Des bons départs et quelques tours en tête, Maxime Renaux a joué les avant-postes ce dimanche pour son retour en piste après de longs mois d’inactivité. En manque de roulage, l’officiel Yamaha n’a pas pu tenir la distance dans les manches, mais la base est toujours bien présente et le travail peut désormais reprendre pour préparer la saison 2025 avec de belles ambitions. Mais avant cela, place aux trois derniers GP de la saison 2024 et – bien évidemment – au Motocross des Nations de Matterley Basin. Micro.
Maxime, te voilà de retour en Suisse. De très bons départs, quelques tours en tête et une sixième place ce week-end. Je n’ai pas envie de parler pour toi, mais j’imagine que c’est quand même un bilan positif qu’on tire de Frauenfeld ?
Ouais, c’est un retour positif. Forcément, c’est un retour à la compétition après de longs mois d’absences à cause d’une blessure. Je n’ai pas eu beaucoup de temps sur la moto, donc on doit encore se reconstruire un petit peu, mais ça se passe plutôt bien. On a fait des bons départs, des bons premiers tours. Malheureusement, je manque un petit peu de courses et donc d’intensité lors des manches. Il y a aussi un petit aspect, c’est que malheureusement ce week-end, j’étais malade. Ce n’est pas du tout une excuse, mais j’ai vraiment eu de la fièvre aujourd’hui et ce n’est pas l’idéal pour un retour. Mais bon, pas d’excuse, ça fait partie du jeu. Là, on sait sur quoi bosser pour les prochains Grands Prix. Les départs sont là, les débuts de manches sont là, il va juste falloir – petit à petit – augmenter le nombre de tours en tête jusqu’à gagner les manches.
Est-ce qu’on s’attendait à avoir cette vitesse d’entrée de jeu ? Le physique t’a manqué, mais tu as déjà la vitesse pour jouer directement les podiums, et peut-être même les victoires face aux autres.
Ouais, ça je n’en doutais pas. Je me sens bien sur la moto, je sais que je sais rouler en moto, donc ça se passe vraiment bien. Après forcément, il y a un petit peu de déception, car j’estime que je dois me battre devant, et être en bataille avec ces gars-là. C’est sûr que d’avoir loupé la saison – forcément – ça n’aide pas. Après, je reste conscient que eux, ils sont en pleine forme, donc je dois me reconstruire pour en arriver là de nouveau et ce jusqu’à pouvoir les battre. Voilà, ça va vraiment être ça l’objectif de 2025.
En début de saison, tu as roulé en Argentine, tu terminais 5ème. De là, tu es allé en Espagne et visiblement, ce n’était pas possible de rouler. Il s’est passé quoi avec ce pied, et est-ce qu’une deuxième opération avant la saison n’était pas jouable ?
En fait, les chirurgiens qui m’avaient opéré en Belgique me donnaient beaucoup d’espoir, ils me disaient que ça allait aller dans le bon sens, qu’il fallait que je laisse du temps à mon pied. Malheureusement ils avaient tort. On a pris un autre avis, on est allé voir un autre chirurgien pour voir un petit peu ce qui se passait dans mon pied, parce qu’en Argentine je ne pouvais même pas marcher, on était obligé de me porter pour aller me poser sur la moto pour aller faire les manches. Je roulais partout assis, parce que je ne pouvais pas me mettre debout avec le pied, donc c’était vraiment hardcore. Voilà, donc on a été voir un nouveau chirurgien. Bilan, il y a une plaque qui était mal positionnée dans le pied, qui allait taper contre un autre os, une vis qui était déchaussée qui sortait de l’os et qui a vraiment tout ruiné le cartilage dans mon pied, donc il y a eu une grosse opération pour réparer ça. Ils ont enlevé tout le matériel, tout le bordel on va dire qu’il y avait dans le pied; l’opération était nécessaire. Cette dernière aurait pu être faite durant l’hiver si l’équipe médicale qui m’avait opéré avait été compétente, mais malheureusement ce n’était pas le cas.
Est-ce qu’on a encore des séquelles aujourd’hui, au niveau de ce pied ?
Oui il y a encore des séquelles, forcément. C’est une grosse blessure, et c’est une grosse opération. On est cinq mois et demi après la deuxième opération; c’est beaucoup et pas beaucoup à la fois pour une opération de ce genre. Je le sens encore un peu au niveau du pied; ce n’est pas gênant pour rouler, je ne me cherche pas d’excuse de ce côté-là. Ce n’est pas vraiment gênant, mais ce n’est toujours pas un pied à 100%.
Tu as gagné le Grand Prix de Suisse l’an dernier. J’aimerais avoir ton avis sur ce que tu penses d’organiser un Grand Prix sur un tracé comme Frauenfeld. C’est un tracé qui mérite d’accueillir une épreuve du mondial ?
C’est une piste comme une autre. Oui, c’est un petit peu plus petit, un petit peu plus serré, mais ça amène aussi un petit peu de diversité dans les pistes du calendrier. On ne peut pas avoir des énormes pistes à chaque fois, même si je pense qu’il y aurait moyen ici, car je sais qu’il y a des pistes en Suisse qui ont un petit peu plus de potentiel d’accueillir un Grand Prix, je pense notamment à Payerne, mais il y a des choses qu’on ne contrôle pas toujours malheureusement. Ils tentent d’essayer de faire du mieux qu’ils peuvent. Moi, personnellement, j’ai pas mal apprécié la nouvelle piste de Frauenfeld. J’ai gagné ici l’année dernière, et cette année ça ne s’est pas trop mal passé, donc forcément ce n’est pas trop mal pour moi. C’est sûr que ce n’est pas la piste la plus grande, ni la plus longue, mais c’est comme ça.
Il y a un gros rendez-vous en fin de saison, même si on sait qu’il y a encore quelques Grand Prix à disputer. Forcément, c’est le Motocross des Nations. J’imagine qu’on ne peut pas encore charger à 100% à l’entraînement, comment on se prépare pour être prêt pour ce rendez-vous ?
En fait, on va juste se préparer, continuer l’évolution et la progression car le but c’est, 2025, donc on se prépare au mieux possible pour la nouvelle année et ça va de paire avec les Nations. J’arriverai là-bas le plus prêt possible, on voit déjà que dès la première course, et après deux semaines sur la moto, je suis déjà performant. Je serai encore mieux au Motocross des Nations parce que j’aurai plus de temps sur la moto et on donnera le maximum à Matterley.
Est-ce que la sécurité des pilotes est un sujet auquel tu es sensible ? En ton absence, les Prado, Seewer, Herlings & Co ont mis sur le tapis des problématiques avec les commissaires de piste, des drapeaux bleus, le nombre de courses, les retardataires, est-ce que ce sont des sujets qui te tiennent à cœur et selon toi qu’il faut mettre encore plus en avant ?
Oui. Pour moi, il devrait y avoir plus d’attention portée là-dessus. Aujourd’hui c’était vraiment horrible avec les retardataires. Ils ne font vraiment pas attention à la course qui se déroule, et ils sont très, très loin de nos temps au tour donc malheureusement, on leur met un tour très vite. La plupart du temps, il y en a qui respectent bien les drapeaux mais certains autres … c’est une plaie. Je pense que ça vient des commissaires, sans forcément venir des commissaires. C’est plus dû aux wildcards, à ceux qui ne font pas le championnat toute l’année; ils ne font pas attention, ils ne cherchent pas trop à savoir, ils font leurs courses et ils n’arrivent à se rendre compte qu’ils sont en plein milieu d’une action et qu’il faut changer de trace. Ça m’a coûté plusieurs dépassements aujourd’hui, je me suis fait doubler avec des retardataires dans les traces donc forcément, j’ai un peu les boules mais ça fait partie du sport. Tout le monde doit faire avec, mais c’est sûr que ce n’est pas l’idéal, notamment quand on joue un championnat. Moi, là, je ne joue pas un championnat, mais quand je vois les trois de devant pour qui tous les points comptent, les retardataires peuvent vraiment être pénibles.
J’ai fait un sujet sur l’Elite, avec les pilotes. On voit que les grilles sont moins fournies. En discutant avec eux, certains avaient l’idée de vous faire revenir – vous les bons pilotes Français des GP – ici et là sur l’Elite pour motiver les pilotes à venir rouler contre vous, et aussi ramener des spectateurs. Ce serait envisageable d’intégrer de l’Elite à un calendrier MXGP, pour toi ?
Non. Clairement, ce n’est pas envisageable. On fait trop de Grands Prix dans l’année, on a trop à faire avec la saison et pour ma part ce n’est pas envisageable. Bien sûr, je suis d’accord avec l’idée, elle prend tout son sens, mais il faut prendre en compte qu’aujourd’hui, on ne fait plus les saisons d’il y a un temps où il n’y avait que 8, 10 ou 12 courses. Aujourd’hui, on est à 20 grands prix dans la saison, avec 2 courses de préparation. En rajouter, on ne peut pas. En fait, quand on est un humain normalement constitué, on ne peut pas faire des courses tous les week-ends. Il y en a qui y arrivent, je ne sais pas comment ils font, mais la récupération est vraiment très importante.