Du haut de ses 32 ans, Harri Kullas s’est ouvert les portes du championnat de Supercross US aux Etats-Unis. Présent sur l’outdoor 450 en tant que privé cette année, le pilote Estonien a été recruté par le team Michael’s Reno Powersports Stan Benson Racing Husqvarna pour la saison 2025. Harri effectuera une première saison de Supercross US sur la côte Est – en 250 – avant de retrouver la 450 sur le championnat Outdoor. Notre confrère Andy McKinstry s’est entretenu avec l’ex pilote de GP, qui rêvait lui aussi à une opportunité de l’autre côté de l’Atlantique; c’est fait; Micro.
Harri, un mot sur ta saison 2024. Tu as roulé au Brésil, sur l’outdoor US. C’était comment ?
J’ai pris du plaisir, mais c’était une année difficile au niveau de l’organisation. J’ai signé un contrat avec Balbi et son team KTM l’hiver dernier, puis je me suis blessé à l’épaule (en Arenacross UK) en février donc j’étais sur le banc de touche lors des premières épreuves mais durant l’été, j’ai été en mesure de participer à quelques rounds en plus de l’Arenacross au Brésil. J’ai roulé sur de nombreux championnats Nationaux, donc c’était cool de pouvoir en découvrir un de plus, et découvrir un nouveau pays. Mon objectif cette année, c’était de pouvoir participer à autant d’épreuves que possible sur l’outdoor. Les premières courses étaient assez stressantes car je n’avais pas eu beaucoup de temps pour me préparer entre mes allers-retours entre les USA et le Brésil.
Rouler aux US en tant que privé, c’était comment ? Stressant ?
Plutôt stressant, mais c’était un rêve donc je faisais le maximum pour prendre du plaisir et donner le meilleur de moi-même lors des manches. Organiser la moto, les pièces et les voyages, c’est beaucoup de boulot, mais c’est ça la vie de pilote privé. Après chaque voyage – que ce soit une semaine sur la route, ou trois semaines – j’ai réalisé à quel point je passais de bons moments. J’ai eu de la chance de me faire de nouveaux amis aux USA. Je pense que c’était l’une des meilleures expériences pour rencontrer de nouvelles personnes.
Tu t’es qualifié pour le championnat SMX. Tu t’y attendais, où tu y pensais pendant que tu roulais sur l’outdoor ?
J’avais fait des calculs avec les résultats de l’an dernier, et j’avais vu après le championnat de Supercross qu’il était possible de viser le top 20 qualificatif en ne participant qu’à neuf épreuves de l’outdoor, car je ne pouvais pas participer aux 11 rounds avec mes obligations au Brésil. J’ai signé 3 top 9 en juin/juillet et je savais que si je continuais sur cette lancée, je pouvais intégrer le top 20 du championnat SMX si je ne rencontrais pas de problèmes. En tant que pilote privé, je n’ai pas abandonné la moindre course et j’ai marqué des points à chaque fois, à l’exception d’une manche. Mon objectif, c’était de m’assurer que la moto était prête pour les manches, et qu’elle puisse finir toutes les courses de la saison. Les épreuves SMX étaient incroyables. Il y avait vraiment beaucoup de monde, les tracés étaient techniques, l’atmosphère était vraiment bonne. J’ai été très nerveux durant les deux premiers rounds, mais lors de la finale à Las Vegas, j’ai fait de belles courses pour finir la saison sur une bonne note aux USA.

13ème du championnat SMX cette année, Harri Kullas a touché une belle primes de championnat de 35.000$ @DR
Comment c’était pour toi, au Brésil ? Tu as roulé contre quelques pilotes Européens, comme Stephen Rubini ou Miro Sihvonen.
Le championnat Brésilien était encore différent. Je sais qu’ils ont de très belles pistes, mais ils ne les ont pas forcément mises au calendrier, et j’ai loupé la seconde épreuve qui se disputait apparemment sur l’une de ces pistes. Le niveau est plutôt relevé, ils ont quelques pilotes en provenance d’Europe mais aussi quelques bons locaux. L’intensité était relevée, et les manches durent 30 minutes. La préparation des pistes aurait pu être meilleure, mais comme je l’ai dit, c’était la découverte d’un nouveau championnat dans un nouveau pays donc je retiens le positif, mais aussi les bons conseils que j’ai reçus de Balbi et du team là-bas.
Pour 2025, tu as signé un contrat avec le team MRPSBR Husqvarna pour faire une saison intégrale aux USA, Supercross et Motocross. Comment s’est présentée cette opportunité ?
Je me dois de remercier tous les gars au sein de Michael Reno Powersports. Ils m’ont aidé à la fin de la saison Américaine en me fournissant une moto pour que je puisse rouler lors des six dernières épreuves de l’outdoor. Je les ai rencontrés grâce à Tarvo Jurima, un Estonien qui m’a aidé aux Etats-Unis. Je suis reconnaissant de les avoir rencontrés, et qu’ils m’aient soutenu. Ils ont vu le travail et les efforts que je faisais pendant l’été, et ils sont venus me voir à Las Vegas où j’ai vraiment réussi à bien rouler. De là, ils ont monté une structure avec Stan Benson Racing et désormais, je suis engagé pour une saison intégrale.
Tu ne rajeunis pas et il y a encore quelques saisons, tu avais décidé de te concentrer sur le championnat Britannique. À l’époque, tu pensais que tu aurais une opportunité de faire une saison complète aux USA ?
Non, je n’aurais jamais pensé avoir la chance de faire une saison complète aux USA. À la rigueur, un programme comme cette année – sur l’outdoor – ou quelques remplacements sur quelques épreuves, mais jamais un contrat pour une saison complète. Je ne rajeunis pas comme tu le dis, mais je suis plus sage. Je sais comment m’entraîner et à quelle fréquence. Je sens que je peux encore être compétitif quelques saisons supplémentaires.

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C’est quoi ton bagage en Supercross jusqu’ici ? Tu as roulé sur les épreuves Supermotocross, mais c’est bien différent …
Je suis allé m’entraîner trois semaines en Supercross aux USA à l’époque, je crois que c’était en 2014. Mon expérience en Supercross US se résume à ça. J’ai roulé de nombreuses années en Allemagne, mais aussi sur l’Arenacross en Angleterre, sur quelques SX en Finlande et en Hollande. Mais bon, je sais que ces pistes sont petites en comparaison avec celles que je vais retrouver sur le Supercross Américain.
Tu es où en ce moment ? Et quand vas-tu commencer ta préparation ?
Pour l’instant, je suis chez moi en Estonie. Je profite du moment avec ma famille et j’irai aux USA début janvier. Ça me laissera un mois pour me préparer pour mon premier Supercross US. J’ai participé au Supercross de Tampere début novembre, et ça résume ma préparation en Supercross par chez moi ! L’idée sera de faire nos premiers entraînements et testings en Californie, avant de s’installer en Caroline du Nord lorsque la saison débutera, pour que je puisse m’entraîner à ClubMX.
Tu te sens comment en Supercross ? On connaît ton aisance en Motocross, mais le SX est une discipline bien différente.
C’est très différent, et encore plus aux USA. Je m’en sors bien en Europe, donc je vais essayer de me servir de mon expérience, de me préparer de bonnes suspensions et on verra à partir de là. Évidemment, je ne me fixe pas d’objectifs trop élevés en Supercross. Je vais prendre les courses les unes après les autres. L’objectif et de rester entier, apprendre, et on verra où on finira. En Supercross, l’objectif sera de se qualifier pour les finales en catégorie 250; le reste, ce sera du bonus pour moi. En ce qui concerne l’outdoor – en 450 – l’objectif est évidemment de se qualifier de nouveau pour les épreuves du championnat SuperMotocross, et décrocher le plus de top 10 possible.

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C’est un contrat d’un an que tu as signé ?
Oui, un contrat d’un an. On verra comment ça se déroulera et si le team prend du bon temps dans les paddocks. Si les résultats sont là, je crois qu’il est possible que l’association continue par la suite, mais on va prendre les choses comme elles viennent, course après course.
En MXGP, le niveau est très relevé et pour les privés comme les teams non-factory ça devient de plus en plus difficile. As-tu reçu des offres pour revenir en GP ces dernières années ? Qu’est-ce qui doit changer selon toi ?
Je n’ai pas reçu d’offres, non. Je n’ai pas non plus montré le moindre intérêt. J’ai roulé de nombreuses années en championnat MXGP et je connais déjà bien ce milieu. Le niveau est relevé, oui, le milieu de paquet est aussi très fort. Mais bon, on ne roule pas contre les meilleurs pilotes nationaux qui pourraient justement venir compléter ce milieu de paquet et remplir les grilles parce que l’économie n’est pas bonne et que les teams stoppent. De nombreuses grosses équipes arrêtent, et c’est vraiment dommage. Ce qu’il faudrait changer ? Je pense que de nombreux pilotes d’usine ont essayé de dénoncer des choses, d’obtenir des changements, cette année encore plus que les précédentes mais ça n’a pas l’air de faire réagir le promoteur donc j’imagine que mon opinion ne fera pas évoluer les choses non plus.
