En février dernier, Benoit Paturel a fait ses valises et mis le cap sur les États-Unis avec un objectif en tête : décrocher un guidon pour le championnat de Motocross US. Un pari osé, mais payant pour le pilote français. Délaissé par les équipes en MXGP, Benoit a trouvé une belle opportunité au sein du team HEP Suzuki pour disputer la seconde moitié de la saison AMA. À trois épreuves de la fin, il s’impose comme le meilleur représentant tricolore en catégorie 450. On a profité de la pause dans le calendrier américain pour prendre de ses nouvelles. Micro.
Benoît, la dernière fois qu’on s’est parlé, tu préparais l’outdoor sans vraiment savoir à quoi t’attendre. Tu espérais trouver un guidon. Tactique payante, puisque tu as intégré le team HEP Suzuki aux côtés de Colt Nichols. Comment as-tu dégotté ce deal, pour commencer ?
J’ai eu des premiers contacts avec eux à la mi-mars, et ça a mis du temps à se concrétiser, rien que pour faire un essai, parce que chez HEP, ils étaient en pleine saison de Supercross et ils jouaient le titre avec Roczen ; c’était leur priorité.
J’avais prévu de rentrer en France pour rouler à Thomer et à Sainte-Austreberthe afin de me préparer et faire deux courses en France avant l’outdoor. Ils m’ont contacté deux jours avant que je ne rentre pour faire un test sur la Suzuki. J’ai essayé la moto, et ça s’est bien passé.
On s’est mis d’accord verbalement. Le temps que le contrat soit bouclé, on était début mai, quand je suis retourné aux US. Après, j’ai roulé trois, quatre fois avec la moto et j’ai attaqué la saison comme ça. Je n’avais pas fait beaucoup d’heures avec la moto, mais tout s’est bien goupillé.
Comment s’est passée la première prise de contact avec HEP ?
Je pense que, vu que je roulais tout le temps sur les mêmes pistes, que je voyais quand même pas mal de gens de l’industrie, ça a commencé à parler de moi, et ça a dû dire que je roulais bien. Je pense que ça, ça m’a vachement aidé. Ils devaient savoir que je cherchais quelque chose. Vu que Chisholm arrêtait et que Roczen ne faisait pas l’outdoor, ils avaient besoin d’un deuxième pilote. Ils m’ont contacté par téléphone, et tout s’est mis en place ; c’était top. Signer avec un team comme HEP, c’était tout ce que j’avais souhaité cet hiver.
Un mot sur cette Suzuki, parce qu’on sait que ce n’est pas la moto la plus récente du plateau, puisqu’il n’y a plus d’évolution majeure dessus. Par contre, ils ont quand même un pilote du calibre de Roczen ; donc la moto doit quand même passer par du développement. Elle vaut quoi, cette 450 RM-Z, par rapport à la Yamaha que tu connais bien ?
La Yamaha d’origine, je pense que c’est la meilleure moto du marché ; il n’y a rien à dire là-dessus, tout le monde le sait. Concernant la Suzuki, j’ai été très surpris du châssis, de la maniabilité, des suspensions. Sur terrain dur, je suis très content. Après, on doit encore progresser sur les terrains plus meubles.
Le team bosse très fort, et je pense que si on continue comme ça dans le futur, ça va évoluer dans le bon sens pour que, niveau moteur, on gagne un peu sur terrain meuble. Sinon, dans l’ensemble, je suis super content de la moto, et très surpris justement.
C’était un point d’interrogation avant de l’essayer, vu que c’était, comme tu as dit, une moto vieillissante, mais j’ai été très surpris quand même.
Pour le premier test, j’étais sur une piste du team que je ne connaissais pas du tout. C’était une piste en sable, et mon passé en Belgique m’a bien aidé. Je me suis fait plaisir, et j’ai tout de suite bien roulé dessus. C’était une moto de course préparée, j’avais un setting suspension, et on a fait des changements, des réglages. Toute la journée, ils étaient dessus pour faire en sorte que je sois le plus à l’aise possible.
Je n’étais pas juste là pour essayer une moto pour « voir », je pense que c’était vraiment dans le but de me prendre, donc ils ont voulu me mettre à l’aise tout de suite. J’ai rapidement pris mes marques.
Depuis que l’Outdoor a commencé, à quoi ressemblent tes semaines entre les courses ? C’est beaucoup de testing ? Tu cherches encore au niveau des réglages ou tu arrives quand même à faire un bon bloc à l’entraînement, à faire des manches ?
Le testing, c’était principalement durant les quelques jours avant l’outdoor. Pour l’heure, j’ai trouvé une base qui me correspond et qui me plaît. J’attends des évolutions sur le moteur, comme on a dit, pour les terrains qui sont plus meubles.
Sinon, non, la moto me plaît. Après, c’est beaucoup de petits détails. À chaque fois que je vais à l’entraînement, il y a tout le temps un gars des suspensions avec moi. De ce côté-là, j’ai le support d’un pilote d’usine et c’est vraiment top. Si je veux changer des choses, je peux tout le temps.
Quand tu parles d’amélioration au niveau du moteur, surtout pour le mou, c’est quoi le feeling que tu cherches ?
Plus de puissance, clairement. On est très bien sur terrains durs ; la moto a une très bonne traction. Après, quand c’est mou, par rapport — justement — à la Yamaha qui est forte en bas, on doit progresser. Sinon, ça va dans le bon sens. Et puis, le team, le plus important, c’est qu’il fasse le maximum. Même si ça ne marche pas toujours comme on veut, il met tout en œuvre pour que ça fonctionne. Ça, c’est top.
Le team HEP, c’est un team costaud. Tu dois avoir un bon soutien si on compare avec ce que tu avais en MXGP ces dernières années, où finalement, on avait l’impression que tu faisais un peu avec des bouts de ficelle.
Exactement. Franchement, j’ai un gros support. Je pense que là, je retrouve le soutien que j’avais en MX2, dans le team officiel Yamaha. Même si Suzuki a arrêté officiellement son investissement en motocross, pour moi, HEP, c’est un team factory. En tout cas, le ressenti est le même. J’ai juste à me concentrer sur le fait de rouler, et ce n’est que du plaisir.
Après, je ne connais pas la moto depuis des années, ça ne fait que trois mois que je roule avec. En plus de ça, il faut apprendre les terrains à chaque fois. Parfois, il y a des surprises. Il faut s’adapter au niveau des pistes, des réglages, etc. De toute façon, on progresse bien, alors espérons que ça continue.
Il me semble qu’à ton arrivée, tu devais te payer un mécano. Je crois que Marvin t’avait filé un coup de main. À ce niveau-là, ça se passe comment ? Aujourd’hui, tu es toujours un peu livré à toi-même sur cette partie, ou le team a tout pris en charge ?
Non, tout ce côté-là est géré par le team et ça, c’est top. On a bougé en Floride pour les courses qui sont sur la côte Est, parce que les voyages étaient vraiment longs et, avec le décalage, c’était compliqué. Là, je m’entraîne à Moto Sandbox avec Roczen, Shimoda, Ferrandis, Kitchen, McElrath, Savatgy ; il y a du beau monde, des bons pilotes. Les pistes, c’est vraiment un truc de malade. Je pense que je n’ai jamais roulé sur des terrains d’entraînement aussi bien de ma vie. Le complexe est énorme, c’est incroyable. À chaque fois que tu montes sur la moto, tu fais vraiment de la qualité. Ce qui est compliqué, c’est la chaleur et l’humidité, mais tu reproduis les conditions de course à l’entraînement. Le team met tout en place pour que ça se passe au mieux ; je suis vraiment bien.
De toute façon, comme je t’avais dit, il n’y avait pas d’option B pour moi. J’aurais peut-être fait les deux premières épreuves comme ça en privé, mais jamais je n’aurais fait toute la saison de motocross tout seul. Ce n’était pas possible.
Et en dehors d’HEP, tu avais eu d’autres touches ?
Des touches concrètes, où ça allait vraiment plus loin que des discussions ? Non, il n’y a eu qu’avec HEP.
La première course s’est déroulée à Fox Raceway. C’est là que tu t’es majoritairement entraîné avant l’outdoor, donc tu savais à quoi t’attendre. Après, tu as dû découvrir les autres tracés. Quand on voit le nombre de traces dans les virages, la taille des sauts, la vitesse que vous prenez, tout ça, on se dit qu’on est assez loin des pif-paf d’Arco… J’imagine que c’est incomparable à ce que tu as connu pendant ces 15 dernières années ?
Oui, c’est incomparable, et c’est même choquant parfois, honnêtement. Comme tu as dit : les sauts, la vitesse, tout est plus grand, tout va plus vite, tout est plus large… Je ne vais pas dire que c’est un autre sport, mais c’est vraiment incomparable. Surtout qu’il faut s’adapter super vite. Tu as deux fois 15 minutes d’essais, donc en gros, tu fais deux fois six tours. Quand tu ne connais pas la piste et que tu n’es pas chaud, tu dois quand même mettre à fond dès le deuxième tour. C’est ça qui est le plus dur à gérer.
Les pistes en GP, on les connaît depuis des années. En MXGP, tu roules trois fois le samedi, tu as le warm-up le dimanche, etc. C’est vraiment incomparable. On va dire que c’est ça le plus dur à gérer. Mais bon, ça, c’est pareil pour tous les pilotes européens. La première année, c’est la plus dure. Mais les terrains, vraiment, rien à dire, ce n’est que du plaisir.
Quel terrain as-tu le plus apprécié jusqu’ici, et à contrario, le moins apprécié ?
Fox Raceway, c’est là où ça s’est le mieux passé, parce que c’était le seul terrain sur lequel j’avais roulé beaucoup de fois, et comme tu l’as dit, ça m’a vachement aidé. Même si le tracé est différent le jour de la course, tu as tes repères. C’est là que j’ai fait mon meilleur résultat jusqu’à présent, finalement. Après, j’ai vraiment bien aimé High Point. C’est un beau terrain naturel, avec des montées, des descentes ; un super terrain.
Le moins bon, je dirais Thunder Valley. On a galéré avec l’altitude. Le terrain est à 2 000 mètres d’altitude. On ne s’en rend pas compte, mais c’est quand même très haut. Je pense que le team n’avait pas vraiment l’expérience, car il ne me semble pas qu’ils avaient fait cette course ces dernières années. Du coup, la moto ne marchait pas du tout. Ça a été mon pire circuit.
Je suis curieux… Le Larocco’s Leap est-il si gros que ça ?
Franchement, il est énorme. Il faut des couilles. Honnêtement, on en parlait entre nous… Énorme. La première fois que je l’ai sauté, j’ai mis tout ce que je pouvais. Je me suis dit que ça allait passer large, et je me suis posé sur le dessus de la réception, j’étais limite court. C’est loin, c’est gros, ça monte. C’est vraiment un saut technique et costaud.
J’ai l’impression qu’à la TV, on ne s’en rend pas compte. Tu vois, il y a cette énorme « table » à High Point qui m’a toujours paru énorme, même plus grosse.
Oui, ce quad est vraiment gros et long, mais il est facile à faire. Tu as juste à rester à fond jusqu’en haut. Tu voles, tu restes longtemps en l’air, mais ça va. Le saut est vraiment gros, mais on va dire qu’il est « facile ». Par contre, le Larocco’s Leap, lui, est vraiment technique. Avant, tu n’as pas d’élan, c’est défoncé, et tu n’as pas le droit de te mettre court, sinon tu es mort. C’est l’un des sauts les plus durs que j’ai passés dans ma carrière. Je pense qu’il y a le quadruple de Matterley qui est pas mal dans le genre, aussi.
Pour toi, qu’est-ce qui a été le plus compliqué à assimiler depuis ton arrivée aux USA, finalement ?
La vie à l’américaine, j’aime bien. Après, je trouve qu’il est plus facile de trouver de la bonne nourriture en Californie qu’en Floride pour l’instant, mais ça ne fait pas longtemps qu’on y est, donc il faut trouver les bonnes adresses pour bien manger.
Mais le plus dur, ce sont les voyages. Le temps que tu passes dans l’avion, le temps que prennent tous les à-côtés… Tu dois prendre des bus, des navettes… En Europe, tu fais deux ou trois heures d’avion la plupart du temps, et c’est réglé.
Ici, c’est rapidement quatre ou cinq heures. La semaine dernière, on en avait six. Tu prends trois heures de jet lag dans la gueule, ça te bouffe une journée à chaque fois. Au final, les semaines sont vachement courtes ; ce sont des semaines de trois jours quand ça enchaîne course après course.
Honnêtement, rythme, voyages et tout, ça n’a rien à voir. C’est beaucoup plus dur, même s’il y a moins d’épreuves qu’en Grand Prix. C’est vraiment exigeant pour le corps. Je n’ose même pas imaginer ce que c’est pour les mecs qui enchaînent 17 Supercross, 11 Outdoors et le championnat SMX. Respect à eux, franchement.
Ça m’étonne, parce que je n’aurais jamais cru que tu me dises que ce sont les voyages le plus dur, alors qu’en GP tu prenais l’avion à chaque fois.
Oui, mais ça reste « facile » quand même. Les USA, c’est hyper grand. Les aéroports sont immenses, ce sont limite des villes à chaque fois, donc tu pars à l’aventure à chaque déplacement.
Pour l’anecdote, il m’est arrivé un truc en allant à Southwick. On est partis de Californie — à l’ouest — pour aller à la course — à l’est. On est partis le jeudi, et notre correspondance a d’abord été décalée, puis annulée. Je n’ai pas pu dormir dans la nuit de jeudi à vendredi. Il n’y avait pas de vol le vendredi pour aller à la course, on a fait 12 heures de bagnole pour y aller. J’ai dormi cinq heures en deux jours, je ne connaissais pas la piste, c’était du gros sable, il fallait mettre du gaz dès le deuxième tour… C’était une sacrée expérience ; ça fait partie des choses qui peuvent arriver quand tu voyages sur les épreuves aux USA.
Tu ne fais pas les journées de presse ?
J’aimerais, mais je ne peux pas toutes les faire. Tu as un nombre limité sur la saison. C’est vrai que quand j’ai pu faire la journée de presse, ça m’a vachement aidé pour le samedi, car ça rajoute 20 à 30 minutes de temps en piste. C’est comme faire une bonne séance d’essais. Si tu as un réglage à faire sur la moto, tu peux le faire dès le vendredi. C’est dommage que je ne puisse pas les faire à chaque fois, car ça me facilite pas mal la vie.
Southwick, on a tendance à penser que c’est le terrain qui ressemble le plus à ce qu’on retrouve en Europe. Dans les faits, c’est le cas ?
Je dirais que c’est ce qu’on connaît le mieux au niveau de la texture. Après, le terrain en lui-même ne ressemble pas à Lommel, mais oui, ça reste du sable, donc on a quand même l’habitude. C’est un mix avec la texture de Kegums, un peu de dur en dessous, mais ça reste incomparable à Lommel, car c’est beaucoup moins défoncé, et le terrain est beaucoup plus rapide. Lommel, pour moi, ça reste le terrain le plus dur du monde. Ça aurait pu bien se passer à Southwick, mais avec la mésaventure que je t’ai racontée, ça a été compliqué.
Le matin, j’ai fait le 29e temps de la première séance d’essais. J’ai signé le 10e ou 11e temps de la seconde séance, mais on roulait moins vite qu’en première, vu que le terrain était plus défoncé.
Je suis rentré très loin sur la grille, j’ai quand même pris de bons départs, mais j’ai eu des problèmes d’embrayage dans les deux manches, j’ai calé aussi. Je fais 14-14 en manches.
Finalement, tu avais probablement imaginé comment ça allait se dérouler pour toi cette saison aux USA depuis le temps que tu y pensais. Alors, est-ce que c’est ce à quoi tu t’attendais, ou c’est différent ?
C’est différent. Je pense que c’est à cause de la télé. On connaît tous les terrains puisqu’on regarde les courses, mais quand j’arrive sur les épreuves, je me dis souvent que ça n’a rien à voir avec ce que j’avais vu à la TV.
Et puis en termes de niveau, je trouve que devant, ça va extrêmement vite. On est souvent dans la comparaison, et c’est dur de comparer avec le MXGP, mais franchement, ça va très vite ; c’en est même impressionnant. Je pense aussi que ça faisait longtemps qu’ils n’avaient pas eu un championnat d’outdoor aussi relevé et aussi homogène en 450.
C’est top, ça fait de belles courses. Là, les quatre dernières, j’ai eu pas mal de mésaventures, autant avec la moto qu’avec d’autres pilotes, mais c’est comme ça.
C’est quoi qui t’impressionne le plus, concrètement ?
C’est surtout la vitesse, tout simplement. Ce week-end, je fais le 13e temps. Je crois que j’étais dans la même seconde que le top 10, et Jett me met six secondes au tour. Et pourtant, je roulais vraiment bien. Du coup, tu finis par te demander où il te met six secondes. Après, les terrains sont aussi beaucoup plus grands, donc les écarts sont plus importants, ça va avec. Mais en termes de vitesse pure, ça roule fort.
On entend parler de Jorge Prado, mais Jorge roule très bien. Même si c’est compliqué pour lui, il se bat. Le truc, c’est que ça va très vite devant.
Après huit épreuves, tu pointes aux portes du top 15 au championnat. Actuellement, tu as fait des manches solides et d’autres un peu plus compliquées. Quel regard portes-tu sur ce premier tiers de saison, finalement ?
On va dire que je suis déçu des quatre dernières, où j’ai eu des problèmes avec la moto. Là, comme à Washougal, je me fais couper en deux. Les deux derniers week-ends, je n’ai pas marqué de points. J’étais aux portes du top 10 du championnat et là, j’ai dégringolé. Ça fait chier, clairement. Mais il reste trois épreuves. On va tout faire pour être solide, rentrer dans les dix et être à ma place.
Dans l’ensemble, c’est plutôt positif, même si on veut toujours mieux. Les derniers week-ends m’ont coûté beaucoup de points. C’est dommage, car ce sont des choses qui pouvaient être évitées, mais c’est la mécanique. Tout ne s’est pas goupillé pour le mieux, mais on ne lâche rien. Il en reste trois. On va mettre les bouchées doubles.
Selon toi, il te manquerait quoi pour aller chercher le top 10 de manière régulière ? Au regard de ce que tu fais cette année et de ce que tu faisais en Grand Prix, j’ai l’impression que tes places restent finalement les mêmes.
Oui, à quelque chose près, on va dire. Pour jouer le top 10 à chaque fois, je pense que ça se joue au départ, et il faut tenir son rythme. Ça ne s’est pas goupillé correctement lors des quatre dernières, mais en termes de vitesse et de forme physique, je pense que le top 10, c’était ma place. À moi d’aller le chercher lors des trois dernières.
Tu es dans le top 30 du classement combiné pour le SuperMotocross. Ce n’est pas loin du top 20 actuellement. Si tu rentres dans les 20, tu es qualifié direct pour les playoffs ; sinon, tu passes par la LCQ. Est-ce que le championnat SuperMotocross est un objectif pour toi ?
Le championnat SMX, c’était prévu avec le team quand j’ai signé. C’était pour l’outdoor et le SMX. Dans tous les cas, je pense que c’est au programme. Je n’ai jamais fait de Supercross, ou alors il y a très longtemps, j’avais fait une épreuve à Lyon.
On verra bien. Je vais m’entraîner à Moto Sandbox au mois d’août et me préparer au mieux pour les épreuves du SMX. Honnêtement, je ne me prends pas la tête. Mon objectif personnel, c’était l’outdoor. Je veux finir la saison du mieux possible, et après on passera au SMX. Pour moi, on va dire que c’est du bonus.
Tu suis toujours les GP ? Et est-ce que ta perception du mondial a changé maintenant que tu as un peu découvert le championnat américain ?
Oui, je suis toujours. Je suis surtout Thibault [Benistant], parce qu’on est proches. Je regarde un peu quand j’ai le temps. Après, ça reste un beau championnat. Il y a juste les pistes, comme beaucoup de pilotes en ont parlé dernièrement, que je ne trouve pas terribles. Après, c’est sûr que j’ai un peu tourné la page.
Est-ce que tu commences à te projeter sur 2026 ? Est-ce qu’il y a des envies particulières, des idées qui émergent ? Tu as commencé à discuter un peu ?
L’objectif, c’est de continuer avec HEP. Ils sont contents de moi, donc je pense qu’il n’y a pas de raison. Les discussions ont un peu commencé ; on en saura plus dans quelques semaines. J’espère que courant août, début septembre, je serai fixé. En tout cas, le but, c’est de continuer avec eux pour l’année prochaine. Je ne pense pas qu’il y aura de Supercross à mon programme, mais outdoor et SMX, ce serait top.
Si tu restes aux USA, est-ce que tu pourrais envisager de faire du SX en 250 et remonter en 450 par la suite ? Il n’y a pas de règle d’éligibilité avec l’âge là-bas. Je fais référence à un gars comme Max Anstie, par exemple, qui a totalement relancé sa carrière en redescendant en 250.
Si je devais faire une saison de Supercross, ce serait dans tous les cas en 250. Le 450, c’est trop relevé et ce n’est pas possible pour moi de me lancer là-dedans. Mais là, le plan dans ma tête, c’est de faire le Motocross US et le SMX parce qu’il n’y a pas de whoops. À voir comment ça va évoluer avec HEP. On a déjà un peu parlé de tout ça. À voir les ambitions du team, je pense qu’ils attendent aussi de valider et prolonger Roczen pour pouvoir se projeter sur 2026. Le but pour moi, c’est de continuer avec eux et de faire une meilleure saison encore l’année prochaine.
Pour aller aux USA comme ça, inévitablement, tu as dû investir en toi-même. J’imagine que tu as posé un bon billet sur la table. Maintenant que plus de la moitié de la saison est passée, est-ce que tu arrives à rentrer dans tes frais ? Est-ce que tu vis correctement de ta saison aux USA ou c’est encore compliqué ?
Non, tout va bien de ce côté-là. Je suis très content du contrat que le team HEP m’a proposé. En plus de ça, il y a des bonus de l’AMA et de Suzuki, donc je n’ai pas à me plaindre là-dessus.
Tu envisagerais un retour en Grand Prix ?
Pas du tout.
Même si tu reçois une bonne offre ?
La bonne offre, ce serait dans un team officiel, et je pense que je n’intéresse plus. C’est vite réglé, il faut être réaliste. Ça a été dur à la fin de l’année dernière, quand on m’a fait comprendre que pour moi, c’était l’heure de dire stop alors que j’avais toujours la tête dedans. Mais maintenant, la page est tournée.
Je ne dis pas que je ne referai plus jamais de Grand Prix, mais à moins d’avoir une offre d’un team officiel – qui ne se présentera pas, je le sais – je ne reviendrai pas. Déjà pour les bons pilotes, c’est compliqué de trouver des guidons… Pour moi, la page MXGP est tournée. Je me concentre sur les US, en espérant continuer là-bas par la suite.
Est-ce que le fait d’être parti aux US comme ça, d’avoir vu qu’il y avait des opportunités, que ça pouvait fonctionner de ce côté-là, est-ce que tu penses que c’est quelque chose qui pourrait éventuellement prolonger ta carrière, peut-être au-delà de ce que tu aurais pu imaginer ?
Oui, c’est sûr. Quand tu n’as plus rien et que tu as la tête dans les Grands Prix, tu te dis qu’il faut que tu trouves une autre solution. Dans les moments difficiles, tu penses forcément à arrêter, mais si je peux encore faire quelques années dans de bonnes conditions comme actuellement, tout en me faisant plaisir et en étant bien entouré, je signe tout de suite. C’est le but, et je travaille pour ça. Ce n’est que du bonus. Je prends ce qu’il y a à prendre ! En tout cas, ça fait plaisir d’avoir ce soutien et cette reconnaissance de la part des teams là-bas. Je trouve qu’ils s’investissent vachement avec le pilote, et ça, ça fait plaisir.
Publié le 25 juillet 2025
