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Jett Lawrence “Je suis vraiment reconnaissant d’en être là aujourd’hui”

Images: Align Media

4 pôles, 4 holeshots, 107 tours en tête et 4 victoires. Petit à petit, Jett Lawrence s’affirme en catégorie reine pour sa première saison en SX US avec les cadors. L’Australien est désormais l’homme à battre, mais aussi celui qui risque d’en pousser plus d’un vers la sortie. Auteur de la finale parfaite à Birmingham, l’officiel Honda HRC continue de prendre de la confiance et d’engranger de l’expérience. La concurrence a du souci à se faire vue la forme affichée par le “rookie” ces dernières semaines; il a remporté trois des cinq dernières épreuves et compte désormais 13 points d’avance sur son premier poursuivant: Cooper Webb. Micro.

Jett, sur le podium, tu disais que la piste était vraiment défoncée; c’était aussi le cas à Daytona. On ne te voyait pas vraiment faire d’erreurs, mais tu as laissé savoir que ce n’était pas une victoire facile pour toi. Tu t’es battu contre ce tracé de Birmingham ?

C’était encore plus compliqué qu’à Daytona le week-end passé, surtout dans les enchaînements. La semaine dernière à Daytona, on avait quand même de la vitesse sur la piste donc c’était plus simple de rester droit et de garder l’équilibre dans les enchaînements. Là, et surtout dans le tout premier enchaînement après le premier virage, on devait se battre pour ne pas trop se déporter, on partait de plus en plus sur la gauche. Il fallait réussir à s’en sortir en utilisant le premier rapport, on était au ralenti et on devait passer les sauts, faire les bonnes impulsions et trouver son équilibre. J’essayais de faire de mon mieux pour limiter les erreurs. À plusieurs reprises, je me suis dit qu’il allait falloir que je me calme dans les enchaînements. Je pense que l’ancien Jett aurait continué à essayer d’en envoyer certains, et ça m’aurait coûté encore plus de temps. Quand j’ai fait des erreurs, je me suis adapté et je faisais un double au lieu de tenter un triple; c’est bien de pouvoir apprendre ce genre de choses lors de ces courses. Le tracé était bien quand même, rester concentré pendant toute la course était vraiment important. Cooper était présent derrière moi pendant toute la finale, il n’a pas lâché l’affaire de toute la course et finalement, c’était une bonne chose car ça m’a aidé à rester concentré.

Tu savais quel était l’écart avec Cooper ? Tu le gérais, cet écart, ou tu étais à fond pour tenter de le distancer ?

Cette année, on s’est retrouvé sur des pistes où on ne pouvait pas forcément toujours aller plus vite. Ce samedi, si on tentait de trop forcer, c’était sûr qu’on finirait par le payer. Avec Cooper, on savait très bien quelle était la limite et où elle était. Lors de certains tours, j’ai été en mesure d’attaquer un peu plus ici et là, mais je savais où je pouvais me le permettre, et où ce n’était pas possible. Pendant la majorité de la finale, j’essayais surtout de gérer mon écart, de le maintenir un minimum. Je ne voulais pas tenter quoi que ce soit, car je ne voulais pas risquer de faire une erreur et de perdre encore plus de temps.

Le tracé a été préparé en prévision de la pluie, sans whoops par exemple. Comment s’est-il détérioré durant la soirée ? Vous avez bouclé 23 tours, et pourtant on aurait dit que le terrain était vraiment défoncé en comparaison avec des finales beaucoup plus longues.

La préparation de la piste a permis de faire des courses serrées, en grande partie parce qu’il n’y avait pas de whoops pour nous départager. C’était cool pour une fois, car c’était quelque chose de différent de d’habitude. On est tellement habitué à avoir des whoops sur les pistes. Moi, j’ai trouvé que ça avait permis de resserrer les écarts en piste. Certes c’est cool car j’ai gagné, mais c’était aussi cool d’avoir un tempo et un rythme différent en piste. Il y avait énormément d’ornières, c’était serré et personne ne pouvait vraiment trop bouger de la trajectoire principale sur cette piste et c’est pourquoi j’ai trouvé que ça avait vraiment resserré tout le paquet ce week-end.

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Tu as fait référence à l’ancien Jett tout à l’heure. Qu’est-ce que tu as changé ces dernières semaines ?

Le plus important pour moi, c’était de parvenir à rester concentré pendant toute la finale. Savoir perdre un dixième ici et là, louper un enchaînement, des trucs comme ça. D’habitude, si je me mets un peu long sur un enchaînement, je vais quand même avoir tendance à vouloir envoyer le suivant. La plupart du temps, je me mets encore plus long derrière, ou alors carrément trop court et je perds beaucoup de temps, je loupe tout l’enchaînement. Pour moi, c’était important de comprendre que je pouvais perdre un peu de temps ici et là si besoin. J’ai toujours tout fait pour rouler parfaitement, et je me disais qu’il fallait que je passe les enchaînements coûte que coûte et surtout en 450 car avec la puissance, ils sont bien plus faciles à prendre. Tu tournes la poignée et ça passe, tu n’as pas besoin de faire grand chose. Lors des dernières épreuves, je me suis parfois un peu trop relaxé aussi, et ça m’a pénalisé. Beaucoup de mes erreurs et de mes chutes sont survenues dans des portions de pistes vraiment simples. Je pense que je deviens plus mature; je roule contre des pilotes qui sont très intelligents, expérimentés, et c’est bon de pouvoir apprendre d’eux, de regarder ce qu’ils font sur les vidéos.

Un mot sur le premier virage. On ne te voyait pas forcément devant, et tu as réussi à te faufiler et à signer le holeshot.

J’ai fait une sortie de grille très correcte, mais Cooper Webb était placé à l’intérieur et il est encore mieux sorti que moi. De là, je me suis demandé comment j’allais faire pour pouvoir être bien placé – et à l’intérieur – dans le second virage. Heureusement, personne n’était à l’intérieur de Cooper Webb dans le premier virage donc j’ai pu recouper, plonger à l’intérieur et me faufiler pour le doubler dès le premier virage. Ce n’était pas trop le plan initial car de base, j’espérais pouvoir faire un bon départ et freiner plus tard que les mecs qui seraient à ma gauche. Finalement, ça a quand même bien fonctionné pour moi. De là, je me suis assuré de bien prendre l’enchaînement et le second virage. En heat, j’ai un peu fait le faignant dans les premiers mètres et dans le second virage, Cooper m’a doublé à l’intérieur. Je savais qu’il serait de nouveau là dans le second virage de la finale donc j’ai tout fait pour bien me placer, bien passer l’enchaînement, afin de ne pas reproduire le même scénario qu’en heat.

Tu t’es battu avec Cooper à Arlington, tu t’es battu avec lui en heat ce samedi et il était présent en finale. Ce sont les premières fois que vous vous battez ensemble cette saison. C’est comment, de rouler contre Cooper ?

C’est vraiment cool d’avoir enfin l’opportunité de me battre contre Cooper. Je ne sais plus trop si c’était à l’intersaison 2021 ou 2022, mais j’ai eu l’occasion de m’entraîner un paquet de fois avec lui quand j’étais en 250. Depuis cette époque-là, j’ai toujours eu hâte de pouvoir rouler contre lui car tu sais que Cooper va toujours se donner à 100%, il est très intelligent en piste, sur la moto, et je l’ai beaucoup étudié car il a décroché deux titres de champion de Supercross pour une très bonne raison. C’est bon de pouvoir apprendre face à lui, je sais très bien qu’à la fin des finales, c’est un tueur donc je m’assure de me donner à fond dès le début de course pour essayer de le distancer un maximum pour qu’il ne puisse rien tenter plus tard. Depuis ces journées à l’entraînement avec lui, je sais que c’est un monstre en fin de manches et qu’il faut se méfier de lui. J’adore me battre avec Cooper, car tu sais qu’il se donnera toujours à 100% contre toi et il est très malin; j’ai encore pas mal de trucs à apprendre alors j’espère qu’il pourra me permettre d’en apprendre plus [rires]. J’ai hâte de disputer le reste de la saison.

Tu te bats contre Cooper, contre Kenny, il reste encore beaucoup de courses mais tu te bats contre des pilotes vraiment expérimentés. Tu réalises ce que tu fais pour ta saison de rookie ?

C’est drôle, mais je n’ai pas vraiment le sentiment d’être un rookie honnêtement, car j’ai fait l’outdoor en 450 et j’ai beaucoup roulé contre beaucoup de ces gars-là l’an dernier. Après, je suis un peu obligé de prendre du recul, je dois parfois me pincer pour réaliser. Je me souviens qu’il y a encore quelque temps quand j’étais en Europe, je regardais Kenny, Cooper, Eli et tous les autres – qui sont des légendes de notre sport – et je les admirais vraiment, je me disais que ce serait vraiment cool de pouvoir assister à une course en personne pour pouvoir les voir rouler. Comme je l’ai dit, j’ai eu l’opportunité de m’entraîner avec Cooper par le passé et chaque jour, je me réveillais avec un grand sourire parce que je savais que j’allais pouvoir m’entraîner avec le meilleur pilote. Je me suis entraîné avec Ken Roczen quelques fois aussi, je me disais que c’était de la folie. Désormais, je me retrouve à rouler contre eux et j’en oublierais presque d’où je viens. Parfois, je me retrouve sur la grille de départ aux côtés de Tomac, Roczen, Webb et je me dis que c’est un truc de fou, puis je me rappelle que je suis là pour faire mon job. Je suis vraiment reconnaissant d’en être là aujourd’hui, d’être dans cette position et de me battre avec ces pilotes là. C’est un énorme accomplissement pour moi de pouvoir rouler contre eux aujourd’hui. Le Supercross, c’est le haut du panier, et être dans ce panier avec eux, c’est incroyable.

Jett Lawrence “Je suis vraiment reconnaissant d’en être là aujourd’hui”
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