En s’imposant à Anaheim 2 ce samedi, Haiden Deegan se remet sur les bons rails et reprend des points sur Julien Beaumer, leader sur la côte Ouest. Déçu de sa prestation d’Anaheim 1, pas franchement satisfait à San Diego, l’officiel Star Racing Yamaha a renoué avec le succès à l’occasion de la troisième finale de la saison, en dominant cette dernière. Micro avant d’attaquer la première épreuve triple crown de la saison, à Glendale.
Haiden. On a eu l’impression que tu avais vraiment faim à Anaheim 2. Tu ressentais de la pression en arrivant ici ?
Non, pas vraiment de pression. J’avais juste enclenché le mode guerrier. J’ai fait abstraction de tout le reste; il fallait que je gagne, et c’est ce que j’ai fait ! Avec Christian [Craig] on passe bien trop de temps à bosser à l’entraînement pour finir troisième, pas moyen. J’étais juste prêt à en découdre ce soir.
Tu t’es battu avec Julien dès les essais, mais aussi lors de la manche qualificative et vous vous êtes regardés en l’air, sur le premier triple de la finale. C’était comment ?
Julien a la plaque rouge, alors je roule contre lui comme un mec qui mène le championnat. On a fait une belle course. C’est ça, le Supercross, parfois, on va au contact. Honnêtement, le dépassement lors de la manche qualificative était propre, il s’est juste retrouvé un peu coincé en haut du virage et il est tombé. On s’éclate, et je suis sûr que Julien prend du plaisir aussi. Lors de la finale, il a aussi essayé de me pousser, et on s’est regardé sur le saut. C’était fun, j’aime beaucoup ça. Évidemment, je veux franchir la ligne d’arrivée en premier en fin de course…
Tu as pas mal galéré avec tes départs depuis le début de saison. Qu’est-ce qui a changé cette fois-ci ? Tu as fait une énorme sortie de grille.
Je ne sais pas trop. J’ai beaucoup bossé la semaine dernière et c’est comme ça que ça fonctionne. Si tu veux exceller dans un domaine, il faut que tu répètes encore, et encore, jusqu’à ce que tu excelles. Je sais quelle technique je dois adopter lors des départs, mais je me suis un peu éloigné de cette dernière, j’ai fait des erreurs et il a fallu que je me remette la bonne technique en tête, que ça redevienne un automatisme. J’ai fait beaucoup de départs, j’ai aussi touché aux réglages de la moto parce que je me retrouvais à devoir rouler à 70% lors des dernières courses à cause de mon mal de bras. Désormais, je me sens bien, mes bras aussi. C’était la soirée parfaite. Je suis parti devant et j’ai pu rouler à mon rythme, à 70 ou 80% et gagner la course. J’aurais pu continuer comme ça pendant une heure si j’avais voulu. Je me sens bien.
Est-ce que tu avais le sentiment de devoir gagner à tout prix ce week-end ? La façon dont les attentes évoluent à ton sujet est étonnante. La première saison, personne ne s’attendait à rien de toi. Désormais, tout le monde se dit que tu devrais dominer.
Mh. La saison est plutôt longue. En fait, je pensais que la saison serait bien plus courte que ça. Après la première épreuve, je me disais qu’il allait vraiment falloir que je reste concentré et Christian m’a dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il restait beaucoup de courses. En fait, je n’avais pas réalisé qu’on avait autant d’épreuves (10) cette année. Ça m’a enlevé un peu de pression des épaules, mais je ne peux pas vraiment me fier aux deux dernières courses parce que je n’avais pas les bons réglages et parfois, c’est juste comme ça et tu n’y peux rien. C’est le sport mais désormais, je sais que j’ai les réglages qui me conviennent, et je suis un autre pilote dans ces conditions; c’est exactement ce qu’on recherchait.
La différence se fait où ? S’entraîner à la Goat Farm et l’entraînement en Californie, ça mène à avoir des réglages différents ?
Difficile à dire parce que parfois, à la Goat Farm, on roulait sur du béton et parfois non. Je pense que je n’ai pas vraiment réussi à bien régler ma moto à la Goat Farm. J’ai pas mal galéré avec le setup là-bas, et quand on est arrivé sur les épreuves de la côte Ouest, ça ne s’est pas super bien passé à Anaheim 1 et San Diego pour moi. Mais maintenant, j’ai une bonne moto. Avec Jake – mon technicien suspensions – on a beaucoup bossé et ma vitesse dans les whoops est vraiment bonne maintenant. La moto est parfaite, et je suis très fier des membres de mon équipe.
Sur le podium, tu as fait savoir que le commentaire de Julien le week-end dernier t’avait irrité. C’est le genre de truc qui te motive où tu aimes simplement surfer sur ces rivalités ?
J’ai toujours aimé la rivalité. Après on voit beaucoup de choses sur internet, avec des titres de podcasts putaclick … Je ne sais même pas s’il a vraiment dit ce qu’il a dit parce que je ne regarde pas toutes les vidéos mais si c’est le cas, tant mieux parce que maintenant, j’ai encore plus envie de gagner ! Je vais trouver comment faire en sorte que ce soit de nouveau le cas. En tout cas, je me sers de tout ça comme motivation, ça me motive pour les courses à venir. Julien roule actuellement très bien, il est aussi très régulier donc il va falloir que je retrouve de ma superbe et que je commence à lui reprendre des points prochainement.
Est-ce que tu as jeté un œil à la finale 450 ?
C’est fou. Ken a la plaque rouge désormais. Je me demandais quand Suzuki avait détenu une plaque rouge pour la dernière fois ? C’est dingue et ça montre que la régularité, c’est la clé. Ken n’a pas encore gagné de course et pourtant, il mène le championnat. Tomac était vraiment loin au départ de la finale, alors que c’était le mec en forme la semaine passée à San Diego. Ça montre à quel point le niveau est relevé dans la catégorie, et c’est ce à quoi il faut être prêt à faire face quand tu montes en 450.
Tu travailles avec Christian Craig cette année. Qu’est-ce que tu as appris de lui ?
Je pense que certaines personnes ont douté du fait que je commence à travailler avec lui, ont pensé que c’était un mauvais choix. De ce côté-là, j’ai dû me détacher un peu du bruit et durant l’intersaison, je me suis concentré sur moi-même. Les premières courses de la saison n’ont pas vraiment montré à quel point on a bossé sur avec Christian. C’est un bon mentor pour moi, il est passé par les plus hauts mais aussi les plus bas du sport. C’est aussi un très bon ami à moi, qui est capable de me dire quand il faut qu’on augmente la cadence, quand il faut travailler plus. C’est bon de l’avoir à mes côtés parce que pour moi, c’est un ami, c’est même la famille. C’est cool de pouvoir faire ces semaines d’entraînement avec quelqu’un avec qui tu te sens bien. Parfois, ça peut vite devenir bizarre quand tu ne connais pas bien le mec qui te coache.
