Auteur d’une grosse progression ces dernières années et signé chez De Carli GasGas pour son premier mandat en MX2, Marc-Antoine Rossi pouvait nourrir de beaux espoirs en 2024. Malheureusement pour lui et en dépit d’une belle performance lors du GP d’ouverture, la saison s’arrêtera rapidement sur une lourde blessure au genou contractée en Allemagne. Après 2 opérations et 9 mois sans courses, le garçon – désormais officiel Red Bull KTM – s’apprête à reprendre le chemin du mondial. Une approche nouvelle, des enseignements tirés, une détermination intacte. Micro.
Marc-Antoine. Pour commencer, quel bilan tires tu de tes débuts en MX2 effectués l’an dernier ? Malheureusement, la saison s’est stoppée sur une blessure, mais tu as eu l’occasion de participer aux premiers rounds, et notamment de mener la première manche en Argentine.
C’est vrai que j’ai beaucoup appris pendant cette première saison de mondial MX2. Je suis parti très vite dans la saison, j’ai trouvé que j’étais vraiment dans la lancée de ma saison 2023 sur l’Europe 250, de ce qu’on avait travaillé avec Pierre Alexandre Renet; je l’ai vraiment ressenti lors de l’hiver et lors des premières courses sur lesquelles j’ai été assez rapide. J’ai eu quelques pépins physiques l’hiver dernier, j’avais contracté des petites blessures, mais rien de très grave. Disons que je ne m’étais pas préparé comme il le fallait pour un championnat du monde. Je trouvais – et je disais – que la préparation avait été facile … Au final, j’ai vraiment ressenti les effets lors des courses par la suite. Mais arriver en Argentine et mener la première manche, c’était quand même quelque chose de dingue. Même moi, je ne m’y attendais pas. J’ai toujours montré que j’avais une très bonne vitesse, mais de là à mener une manche comme ça, je ne m’y attendais vraiment pas. Je pense que ça m’a aussi mis en confiance pour les courses suivantes.
Il y a eu des pépins en seconde manche à Trentino, et la saison semble avoir déraillé par la suite. Est-ce qu’on peut revenir sur cette période entre Trentino et l’Allemagne ?
Oui. C’est vrai que lors de la seconde manche à Trentino, j’ai subi un gros choc au départ. J’ai fait traîner une blessure; un arrachement musculaire. Sur le coup, je disais que ce n’était rien, et que ça allait passer. Au final, j’ai eu les résultats des examens un peu trop tard pour avoir pu me rendre compte que c’était assez grave. J’ai été sur le banc de touche pendant une course (Agueda – Portugal) par la suite et il s’est passé pas mal de choses pour moi pendant cette période. J’étais beaucoup au repos suite à cette blessure, j’arrivais sur les courses sans être en forme, que ce soit physiquement ou mentalement. Du coup, je manquais de roulage aussi sur la moto et ça n’a pas été simple pour moi. Je pense que c’est aussi ce qui a causé la plupart des blessures par la suite.
Il y a eu cette blessure au genou en Allemagne, nécessitant une première opération. De là, on savait qu’il fallait projeter ses objectifs sur la saison 2025. Durant cette période de convalescence, qu’est-ce qu’on fait pour anticiper au mieux son retour ?
J’ai eu de la chance d’être pris en charge assez rapidement après cette blessure en Allemagne, par la clinique Santy (Lyon). J’ai été opéré rapidement, je m’étais bien esquinté le genou, j’avais fait la totale. Pendant cette période, je ne vais pas dire que j’ai essayé de totalement faire une croix sur la moto, mais je n’y pensais plus du tout. J’étais chez moi, en Corse, je pensais à ma famille et à mes amis. Au final, j’ai fait une grande pause. Je ne regardais même plus les courses. Je pense que ça m’a vraiment fait du bien au final. Je ne voulais plus trop entendre parler de tout ça. Les gens prenaient de mes nouvelles, j’entendais parler de mon genou toute la journée, de la moto, de la saison 2025. J’ai vraiment essayé de faire une croix sur tout ça et je pense que ça m’a fait beaucoup de bien et finalement, ça m’a vraiment aidé pour ma préparation à la nouvelle saison.
J’ai entendu dire que tu avais dû subir une autre opération en décembre. Tu peux nous expliquer ce qu’il en est ?
Oui, j’ai subi une autre petite opération. J’avais quand même repris la moto en octobre, un peu pour prendre du plaisir, mais le problème c’est qu’arrivé en novembre/décembre à Lommel pour commencer l’entraînement sérieusement, je n’arrivais pas à enchaîner les jours de roulage. C’était un problème. J’avais le genou qui devenait vraiment très gonflé, et j’ai dû repasser beaucoup d’examens. J’ai perdu beaucoup de temps avec ça également. Au final, on s’est rendu compte que mon ménisque était encore touché. De nouveau, j’ai été pris en charge rapidement à la clinique fin décembre. Ils m’ont nettoyé le ménisque, ils ont enlevé des petits morceaux. Avant l’opération, ils m’ont dit que j’allais louper l’Argentine, donc ce n’était pas vraiment idéal. Mais au final, après l’opération, ils m’ont dit que ce n’était pas si grave que ça et que ça devrait se remettre assez vite.
Finalement, tu disposes de quel bagage et de quelle préparation avant de te lancer dans ta saison 2025 ?
Finalement, j’ai eu de la chance de ne pas avoir à m’arrêter physiquement, j’ai pu continuer à travailler avec Joel Smets de ce côté-là pour me construire une bonne base. Quand je suis remonté sur la moto il y a 3 semaines, je n’ai pas senti une grande perte de ce côté-là. Il y avait encore de la vitesse, je l’ai toujours eue. C’est sûr que lors des premiers entraînements, il y a eu du mal de bras et tout ça, ça a été un peu compliqué mais je me suis vite remis dans le bain quand même. Physiquement, je me sens beaucoup mieux que l’année dernière. Je sens qu’avec Joel, on a vraiment bien travaillé sur cette base, et ce sera vraiment important pour la nouvelle saison.
Tu étais chez De Carli l’an dernier, et l’hiver a été assez mouvementé pour le groupe. On t’attendait chez Nestaan, et te voilà finalement chez Red Bull KTM. Sur le papier on reste chez « KTM », mais ton programme et ton environnement ont dû être pas mal bouleversés cet hiver ?
C’est sûr qu’on parlait d’aller chez Nestaan au début, et finalement ça a changé pour KTM avec Joel. Je pense que je ne pouvais pas rêver mieux. Travailler avec Joel Smets, c’est ce qui pouvait m’arriver de mieux. Je savais que j’allais être très bien encadré. Bien sûr, j’ai dû déménager sur Lommel pour me rapprocher de Joel et du team mais au final, je m’y plais. J’aime bien les conditions de vie ici.
Tu viens tout juste d’effectuer ta première course d’intersaison à Lierop ce week-end. Tu fais 7-7 des manches sur un tracé qui n’a rien à voir avec ce que tu as dû expérimenter jusqu’à présent. C’était comment, ce retour en piste ?
La première course de l’année ce week-end à Lierop n’a pas été facile. Je n’ai pas fait beaucoup de roulage dans le sable ces derniers temps et reprendre sur une piste comme Lierop, ça n’a pas été simple. J’ai senti que je manquais de roulage dans ces conditions. Mes avant-bras sont devenus béton, et c’est ce qui a été le plus difficile pour moi au final. Je suis quand même content; j’ai pris des départs, j’ai fait des courses. Je ne m’attendais à rien de particulier pour cette épreuve, il fallait rester sur ses roues parce que la piste était vraiment chaude, mais j’ai pris du plaisir donc c’était cool.
Qu’as-tu appris de tes apparitions en piste en 2024, qui peut t’aider pour cette nouvelle saison, en 2025 ?
C’est vrai que malgré le peu de courses que j’ai faites en 2024, j’ai appris beaucoup de choses. Je venais de l’Europe, et c’est quand même un milieu très différent du mondial. Ça, je ne l’ai finalement appris que maintenant. C’est vrai qu’en Europe, ça se bat beaucoup plus et ça roule avec un peu moins de maturité qu’en MX2. En MX2, les pilotes sont vraiment très forts et quand tu te penches sur la préparation, tu te rends compte que ça n’a rien a voir et qu’il faut vraiment bosser deux fois plus. Le championnat représente également 10 courses de plus par saison, et c’est énorme.
Tes nouveaux coéquipiers Andrea Adamo et Jeffrey Herlings sont tous deux champions du monde. Jeffrey est sur la touche, mais j’imagine que tu as eu le temps de t’entraîner avec Adamo et d’apprendre un peu à son contact. C’est comment, de bosser dans ce nouvel environnement à ses côtés ?
Je m’entraîne quasiment tout le temps avec Andréa Adamo maintenant. On est tout le temps ensemble avec Joel, et on a aussi Cas Valk avec nous. On forme une belle équipe, et partager les entraînements avec eux, c’est vraiment bien car ce sont de très bons pilotes. Cas est très bon dans le sable, Andréa très fort sur la terre. Ils sont très rapides. Sans vouloir se comparer, on est vraiment très proches à l’entraînement et on se repousse tous les trois. C’est vraiment ce qui me plaît, c’est aussi le cas dans le sport qu’on fait avec Andréa, on se repousse tout le temps. C’est vraiment top d’avoir un coéquipier comme ça, on peut se pousser, et finalement, se rendre plus fort l’un et l’autre.
Tu travailles avec Joel Smets et lors d’une interview avec Andy, il a mentionné que tu lui rappelais énormément Tom Vialle dans ton approche et ton pilotage. Quand on sait ce que Tom a fait, ce doit être un beau compliment de sa part. C’est comment de bosser avec quelqu’un comme Joel ?
J’avais lu l’interview avec Joel. C’est vrai que c’est un beau compliment. Il me rappelle souvent que techniquement, ce que je fais, c’est très beau. C’est dingue de travailler avec quelqu’un qui a une expérience comme celle de Joel. Il a toujours une histoire à raconter, que ce soit sur n’importe quelle piste. Tu vois aussi qu’il s’y connaît vraiment dans ce qu’il fait, que ce soit dans le sport et la moto. Ça me va bien, car ça me rappelle vraiment l’approche et ce qu’on faisait avec Pela Renet. La charge de travail, c’est lui qui te l’impose. Il te dit « si tu veux être champion du monde, c’est comme ça que tu dois bosser, tu n’as pas le choix » et au final, c’est là que tu te rends compte que tu ne peux pas devenir champion du monde en restant les mains dans les poches, et c’est aussi ce qui me plaît chez lui.
Compte tenu de ta préparation hivernale écourtée, il va probablement te falloir quelques GP avant d’être à 100%. Quand penses-tu être de retour à ton meilleur niveau, et quelle sera la stratégie adoptée pour ce retour en piste ?
C’est sûr qu’on peut parler un peu de stratégie car je ne suis pas encore à 100% sur la moto, mais je pense que ça ne va pas tarder à être le cas. On en parlait dernièrement avec Joel. Il ne faut pas que je me précipite comme l’an dernier, comme par exemple à vouloir partir devant pour mener une manche. Il faut vraiment que je prenne mon temps, car je suis resté 9 mois sans faire de moto. Je veux essayer de monter crescendo cette saison, et éviter de me blesser en voulant en faire trop, trop vite; c’est ce qui m’est arrivé l’année dernière. Je vais essayer de commencer la saison un peu plus tranquillement en prenant vraiment du plaisir sur les courses. Je sais qu’au bout d’un moment, je finirai par me sentir vraiment bien sur la moto et de nouveau en forme. Quand ? Je ne sais pas. Mais ça arrivera. Ça, je le sais.
