Qu’ont Maxime Renaux, Ruben Fernandez, Roan van de Moosdijk, Jeremy Van Horebeek, Alessandro Lupino et Rick Elzinga en commun ? Ils ont tous roulé pour la structure SDM Corse par le passé, et sont tous devenus pilotes de haut niveau. Ex team officiel Yamaha sur l’Europe 250, puis team officiel Beta en MXGP, SDM Corse a repris l’effort officiel Fantic sur l’Europe 125 cette année. Juste avant le coup d’envoi du championnat ce week-end en Sardaigne, partons à la rencontre du team manager de la structure – Daniele Marchese – qui fera évoluer trois garçons sur dans la catégorie cette année: Noel Zanocz, Simone Mancini et Douwe Van Mechgelen.
Après avoir dirigé des équipes officielles pour Yamaha (EMX250) et Beta (MXGP), SDM Corse a été choisi pour gérer le programme Fantic Factory Racing en EMX125. Comment s’est passé ce changement de catégorie pour votre équipe ?
C’est un changement majeur, car nous avons évolué en MXGP lors des quatre dernières saisons, et il n’est pas facile d’opérer ce type de changement. Nous n’avons jamais évolué avec des deux temps et même s’il s’agit d’un championnat européen, nous devons faire preuve d’un engagement et d’un professionnalisme maximums. Nous avons eu la chance de participer à l’Europe 250, au mondial MXGP, mais c’était toujours avec des quatre temps. Le quatre-temps moderne représente un défi différent, rien que quand on pense à l’importance de l’électronique, mais les deux temps sont très différentes. Je dois ajouter qu’elles sont également très développées, dans leur genre. En fait, il reste peu de gens qui savent travailler à un haut niveau sur les moteurs de deux temps.
Deuxièmement, travailler avec de jeunes pilotes signifie que nous devons être beaucoup plus impliqués dans leur préparation. Cela demande beaucoup d’engagement et de suivi au jour le jour. Gérer des pilotes évoluant en MXGP est plus facile dans ce sens. Ce sont des professionnels expérimentés qui savent ce qu’ils ont à faire. Il n’est pas nécessaire de les suivre et de les soutenir directement chaque jour.
Depuis l’arrivée de Fantic sur l’Europe 125 il y a quatre ans, et le titre d’Andrea Bonacorsi, Fantic a été l’équipe la plus performante du championnat. Est-ce que cela apporte une pression supplémentaire ?
Fantic s’est forgé une réputation de vainqueur et a obtenu des résultats impressionnants dans la catégorie Européenne. Nous nous sentons donc responsables de maintenir un niveau de performance très élevé. Mais chaque année est différente. Les motos sont différentes et les pilotes sont également nouveaux. Nous ferons toujours de notre mieux pour continuer sur cette voie, et la Fantic XX 125 est vraiment une très bonne moto.
Fantic a maintenant une pyramide de développement, avec des structures EMX125, EMX250, MX2 et MXGP. Quelle importance cela revêt-il pour attirer de jeunes pilotes talentueux ?
Je pense que le choix de créer plus de structures, de l’ Europe 125 jusqu’au MXGP, est le bon choix. De nombreux pilotes ne veulent pas évoluer sur l’Europe 250 sur une deux temps. Il y avait donc un risque de ne pas attirer de bons pilotes sur l’Europe 125. Le fait d’avoir des équipes officielles dans toutes les catégories donne aux pilotes la possibilité de se développer et de créer une relation avec Fantic pour les années à venir. C’est rassurant, et c’est un gage de stabilité. Ils savent qu’en s’engageant avec Fantic, ils peuvent devenir de vrais professionnels, évoluer sur le championnat du monde et ce, jusqu’à la catégorie reine.
Vous avez fait appel à l’un de vos anciens pilotes, Michele Cervellin, en tant qu’entraîneur. Comment les choses se passent-elles dans son nouveau rôle ?
Nous avons fait nos débuts en MXGP en 2020 avec Michele. D’une part, il a été un excellent professionnel en tant que pilote et il s’avère qu’il en est de même en tant qu’entraîneur auprès des pilotes. En termes de compétences et de techniques de pilotage, Michele a toujours été exceptionnel, ce qui lui permet d’avoir un œil attentif. D’un autre côté, il faut beaucoup de patience quand on s’occupe de jeunes de 16 ans ! Normalement, ces jeunes sont sous l’aile de leurs parents et ce détachement peut créer des problèmes au début. Il n’est pas facile de leur faire comprendre l’importance d’adopter un comportement professionnel, et des habitudes à mettre en place sur la piste et en dehors. Mais ‘Micky’ se consacre beaucoup aux pilotes, et c’est encourageant.
Un seul pilote, Vitezslav Marek, est encore présent en 125 et a devancé Noel Zanocz au classement final en 2023. Cela fait-il de Noel l’un des favoris pour le titre Européen ?
Noel est définitivement un pilote qui pourra se battre pour le podium. Il est très déterminé et sait ce qu’il veut. Plus tôt dans la saison, il a déjà montré sa vitesse lors de l’International d’Italie, où il a décroché la place de vice-champion. Je pense donc qu’il s’est bien adapté à la Fantic. Logiquement, il devrait être devant et il en va de même pour Simone Mancini. Il a déjà terminé 2ème à Matterley Basin à la fin de la saison dernière, et a terminé troisième du championnat du monde Junior (125cc). On voit qu’il a une bonne dynamique derrière lui. Simone n’a pas eu de chance lors des Internationaux d’Italie, mais il peut certainement se battre pour le podium avec Noel. Il est indéniable que le niveau de l’Europe 125 ne cesse de s’améliorer. En plus de l’équipe officielle Yamaha, KTM s’alignera également avec une équipe officielle [Racestore KTM], donc les choses ne seront pas faciles du tout.
Il semble que vous ayez un bon mix de pilotes avec Zanocz et Mancini, les plus expérimentés, et Douwe Van Mechgelen, qui participera à sa deuxième saison d’Europe 125.
Nous avons en effet trois pilotes très forts, chacun ayant ses propres points forts. Avec Noel et Simone, nous espérons nous battre pour le podium. Comme tu l’as dit, Douwe est plus jeune, mais il a certainement la vitesse nécessaire pour se battre dans le top 5 lorsqu’il se sent bien. Pour ces jeunes pilotes, c’est un gros défi de rester régulier tout le temps, mais notre objectif est clair: nous voulons poursuivre le succès que Fantic a obtenu ces dernières années!
Avec Fabio Tognella, vous dirigez l’équipe SDM Corse depuis 2003, d’abord au niveau régional en Italie, puis enfin en GP. Quel est le secret pour diriger une équipe aussi longtemps ?
Cela fait des années que j’accompagne Fabio dans cette formidable aventure. Des courses régionales au mondial MXGP, nous voulons faire aussi bien que possible tout en prenant du plaisir. Aujourd’hui, le motocross exige des budgets personnels très importants ou, comme dans notre cas, la capacité de s’adapter aux difficultés ou aux opportunités qui se présentent. Bien sûr, il faut être passionné et motivé, mais cela vaut pour tout ce que l’on veut accomplir, n’est-ce pas? Je dirais que ce qu’il faut surtout, c’est beaucoup de patience…