points de la plaque rouge après le GP de Lommel.
« C’est toujours bon de reprendre beaucoup de points au championnat, mais ce n’est jamais simple non plus» explique Romain Febvre qui a repris de l’air au championnat à Shanghai, au moment le plus opportun. «Lucas a été très bon toute la saison. En début d’année, j’étais un peu mieux que lui car il n’était pas encore prêt, et je crois savoir qu’il revenait aussi d’une blessure. J’ai pu prendre de l’avance en début de saison, mais il est rapidement devenu très fort et a commencé à gagner des Grands Prix. Petit à petit, il est revenu au contact au classement. D’ailleurs, après Lommel, il n’y avait que 9 points d’écart, ce n’était pas beaucoup. Finalement, j’ai réussi à creuser de nouveau l’écart par la suite, et encore en Chine le week-end dernier. Mais c’était une situation plutôt stressante. Le voir revenir à 9 points, ce n’était rien. J’ai bossé dur pour maintenir cet écart et pour parvenir à l’augmenter à nouveau. Ce n’était pas simple. »
Romain Febvre compte déjà un titre de champion du monde MXGP à son palmarès. Lors de son sacre, il y a dix ans, il avait décroché la couronne deux épreuves avant la fin de la saison. Six ans plus tard, il abordait la finale du championnat 2021 avec la plaque rouge, mais s’était incliné face à Jeffrey Herlings, qui le devançait de seulement cinq points. Cette saison, en gérant toute l’année, avec une belle régularité qui le verra monter sur 16 podiums en 19 Grands Prix, le pilote Français a su mettre son expérience à profit et n’a pas craqué sous la pression.
« La gestion, ça peut être simple comme compliqué » admet le pilote Français. «Avec l’expérience, c’est mieux d’aborder les courses dans le bon état d’esprit, dans de bonnes conditions, et de ne pas trop stresser pour des choses insignifiantes. Après Lommel, l’écart était réduit à 9 points, mais je me disais que je menais toujours le championnat, ce qui pouvait jouer en ma faveur comme en celle de Lucas. Le meilleur moyen de se défaire de ce stress, c’est de s’entraîner, de rester concentré et de faire de son mieux. Il peut se passer beaucoup de choses dans ce sport : tu peux tomber, ta moto peut avoir un problème… On en est tous conscients. Mais avec l’expérience, ce genre de situation est plus facile à gérer pour moi. On ne peut cependant jamais tout contrôler dans ce sport. »
« Ce titre, ça représenterait beaucoup pour moi» C’est par ces mots que Romain Febvre résume ce que signifierait ce second sacre mondial. Après quelques saisons entachées par des blessures, le pilote Français – qui soufflera sa 34ème bougie en décembre – pourrait enfin concrétiser tous ses efforts et sacrifices. Pour lui, ce second titre ne serait pas seulement une récompense sportive, mais aussi une manière de mettre de côté toutes les difficultés traversées. «C’est beaucoup de sacrifices personnels, mais aussi pour ma famille, ma petite amie, ma fille. Si je décroche ce titre, je pourrai me retourner et effacer tous les mauvais moments que j’ai traversés durant toutes ces années, notamment les blessures. Lors de certaines saisons, je n’ai tout simplement pas été assez bon pour être champion. Mentalement, c’est dur de savoir que tu es capable de gagner des courses ou un championnat, mais de ne pas y parvenir pour autant, ou de te blesser. C’est difficile de continuer. J’ai bientôt 34 ans et avec l’âge, tu finis par te dire que tu as fait ton temps. Décrocher ce titre serait une belle façon pour moi de mettre tous ces mauvais moments de côté. »
Romain Febvre peut inscrire son nom dans l’histoire du sport une seconde fois, dès ce week-end en Australie. Le pilote Français est en passe de devenir le premier pilote à faire gagner la 450 KX-F en championnat du monde, le premier à décrocher deux titres mondiaux à dix ans d’intervalle, et de devenir le plus âgé à remporter un titre de champion du monde MX1/MXGP, devançant de quelques jours seulement Stefan Everts, qui l’avait emporté à 33 ans, 8 mois et 11 jours.
