La page de la MotoE se tourne, et avec elle s’éteint un autre espoir de la vitrine électrique : la catégorie électrique sur le mondial MXGP – MXEP – annoncée début 2024 par Infront Moto Racing, ne verra finalement pas le jour en 2026 comme prévu. Deux signaux forts qui traduisent les difficultés de l’industrie moto à imposer l’électrique en compétition internationale, et notamment auprès des fans.
Lancé en 2019, le MotoE avait été présenté comme un laboratoire grandeur nature pour l’avenir des deux-roues. Sept saisons plus tard, le constat est sans appel : malgré la volonté des organisateurs de lui donner de la visibilité en marge de certaines épreuves du championnat MotoGP, la catégorie n’a jamais réellement trouvé son public. Ni le passage d’Energica à Ducati comme fournisseur unique, ni les efforts de communication de la Dorna et de la FIM n’ont permis de créer l’élan espéré. « Malgré tous les efforts déployés avec Dorna pour promouvoir cette catégorie innovante, la vérité est que nous n’avons pas atteint nos objectifs, pas plus que l’industrie associée aux motos électriques », a reconnu Jorge Viegas, président de la FIM, dans un communiqué publié par la Fédération internationale ce 11 septembre.
Cette mise en pause – qui ressemble à s’y méprendre à un arrêt définitif – a de quoi faire écho au silence radio autour du championnat du monde MXEP. Présenté par Infront comme une évolution logique du MXGP, l’idée d’un championnat 100 % électrique devait s’inscrire dans la dynamique de transition énergétique du sport moto. Pourtant, plus d’un an après l’annonce, plus aucune nouvelle, et encore moins de calendrier. Pour cause, ce championnat MXEP est passé à la trappe.
Contacté pour une interview englobant de nombreux sujets, le PDG d’Infront Moto Racing David Luongo a confirmé l’abandon du projet MXEP pour l’heure: « Après plusieurs réunions et discussions au cours des dernières années, et compte tenu de l’état de développement de cette technologie chez les différents constructeurs, nous avons décidé de reporter la série à une date indéterminée. Vous pouvez constater que Dorna a pris une décision similaire ces derniers jours avec sa série MotoE. Nous continuerons à suivre la situation de près […] ». L’entretien intégral suivra.

« Nous ne voulons pas mélanger les thermiques et les électriques, mais créer une catégorie pour que cette technologie se développe et continue de croître, et nous verrons comment elle évoluera. Ces derniers mois, beaucoup de choses ont été lancées sans que l’on sache exactement où elles allaient aller. Je pense qu’en tant que plateforme la plus moderne pour notre sport, le mondial MXGP devrait également adopter cette nouvelle technologie […] » avait alors déclaré – à l’époque de l’annonce – David Luongo @MXGP
Stark Future, acteur incontournable de l’électrique en motocross, avait très tôt annoncé son refus de prendre part au futur championnat MXEP. L’absence du leader du segment avait vidé le projet de sa substance, visiblement assez pour précipiter son abandon. Depuis la sortie de la VARG, la marque milite pour que ses machines puissent intégrer les championnats existants plutôt que d’être cantonnées à une catégorie à part. Et les premières avancées majeures sont là : Stark vient d’obtenir son ticket d’entrée pour le championnat du monde de Supercross, aux côtés des machines thermiques, en devenant la septième équipe officiellement engagée. Une percée qui pourrait ouvrir la voie aux championnats AMA et, à terme, au MXGP.
La FIM a déjà montré une certaine souplesse face à Stark Future, et l’abandon du championnat réservé aux électriques renforce encore la tendance : l’avenir de l’électrique en compétition passera sans doute par une intégration progressive face aux thermiques. Faute de quoi, Stark Future et ses homologues resteraient à l’écart des plus grands rendez-vous.
Entre l’arrêt du MotoE et l’abandon du projet MXEP, le message est limpide : la révolution électrique attendra, malgré quelques avancées ici et là. Sur l’asphalte comme sur la terre, l’avenir immédiat passe encore par le thermique. Parfois malmené, mais toujours roi.
