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Luke Clout « il y a énormément de talent en Australie et je pense que ça commence à se voir »

Images: DailyMotocross

Il y avait deux Australiens au sein du team Bud Racing Kawasaki au Supercross de Paris ce week-end: Jake Cannon et Luke Clout. Si le premier est déjà sous contrat avec la structure Française pour évoluer sur l’Europe 250, le second a fait un détour par la capitale – et une redescente en 250 – pour tenter d’aller chercher le titre de Prince of Paris. Vainqueur de 4 des 6 manches SX2 du week-end, un accrochage au départ du second débat du dimanche verra ses espoirs s’envoler. Micro.

Luke, quel week-end ça aurait pu être ! Le titre de Prince de Paris t’a glissé des doigts dans cette deuxième manche dimanche. C’est la course. Il doit y avoir un peu d’amertume quelque part, mais ça reste un week-end solide. C’était comment ?

Oui, franchement, un bon week-end. Redescendre sur une 250, c’était plutôt fun, et on était vraiment dans une très bonne position pour aller chercher la couronne de Prince de Paris. Mais malheureusement, il y a eu cet incident de course dans le premier virage lors d’une finale : je suis tombé avec un autre pilote et ça m’a ruiné mes chances. Mais c’est comme ça, c’est la course. Je suis content d’être allé gagner la dernière manche. Je pense qu’on a montré qu’on était probablement les plus rapides ce week-end, mais au final, pour gagner, il faut aller au bout. Je suis content et en même temps un peu déçu, mais c’est comme ça, tu sais. Je suis surtout vraiment heureux d’être ici à Paris.

Quel était le problème avec la moto ? Visiblement, tu ne pouvais pas faire grand-chose après ton accrochage.

Quand j’ai relevé la moto, le guidon était complètement tordu. La poignée de gaz était cassée net, et les plaques latérales étaient arrachées, donc je ne pouvais même plus serrer la moto. J’ai juste dû finir tranquillement pour essayer de sauver ce que je pouvais, quelques points.

Parlons un peu des whoops : surtout en SX2, ils semblaient vraiment séparer les pilotes.

Oui, ils faisaient clairement la différence. Je me suis senti plutôt en forme dedans tout le week-end, et je travaille beaucoup les whoops à la maison, en Australie. La 250 du team Kawasaki Bud Racing marchait vraiment bien. C’était la première fois que je roulais sur cette moto avec ces suspensions, et ces whoops étaient clairement les plus gros et les plus techniques que j’ai dû prendre depuis un bail. On n’en a pas des comme ça en Australie. J’étais probablement l’un des plus solides dedans, donc je suis plutôt content de ça.

On pouvait faire la différence ailleurs, ou c’était vraiment surtout dans les whoops ? On voyait que vous faisiez tous les mêmes enchaînements.

Les whoops étaient vraiment l’endroit principal pour faire la différence. Évidemment, les départs comptaient beaucoup aussi. Mais je pense que si tu réussissais vraiment à ouvrir tes virages et à garder du rythme dans les courbes — puisque dans les enchaînements on faisait tous la même chose — c’est là que tu pouvais grappiller un peu de temps par endroits. Il m’a fallu un petit moment pour m’adapter à la 250, surtout pour réapprendre à conserver ma vitesse. En fait, c’était comme un week-end d’apprentissage pour moi, et je me suis vraiment éclaté. Au final, c’était super fun.

Auteur d’un 2-1-1 le samedi, Luke Clout était leader du classement Prince of Paris après la première soirée @DailyMX

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Tu t’es bien battu avec Anthony Bourdon tout le week-end. Je suis curieux : combien de ces pilotes tu connaissais avant de venir ici ?

Je connaissais Anthony, évidemment, puisque j’ai roulé contre lui sur le World Supercross. Les autres, pas tellement. Calvin, j’en avais un peu entendu parler. Mais je savais que les Européens roulent très bien, et quand tu viens ici, tu es chez eux : ils connaissent ce type de terre, ils roulent dessus toute l’année, donc ils vont forcément être rapides. Donc oui, à part Anthony, je ne connaissais vraiment personne, mais je n’ai sous-estimé personne pour autant. Et honnêtement, j’ai été très impressionné par pas mal de pilotes : ils ont vraiment bien roulé. C’était une superbe épreuve.

Tu roules en 450 en Australie… La semaine dernière tu étais en 450 à Stuttgart, et là tu es à Paris sur une 250. Tu as passé combien de temps sur la 250 ? Tu as découvert la moto vendredi au press day ?

Oui. Stéphane [Dassé] m’a envoyé un message en me demandant : « Tu veux rouler à Paris ? » J’ai dit oui. Et le message suivant, c’était : « Tu veux le faire en 250 ? » Et j’ai répondu : « Ouais, pourquoi pas ? »

Et la première fois que j’ai roulé leur 250, c’était vendredi matin pendant le press day. C’était aussi la première fois que je remontais sur une 250 depuis environ deux ans. Donc je suis plutôt content de comment ça s’est passé.

J’ai senti que je devenais de plus en plus fort au fil du week-end. Donc oui, redescendre sur une 250 et faire le spectacle avec de belles bagarres, je trouve que c’est top. Là, je vais retrouver la 450cc quand je rentrerai à la maison.

Tu avais l’impression de chercher tes marques tout le week-end ? As-tu fait des changements sur la moto, ou tu t’es simplement dit que ça irait très bien comme ça ?

Je n’ai touché à rien au niveau moteur ou de la partie-cycle. J’ai été très surpris de voir à quel point le moteur marchait bien. J’ai fait quelques petits ajustements pendant la journée de presse, mais vraiment des détails. Je parle de deux ou trois clics par-ci par-là au niveau des suspensions, et je n’ai pas retouché à la moto durant les deux jours de course. Monter sur une moto et ne rien avoir à modifier au niveau du setting, j’ai trouvé ça vraiment impressionnant.

Jett et Hunter étaient ici ce week-end. Est-ce que tu as le sentiment que ce qu’ils ont accompli aux USA a aidé à mettre un coup de projecteur sur l’Australie ? Parce qu’on a l’impression que depuis quelques années, beaucoup d’Australiens décrochent des opportunités.

Oui, clairement. Jett et Hunter ont vraiment changé la donne pour les Australiens. Et je dirais même plus, pas seulement pour l’Australie, mais dans le monde entier. Ils sont juste incroyables. Et le fait qu’ils soient Australiens, c’est un bonus pour tous les pilotes par chez nous. Il y a beaucoup de bons pilotes avec du potentiel en Australie, beaucoup de vitesse. Je pense qu’on ne reçoit pas assez de reconnaissance pour ça. Pour quelle raison ? Je ne sais pas trop, mais il y a énormément de talent en Australie et je pense que ça commence à se voir.

Les espoirs du pilote Australien se sont envolés le dimanche, avec une chute au départ de la seconde manche. Le 1-13-1 ne suffira pas à Luke Clout pour être titré Prince of Paris 2025 @DailyMX

Comment il se compare, ce SX de Paris avec les épreuves du championnat Australien de Supercross ?

Je dirais que le SX de Paris et l’AUSX Open de Melbourne sont assez similaires. Ici, c’est le plus gros événement en France, et l’autre, c’est le plus gros en Australie. Je pense qu’ils sont assez équivalents, mais celui-ci a été organisé d’une manière incroyable. Le public européen, l’ambiance, l’endroit… tout est à un autre niveau ici. Les pistes sont assez similaires, le stade aussi, mais l’ambiance, la foule, ça, tu ne peux pas retrouver ce genre d’atmosphère en Australie. C’est bien plus grand qu’à la maison.

L’Australie a remporté les deux derniers Motocross des Nations. Et je ne sais pas si les gens s’en souviennent, mais tu as roulé au Motocross des Nations il y a environ 10 ans. Je crois que c’était en France et en Lettonie.

Ouais, ça remonte ! Je m’étais bien fait plaisir, mais je n’avais pas les frères Lawrence pour m’aider [rires]. J’ai fait un résultat correct une année, je crois que j’ai terminé 12e en 250, et si j’avais eu Jett et Hunter à l’époque, je pense qu’on aurait peut-être pu finir sur le podium ! J’ai adoré faire partie de l’équipe Nationale quand j’étais jeune. Voir Jett et Hunter faire ce qu’ils font aujourd’hui et rendre l’Australie fière, c’est incroyable à regarder.

Tu prévois de retourner aux États-Unis pour faire du Supercross ? Ça fait cinq ans, je crois, et tu avais bien performé lors de ta dernière participation au SX US.

Peut-être, oui. Ça fait déjà quelques années que je n’y suis pas retourné. J’aimerais vraiment. Évidemment, c’est difficile d’y aller et d’obtenir un bon guidon, avec une bonne moto. À mon âge, j’adorerais y retourner, mais il faudrait que ce soit sur une bonne machine. Si une opportunité se présentait — un remplacement ou n’importe quoi — bien sûr que j’adorerais y retourner.

À quoi ressemble ton programme pour 2026 ?

Pour le moment, je n’ai rien signé en Australie. Je voulais juste faire ces quelques courses-là, rouler un peu en Supercross à la maison et prendre une décision à partir de là. Je pense probablement faire un peu de World Supercross, revenir ici à Paris aussi et essayer de monter un petit programme ‘Supercross only’, un peu comme Dean Wilson l’a fait au fil des années. Ça me plaît bien. J’aime toujours le motocross, mais j’aime encore plus rouler en Supercross.

Tu as prévu un peu de tourisme tant que tu es à Paris ?

On a déjà visité un peu dans la semaine, parce que j’étais en Allemagne le week-end dernier. On a fait quelques trucs là-bas. Ensuite, on est arrivés tôt ici et on a fait un tour de Paris. Ma femme voulait aller à Disneyland, donc on a fait ça, puis retour aux affaires : la course. Et demain matin, je prends l’avion à 08:00 pour rentrer en Australie. Long vol : 24 heures. Je roule une journée en rentrant à la maison, puis je reprends l’avion pour Melbourne pour aller participer à l’AUSX Open. Donc oui, j’ai un planning chargé devant moi

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