Six. C’est le nombre de points qu’a repris Chase Sexton à Cooper Webb en l’emportant à Philadelphie et East Rutherford. Outre les quelques points grapillés sur le leader du championnat, l’officiel Red Bull KTM prend un ascendant psychologique non négligeable à l’approche de la fin du championnat. Non-content de remporter sa cinquième épreuve de la saison ce samedi, Chase Sexton a dominé Cooper Webb à l’occasion de ce 14ème round de la saison. 9 points séparent désormais les deux hommes en lice pour le titre; trois fois rien.
Chase, une véritable démonstration de ta part lors de la finale d’East Rutherford. Mentalement, tu abordes comment les trois dernières épreuves de la saison ?
Disons que depuis la pause, je sens que je progresse à chaque week-end. Évidemment, je n’ai pas fait une bonne épreuve dans la boue de Foxborough, mais même quand je me suis battu et incliné face à Cooper à Seattle, je sentais qu’on allait dans la bonne direction. La victoire de la semaine passée a vraiment aidé mentalement, mais sinon, je sens qu’il y a du positif à l’entraînement pendant la semaine car je roule vraiment bien. Je sens que je suis connecté avec la moto et je me fie bien plus à mon feeling qu’à mes chronos. J’essaie juste de continuer à m’améliorer, je travaille sur la technique et je fais en sorte d’avoir un meilleur feeling sur la moto. Dernièrement, ça se passe bien et je veux continuer sur cette lancée. Il reste trois courses, on sait ce qu’il nous reste à faire.
C’est fun de vous voir vous battre comme ça ces derniers rounds. C’est comment de vous rendre coup sur coup chaque week-end ? C’est exactement ce que les gens attendent de ces confrontations, finalement.
Franchement, c’est fun. On s’entraîne toute l’année pour atteindre ce niveau. J’ai déjà eu l’occasion d’affronter Eli de la même façon et maintenant, j’affronte Cooper en Supercross. Ce sont deux pilotes vraiment différents, opposés même, et ils ont chacun leurs points forts. Me battre avec Cooper à chaque course, ça m’aide à être meilleur. Il est vraiment très fort mentalement. J’essaie de prendre du plaisir de mon côté, de ne pas trop réfléchir et de ne pas prendre les choses trop sérieusement. Évidemment, l’objectif est de gagner mais par le passé, j’étais un peu trop renfermé, trop tendu. Pour moi, l’essentiel cette année, c’est d’être un peu plus détendu, de prendre du plaisir aussi. Quand je prends du plaisir sur la moto, je roule bien. Cooper est un adversaire solide et jusqu’ici, c’est fun de se battre avec lui.
Aujourd’hui, tu avais l’air d’être un peu plus en difficulté lors des essais. C’était dû à quoi ? Finalement, tu a inversé la tendance et tu as remporté la finale avec 14 secondes d’avance. C’est mental, c’est la moto, c’est quoi ?
Moi, je me dis que c’est toujours bien d’en garder un peu sous la pédale lors des essais parce que ça te donne vraiment un objectif lors des courses. En heat, Ken Roczen était derrière moi et il affichait un bon rythme; il a fallu que j’augmente le mien et ça a vraiment été l’élément déclencheur de ma soirée en fait. Je n’avais pas pris un bon départ de toute la journée, et je suis parti devant en finale. C’était top de partir devant. Le terrain était difficile, et je me suis vraiment concentré sur les deux séries de whoops. Je savais que si j’arrivais à bien les prendre, j’allais être dans une bonne position pour gagner. J’ai même réussi à trouver des bonnes traces dans les whoops, et je savais qu’ils se détruiraient lors de la finale. Franchement, c’étaient probablement les whoops les plus difficiles de la saison, et on a eu deux séries consécutives ce samedi. C’était bon de voir que je me sentais aussi bien dedans sans même avoir eu à toucher à la moto. Quand ça se passe comme ça, tu sais que tu es dans une très bonne position.
C’était quoi l’état d’esprit à l’approche de cette finale, en fin de compte ?
Disons que je savais que le terrain allait vraiment se défoncer, même s’il a mieux tenu que ce que j’aurais imaginé. La terre n’a pas séché trop vite, c’était quand même assez nuageux et on a eu de la traction pendant toute la finale. Je savais que ça allait pas mal glisser quand même; il fallait être patient avec cette piste. Je me suis concentré sur la finale, sur ma technique, sur mes traces et j’ai fait en sorte de ne pas en faire trop non plus.
Tu étais loin devant, tu as enchaîné les tours réguliers, tu semblais être dans ta zone.
Je savais que la finale allait être longue, vu que le tracé était vraiment technique. Dans les premiers tours, j’ai trouvé mon rythme et une fois que c’était fait, j’ai enchaîné les tours. J’avais vraiment un bon feeling dans les whoops et c’est là que ça s’est joué. Je n’ai pas pris beaucoup de whoops qui avaient cette tronche-là à l’entraînement. Ils étaient vraiment chauds, mais je me suis senti à l’aise dedans toute la journée. Je ne me suis pas vraiment fait de frayeurs dedans, et c’était vraiment un avantage pour la confiance. Une seule erreur, ça peut vraiment te dérouter et saper ta confiance dans les whoops et autant dire qu’il n’y avait pas de place à l’erreur ce samedi. J’ai été solide, j’ai pu me reposer sur ma technique et un peu sur mon talent dans les whoops. Tout s’est bien goupillé, j’ai enchaîné les tours et plus on avançait dans la finale, plus ça semblait être simple.
Tu as vraiment relâché le rythme en fin de finale, et notamment dans les whoops. C’était parce qu’ils étaient vraiment difficiles, où plutôt que tu savais que l’avance sur Cooper était conséquente ?
Je savais que si j’arrivais à dribbler dans les whoops pendant la finale, j’allais avoir une bonne chance de gagner parce qu’ils étaient compliqués, et qu’il y avait beaucoup de temps à gagner comme à perdre dedans. Au bout d’un moment, j’ai vraiment creusé un gros écart d’une vingtaine de secondes et de là, je me suis dit que j’allais juste assurer jusqu’à la ligne d’arrivée. Plus je passais vite dans les whoops, mieux j’étais en fin de compte. Le problème, c’est qu’il est toujours un peu difficile de s’engager avec autant de vitesse dedans et quand je n’étais pas vraiment serein, je les sautais. Quand j’ai commencé à les sauter, le plan était juste de survivre dedans et de rester sur mes roues. En fait, c’est cool d’avoir des whoops comme ça en Supercross, et ce n’est clairement pas tous les jours qu’on en voit des comme ça.
Après la finale, tu laissais savoir que les 10 derniers tours t’avaient semblé faciles. Ça semble dingue vu de l’extérieur.
Ce n’était pas si facile que ça. En fait, c’est surtout que j’allais vraiment doucement en fin de finale. Pour être franc, j’ai même trouvé que la piste était plus facile à négocier quand j’allais plus vite. Une fois que j’ai bien baissé de rythme, c’était un peu plus compliqué pour moi. J’ai vraiment attaqué jusqu’aux 5 dernières minutes de la finale. Grant Harlan s’est explosé devant moi dans les whoops et je ne savais pas où sa moto allait finir, je ne suis pas passé loin de le percuter au passage. J’ai dû me faufiler entre les retardataires dans les whoops, changer de traces. De là, je me suis rapidement dit que je n’allais rien tenter de stupide. Disons que dans les derniers tours, je n’étais pas vraiment à fond, et que n’importe qui aurait pu prendre les whoops plus vite que moi.

Revenu à 9 points de retard, Chase Sexton est idéalement placé à trois épreuves du tombé de rideau @KTM
