En 2024, Saad Soulimani faisait ses débuts en Supercross à Paris. Avance rapide et un an plus tard, le pilote Marocain signe ses premiers podiums et fait monter la TM sur la boîte dans la capitale. S’il a assidûment suivi la filière Européenne « classique » ces dernières années, Saad a changé son fusil d’épaule pour se lancer plus sérieusement en Supercross cette année. Une décision payante. À peine descendu du podium du Supercross de Paris, le pilote TM se livre à chaud. Micro.
Saad. Tu me disais avoir bien progressé en Supercross, tu ne m’avais pas menti. Dommage pour la seconde manche du samedi, mais j’imagine que le résultat est plus que satisfaisant pour ton second Supercross de Paris.
La vérité ? C’est une dinguerie ce qui se passe. L’année dernière, j’ai débuté ma première course en Supercross ici à Paris. Je ne savais même pas dribbler les whoops. Le chemin a été long, mais ça prouve que le travail paye et que je me donne vraiment à fond.
Le samedi, je fais un premier podium, c’était déjà un truc de fou. Mais dimanche, je rempile avec la deuxième place, et aussi le podium général en SX. C’est un truc de fou. C’est le parcours que je voulais faire de base. Ça prouve que j’ai bossé dur.
Quand tu dis que tu as bossé dur, ça se résume à quoi, le travail abattu pour franchir un aussi gros step en une année ?
Ça fait un an tout pile que j’ai commencé le SX. Je n’avais jamais touché au Supercross en étant plus jeune. Mon entourage avait peur pour moi. Ils disaient que c’était une discipline beaucoup plus dangereuse que le motocross. Donc j’ai toujours évité. Et l’année dernière, j’ai eu cette idée, j’ai voulu me lancer. J’ai commencé tout seul, sans demander à personne. Didier Vuillemin et Benoît Fortunato m’ont donné un coup de main. Ils ont vu que j’avais du potentiel.
Et à partir de ce jour-là, on n’a fait que bosser tous les jours. J’y ai cru super fort. Parce que le Supercross, c’est une discipline où tu as besoin d’avoir de l’expérience. Et franchement, je suis super content. Ça prouve qu’on a bien bossé : les whoops, les enchaînements. Il y a eu énormément d’heures de moto derrière tout ça. Je suis super content d’arriver à le montrer aujourd’hui à Paris, à la maison, devant ma famille, le public. C’est un truc de ouf.
Qu’est-ce qui se passe dans ta tête le dimanche, en seconde manche, quand tu pars devant et mènes les premiers tours ?
J’ai eu du mal à y croire. J’étais tellement concentré. Déjà, j’ai coupé plus tard que tout le monde au bout de la ligne droite. Je voulais vraiment faire le holeshot. Après, quand j’ai vu que j’étais premier au premier tour, je me suis dit que j’allais tout donner jusqu’à la fin. C’était dingue ! Je suis resté concentré dans ma course. Anthony m’a rattrapé au milieu de manche. Il allait un peu plus vite que moi, et je l’ai laissé passer. J’ai fait des tours en tête, j’étais focus. Je suis super content de ma performance ce week-end.
Là, c’est encore à chaud et j’imagine que tu vas débriefer plus tard. Mais il t’aurait manqué quoi pour aller chercher cette victoire ?
Je pense qu’il m’aurait manqué un peu plus d’expérience. J’ai fait des erreurs le premier jour. J’ai rectifié ça le deuxième jour. J’ai réussi à rempiler pour faire le podium SX Tour plus le podium général. Donc je pense que si j’avais eu un peu plus d’heures en Supercross dans les jambes, un peu plus de courses au compteur, j’aurais pu vraiment jouer une gagne. Mais j’ai quand même fait de bonnes choses. Et je pense que c’est concluant pour l’avenir.
Un mot sur les whoops de Paris. Tu en prends souvent des comme ça à l’entraînement ? On a vu qu’en SX2, c’était vraiment quitte ou double.
Les whoops, c’est un point important en Supercross. Heureusement, on a l’habitude de beaucoup les bosser à l’entraînement avec FTO. C’est vrai qu’en arrivant, je me suis dit que les whoops étaient un peu gros.
Mais je me suis dit que si je restais sur les crêtes, ils allaient paraître moins gros. Donc je n’ai pas hésité à rentrer dedans assez fort à chaque tour. La TM a super bien marché. D’ailleurs, j’aimerais remercier TM France parce qu’ils ont cru en moi, en mon potentiel pour arriver jusqu’ici.
Je crois que c’est la première fois qu’une TM finit sur un podium en SX Tour. Et c’est aussi la première fois qu’un Marocain finit sur un podium au Supercross de Paris. Donc c’est un honneur pour moi de représenter mes partenaires.
Justement, tu es bien le seul en TM sur le SX Tour. Beaucoup diront que ce n’est pas la machine la plus performante. Mais j’imagine que pour — justement — la rendre aussi performante, il y a eu beaucoup de développement de fait. Qu’est-ce que vous avez fait pour la rendre aussi compétitive ? Ce week-end, je pense que tu as montré que la TM n’avait rien à envier aux autres motos.
Oui, c’est sûr. C’est une moto qu’on a du mal à voir devant, et qu’on néglige la plupart du temps. Mais moi, quand je l’ai testée, j’y ai cru. J’ai vu son potentiel. Après, il y a eu énormément de testing. J’ai développé la moto tout au long de l’année. C’est pour ça qu’en début de saison, j’étais un peu moins bien.
On a fait du développement sur les suspensions, sur le moteur avec Didier et avec Benoît. Et il y a quelques mois de ça, on a réussi à trouver de bonnes améliorations. J’ai commencé à me sentir vraiment bien dessus. Donc c’est encore plus un honneur de pouvoir dire que j’ai développé la moto correctement pour moi, et que j’ai réussi à la faire sortir du lot comme ça, alors que personne n’avait vu son potentiel. Ça prouve que vraiment, on a fait un travail de fou.
Tu sembles bien te plaire en Supercross, même si c’est assez récent pour toi. Je dois te la poser, cette question. Est-ce qu’avec le recul, tu ne te dis pas : « P*tain, si j’avais commencé plus tôt, où j’en serais aujourd’hui ? »
Oui, c’est sûr. Comme je l’ai dit, ça fait un an tout pile que j’ai débuté dans la discipline. Tous ceux qui sont avec moi en bataille, ils font ça depuis qu’ils sont tout petits. Malheureusement, je n’ai pas pu commencer plus tôt. Je voulais vraiment me concentrer sur le motocross. Mais quand j’ai fait mes premiers tours de roue en Supercross, j’ai vu que je me régalais.
Je me suis dit : « Allez, on va faire ça à 100 %, et voir où ça nous mène. » Et je suis super content parce que je n’hésite jamais à tester de nouvelles choses, de nouvelles disciplines. Et ça prouve que même si tu n’as jamais vraiment fait de Supercross, avec la volonté et l’envie, tu peux réussir à faire de belles choses assez rapidement.

En 2024, Saad ramenait un 11-11-13 le samedi, puis un 14-11-11 le dimanche. Cette fois-ci, le pilote TM accroche un 4-13-5 le premier soir, et un 6-2-4 le second
Tu me disais le vendredi que tu n’avais pas spécialement envie de repartir sur le Mondial, que ça ne te faisait plus rêver. Pourtant, le cursus Europe / Mondial, c’est celui que tu as suivi pendant un paquet d’années. Qu’est-ce qui fait que la motivation n’est plus là aujourd’hui ?
Les GP, ça ne me fait plus trop rêver. J’essaie de me tourner un peu plus vers le Supercross parce que je me sens mieux dans cette discipline aujourd’hui. Et c’est tellement dur en Europe de trouver des guidons. Quand je vois que des coéquipiers que j’avais l’année dernière roulaient dans les 10 en Mondial et n’ont pas de guidon aujourd’hui, c’est chaud.
Donc je pense que je n’ai pas fait le mauvais choix. En Grand Prix, c’est vraiment compliqué de trouver un guidon et de bien gagner sa vie. Donc je suis content d’avoir pu m’orienter vers le Supercross, et je pense qu’il y a un meilleur avenir dans cette discipline.
Est-ce qu’on peut parler de ton programme pour 2026 ?
Du coup, j’ai re-signé récemment avec TM, au sein de la même structure : tout pareil que cette année. Je sais qu’avec un gros hiver, je peux réussir à faire des choses encore plus belles.
Donc, je re-signe avec TM France, Didier et Benoît pour l’année prochaine. On va dire que je vais avoir un cursus un peu plus focalisé sur le Supercross, l’Elite et voilà.
Et à l’horizon 2027, est-ce qu’on n’envisagerait pas quelque chose d’encore plus gros ?
Oui, j’aimerais bien envisager quelque chose de plus gros. Après, c’est encore tôt pour pouvoir se prononcer, mais j’ai un rêve dans un coin de ma tête et j’aimerais pouvoir en parler prochainement, si j’arrive à le concrétiser.
