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Romain Febvre « Ce second titre a encore meilleure saveur que le premier »

Images: Ray Archer

Romain Febvre l’a fait. Champion du monde MXGP pour la seconde fois de sa carrière – à 10 ans d’intervalle – le pilote Français savoure un second sacre amplement mérité. Arrivé en Australie avec une large avance aux points sur Lucas Coenen, le pilote Français n’était pas franchement sous pression mais rien n’est jamais joué d’avance, et le déroulement de la seconde manche MX2 de Darwin nous l’aura de nouveau démontré. Ce dimanche, Romain n’avait besoin que de terminer dans le top 16 de la première manche pour être titré en cas de victoire de Lucas Coenen. L’officiel De Carli KTM s’est bien imposé, alors que Romain accrochait la quatrième place. Le titre était alors décerné.

« Je me sens vraiment super bien » lâche Romain Febvre. « C’est juste un rêve qui devient réalité que d’être à nouveau champion du monde. Ce second titre a encore meilleure saveur que le premier. Lors du premier sacre, j’étais jeune et sans attente particulière. Là, c’est différent. Je me souviens que lorsque j’ai décroché ce premier titre en 2015, j’étais tellement pris dans tout ce qui se passait que je n’ai pas vraiment pu prendre du recul et en profiter. Aujourd’hui, dix ans plus tard, je vais savourer chaque instant. Cette saison a été vraiment difficile pour nous tous, mais je l’ai très bien gérée. J’ai dû travailler dur pour – comme tout le monde – mais je n’ai pas reculé, je ne me suis pas blessé comme toutes les années précédentes où c’était si compliqué. J’ai traversé cette période, et redevenir champion du monde est un immense soulagement. Maintenant, je vais profiter un peu plus de ce moment après mon titre. Je suis très reconnaissant pour toutes les opportunités que j’ai eues dans ma vie, j’ai une belle famille, une magnifique petite fille, et c’est ça qui compte aujourd’hui. »

Si Romain abordait la fin de saison avec une belle marge de manœuvre, le pilote Français s’est retrouvé sous pression à quelques reprises, voyant notamment Lucas Coenen revenir à 9 petits points au championnat après le GP de Belgique. Oui, Romain a pu douter, mais Romain n’a jamais relâché son effort, ni sa concentration.

« Bien sûr, tout le monde a des doutes à certains moments» concède le nouveau champion du monde MXGP.  «Quand tu joues un titre, tu comptes les points. L’écart était retombé à neuf points après Lommel, neuf ce n’est rien avec autant de Grands Prix restants. J’ai dû traverser ça et continuer à attaquer, j’ai fait du mieux que je pouvais. Neuf points, c’était comme recommencer tout le championnat à zéro. J’ai dû travailler encore plus dur et me préparer mentalement aussi, car quand la pression est là, c’est différent. Quand tu es celui qui chasse, la pression est différente et c’est un peu plus facile que lorsqu’on te chasse. Cependant, j’ai savouré chaque course, même la dernière. Dans la dernière manche de l’année, j’étais devant, à rouler avec les autres gars. Bien sûr, après la Chine, je n’avais plus autant de stress ni de pression sur les épaules, mais j’ai profité de chaque instant quand même. »

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Quatre ans plus tôt, Romain Febvre avait abordé la finale du championnat MXGP avec la plaque rouge à Mantova. Il concédait finalement le titre à Jeffrey Herlings pour 5 unités. Le Français attendait de pouvoir prendre sa revanche, pour mettre – définitivement – cette saison derrière lui.

« Je me souviendrai toujours d’avoir perdu le titre pour cinq points en 2021 » admet-il. « Quand tu affrontes les meilleurs pilotes du monde, tu dois être prêt à tout ; j’étais face à Jeffrey et Tim, c’était une longue saison, une longue bataille. Je pense que ça m’a appris à être un peu plus régulier à chaque Grand Prix. Ça m’a appris à trouver des solutions pour rester dans le coup même lors d’une mauvaise journée. Et aussi, si l’écart se réduit, à ne pas paniquer et à ne pas commencer à tout changer. C’est ce qui s’est passé à Lommel. Lucas n’était plus qu’à neuf points de moi et je savais que si je continuais à faire la même chose, ça fonctionnerait sur les circuits qui arrivaient, que j’aimais bien. C’est ce que j’ai fait et ça a payé. »

Le titre en poche, Romain n’oublie pas de reconnaître le talent de Lucas Coenen, qui aura été son plus sérieux adversaire cette année. Malgré son statut de rookie dans la catégorie reine, le pilote Belge a fait preuve d’une aisance et d’une facilité parfois déconcertante sur la 450 SX-F. Au terme du championnat, Lucas est finalement celui qui a remporté le plus de manches (14, plus 8 manches qualificatives) mais aussi le plus de GP: 6.

« Tout le monde pourra reconnaître que Lucas a été incroyable cette année, surtout en considérant qu’il était nouveau dans la catégorie, et vraiment très jeune Normalement, les rookies montent quand ils sont un peu plus âgés et donc plus expérimentés. À mi-saison, je savais déjà que Lucas allait être mon principal adversaire pour le titre. C’est fou. Toute sa carrière est encore devant lui. Je savais aussi, avec mon expérience, ce que ça fait d’être rookie. J’ai moi-même affronté Gajser lors de sa première année. Quand c’est ta première année, tu ne te poses pas de questions, tu apprends, tu fonces. À la mi-saison, Lucas avait déjà prouvé ce dont il était capable, et après, ce n’était que du bonus pour lui. Il n’avait plus rien à prouver, il y allait à fond. Quand tu as un gars comme ça derrière toi, tu as intérêt à être prêt. Félicitations à lui, je suis sûr qu’il fera une grande carrière. »

Bien que malmené par la pluie et amputé d’une manche ce week-end, le GP d’Australie a fait l’unanimité au niveau des pilotes, tant par l’organisation que par la préparation de piste. Le GP de Darwin est déjà au calendrier pour la saison 2026, et devrait de nouveau accueillir la finale du mondial l’an prochain.

« La piste était vraiment top, un peu courte au niveau des temps au tour, mais la préparation était excellente » commente Romain, souvent critique quant à la préparation des pistes cette année. « On voyait bien que ce n’était pas les mêmes personnes que d’habitude qui avaient préparé la piste, car elle était vraiment bien travaillée. L’arrosage était parfait, ni trop, ni pas assez. Il faisait chaud ce week-end, et en général, quand il fait chaud, la piste devient béton après les essais libres et ils se contentent de balancer de l’eau dessus, ce qui ne change rien car c’est déjà trop dur. Aujourd’hui, chaque virage avait deux trajectoires, intérieur – extérieur, et ça ne nous arrive jamais. Cette année, beaucoup de circuits n’avaient qu’une seule trajectoire et si tu sortais de la trace principale, tu finissais dans la boue. L’organisation était bonne, la préparation vraiment réussie. Le paddock, qui rappelait celui du Qatar, était bien aussi. C’est vraiment super de finir la saison sur ce genre de piste, même si c’est dommage pour la pluie, mais ça, on n’y peut rien. »

S’il avait choisi de ne pas porter le numéro 1 suite à son titre acquis en 2015, Romain Febvre l’assure: il portera la plaque numéro 1 sur le mondial MXGP en 2026.

« Bien sûr que je roulerai avec le numéro un l’an prochain » déclare-t-il.  « Comme aux États-Unis, ils roulent avec le numéro un et c’est bien, ça montre qui est le champion en titre. Il y a dix ans, j’y avais pensé mais j’avais décidé de garder mon numéro pour certaines raisons. Mais l’année prochaine, je roulerai bien avec le numéro un ! »

Avant de fermer la parenthèse de la saison 2025, Romain Febvre répondra à l’appel du Motocross des Nations qui se tiendra à Ironman d’ici deux semaines. Le champion du monde MXGP en titre évoluera en piste avec Mathis Valin & Maxime Renaux. Chaque chose en son temps et pour l’heure, Romain profite de son titre de champion du monde MXGP 2025.

« Je suis excité pour les Nations, mais honnêtement, je m’en fiche un peu. Je suis désolé pour les fans français, mais ce titre était l’objectif. Je vais bien sûr profiter de ce moment pour l’instant, puis me préparer pour les Nations. Mais les Nations, ça n’a jamais été la priorité dans ma carrière et ça ne le sera jamais. »

Bravo, Romain !

Romain Febvre « Ce second titre a encore meilleure saveur que le premier »
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