Ex-officiel Star Racing Yamaha, passé par Rockstar Husqvarna, Rockwell Yamaha, Bud Racing Kawasaki, Kawasaki Pro Circuit, Muc-Off Honda, AJE Motorsports, Callus Race Team puis enfin PRMX Kawasaki, Mitchell Harrison a fait un détour par le Supercross de Paris le week-end dernier pour évoluer au sein de la structure de Stéphane Dassé. Quelques années plus tôt, le pilote américain avait tenté l’aventure sur le Mondial MX2 avec Bud Racing Kawasaki et avait signé une poignée de top 10. À l’occasion de son passage dans la capitale, on est allé prendre des nouvelles du garçon, qui explose son compteur d’épreuves cette saison. Micro.
Mitchell, un mot sur ton week-end à Paris. Tu t’es battu avec Marshal Weltin. Tu vas à l’étranger et tu retrouves à te battre avec un mec contre qui tu roules aussi aux USA !
Oui, disons que c’est comme à la maison. Mais l’objectif, c’était de venir ici pour aller me battre avec Tom Vialle, et aussi avec Cédric Soubeyras parce qu’on s’est vraiment bien battu ces derniers temps en Australie et en Allemagne. Et puis aussi d’essayer de battre des pilotes factory, c’est toujours le but. Il faut toujours essayer d’être meilleur et de s’améliorer, week-end après week-end.
Tu as roulé en MX2 avec Bud Racing en 2019, et un petit peu en 2020 avant le Covid. Tu connais les deux côtés de l’Atlantique. À quel point la culture MX est différente en Europe par rapport aux USA ?
C’est assez différent. Je dirais qu’on sent vraiment que la passion des fans est vraiment plus présente dans certains pays d’Europe comme en Allemagne ou en France. En France, la fanbase est juste incroyable. Les fans sont déchaînés, c’est vraiment fou à voir. Même en Suède, c’était la folie avec tous les drapeaux et les fumigènes. C’était une ambiance vraiment spéciale. Ça ressemblait presque à RedBud. RedBud, c’est le meilleur public de tous les temps pour nous. C’est incomparable, mais je pense que l’Europe l’emporte sur la régularité au niveau de l’ambiance.
Et puis les terrains sont vraiment différents. Leurs motos doivent être réglées très souples en Grand Prix. Je pense que les gens se font une fausse idée : quand on pense Europe, on pense sable directement. Mais réellement, au calendrier, il doit y avoir cinq courses dans le sable.
Aux États-Unis, on est plus sur la constance au niveau des terrains. Les circuits sont vraiment bien griffés, et très profondément. Nos pistes sont toutes à peu près similaires : un peu sablonneux, très creusées, de grosses ornières, de gros trous. Et puis, à part Washougal, qui est un peu moins défoncé, ça reste des pistes assez exigeantes. Je pense que nos terrains aux US sont quand même meilleurs, dans le sens où ils sont bien plus fun à rouler que les terrains de GP.
Pour ce qui est des batailles sur la piste, l’Europe, c’est plutôt cool. Mais les départs… En GP, ils favorisent énormément les premiers choix de grille. Je déteste leur système de départ. Ils font toujours en sorte que la première grille soit la meilleure. Je comprends : tu veux récompenser le pilote plus rapide, OK, mais aux États-Unis tout est quand même plus équilibré et juste. Tu peux sortir correctement de n’importe quelle grille. Je pense que la compétition est un peu mieux ficelée chez nous.
Au final, ce sont deux cultures complètement différentes. C’est vraiment difficile de comparer l’Europe et les États-Unis. Tu as les meilleurs pilotes des deux côtés. Je pense qu’on a l’avantage pour le moment. Mais Romain Febvre est incroyable. Tim Gajser est l’un de mes pilotes préférés. Et Jeffrey Herlings a juste un talent incroyable sur une moto.

Mitchell Harrison et Bud Racing Kawasaki ?! Une association qui n’est pas sans rappeler 2019 et son année sur le mondial MX2 !
On a l’impression que tu n’es pas fan des tracés européens. Est-ce que tu envisagerais quand même de revenir en mondial si une opportunité se présentait ?
Bien sûr, je reste ouvert à toute nouvelle opportunité. J’adore voyager, c’est toujours une super expérience pour moi. Et puis je préfère le Motocross au Supercross, c’est vraiment ma discipline de cœur. J’adore ça, c’est que du plaisir. J’aime aussi les tracés européens, ils ont juste leur particularité ! C’est simplement différent par rapport aux États-Unis. En fait, c’est un championnat qui n’a rien à voir avec le nôtre.
Puisque tu préfères le Motocross, quel est ton avis sur le championnat SMX ?
Le SMX, c’est très bien payé – et ça, j’aime bien [rires]. Mais je trouve que la piste de Charlotte, cette année, était un peu trop extrême. Il y avait des sauts complètement dingues, une terre trop molle… c’était bizarre. Ils font de leur mieux, mais je ne suis pas vraiment fan de ce type de terrains. S’ils proposaient quelque chose dans l’esprit de Daytona, ce serait plus cool. Ou même comme le MXGP de Charlotte en 2016, qui était incroyable. J’ai l’impression qu’ils en font un peu trop : trop de sauts, trop de “show”. Pour moi, les tracés du championnat SMX n’étaient pas les meilleurs cette saison.
Il y a plus de 30 courses au calendrier des championnats AMA désormais, mais tu roules aussi à l’étranger. Tu es du genre à te dire « je roule tant que je peux » ? À quel moment tu te dis « ça suffit » ?
J’arrive justement à ce point-là [rires]. Je crois que j’en suis à ma 38ᵉ course cette saison. Au total, je vais faire 40 courses cette année avec les deux derniers rounds du championnat australien. Si tout était plus proche géographiquement, ce serait beaucoup plus facile. Je traverse tellement de fuseaux horaires que ça en devient épuisant.
Mais toutes ces épreuves que je fais durant l’intersaison, c’est vraiment cool. Ça te redonne de l’envie, de la motivation. Ce n’est pas comme les courses primées. Marshal en fait beaucoup, mais si tu te rates, tu ne gagnes rien, et tu te retrouves face à des pilotes locaux qui sont très rapides à domicile. Ce n’est pas trop mon délire. Moi, je préfère les événements comme Paris : le côté spectacle, l’ambiance… C’est ce que j’aime, ce qui me fait plaisir et me rend heureux.

20ème du SX US, 16ème de l’outdoor, 21ème du SMX mais encore 6ème à Stuttgart et aussi 5ème du championnat de Supercross Australien, Mitchell Harrison termine 7ème à Paris !
Le Supercross de Paris proposait de gros whoops, mais les enchaînements sont plus petits et moins longs qu’aux US. Finalement, faire ce genre d’épreuve, c’est plus « safe » que de rouler aux USA ?
Je dirais que oui, c’est plus « safe ». Je ne sais pas pourquoi, mais nos pistes de Supercross US ont tendance à être vraiment meubles. Elles sont toujours défoncées, les ornières sont énormes. Ils arrosent en début de journée, et les whoops se détruisent très vite. C’est violent. Ensuite, pour le night show, ça va puisque la piste est refaite. Mais quand vient l’heure de la finale 450, c’est vraiment tendu. Mais on se doit de continuer à envoyer tous les enchaînements.
Paris, c’est beaucoup moins risqué. Les whoops étaient gros ce week-end, ça faisait longtemps que je n’en avais pas vu des comme ça. La traction dedans était bonne. Ils se sont un peu creusés, mais ce n’était pas vraiment dangereux. Ils ont un peu plus préparé la piste samedi, mais dimanche, ils l’ont laissée se creuser davantage, et moi, j’ai aimé ça. Ce n’était rien de trop fou.
Il y avait trois ornières avant les whoops. J’ai vu Cédric devant moi : il prenait celle du haut, moi celle du bas. Donc il y avait quand même des options. Dans le sable, certains prenaient l’intérieur et faisaient double-triple. Je crois que Mookie faisait double, triple, quad. C’était cool, c’était différent. Et ça n’aurait pas été possible s’ils avaient trop refait la piste.
Je pense que parfois, c’est mieux de la laisser se creuser, tant que ça n’atteint pas un point où il faut absolument la retravailler. Tu n’as pas besoin de refaire les whoops s’ils ne sont pas dangereux. Je pense que le premier jour, il fallait le faire, parce qu’ils étaient très raides. Et une fois qu’ils se creusent vraiment, ça devient chaud.
Dernière question : je suis curieux. Tu as quelque chose pour l’an prochain ? Tu restes avec la même équipe ?
Oui. Je serai avec PRMX Partzilla Kawasaki l’année prochaine. Et cette intersaison ? On verra. Rien pour l’instant. Je verrai qui m’appelle. C’est comme ça que ça se passe pour moi. Mon team aux États-Unis est vraiment cool avec ça : ils me laissent aller faire des courses avec qui je veux pendant l’intersaison. On verra bien !