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Jett Lawrence « Les finales de 20 minutes comme ça, c’est ce qui me fait vibrer »

Images: FELD

Jett Lawrence a effacé la déconvenue d’Anaheim 1 à San Diego, mais le champion en titre s’est incliné face à Eli Tomac ce samedi. Mal partis en finale, Jett comme Eli ont su se frayer un chemin parmi leurs adversaires pour se livrer à un beau duel pour la victoire. Le pilote Star Racing Yamaha l’emportera finalement devant l’officiel Honda HRC. Un affrontement qui était attendu. Micro.

Jett, tu t’es battu avec Eli pour la gagne ce soir. Qu’est-ce que tu as appris à San Diego, d’Eli, des trajectoires, etc ?

Eli m’a doublé en début de course, et on s’est redoublé quelques fois lors des premiers tours. Il a fini par me reprendre après les whoops. Il roulait vraiment fort, et ça m’a pris du temps de trouver quelques traces. Après les mécaniciens, il fallait que je rentre dans les virages un peu plus tard pour profiter d’un peu plus de traction, surtout dans le second virage. Eli allait à l’extérieur avant le triple qui suivait; toutes ces petites choses. Après l’autre gros triple, Eli prenait beaucoup de vitesse dans le virage suivant; il passait bien mieux que moi parce que je n’arrêtais pas d’essayer de rester sur le côté droit et je perdais un peu de temps. Du coup, sur le reste de la piste, je devais me défoncer encore plus pour essayer de refaire le temps perdu, et recoller. Je pense que c’est vraiment ce qui a ruiné mes chances, et qui m’a empêché de tenter quelque chose. C’était fun quand même, j’aime quand ça roule comme ça. Quand c’est propre, qu’on repousse nos limites, qu’on cherche de nouvelles trajectoires. C’était drôle de voir que dans les virages au niveau de la ligne de départ, on avait des choix complètement différents. Ça aurait été vraiment cool que vous puissiez vivre cette course de mon point de vue !

L’an dernier, tu as battu Eli pour la première fois et une de tes réponses en conférence de presse a en quelque sorte démarré une rivalité avec lui. Ce soir, il t’a battu, et on a vu qu’il avait ce qu’il fallait pour rouler 20 minutes comme ça.

Je pense que les médias ont vraiment pris mon commentaire de travers. Eli est un pilote très intelligent et lors de cette soirée l’an dernier, il était évident qu’il avait rencontré des problèmes. Peut-être qu’il n’était pas à l’aise avec les réglages de sa moto, ou quelque chose d’autre, mais il n’était pas à l’aise. J’ai déjà connu des soirées comme ça, lors desquelles tu ne peux pas trop attaquer. J’ai donc dit que je ne pensais pas qu’Eli avait vraiment montré ce qu’il avait dans le ventre. Dans ma tête, je sais à peu près à quoi ça ressemble quand Eli est au taquet; il prend les virages à fond, il dépose tout le monde. Vous avez juste sorti ma phrase de son contexte !

Les finales de 20 minutes comme ça, c’est ce qui me fait vibrer. Je prends vraiment beaucoup de plaisir lors de ces courses. Tu cherches la moindre petite erreur que l’autre va faire, tu es obligé de réfléchir tout le temps. Je préfère ça aux courses où tu te retrouves tout seul devant et tu te contentes de rallier l’arrivée alors que tu te sens vraiment bien et prêt à te battre.

Là, j’ai beaucoup appris et je suis sûr qu’Eli a appris aussi de ma façon de rouler. Ça nous permettra aussi de faire de belles courses ensemble à l’avenir. Derrière lui, c’était cool de voir à quel point notre approche de la course était différente, sa façon d’aborder la piste par rapport à la mienne, mais aussi les différences entre nos deux motos. C’était fun, et je sais que ce soir, Eli était au taquet, et c’est exactement ce que j’attendais de lui quand je disais que je voulais le voir rentrer dans son « Beast Mode ».

Une fois défait de Cooper Webb, Eli et Jett lui ont collé 18 secondes lors de la finale de San Diego

C’est la première fois qu’on te voit te battre avec Eli comme ça. Quelles sont les émotions à l’arrivée de cette finale ?

Honnêtement, je suis plutôt content. Deuxième, c’est bien mieux que douzième donc je suis content de cette seconde place. C’est 10 places de mieux qu’à Anaheim 1, donc il faut aussi savoir tirer le positif quand il y a du positif. C’est vraiment fun de pouvoir rouler contre un pilote qui ne va pas essayer de te découper en deux ou de te balayer la roue avant. Tu peux vraiment mettre en place une stratégie de course; c’est la même chode avec Cooper Webb. On peut parfois être vraiment proches sur la piste, mais tu sais très bien que si on finit par se toucher, c’est parce que l’un ou l’autre a fait une erreur ou perdu l’équilibre. La plupart du temps, on plonge à l’intérieur, on recoupe, on va au plus proche, on essaye de déstabiliser l’autre, on essaye de lui faire peur mais ça ne marche pas avec tous les mecs dans cette catégorie, parce qu’ils sont vraiment déterminés.

C’était vraiment fun de se battre avec Eli et de revenir de derrière. On était roue dans roue en début de course et je l’ai doublé en prenant l’extérieur dans le sable. J’ai été vraiment débile par la suite en changeant de ligne et en prenant l’intérieur, et il m’a redoublé. Bien sûr, j’aurais aimé gagner parce que tu veux toujours gagner, mais il faut prendre le positif et surtout profiter quand une course est aussi fun que celle-là.

Dans les whoops, tu passais au milieu dans l’ornière alors qu’Eli passait à droite. Pourquoi est-ce que tu t’es cantonné à cette trajectoire ?

Franchement, j’essayais juste de rester sur la piste dans les whoops. Peu importe où j’allais, je finissais par me retrouver dans cette ornière au milieu des whoops la plupart du temps. Sur les côtés, les whoops n’étaient pas si mal mais je galérais parce qu’ils avaient tous une taille un peu différente. J’ai continué d’utiliser cette trace parce que quand je passais bien, c’était vraiment simple. Une fois que tu commences à jouer avec les côtés dans les whoops, ça peut bien comme mal se passer. Je me suis senti plus à l’aise en prenant cette trace au milieu. J’ai été un peu têtu de ne pas changer ma trace, je pense que c’est là que je perdais du temps sur Eli alors que lui montait plus haut dans le virage, et parvenait à bien dribbler sur le côté.

La nouvelle 450 CR-F n’est pas encore domptée par l’équipe Honda HRC

Tu n’étais pas à l’aise avec la moto en arrivant à Anaheim 1, ce n’est pas un secret. Tu es resté en Californie au lieu de rentrer chez toi après la première épreuve. Qu’est-ce que tu as trouvé sur la moto pour que tu sois bien meilleur ce soir ?

On a trouvé un peu plus de confort et de contrôle au niveau des suspensions, mais aussi de l’arrière de la moto. Le châssis de l’an dernier était bien plus rigide que celui de cette année, donc on peut rouler sur des suspensions plus souples. Un autre gros changement qu’on a fait, c’est au niveau de la transmission et surtout pour le départ. Le week-end dernier, c’était la fête des wheelings, surtout pour moi plus que pour Hunter. J’ai galéré à garder la roue avant au sol aux départs et ça m’a vraiment coûté cher. On a travaillé là-dessus pour essayer d’éliminer ces mauvais départs mais j’ai quand même réussi à me foirer ce soir.

On a aussi fait en sorte de pouvoir vraiment bien contrôler l’avant de la moto. À Anaheim 1, c’était glissant et l’avant avait tendance à partir alors que l’arrière était vraiment raide. Il est aussi question de se débarrasser des habitudes que j’avais sur l’ancien millésime. La moto de l’an dernier était vraiment haute de l’arrière, donc j’ai tendance à charger l’arrière dans les virages. J’en suis presque devenu un peu fainéant. Cette moto a un peu plus de SAG que celle de l’an dernier, c’est mieux pour la traction mais il faut que je reste un peu plus sur l’avant de la moto. On a changé de guidon avant la manche qualificative pour un guidon un peu plus haut. Avant le programme de soirée, on a réalisé que j’avais tendance à me laisser partir sur l’arrière, etc …

Je me sens de mieux en mieux sur la moto chaque jour, on apprend encore, c’est un nouveau châssis et de nouvelles pistes aussi. Oui, on a bien roulé avec cette moto sur les terrains du championnat SMX mais c’est vraiment très différent. J’aime apprendre, donc c’est un défi sympa à relever.

Il y a eu ce gros quadruple ce week-end. D’habitude, quand vous sautez un truc aussi gros lors de la journée de presse, ils modifient la piste. Là non. Les 250 le passaient aussi. Tu penses quoi de ce genre d’enchaînement ?

Les préparateurs de piste sont venus me voir après la journée de presse. Ils ne s’attendaient pas à ce qu’on fasse un quadruple à cet endroit-là. D’un autre côté … Il y avait un énorme appel et 4 bosses avec de l’espace derrière, donc bien sûr qu’on allait bien voir un idiot se lancer dessus et j’ai été cet idiot là [rires]. Je leur ai juste dit que ça passait, mais qu’il allait falloir revoir la réception et faire en sorte que ce soit un peu plus sécurisé parce que de base, la réception était vraiment raide. C’était fun,même si je préfère quand c’est un peu plus technique et difficile, le genre d’enchaînement que tu ne peux pas passer si tu te loupes un peu. Là, même si tu te mettais long sur le triple d’avant, tu pouvais ouvrir en grand et le passer quand même. Bon, je me suis mis court à quelques reprises … C’était cool et moi, j’aime les gros sauts !

Jett Lawrence « Les finales de 20 minutes comme ça, c’est ce qui me fait vibrer »
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