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RJ Hampshire “La route a été longue mais j’ai toujours fait le travail”

Images: Husqvarna

Il aura fallu dix ans à RJ Hampshire pour – enfin – parvenir à décrocher son premier titre AMA. Battu par un certain Jett Lawrence en 2022 & 2023, l’officiel Rockstar Energy Husqvarna vient d’être titré champion de Supercross 250 Ouest en remportant son duel final face à Levi Kitchen à Salt Lake City. Le Graal en poche, le garçon espère pouvoir défendre sa couronne l’an prochain et faire la transition définitive à la catégorie 450. Micro, après un titre fraîchement décroché.

RJ, avec tout ce que tu as traversé et le temps que ça t’a pris de décrocher ce titre, il représente quoi pour toi ?

C’est très spécial, et très émouvant. Je pourrais en parler pendant des heures. Tout le monde à sa propre histoire, et j’étais bien déterminé à écrire la mienne. Décrocher un titre, faire partie de ceux-là, c’est vraiment spécial. J’ai connu beaucoup de hauts et de bas, mais beaucoup de personnes ont continué de croire en moi. Mon entourage est réduit, mais c’est le meilleur groupe que je pourrais avoir et ça se voit. Ils jouent un rôle important dans mes résultats et mes performances à chaque week-end. Je n’y changerai rien.

À quel moment de la course as-tu réalisé que le titre était pour toi à Salt Lake City ?

J’étais le pilote le plus rapide en piste toute la journée. J’étais en mesure d’avoir la vitesse nécessaire. J’ai pris un bon départ en finale, c’est ce qu’il fallait faire. J’essayais surtout d’éviter les ennuis. Jordon Smith m’a repris à l’intérieur assez rapidement, et ça m’allait très bien. Je l’ai suivi. Je faisais triple sur la table après le gros triple, je ne sais pas trop pourquoi je faisais ça. Après quelques tours, je me suis dit “calme toi“. À 6 minutes de la fin de la finale, dans le long enchaînement, j’ai regardé autour de moi et j’ai vu où était Levi. Je savais que je pouvais faire les tours restants sans problèmes. J’ai changé mes trajectoires pour limiter la prise de risque. Après la ligne droite, je faisais un intérieur, enroulé et double. Dans les whoops, je faisais un 3-3-3 plutôt rapide. Quand Jordon est tombé à la fin, Haiden était devant moi et je voyais que je le rattrapais. Je me disais “Mec, s’il te plaît, trace, je n’ai aucune envie de me battre pour là gagne, reste loin de moi !”. Il était limite dans les whoops et j’étais là “saute les !” puis il s’est pris un ballot de paille qui s’est retrouvé devant moi. C’était un peu trop chaud à mon goût. Je crois que c’est la première fois de ma vie que je suis en piste que je ne veux pas gagner, et rester loin du mec devant.

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Tu as été le plus rapide toute la journée. As-tu été surpris de voir que Levi était si fort lors de la manche qualificative ?

Levi a été très fort toute l’année. Quand il prend un bon départ, il est vraiment solide. On a beaucoup de respect l’un pour l’autre. J’aurais pu tenter un truc stupide dans cette manche qualificative, mais je voulais vraiment me concentrer et tout donner lors du départ de la finale. Je savais qu’il fallait que je parte devant lui. J’ai fait des dépassements plus facilement que lui lors de la finale pour revenir vers l’avant. Une fois que je savais où il était en piste, que je savais que mes temps au tour étaient bons, je n’étais pas trop inquiet.

Tu as déjà été dans la course au titre. As-tu fait quelque chose différemment cette année ? C’est grâce à l’expérience, un genre de message à la jeune génération genre “persévérez, et ça finira par payer” ?

Non, on a tous notre propre histoire. Tout le monde peut regarder mon parcours, j’ai contracté de sérieuses blessures. En 2015, j’ai fait une grosse commotion cérébrale; je ne me souviens pas des courses des deux années précédentes, je ne pourrais même pas vous en parler. Chaque pilote a sa propre histoire. La route a été longue mais j’ai toujours fait le travail, j’ai cru en moi et j’ai réussi à me sortir de situations où d’autres n’auraient peut-être pas pu. La seule chose que j’ai toujours mise au premier plan avec un point d’honneur, ce sont les relations que j’ai entretenu avec tous ceux avec qui j’ai travaillé par le passé. Vous ne trouverez personne avec qui j’ai eu des problèmes et je pense que c’est très important.

Tu disais être déjà content d’arriver à la dernière épreuve égalité aux points. Maintenant que tu as ce titre, c’est du poids en moins sur tes épaules, un soulagement ?

Franchement, le mardi avant l’épreuve a probablement été la journée la plus difficile pour moi. Probablement la pire journée que j’ai vécue jusqu’ici. Il fallait que j’inverse la tendance, je pensais à trop de choses et il fallait que je roule. Il fallait que j’arrête d’y penser, que je me dise que ça allait être du plaisir. J’ai dit à tout le monde que j’allais être le plus rapide en piste dès qu’on serait dessus, et même lors de la journée de presse. J’étais plutôt confiant en arrivant ici, pas vraiment stressé, mais le délai à cause de la pluie ça craignait pas mal parce qu’on a attendu et j’ai eu le temps de penser à plein de choses. Ça s’est quand même bien terminé pour moi.

Maintenant que c’est fait, penses-tu que la confiance et ton expérience vont t’aider lors de la prochaine saison d’outdoor ? Est-ce que ça te permet d’approcher la suite de la saison en étant plus détendu ?

Oui et non. J’ai un peu roulé en Outdoor il y a quelques semaines, mais vu comment ça se présentait avec la finale du Supercross je n’ai pas re-roulé en Motocross ces derniers temps, honnêtement. Je me sens quand même très bien sur la moto et j’ai de bons réglages qui m’attendent. J’aimerais pouvoir me battre pour le titre sur l’outdoor, je pense en être capable. Comme je l’ai dit au début de l’année, 2024 ce sera l’année du #24 ! Je vais essayer d’aller chercher le titre sur l’outdoor, également.

On a vu du bon et du moins bon cette année mais lors de la finale, tu étais là à chaque session. Qu’est-ce qui a changé ?

Difficile à dire. Je me suis juste bien senti sur la moto. J’ai de très bons réglages et on ne s’en éloigne jamais trop. On a fait des changements après Saint Louis et je me suis fait fumer, je me suis fait botter le cul deux week-ends de suite. J’avais besoin de quelque chose de différent, donc on a fait de nouveaux changements par la suite et je n’en changerais probablement plus désormais. Je pense que ces réglages m’aident beaucoup avec mon style de pilotage.

Est-ce que tu sais si tu monteras en 450 l’an prochain ou si tu défendras ton titre ?

Là, c’est probablement le meilleur moment pour discuter de mon extension de contrat ! [rires]. Ce que j’aimerais faire, et je pense que ça va arriver, ce serait de faire toute l’intersaison en 450, m’entraîner comme si j’allais rouler en 450 l’an prochain. Puis défendre mon titre sur la côte Ouest en 250 l’an prochain, pouvoir rouler en 450 sur la côte Est et faire tout l’outdoor en 450; voilà ce que je veux faire l’an prochain.

Tu as terminé vice-champion en Supercross derrière Jett en 2022 & 2023. Comment compares-tu ton niveau et ton programme de cette année, avec les deux dernières ?

Dans la globalité, ça s’est amélioré, mais il faut se souvenir que j’ai dû rouler contre Jett Lawrence qui a démoli la catégorie 450 cette année; donc c’est difficile de vraiment comparer. Très franchement, je sais que je ne serai même plus éligible à la catégorie 250 si le règlement n’avait pas changé depuis que je suis arrivé chez les pros. J’ai de la chance d’être toujours présent, et de continuer à m’améliorer. Je sais que j’en ai encore sous le coude, et que je peux être performant en 450. C’est dingue, mais j’ai 28 ans et j’ai l’impression de continuer à apprendre des trucs.

Tu penses quoi de cette règle d’éligibilité ?

C’est différent de ce qui était appliqué par le passé. Nos sponsors tirent beaucoup de profits de ma présence en 250, et ça ne serait pas le cas si je n’étais pas dans cette catégorie. Du point de vue du business, de l’exposition, il n’y a vraiment rien de mal à ça. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, on est toujours au top niveau. Il faut l’être en 250. Moi, j’ai beaucoup appris, j’ai changé de teams, et il se passe beaucoup de choses derrière les portes fermées. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Je ne saurais pas vraiment dire si la règle d’éligibilité est bonne ou mauvaise, mais je ne sais pas si je la changerai. Selon moi, tu devrais pouvoir rouler aussi longtemps que tu le veux dans une catégorie, et si tu décroches un titre, alors tu dois monter. Si tu me donnes la possibilité de défendre mon titre l’an prochain, à 100%, je vais la saisir.

Et la division des côtes, tu en penses quoi ?

De mon point de vue, disons qu’on devrait faire 4 rounds à l’Est, 4 rounds à l’Ouest, et combiner les côtes pour le reste. Il y aurait plus de confrontations et on ne pourrait pas vraiment s’en plaindre, car ça offrira encore plus de spectacle aux fans.

Fun fact: le premier succès notable d’RJ Hampshire n’a pas été décroché sur un championnat AMA, mais sur le mondial MX2. RJ avait remporté le tout dernier GP des USA (2017), en s’imposant à Jacksonville @DR

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