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Tom Vialle « Je voulais avoir la meilleure option possible pour 2026 »

Images: DailyMotocross

Ce week-end à Paris, Tom Vialle a officiellement ouvert un nouveau chapitre de sa carrière avec Honda. Le pilote Français a choisi le Supercross Parien pour faire ses débuts en 450cc à l’occasion de son retour sur le continent Européen. Sixième de l’épreuve, le nouvel officiel Honda HRC revient sur le 42ème SX de Paris, sur son retour en Europe, et sur son expérience aux USA. Micro.

Tom, voilà, c’est fait. Première course sur la 450, première course avec la CR-F au Supercross de Paris. Quel bilan fait-on de ce week-end ?

C’était vraiment pas mal, je suis assez content du roulage. On avait mal commencé le week-end avec ce long en première manche. Dans l’enchaînement, j’ai pris un gros coup à la mâchoire, mais on s’est bien rattrapés. Je trouve que mon rythme était vraiment pas mal lors des courses. J’ai fait de bonnes manches, je suis assez content. Je suis content du dernier départ, d’avoir fait le holeshot et d’avoir mené trois tours, c’était cool.

J’étais un peu fatigué dans la dernière. J’avais déjà les jambes bien fatiguées dans la deuxième manche. Paris, c’est vraiment un long week-end. Je pense qu’en Supercross, c’est la course la plus longue qui existe. Normalement, on ne roule que sur un jour, jamais sur deux. Surtout que le samedi, ça termine très tard et on n’a pas vraiment le temps de bien dormir pour le dimanche, donc ce n’est pas facile.

Surtout que, comme tu l’as dit, c’était la première course en 450 avec une nouvelle moto et un nouveau team. Il y a énormément de choses qui se sont passées pour moi ce week-end, mais je pense qu’on a fait du mieux possible, donc c’est cool.

Il se passe quoi finalement dans ce premier enchaînement lors de cette première finale ? Tu te mets un long d’anthologie, tu vas tamponner Jett. Tu as oublié que tu étais sur une 450 ? [rires]

Je ne sais pas trop ! J’ai juste mis un tout petit peu trop de gaz, un quart de seconde. Je me suis mis long, j’ai tapé la tête dans le guidon avant de rebondir et d’aller taper dans Jett. Honnêtement, je ne sais même pas ce qu’il s’est passé.

Finalement, qu’est-ce qui a motivé ce retour en MXGP en 2026 ? Ce n’est pas habituel de voir quelqu’un partir aux US, rencontrer autant de réussite, pour finalement revenir.

Oui. J’ai entendu dire que j’étais le premier à faire ça. Souvent, les pilotes ont cette trajectoire en fin de carrière : ils vont aux USA et reviennent pour finir leur carrière en Europe. Moi, je suis vraiment content d’être rentré, et aussi d’avoir la possibilité de faire du Supercross pendant l’hiver pour garder ce bagage. Mon objectif, c’est de pouvoir gagner un titre en MXGP un jour.

Sans son erreur dans la première finale du samedi, Tom Vialle aurait pu viser un podium à Paris; mais avec des si …

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Est-ce que revenir en MXGP était quelque chose que tu avais envisagé pendant ton passage aux États-Unis, ou est-ce simplement une opportunité qui s’est présentée et que tu ne pouvais pas refuser ?

C’est plutôt ça. J’ai reçu une très bonne proposition de Honda qui m’a fait revoir mes plans. Comme je l’ai dit, pour moi, mon passage en 450 était très important. Je voulais avoir la meilleure option possible pour 2026, que ce soit au niveau du team ou de la moto. Et Honda HRC, c’est clairement la meilleure opportunité — tout compris — que j’ai eue pour la suite.

Et la vie aux États-Unis, comment l’as-tu vécue ? En mondial, un GP de France, c’était la folie, tout le monde était derrière toi. Là-bas, avais-tu parfois l’impression d’être seul contre Goliath ? En tant qu’étranger, tu n’avais pas forcément les fans de ton côté…

C’est exactement ça. Mais c’est pareil pour tout le monde. Tous les Français qui vont là-bas, et même les étrangers en général vivent la même chose. C’est un peu comme si des Américains venaient faire le championnat de France : on reste des étrangers, des expatriés comme ils nous appellent. Mentalement, c’est très dur. Il faut rester fort pour pouvoir les battre, ou même simplement être en mesure de jouer avec eux. Disons que ce n’est pas facile.

Après, la vie là-bas était vraiment top. Je me suis fait beaucoup d’amis, donc de ce côté-là c’était super. J’ai adoré vivre en Floride. La météo va clairement me manquer, il faisait beau tout le temps. C’était vraiment cool et je vais sans doute regretter un peu la vie américaine mais, quand on se fixe des objectifs, ce sentiment s’estompe vite. On se reconcentre sur l’entraînement, pour s’assurer que tout se passe bien.

Tu vas être basé où maintenant ? Le team Honda HRC est en train de faire construire un nouvel atelier, non ?

Oui, je crois qu’ils sont en train de préparer un atelier d’entraînement basé en Hollande, pour que les pilotes puissent y aller de temps en temps, s’entraîner et avoir une base pour stocker des motos. Mais moi, je vivrai en France.

Quels ont été les premiers ressentis sur cette Honda après autant de temps sur la KTM ? Ça a dû être un gros changement, non ?

Carrément. C’était beaucoup de changements, et aussi beaucoup de stress le premier jour. La première fois sur la Honda, c’était vraiment il y a peu de temps, il n’y a même pas un mois, et tout est allé très vite. Mais j’étais assez content, parce que j’ai vraiment eu de bonnes sensations dès que je suis monté sur la moto.

Le niveau en MXGP va être dingue l’an prochain. J’avais calculé qu’il y aurait 18 titres mondiaux — confondus — réunis derrière la même grille de départ. Avec quel état d’esprit aborde-t-on 2026 ?

Ouais, c’est fou. Je pense que tout le monde va regarder les Grands Prix l’année prochaine, parce que ça va être incroyable. Il va vraiment y avoir une confrontation entre deux générations, les plus vieux et les plus jeunes en quelque sorte. Donc ça va être vraiment cool et je pense que plus il y aura de bons pilotes, mieux ce sera pour le spectacle.

Tu portes quel regard sur ces trois ans aux USA avec le recul ? Tu es allé là-bas dans l’optique de gagner un titre en Supercross ; c’était une ambition. Finalement, tu as décroché deux titres. Tu t’es pointé, t’as gagné deux titres et t’es parti, genre ‘drop the mic’.

Ouais, carrément [rires]. Mon objectif, c’était de gagner en Supercross. C’était vraiment pour ça que j’étais allé aux USA. Franchement, ça a été incroyable ce que j’ai fait. Deux titres en trois ans, c’est très difficile et je suis vraiment très fier d’avoir été en mesure de faire ça, même si j’aurais voulu gagner un titre sur l’outdoor. Mais là, mon passage en 450, c’est vraiment la priorité. Que ce soit en Europe, aux USA ou n’importe où, je voulais vraiment les meilleures motos et le meilleur matériel. J’ai eu cette opportunité avec Honda, et je l’ai saisie.

Tom termine 6ème à Paris, et tourne désormais son attention vers la préparation au mondial MXGP

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Finalement, quels ont été les titres les plus difficiles à décrocher : ceux en mondial MX2, ou en SX US ?

Mh. En fait, c’est vraiment différent. Le Supercross, c’est vraiment beaucoup de pression jusqu’à la fin, car c’est assez court et on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Donc ce championnat-là, c’est vraiment beaucoup de stress. Il y a énormément de bons pilotes qui sont séparés sur deux côtes et, quand il y a une confrontation Est / Ouest, on ne sait jamais ce qu’il va se passer, qui va gagner. Il y a beaucoup de pression en Supercross.

Si je te demande ce qui t’a posé le plus de problèmes au quotidien aux USA, tu me répondrais quoi ?

Je ne sais pas. Bonne question. Je dirais l’organisation en général. J’étais un peu seul. J’étais très souvent en Floride, tout seul avec mon frère et mon père. Donc ce n’était vraiment pas facile au niveau de l’organisation du team, parce que ça avait beaucoup changé pour moi par rapport à l’organisation à laquelle j’étais habitué quand j’étais chez KTM en Europe. Avec KTM Europe, l’organisation était beaucoup plus professionnelle, encadrée. Aux USA, c’était beaucoup plus relâché, si on veut. En fait, il n’y avait personne avec moi là-bas. Donc ce n’était pas simple au niveau de l’organisation avec le team.

D’accord. J’aurais pensé qu’avec Ian Harrison et Roger de Coster, ça allait être très carré, parce que c’est l’image que ça donne.

C’est ce que je pensais aussi, mais en fait, non, pas du tout. On était vraiment tout seuls, lâchés en Floride. Je ne les voyais jamais, pour être franc. Seulement le week-end, lors des courses. Personne du team ne venait en Floride, donc j’étais un peu livré à moi-même. Ils devaient venir une ou deux fois dans l’année, peut-être. Sur ce plan-là, disons que c’était assez compliqué.

On a vu Jorge Prado passer par une première année vraiment difficile aux USA. Toi, tu es passé par cette adaptation aux US en 250. Jorge a été un gros sujet cette saison. Le voir rencontrer autant de problèmes, ça t’a surpris ou tu t’es simplement dit « bienvenue dans le monde réel, Jorge » ?

Franchement, je savais que ça allait être très dur. Surtout que Jorge arrivait directement en 450. Je pense que ce qu’il a choisi, c’était mission impossible. Il ne devait pas se rendre compte, peut-être. J’espère vraiment pour lui qu’il arrivera à gagner un jour. Mais le niveau est très relevé aux USA en Supercross. J’espère pour lui qu’il pourra gagner un jour, même si ce n’est qu’une finale. Ce serait déjà beau qu’il arrive à faire ça. En fait, rouler en Supercross, c’est une chose ; ça va, ça se fait. Mais passer ce cap-là en 450… Il faut rouler très fort, très vite, et c’est très dur. Encore une fois, j’espère qu’il arrivera à faire ce qu’il veut. Je pense que son objectif est de gagner, alors je lui souhaite d’y arriver.

Quand tu es parti aux USA, tu avais ton bagage des GP, tu as emmené ton expérience là-bas. Là, tu fais le chemin inverse et tu reviens en GP. Qu’est-ce que tu vas ramener de là-bas ?

C’est sûr qu’il y a beaucoup d’expérience dont je vais pouvoir me servir. L’adversité aux USA est vraiment très relevée. J’ai connu des courses très difficiles, et elles vont m’aider. Comme on le disait plus tôt, il va y avoir beaucoup de bons pilotes en MXGP la saison prochaine, donc je pense que ça va m’aider à faire face à la concurrence.

Est-ce que tu sais quelles courses d’intersaison tu vas faire ? Il y a trois intersaison qui se préparent en France !

Non, je ne sais pas trop. Je sais que je vais en faire, mais je n’ai pas encore choisi lesquelles. Les organisateurs ont dû contacter mon père, mais je n’ai pas discuté avec eux. Pour l’instant, c’est encore un peu trop tôt pour savoir.

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