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Romain Febvre « Ce n’est jamais joué avant que le titre ne soit décerné »

Images: DailyMotocross

En s’imposant à Lugo ce week-end, Romain Febvre décroche son second succès de saison après avoir ouvert son compteur en Sardaigne. S’il s’est facilement imposé en première manche en menant la course de bout en bout, le pilote Français chutera dès le début de la seconde manche, et alors qu’il avait de nouveau signé le meilleur départ. Le couteau entre les dents, Romain repartira, et parviendra à aller chercher une seconde place synonyme de victoire du grand prix. Il reprend également 6 points d’avance au championnat sur Lucas Coenen; un garçon qui s’était imposé en Suisse, comme au Portugal.

« Je suis parti en tête de la seconde manche, mais je suis tombé dans le second tour » explique Romain Febvre au soir de sa victoire à Lugo. « Dans une réception après une table, il y avait une portion vraiment délicate avec beaucoup de boue, de traces et de trous. J’ai voulu prendre l’une des traces à l’intérieur, mais j’ai sauté un peu trop sur le côté et je ne sais pas trop … j’avais quand même en tête de prendre l’une de ces traces. J’ai voulu changer au dernier moment mais c’était trop tard, et c’est là que je suis tombé. C’est de ma faute. Il m’a fallu du temps pour relever la moto, parce que je n’arrivais pas à bien l’attraper. Je suis reparti assez loin, mais j’ai trouvé des solutions pour dépasser sur la piste, et je suis revenu en seconde position. C’était une bonne course quand même. »

Pointé 7ème après son erreur en début de manche, Romain Febvre voyait la victoire de journée lui glisser des mains au profit de Lucas Coenen, mais le Français reviendra rapidement en cinquième position derrière Jeremy Seewer. Une fois défait du pilote Ducati, Romain ira également chercher Ruben Fernandez et Calvin Vlaanderen. Le 1-2 de Romain battant le 4-1 de Lucas, c’est avec une Marseillaise qui viendra clôturer le GP de Lugo.

«En début de course, je ne sais pas trop pourquoi, mais je pensais que Maxime Renaux était en tête, et que Lucas était second » continue Romain. « Je me suis dit que la victoire de journée s’était envolée. Puis mon mécanicien m’a panneauté, et j’ai su que Maxime n’était pas en tête. C’est drôle parce que quand je roule – parfois – je peux vraiment penser à plein de choses en même temps. À partir de là, j’ai su que Lucas était devant, avec Calvin et Ruben. J’étais quatrième et la victoire de journée était encore jouable. Je savais aussi qu’il fallait que je termine au moins troisième pour gagner le Grand Prix. Comme je l’ai dit, j’ai trouvé de bonnes traces, et j’ai pu revenir second; je suis vraiment content de ma journée. »

La première manche ne sera qu’une formalité pour Romain, qui mènera de bout en bout sans être inquiété

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Après deux GP humides au Portugal et en Espagne, le mondial MXGP marque une pause d’une semaine avant de prendre la direction d’Ernée pour le Grand Prix de France, 9ème rendez-vous de la saison 2025. Un GP cher à Romain qui évoluera devant son public pour la seconde fois de l’année; la plaque rouge en prime.

« J’ai hâte d’aller à Ernée. Apparemment, ils ont fait quelques changements sur le tracé. C’est toujours cool d’aller là-bas, et toujours cool de découvrir de nouvelles choses. Rouler devant les fans Français, c’est toujours spécial aussi. J’espère qu’on aura une bonne météo, parce qu’on n’a fait qu’un seul Grand Prix sans avoir de pluie jusqu’à présent, en huit épreuves… Dans ce genre de conditions, il faut aussi avoir un peu de chance parce que si tu tombes et que tu mets les mains par terre, c’est terminé. J’ai envie de faire un GP sur le sec, alors j’espère que la météo sera de la partie. Je vais avoir une tenue aux couleurs de la France, et j’ai aussi demandé aux Japonais de faire un petit truc sur la moto pour l’occasion, ce sera une petite surprise pour la France. »

En l’absence de Tim Gajser, Romain Febvre doit toujours conjuguer avec un adversaire de taille: Lucas Coenen. Rookie en catégorie reine cette année, le jeune pilote De Carli KTM s’est rapidement imposé comme l’un des prétendants à la victoire. Il décrochera son premier succès chez les gros bras en Suisse, puis réitèrera la performance au Portugal deux semaines plus tard. Un vétéran, un rookie, et un objectif commun: le titre de champion du monde MXGP.

« Quand tu es un rookie, tu te fiches pas mal de tout » confie Romain qui se remémore ses débuts en MXGP. « Les résultats importent peu, tu a tout à apprendre. Je pense que lors de ma première saison en MXGP, j’étais un peu dans les mêmes conditions que Lucas. Tu n’as rien à prouver, tu fais ce que tu veux, ce que tu peux aussi. Si c’est un podium, tant mieux. Si c’est une victoire, c’est parfait. Lucas n’a rien à perdre, et je pense qu’il a déjà prouvé ce dont il était capable; c’est une bonne chose pour lui. Moi, j’ai l’expérience. D’une certaine façon, c’est plus simple de gérer une saison avec l’expérience, et pas seulement gérer une course. Je suis aussi honnête avec moi-même, je sais sur quoi je dois travailler et ce que je peux laisser de côté, je sais ce à quoi je dois faire attention. Avec l’expérience, tu es capable de mieux juger ce que tu dois faire en général, mais aussi pendant les courses. »

Après son erreur, Romain Febvre est bien revenu en seconde manche

Romain Febvre n’avait plus porté la plaque rouge depuis 2021 mais cette année-là, le pilote Français ne comptait que quelques unités d’avance sur Jeffrey Herlings et Tim Gajser et le titre lui glissera finalement des doigts lors du dernier GP de la saison. Cette fois-ci, le Français est non seulement en tête du championnat, mais il dispose aussi d’une avance de 49 points sur son premier poursuivant. Un scénario qui ne s’était plus présenté depuis la saison 2015; année du premier – et dernier – sacre de Romain Febvre en catégorie reine.

« C’est sûr que je suis dans une bonne position, je ne vais pas mentir » conclut Romain. « Mais comme on l’a vu avec Tim [Gajser], et comme on l’a déjà vu à maintes reprises auparavant, tout peut arriver. On fait un sport difficile, et les blessures font partie de ce sport. Tu peux tomber à l’entraînement ou lors d’une course. Même si tu fais attention, ça peut arriver vite. En seconde manche, je suis tombé alors que je ne voulais prendre aucun risque. C’est arrivé très vite, alors que je menais, et que je faisais attention. J’aurai pu me blesser; c’est difficile d’éviter les blessures dans ce sport. Donc oui, je suis dans une bonne position au championnat, mais on n’est pas encore à la mi-saison. Ce n’est jamais joué avant que le titre ne soit décerné. J’essaye de garder la tête froide, je sais ce sur quoi je dois bosser, comme les départs par exemple. Mais oui, c’est sûr que pour l’instant, ça se passe vraiment bien. »

Romain Febvre « Ce n’est jamais joué avant que le titre ne soit décerné »
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