L’intersaison américaine a été marquée par plusieurs transferts d’envergure. Parmi eux, celui de Chase Sexton, qui a quitté le groupe KTM après deux saisons pour rejoindre l’équipe Monster Energy Kawasaki, avec pour objectif de redorer le blason des verts après une saison 2025 à oublier. Kawasaki n’a plus remporté de titre en 450cc sur les championnats AMA depuis Eli Tomac en 2020, et Chase Sexton espère bien prendre la relève. Micro.
Chase, comment en es-tu arrivé à signer chez Kawasaki ? D’autres équipes devaient être intéressées et les négociations ont commencé très tôt en 2025. Pourquoi avoir choisi Kawasaki ?
Changer d’équipe, c’est toujours une décision difficile. Honnêtement, je pense que le transfert précédent — quand j’étais chez Honda et que je suis passé chez KTM — avait été plus compliqué. À ce moment-là, j’avais plus d’options, donc je dirais que cette décision avait été plus difficile à prendre. Cette fois, j’ai assez vite senti où je voulais aller, ce que je voulais faire, et ça a rendu les choses plus simples pour moi. Je dirais donc que le transfert précédent était le plus compliqué à gérer, parce que j’avais davantage d’offres. J’étais aussi plus jeune et je ne savais pas vraiment quoi faire. Là, c’était presque une évidence. J’ai eu un très bon feeling avec les personnes chez Kawasaki, et jusqu’ici, j’ai vraiment l’impression d’avoir pris la bonne décision.
Au sujet de la transition sur la Kawasaki, quelle est la chose la plus difficile à laquelle tu as dû t’habituer ?
La meilleure partie, mais aussi la plus difficile, c’est que je repasse sur un cadre en aluminium, et c’est vraiment différent d’un cadre en acier — ce sur quoi je roulais ces deux dernières années. J’avais adapté certaines choses — au niveau de mon pilotage — pour rouler avec la KTM, et maintenant je dois en quelque sorte réapprendre à piloter sur un cadre alu. C’est fun, mais c’est différent. À ce stade de ma carrière, j’ai roulé sur pas mal de motos différentes, mais celle-ci ressemble un peu à ce sur quoi j’ai roulé plus jeune. C’est à la fois l’aspect le plus cool et le plus difficile à réintégrer : c’est nouveau, ça fait du bien de retrouver ces sensations, mais je dois aussi revenir en arrière sur certains aspects et modifier certaines choses dans ma façon de piloter.
C’est un gros changement pour toi. On aborde 2026 avec confiance, tout de même ?
La confiance est au beau fixe. La saison dernière, la deuxième moitié de saison a été assez difficile pour moi. Donc j’essaie de me reconstruire, de retrouver le chemin de la victoire et de me battre pour un titre. Je n’ai pas remporté de championnat l’an dernier, et ça a été difficile à encaisser. Avec Kawasaki, on est vraiment déterminés à nous affirmer comme l’équipe à battre. C’est excitant de se dire qu’on va essayer de revenir au plus haut niveau. Pour l’instant, j’ai la tête dans le guidon et je me concentre sur mon intersaison. C’est une période un peu ennuyeuse de l’année : on s’entraîne énormément sans faire de courses. On verra à Anaheim, mais je me sens mieux que l’an dernier à la même période, physiquement et globalement. On est sur la bonne voie.

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Tu dis être dans un état d’esprit différent à l’approche de la saison 2026. Tu peux développer ?
L’an dernier, j’étais vraiment usé mentalement. J’étais tout le temps en train de penser à la moto, à comment l’améliorer. Tout ce qu’il s’est passé ces deux dernières années m’a rattrapé, surtout en fin de saison d’outdoor et sur le championnat SMX. C’est pourquoi j’ai décidé de prendre du recul pendant l’intersaison, pour essayer de retrouver du plaisir sur la moto. Et je pense qu’on est bien partis avec l’équipe, ce qui m’a aidé à rallumer la flamme. Je sens que, mentalement, ça fait longtemps que je ne m’étais pas retrouvé dans une aussi bonne situation. Rien que ça, c’est déjà un vrai pas en avant, indépendamment de la nouvelle moto. Me retrouver moi-même et raviver cette envie de rouler, c’est le plus important.
Tu as publié une vidéo avant l’annonce de ta signature chez Kawasaki. Tu expliquais que certaines choses auraient pu mieux se passer chez KTM — et tu assumais tes responsabilités. Qu’est-ce qui te fait penser que chez Kawasaki, ça va mieux se passer ?
Je pense que les gens ont un peu l’image que je suis quelqu’un de super sérieux, très carré : tu fais le boulot, point. Oui, je suis très concentré sur ma carrière, je prends ça très au sérieux, mais j’ai aussi besoin de plaisir. Il faut aimer ce qu’on fait. Et chez KTM, j’avais perdu cette notion de plaisir.
Je ne dirais pas que rouler à Baker’s Factory m’a desservi, mais là-bas, tu as toujours des yeux braqués sur toi, tu sens que tu ne peux jamais vraiment être toi-même. Avec Kawasaki, tout paraît un peu plus naturel. Quand j’étais chez Honda, je ne faisais pas n’importe quoi, mais j’avais plus de liberté et je prenais davantage de plaisir. C’est ce que je ressens à nouveau chez Kawasaki. C’est ça le plus important : retrouver du plaisir et aimer ce que je fais. Parce que faire de la moto, à la base, c’est super fun. Ce sont toutes les contraintes autour qui peuvent venir gâcher ce plaisir. Aujourd’hui, je suis dans un environnement qui me convient.
Quelles sont tes attentes pour 2026, et celles de Kawasaki ?
Chez Kawasaki, ils me payent pour gagner. Donc oui, je pense qu’ils s’attendent à ce que je gagne des courses, au minimum, et que je sois en position de jouer le titre cette année. Et c’est aussi mon objectif. La chose la plus importante pour moi, c’est de progresser chaque année, de faire mieux que l’an dernier. Si j’y arrive, je serai satisfait — mais évidemment, j’aimerais décrocher au moins un championnat et gagner beaucoup de courses. C’est l’objectif principal. Mon état d’esprit est clair : je veux progresser et gagner.
Et tu penses que le team est prêt ?
Oui. Tout le monde est à fond. On a dû changer pas mal de choses sur la moto. Je pense que les deux ou trois derniers pilotes qu’ils ont eus chez Kawasaki — sans que ce soit une critique — n’ont pas vraiment exprimé grand-chose concernant la moto, ni fait avancer son développement. Donc, le fait de m’avoir moi, c’est quelque chose de nouveau pour eux. Mais c’est positif, et la moto va dans la bonne direction. Ce n’est clairement pas comme lors de mon dernier transfert : à l’époque, j’étais vraiment loin du compte avec la moto. Aujourd’hui, je sens que je suis dans une bonne situation et qu’on progresse bien, donc je suis content.

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Tu peux expliquer où tu vas être basé cette année ? Tu as beaucoup bougé et changé de programme ces dernières saisons.
Oui, j’ai beaucoup changé de programme. Ce n’est pas vraiment lié aux équipes ou à une envie personnelle de bouger : c’est plus un concours de circonstances. J’étais chez James en 2021, puis j’ai arrêté de m’entraîner avec lui — c’était mon choix — et je suis ensuite allé chez Tyla Rattray. J’ai adoré cette collaboration, mais les voisins se plaignaient du bruit et, je ne sais pas si ça a été géré de la meilleure des manières, mais au final, on ne pouvait plus rouler là-bas, donc j’ai dû partir et Tyla a vendu le terrain.
Après ça, je suis retourné à Moto Sandbox pendant deux ou trois mois. Puis KTM a voulu — sans le dire clairement — que j’aille chez Aldon Baker. J’y suis allé et j’y suis resté ces deux dernières années. Mais évidemment, je ne pouvais pas rouler sur ma Kawasaki chez Aldon, donc il a fallu de nouveau changer de programme pour 2026. Ensuite, j’ai roulé chez Chambers, mais ça a fermé aussi à cause des permis. Ils ont dû construire un nouvel atelier pour que tout soit en règle administrativement. Maintenant, tout est en ordre pour rouler là-bas. Il y a une nouvelle piste de Supercross en construction. On en avait déjà une, donc il y en aura deux. Le tracé de Motocross est vraiment top. On a un petit groupe très sympa là-bas : les gars de l’équipe PRMX et moi. C’est plutôt cool.
Mais oui, ça fait cinq programmes en l’espace de trois ans. C’est assez frustrant parce que je m’entraînais dans des endroits que j’aimais vraiment, mais ils se faisaient fermer à cause des permis : en Floride, il y a beaucoup de nouvelles constructions. Dès que quelqu’un fait construire sa maison, il peut se plaindre, faire pression, et au final, les terrains ferment pour qu’ils puissent construire à la place. C’est dommage.
Tu étais pilote Monster lorsque tu roulais chez Honda. Le fait d’être désormais chez Monster Energy via Kawasaki change-t-il quelque chose pour toi ?
C’est un peu différent, parce que Kawasaki est sponsorisé par Monster, mais j’ai aussi un partenariat personnel avec eux. Donc, au final, ça ressemble beaucoup à ce que j’avais chez Honda. C’est cool d’être de retour avec eux. Honnêtement, sans Monster, on n’aurait probablement pas de travail : ils sponsorisent énormément d’acteurs de notre sport. Je suis donc content d’être de retour chez Monster. Ils investissent beaucoup, ils sont passionnés par ce que nous faisons, et c’est toujours précieux d’être soutenu par des gens qui aiment vraiment ce que tu fais.
L’an dernier, tu as remporté sept épreuves en Supercross — un record pour toi — et tu termines deuxième du championnat. Tu changes d’équipe à l’intersaison : est-ce que tu considères que la saison qui arrive pourrait définir la suite de ta carrière ? À quel point est-ce important que cette transition se passe bien ?
C’est vraiment important. C’était dans un coin de ma tête lorsque j’ai pris ma décision. Je l’ai déjà dit : je n’ai pas envie de changer d’équipe encore une fois. J’aimerais trouver ma place et y rester jusqu’à la fin de ma carrière. C’est dans cet état d’esprit que j’ai signé. Je ne veux pas simplement rouler deux saisons avec un team puis repartir ailleurs. Donc, pour moi, 2026 sera une année importante.
Je sens que je suis dans la meilleure période de ma carrière. Et je me sens encore très jeune — en tant que personne, mais aussi comme pilote. Ça peut être un avantage ou un inconvénient, mais j’ai vraiment le sentiment que beaucoup de bonnes choses m’attendent et que je n’ai pas encore atteint mon pic. C’est excitant, et oui, c’était présent dans mon esprit : je sais que je dois faire en sorte que cette collaboration fonctionne et que cette transition soit une réussite.
Tu dis que tu n’as pas encore atteint ton pic. C’est parce que tu n’avais pas une moto qui te permettait d’y arriver ?
Je dirais que c’est plutôt lié à moi. Chaque année, tu apprends des choses que tu ne connaissais pas quand tu étais plus jeune. Chez Honda, j’étais vraiment très rapide, mais je n’arrivais pas à être régulier. Chez KTM, je n’avais pas la même vitesse que sur la Honda, mais j’ai appris à être plus constant, à travailler ma technique et ma régularité. J’adore regarder des vidéos, apprendre différentes techniques de pilotage ; tout ce qui peut m’aider est bon à prendre. Il y a aussi beaucoup de choses que tu peux ajuster dans ton quotidien pour améliorer tes performances.
Quand je dis que je n’ai pas encore atteint mon pic, c’est parce que j’ai l’impression d’avoir énormément appris ces dernières années. Désormais, le but est d’assembler toutes les pièces du puzzle sur une seule et même saison. Ce sera la clé.