En onze Supercross de Daytona, Ken Roczen n’était jamais parvenu à s’imposer. Sur le podium à deux reprises (2014 & 2020) mais jamais sur la plus haute marche, le pilote Allemand l’emporte enfin au terme de sa 12ème tentative. Le pilote HEP décroche sa première victoire de saison ce samedi à l’occasion de la huitième épreuve du championnat SX US. Cette fois-ci, Kenny a répondu au retour de Cooper Webb avec succès. Le voilà désormais à 6 unités de Chase Sexton, et 16 points de Cooper Webb avant Indianapolis. Micro.
Ken. Tu décroches ta première victoire à Daytona. Elle se classe comment cette victoire, parmi toutes celles que tu as décrochées ?
C’est pour sûr l’une de mes plus belles victoires de finale de carrière. J’ai voulu gagner le Supercross de Daytona pendant plus de 10 ans et je n’ai jamais réussi. C’est un peu surréaliste, car j’ai toujours été assez loin de la victoire à Daytona jusqu’à ce soir. Réussir à enfin gagner ici, c’est vraiment un rêve devenu réalité. Avec l’équipe, on a été excellents en effectuant des ajustements sur la moto qui ont vraiment fonctionné. On a mis la tête dans le guidon, on a travaillé dur, et on a gagné.
Tu étais derrière Cooper Webb en début de finale avant de le doubler. Tu as pris la tête, creusé l’écart, mais il est revenu par la suite. Qu’est-ce qu’il se passait dans ta tête à ce moment-là ? On sait comment ce scénario s’est terminé, par le passé.
Je ne sais pas trop. J’ai réussi à garder mon calme, et j’ai abordé la course une portion après l’autre. Tout le monde allait très vite au début de la finale, et ça a rapidement eu un effet yo-yo sur les écarts. Il fallait vraiment être proche d’un pilote pour pouvoir le dépasser, sauf s’il faisait une erreur. Une fois que j’ai réussi à prendre le meilleur sur Cooper, je savais que je devais sprinter parce qu’il est du genre à répliquer rapidement. J’avais de bonnes trajectoires et je savais que j’avais la vitesse pour rester devant – j’avais confiance en moi et j’ai cru en mes chances de victoire. L’avantage, c’est que quand il ne reste plus beaucoup de temps, il ne reste pas tant de tours que ça à Daytona, parce que la piste est vraiment très longue …. Sortir de certains virages relevés dans toutes ces ornières, envoyer certains triples en sortie de virage, c’était parfois un peu compliqué. Je savais que c’étaient des endroits où on pouvait faire des erreurs, et on en a tous fait à un moment ou à un autre de la course. J’ai vraiment fait le maximum pour rester concentré, et je me suis senti bien pendant toute la finale. C’était important d’aller jusqu’au bout.
Tu as mentionné ne pas avoir fait de changements cette semaine. Gagner sans avoir à faire la moindre modification, ça doit faire du bien ?
C’est sûr que c’est rassurant. C’était la huitième épreuve de la saison et je n’avais jamais été très bon à Daytona par le passé. Ce soir, je n’avais rien à perdre et j’en étais bien conscient. J’ai suivi le plan, j’ai fait confiance en mon programme, je me suis fait confiance dans ma prise de décision toute la semaine. Je pense que ça a payé.
Le terrain s’est beaucoup défoncé. T’es-tu retrouvé à te demander quels enchaînements valaient la peine d’être tentés, et sur lesquels il valait mieux assurer ? Je pense notamment au triple que tu faisais après le sable; c’était vraiment technique.
Franchement, c’était probablement – pour moi – la portion la plus facile de tout le tracé. Dans la plupart des enchaînements, si tu te loupais en sortie de virage et que tu ne parvenais pas à envoyer le triple dès le début de l’enchaînement, il y avait toujours une autre option. Tu pouvais te contenter d’un double – triple, tout en essayant d’éviter les appels vraiment gros qui te faisaient sauter très haut et perdre du temps. En fonction de ce que te permettait le virage, il y avait toujours une alternative possible dans les enchaînements. Je n’étais pas trop inquiet à ce sujet-là, parce qu’on pouvait s’adapter. Il y a juste un moment, avant la ligne droite qui menait au saut d’arrivée, où j’ai fait une grosse erreur : j’ai dû me contenter de faire tout le long enchaînement en doubles, j’ai rebondi sur chaque bosse … Ça, c’était au tout début de la finale, et ce n’était vraiment pas idéal. Ça a vraiment été ma seule grosse erreur d’ailleurs. On en a tous fait, mais quand on commettait une erreur, on arrivait toujours à s’en sortir plus ou moins dans les enchaînements. En fait, c’est devenu bien plus roulable pendant la soirée parce que pendant les essais de la journée, la piste était vraiment chaude. C’était un peu béton et pourtant, ça se creusait. C’était franchement mieux pour les courses.
De la ligne d’arrivée jusqu’au triple après le sable, tu semblais vraiment dans ton élément. Qu’est-ce qui te permettait de faire la différence dans cette portion ?
Je me sentais vraiment à l’aise en sautant dans les whoops, j’arrivais à bien les absorber pour éviter de trop rebondir dedans. Ensuite, en sortant du virage relevé, et même en manche qualificative, je faisais triple-triple avant d’attaquer le mur, et le petit double. Cet enchaînement me permettait vraiment d’avoir une bonne vitesse en atterrissant dans la portion de sable. Le triple suivant était vraiment fun. J’atterrissais quasiment à l’entrée du virage et ça faisait comme un wall ride qu’on pouvait vraiment bien attaquer. C’est devenu plus compliqué de bien passer au fil de la finale, car l’ornière s’est creusée et avait tendance à te déséquilibrer. De là, j’ai commencé à recouper un peu plus tôt en sortie. Franchement, je ne sais pas trop pourquoi ni comment, mais j’avais vraiment un bon feeling sur toute la piste, dans les portions plus rapides, etc.
À quel point cette victoire est-elle importante pour le championnat ?
Tu ne veux jamais te retrouver à 19 points de la plaque rouge et quand tu accumules ce genre de retard, tu veux éviter de perdre encore plus de points … Je n’ai pas repris beaucoup de points à Daytona, mais il était important de parvenir à limiter les dégâts. On sait que tout peut changer très vite et qu’il reste encore beaucoup d’épreuves à disputer. Pour moi, c’est juste vraiment fun d’être encore dans la course pour le titre. Cette victoire arrive au bon moment, et ça fait vraiment du bien.
Si on ne parle pas de points, cette victoire doit tout de même être importante pour ta dynamique ?
Sans parler des points, cette victoire est différente des autres. J’ai gagné dans des stades « classiques ». Tous ceux qui ont déjà gagné ici disent à quel point gagner Daytona, c’est très particulier. En fait, pour moi et aujourd’hui, n’importe quelle victoire est un peu spéciale … Quand je gagne maintenant, ça me fait encore plus plaisir qu’avant, parce que ces victoires sont plus rares. Là, je vais avoir besoin de réaliser, de me retrouver un peu seul pour laisser tout ça s’imprégner.
