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Des nouvelles de Stephen Rubini

Images: Honda Racing Brasil

Elles datent, les dernières nouvelles de Stephen Rubini, et pour cause. Après un mandat en MXGP rapidement avorté l’an dernier, le pilote Français s’était concentré sur le championnat de France Elite MX1 avant de partir tenter sa chance sur quelques épreuves de l’outdoor US avec le soutien de Bud Racing. Sans réels plans par la suite, il avait saisi une opportunité pour effectuer deux courses au Brésil.

Avance rapide: Stephen est désormais exilé en Amérique du Sud avec un contrat de pilote officiel Honda Brésil, d’où le fait que le garçon ne fasse plus réellement parler de lui de lui de ce côté-ci de l’Atlantique. On a donc été prendre de ses nouvelles, pour en savoir un peu plus sur sa nouvelle vie, ses impressions et ses projets.

« Après la pige aux USA effectuée l’an dernier, je suis parti au Brésil pour faire les deux dernières courses du championnat avec le soutien de Honda Brésil. » nous confie Stephen. « J’ai été vachement surpris par le professionnalisme. Vu que ce n’est pas un championnat dont on entend vraiment parler, je pensais que c’était un championnat de seconde zone, mais pas du tout. C’était le top: une bonne organisation, de belles pistes et même des lives – gratuits – sur Youtube. Tout le monde peut regarder les courses, c’est incroyable et c’est super bien filmé. Chaque week-end, il y avait 15 ou 20.000 personnes qui regardaient les épreuves. Quand tu compares, en championnat de France, il n’y a pas de live ! Le boss de mon équipe est super gentil et – pour 2024 – il m’a fait une super proposition. Le top, c’est qu’il est également vraiment flexible; j’ai le droit de faire un peu ce que je veux. À la base, il était question de faire quelques courses aux US mais je n’ai pas pu à cause d’une blessure. Ce n’est que partie remise pour 2025, car j’ai signé un contrat de deux ans, donc je repars au Brésil pour l’année prochaine ! »

En 2024, Stephen Rubini n’aura participé qu’à une poignée d’épreuves au Brésil et concède que son calendrier était plutôt léger pour un garçon qui s’était habitué aux longues saisons en Europe. Présent sur le mondial, sur l’Elite mais aussi sur des courses de préparation et d’intersaison ces dernières saisons, Stephen Rubini a vu son planning de courses drastiquement réduit cette année. Son programme devrait toutefois s’étoffer la saison prochaine.

« À la base, j’espérais faire plus de courses. C’est vrai que cette saison, je me suis un peu tourné les pouces » plaisante le pilote Français. « Mais j’ai aussi envie de dire que c’était une année d’apprentissage au Brésil. J’ai insisté pour faire plus de courses en 2025. Avec le mondial, le championnat de France et tout le reste, on a l’habitude de faire entre 20 et 30 courses par an en Europe. Cette année, j’ai fait deux courses en Europe, puis sept courses avec un Arenacross au Brésil. Ça fait dix courses à peu près sur l’année; c’est light. L’objectif sera de faire les courses au Brésil, un maximum de courses aux US et quelques courses de préparation en Europe en 2025. Faire de la moto, c’est mon métier. J’aime ça, et j’ai forcément envie de rouler; je n’ai pas vraiment envie de m’entraîner un mois entre les épreuves. Toutefois, ça s’annonce bien car l’an prochain, il y aura un nouveau championnat de Supercross qui sera organisé par le promoteur du championnat de Motocross. Donc, on aura trois championnats: le Motocross, l’Arenacross et le Supercross. Le Supercross se disputera après la saison de Motocross, contrairement à l’Arenacross. Ce sera une bonne chose, pour ne pas mélanger les deux disciplines et pouvoir bien se concentrer sur un championnat à la fois. »

À l’heure où les pilotes n’hésitent plus à traverser les frontières pour dénicher les meilleures opportunités – qu’elles soient sportives comme financières – Stephen Rubini ne regrette pas son choix d’avoir quitté l’Europe et le championnat du monde pour évoluer au Brésil. Le pilote Français savoure son nouveau départ de l’autre côté de l’Atlantique et n’a pas – à cette heure-ci – prévu de revenir rouler en Europe à temps plein compte tenu de sa nouvelle situation; la chance sourit aux audacieux.

« Côté finances, on s’y retrouve plutôt bien. Pour te faire une idée, si tu gagnes tout en France – SX et MX – alors ça revient au même que si tu gagnes au Brésil, bien que la vie soit moins chère ici qu’en France. Dans l’ensemble, je pense être gagnant en étant ici. J’ai quand même un bon salaire, et même si on ne gagne pas d’argent en Motocross, on en gagne en Arenacross et en Supercross. Je ne paie pas grand chose ici, ni essence, ni trajets, ni entraînements, juste mon appartement. Mon team paye tout le reste et l’argent que je gagne, c’est pour moi. En comparaison sur le mondial, tu as ton salaire et mis à part les testings avec le team, tu paies tout le reste de ta poche. Ça a toujours plus ou moins été comme ça, je pense que c’est le cas dans la plupart des teams en mondial. Il faut parvenir à négocier ces choses dans ton contrat, mais si tu le fais, tu auras un salaire moins élevé. »

« Tu sais, la plus grande différence avec la France, c’est qu’au Brésil, ils prennent ça à la cool » nous explique Stephen quant aux principales différences avec nos championnats nationaux. « L’organisation aurait besoin d’être un peu plus à cheval sur les horaires parce que parfois, on se retrouve à avoir une heure de retard [rires]. D’un autre côté, les équipes investissent vachement et sont vraiment très professionnelles. Concernant les pistes, ce ne sont pas des terrains de grands prix ou des terrains d’outdoor US, mais on a de belles pistes bien préparées. Je n’ai pas à me plaindre, et on a déjà eu bien pire en championnat de France. Il faut savoir que le pays et le sport se développent rapidement. En Supercross, ils ont fait venir Dean Wilson, Mike Alessi, Ryan Breece; on a aussi eu Miro Sihvonen et encore Harri Kullas. Ça se développe beaucoup et je pense qu’on risque d’être surpris dans les années à venir. »

Cette année, Stephen Rubini est passé à 12 points du titre de champion du Brésil, s’inclinant face à la légende nationale Fabio Santos, qui a décroché son sixième titre en Motocross. Détenteur de la plaque rouge avant une mauvaise chute et une blessure à l’épaule en seconde moitié de saison, le pilote Français accuse le coup, mais compte bien prendre sa revanche la saison prochaine.

« Niveau objectif, je partais pour le titre cette année. » avoue Stephen. « Ça se passait bien jusqu’à la blessure. J’avais 26 points d’avance alors qu’il ne restait que trois courses. On devait disputer 2 épreuves en deux jours, c’était un peu spécial parce qu’on était sur le circuit de F1 à Interlagos; c’était un gros événement à l’image du salon de la moto à Milan, avec le Supercross qui se déroule en même temps. Je me suis déboîté l’épaule le vendredi sur une assez grosse chute, et j’ai dû finir le week-end comme ça. J’ai terminé sixième le samedi et le dimanche, j’ai sauvé les points en faisant 3 & 3. Je suis reparti avec 8 points de retard. Entre la blessure et la finale, on a eu 40 ou 50 jours à attendre et pendant cette période-là, je n’ai pu rouler que 4 fois. En finalité, je n’ai pas pu décrocher le titre donc forcément, j’ai un peu les boules. Même encore à ce jour, je n’ai toujours pas récupéré à 100% de mon épaule, et on est passé à 2 doigts de l’opération. »

En 2025, Stephen Rubini se lancera à l’assaut du championnat de Supercross Brésilien; une discipline que le pilote Français découvre encore, et dans laquelle il compte bien persévérer. Supercross US, World Supercross, Indian Supercross Racing League, ADAC, SX Tour … Autant dire que les opportunités ne manquent pas, et Stephen sait que persister et performer en Supercross lui ouvrira également des portes pour la suite.

« Cette année, je n’ai fait qu’une course en supercross. Je me suis bien senti, mais je manque énormément d’entraînement. Surtout, tu affrontes des pilotes qui en font plus ou moins tout le temps. J’ai vu que je manquais énormément d’intensité, surtout dans les premiers tours. Mais une fois que j’ai mon rythme, je roule bien. C’est vrai qu’il faudrait que j’en fasse beaucoup plus pour me sentir à l’aise. Mais c’est sûr que c’est quelque chose qui me botterait. J’ai envie d’essayer d’aller aux U.S. et de faire du supercross. Ça me botterait bien de faire le World Supercross, également. Mon team est en contact avec Firepower Honda, par exemple. Dans le futur, je pourrais peut-être faire un petit stage de quelques semaines là-bas, et m’essayer un peu plus au supercross sur de grosses pistes. Il y a des portes qui peuvent s’ouvrir. Je ne suis vraiment pas fermé aujourd’hui et notamment grâce à mon team qui me permet de faire beaucoup de choses. »

2025 marquera également un nouveau tournant dans la carrière de Stephen Rubini, qui se lance dans le coaching de pilotes via sa nouvelle plateforme Moto Peak Performance. Un coaching dédié aux pilotes de tous niveaux, mais surtout aux pilotes désireux de franchir de nouveaux caps à l’entraînement en bénéficiant de programmes physiques, d’un accompagnement technique, mais aussi d’un suivi diététique.

« C’est un projet que j’ai avec un ami d’enfance, Thomas Couelle, qui est un coach sportif diplomé d’État. Ça fait quelques mois qu’on se prépare, et c’est quelque chose qui pourra aider, et servir, tout le monde.

Moto Peak Performance, ce sera des programmes d’entraînement physique et moto en ligne. Il y aura plusieurs programmes, le plus basique avec l’entraînement moto et physique pour se préparer dans de bonnes conditions, et ça ira jusqu’à un programme plus poussé où le pilote pourra être en contact avec nous directement et nous envoyer des vidéos afin de l’aider dans sa progression, l’aider sur les points techniques, sur la moto. On proposera aussi de l’accompagnement en diététique, pour ceux qui désirent aussi pousser un peu plus loin dans la préparation. C’est fait pour tout le monde: pour un débutant qui veut progresser, comme pour le pilote qui veut franchir un nouveau step en compétition.

On envisage de faire des stages durant la période hivernale pour retrouver les pilotes du programme. On est en pleine période de lancement, ça va progresser petit à petit. C’est un projet qui nous tient à cœur et – personnellement – avec mon parcours et mon expérience, je pense pouvoir aider énormément de personnes. J’ai travaillé avec beaucoup de gens, de très bons entraîneurs, et mon objectif est de pouvoir trier et adapter tout ce que j’ai pu emmagasiner comme information aux pilotes et ça, selon leurs profils, attentes et objectifs.

J’apprécie vraiment de filer mon coup de main pour aider les autres à progresser. J’ai commencé à travailler avec certains pilotes au Brésil, à leur filer un coup de main, des conseils ici et là, et c’est quelque chose que j’aime vraiment. Après carrière, je sais que ce sera à mon tour de transmettre mon savoir et mes connaissances.

Pour l’instant, les gens peuvent nous suivre sur les réseaux sociaux et d’ici Novembre, le site internet sera en ligne. Sur les réseaux, on va proposer – gratuitement – des exercices à travailler, des conseils physiques, des conseils sur l’entraînement. Ce sera aussi une façon pour nous de montrer ce qu’on propose aux gens. »

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