Mattia Guadagnini fait les affaires du team Aruba.it Ducati en ce début de saison 2025. Débarqué du groupe KTM fin 2024 après de longues années de collaboration, le pilote Italien a signé avec le constructeur de Bologne pour se relancer sur le championnat MXGP cette année, aux côtés de Jeremy Seewer. Dans le coup en Argentine comme en France, Mattia Guadagnini a permis à Ducati d’intégrer ses premiers top 5 en championnat du monde MXGP; des résultats solides. On lui a tendu le micro au soir du GP de Saint Jean d’Angely.
Mattia, une quatrième place à Saint Jean pour toi. Un bon week-end pour toi après un GP difficile en Espagne.
Oui, ça s’est vraiment bien passé et je suis content de ce GP. En Espagne, on a rencontré des problèmes, j’ai fait des erreurs, et je n’ai pas ramené beaucoup de points. Là, je suis vraiment content. Le samedi, ça a été un peu difficile car je n’ai pas pris un bon départ mais le dimanche, ça s’est vraiment mieux passé. J’ai fait un très bon départ en première manche, il y avait de l’écart avec le reste des pilotes. J’ai un peu galéré parce que j’ai eu mal aux bras, mais j’ai pu gérer ma manche pour terminer 4ème. Je me suis senti encore mieux en seconde manche, je suis bien parti mais je me suis loupé dans le premier virage et j’ai glissé. J’étais vraiment loin, genre 15ème, mais j’étais vraiment dans un gros rythme dans les premiers tours. Après 15 minutes, j’étais 5ème, et j’ai fini par perdre une position face à Maxime Renaux en fin de course; il était vraiment rapide. J’ai fait quelques erreurs par la suite, et Jonass m’a doublé. J’ai pu finir 7ème quand même, et 4ème du GP. Donc un bon week-end pour moi.
Une bonne quatrième place en première manche, mais sur le papier tu étais quand même loin du groupe de tête. Il manque quoi, pour aller placer cette Ducati sur le podium ?
Pour l’instant, on a un groupe de tête qui est vraiment rapide. C’est vrai qu’en première manche, j’étais vraiment loin, j’avais plus d’une minute de retard. Mais j’avais aussi vraiment mal aux bras. J’étais mieux en seconde manche, et j’étais plus proche d’eux.
Lucas Coenen a terminé troisième, et il n’était pas loin de moi dans cette seconde manche; donc j’étais plus proche. Il va falloir prendre de bons départs, mais il faut aussi que je m’entraîne plus. Je ne suis toujours pas à 100% physiquement, mais si j’arrive à partir devant sur quelques manches, je pense qu’on pourra être en position de se battre pour le podium.
Vous n’êtes que très peu à avoir pu rouler sur cette moto. Tu as roulé sur des Autrichiennes pendant de longues années. Qu’est-ce qui t’a demandé le plus de temps d’adaptation sur cette Ducati ?
C’est vrai que c’est complètement nouveau, et c’est aussi une nouvelle façon de travailler avec cette nouvelle moto. Il y a énormément de choses à faire encore. Au début, on a vraiment fait beaucoup de tests, changé beaucoup de choses mais honnêtement, je me suis bien senti sur cette moto dès le début. Ça nous a beaucoup aidé à travailler dans la bonne direction. Il a fallu adapter la moto à mon pilotage, mais il a aussi fallu que je m’adapte à cette moto. On va dire que c’était ça, le plus gros challenge au début avec la Ducati. On doit encore améliorer certaines choses, mais ça se passe plutôt bien pour l’instant.
Tu as également terminé 4ème lors du GP d’ouverture en Argentine. Tu t’attendais à faire aussi bien pour ton premier GP avec la Ducati ?
On n’avait vraiment pas d’attentes particulières. On ne pouvait pas savoir où on allait se situer parce que la moto est toute nouvelle; on ne savait pas trop où on se situerait au niveau des départs, on ne savait pas trop où j’allais en être physiquement, etc. Compte tenu de ma blessure en fin d’année dernière, on ne s’attendait pas vraiment à faire quelque chose d’aussi bien en Argentine, mais on était très contents. Bien sûr, on doit encore progresser et je pense qu’on va continuer de s’améliorer avec la moto, tout comme moi je vais continuer de progresser physiquement.
C’est quoi le prochain axe de travail ? Tu passes de WP à Showa, à un moteur Desmo, à un nouveau châssis, tout est nouveau en fait ! Tu cherches quoi, plus de confort ?
Oui, on doit travailler un peu plus sur la maniabilité de la moto. Parfois, on rencontre un peu de difficultés de ce côté-là surtout quand c’est vraiment défoncé. La moto est bonne, mais on peut encore faire mieux. Du côté du moteur, on a un moteur de production, c’est très standard. On va avoir quelques améliorations de ce côté-là prochainement, pour avoir un «vrai» moteur factory. Pour l’instant, je suis content du package que j’ai. Il ne nous manque rien de particulier, c’est juste qu’on peut toujours s’améliorer.
Un mot sur ce moteur Desmo. Là encore, tu es l’un des rares à pouvoir rouler sur la Ducati. Est-ce qu’on arrive à mettre des mots sur le feeling qu’on a avec ce moteur ?
En fait, c’est difficile de pointer une différence du doigt car il y a énormément de choses qui sont différentes sur la moto. Tu as parlé des suspensions, du châssis, et il y a évidemment des différences au niveau du moteur mais vu que le package complet est différent, c’est difficile de dire ce que fait exactement le moteur. C’est vraiment une moto différente en fait, et il faut juste que je m’adapte à ces différences.
Je pense que je suis bon quand il faut m’adapter. Je n’ai pas de demandes particulières, où complètement folles, j’arrive à m’adapter à la moto et ça nous aide aussi pas mal quand on travaille. Pour moi, c’est vraiment nouveau comme situation. Je ne suis pas du genre à faire trop de changements sur la moto en général, parce que tu peux vite te perdre et je sais que je n’ai pas encore l’expérience pour savoir dans quelle direction aller. On me donne des axes, des pièces, et c’est à moi de dire ce que je préfère. Je ne suis pas encore en mesure de dire ce qu’il faudrait faire, par contre je sais si j’ai un bon feeling quand je teste quelque chose, et je peux faire un retour cohérent pour aller dans la bonne direction. C’est important car il ne faut pas se perdre en route.
Les journées de testing doivent être bien différentes des journées de testing de ces dernières années, au sein du groupe Autrichien ?
Oui, c’est clair. En fait, on fait encore beaucoup de testing aujourd’hui. Avant la saison, on a fait énormément de journées de testing, on a testé beaucoup de choses différentes. D’un autre côté, c’était une bonne chose pour moi de reprendre par ces journées de testing, parce que je ne pouvais pas me relancer à 100% dans ma préparation; je revenais d’une blessure et il fallait que je fasse les choses par étape.
Je pense que ça m’a aussi aidé. On s’est d’abord concentré sur la moto, et moi j’ai travaillé sur ma base, et on a vraiment pu mettre l’accent sur la préparation un peu plus tard que d’habitude. Je continue de progresser physiquement, et si on peut continuer sur cette lancée, je pense que je serai vraiment dans une bonne position d’ici quelques semaines.
Un mot sur la pression et les attentes. Ducati arrive en MXGP, ils s’attendent quand même à des résultats, mais cette moto n’est pas vraiment attendue sur la plus haute marche du podium à cette heure-ci. J’imagine qu’il y a encore beaucoup de données à collecter, de changements à faire, d’adaptation. Quand tu étais chez KTM/Husqvarna ou GasGas, on devait s’attendre à des résultats, non ?
Oui. C’est sûr que ces dernières années, j’avais un peu la pression au sein du groupe KTM. Comme tu l’as dit, personne ne nous attend vraiment pour la gagne cette année, on ne nous attend pas vraiment devant avec Jeremy. Pour nous, à chaque fois qu’on fait un peu mieux que ce qu’on attend de nous, c’est du positif.
Ceci dit, à chaque fois que je vais sur la piste, je fais de mon mieux; comme tout le monde. On sait aussi que la moto n’est pas encore en mesure d’être 100% compétitive face aux autres motos. Donc on essaye de faire notre maximum, côté pilote comme côté moto. On sait qu’il va nous falloir un peu de temps, mais on fait notre maximum malgré tout, et à chaque fois qu’on est en piste.
Un mot sur le plateau MXGP. Vous êtes 15 pilotes d’usine derrière la grille. Pourtant, tant que tu ne montes pas sur le podium, personne ne parlera vraiment de toi. Finir 4ème d’une manche, c’est être le 4ème meilleur pilote du mondial; c’est sacrément costaud vu le plateau.
Il y a tellement de bons pilotes en MXGP, et tout le monde ne peut pas monter sur le podium, il n’y a que trois places. Mais rien que finir 8ème d’une manche en MXGP, être dans le top 10, ce n’est pas donné, surtout si tu ne pars pas devant.
C’est pour ça que le départ est important. Finir quatrième d’un GP ? Je sais que je peux être vraiment fier de moi, et je suis vraiment content. C’est un championnat vraiment difficile et relevé, le MXGP. En fait, on y retrouve les meilleurs pilotes du monde, et il faut se battre pour chaque position.
Publié le 27 mars 2025
