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Ian Kimber “L’an prochain, on se concentrera de nouveau sur notre programme en MX2”


Les résultats décrochés par Triumph cette saison nous feraient presque oublier que le constructeur Britannique débarquait seulement sur le segment Motocross en 2024. Au sein d’une équipe officielle dirigée par Vincent Bereni la TF250-X s’est adjugée trois podiums en championnat du monde MX2 cette année, aux mains de Mikkel Haarup et Camden McLellan. À l’occasion du Motocross des Nations, Triumph a présenté son modèle 450. Ian Kimber – l’homme à la tête du programme compétition de Triumph – était présent, l’occasion pour notre confrère Andy McKinstry d’en apprendre plus sur les projets de la marque pour la suite des opérations. Micro.

Ian, vous venez de dévoiler la nouvelle Triumph 450, et vous avez fait du très bon travail pour cacher la nouvelle aux médias. J’ai été surpris d’apprendre qu’elle allait être présentée aux nations. Quel travail a été abattu dans le développement de cette 450, et quand ce dernier a-t-il débuté, car tout a été assez secret ?

C’est toujours un défi que de parvenir à cacher certaines choses aux médias, tout le monde essaie de trouver une photo qui aurait pu fuiter, ou autres. C’est vraiment dur de garder les choses secrètes au sein du paddock MXGP. On doit faire beaucoup de choses sur des terrains privés, on fait en sorte que tout soit sous contrôle et on explique ce qu’il se passe au moins de personnes possibles. On a un petit groupe très soudé qui est très bon quand vient le moment de garder ces informations confidentielles.

Concernant le développement, évidemment, le châssis a été développé à partir de la 250. Le moteur de cette 450 a été développé un peu après celui de la 250, c’est un peu près le même temps de développement, à savoir 3 ans, 3 ans et demi pour le moteur, mais nous sommes très fiers de ce que nous avons développé.

Quand avez-vous vraiment mis l’accent sur le développement de cette 450, et est-ce que ce développement se déroule dans plusieurs pays, ou est-ce que vous vous contentez de tester sur un terrain ici et là, comment ça fonctionne ?

Non, on essaie d’aller tester la moto dans différents pays. Les résultats sont toujours différents selon le type de terrain, la taille du terrain, etc. On fait évidemment beaucoup de testing en Angleterre mais on en fait aussi en Espagne, en France, on a fait du testing aux USA. Concernant la date exacte du début de développement, il faudrait que je vérifie, mais je dirais que tout a débuté il y a 3 ans et demi, sinon 4 ans, en arrière.

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@Triumph Racing / Ray Archer

À propos de la saison de mondial MX2, vous avez terminé 5ème cette année (avec Haarup). Pour un pilote, rejoindre votre équipe pouvait représenter un risque car on ne sait jamais comment un nouveau constructeur va performer avant la première année; vous devez être fier d’avoir débuté la saison en Argentine avec un podium. On ne pouvait finalement pas rêver mieux …

Oui, c’était incroyable de voir notre programme de compétition – qui a démarré de zéro – monter sur le podium avec cette troisième place en Argentine. Tout le crédit revient à Mikkel, à Vincent (Bereni) et au team, qui ont fait un travail incroyable avec cette moto et l’ont préparée pour qu’elle soit full-factory. Ça n’a pas toujours été facile, on a appris beaucoup de choses en étant nouveaux dans le sport, mais Mikkel comme Camden ont vraiment performé cette saison et pas seulement l’équipe MX2 en GP. Aux USA Jalek Swoll a connu l’une de ses plus belles saisons et a gagné sa première manche qualificative avec Triumph en Supercross. Si on avait dit l’an dernier qu’on connaîtrait ce genre de saison, personne ne nous aurait cru, donc oui, c’était une année incroyable.

Ce qui est impressionnant avec cette moto, c’est qu’elle semble performer dans le sable, sur le béton, et même en Supercross. Elle a l’air de performer partout, ce qui n’est pas simple à faire dès la première année. Finalement, ça ne peut que s’améliorer par la suite …

C’est ce que Ricky Carmichael disait quand il parlait de cette fenêtre d’ajustement, de cette marge qu’on encore; c’est ce qui est vraiment bien avec cette moto. Le cadre de la Triumph est unique et ça nous donne l’occasion de faire des modifications au niveau du châssis, de pouvoir faire en sorte que les pilotes soient à l’aise dessus et puissent tirer le maximum du moteur. Mais c’est vrai que, peu importe la surface ou le terrain, la moto semble performer à chaque fois.

Vous avez choisi une très bonne équipe pour gérer le programme en GP, vous avez aussi Clément Desalle à vos côtés. En parlant avec Vincent Bereni plus tôt dans la saison, il disait que Clément était très pointilleux; c’est exactement ce qu’il faut pour développer une moto ?

Oui, on n’aurait pas pu espérer avoir une meilleure équipe dans le paddock. Ils ont développé la moto, représenté la marque, placé la Triumph sur le podium et tout ça, c’est le résultat de tout le travail effectué depuis le début du projet. Chez Triumph, on a essayé de s’entourer des meilleurs, et Clément Desalle en est un très bon exemple. Pointilleux, je ne dirais pas que c’est le terme correct. Il sait ce qui marche, ses retours sont très importants et c’est toujours un très bon pilote. Je me souviens de la première fois que j’ai vu Clément rouler sur la moto, il était vraiment rapide. C’est une très belle opportunité pour nous, que de pouvoir travailler avec ce genre de personnes.

@Triumph Racing / Ray Archer

Vous vous concentrez sur le mondial MX2 pour l’instant. Quand on regarde les autres constructeurs, ils ont des structures satellites, des équipes sur l’Europe. Est-ce que c’est quelque chose que vous envisagez par la suite ?

Bien sûr. On est toujours en train de chercher comment développer notre programme en compétition, de s’assurer qu’on représente la marque et la moto de la bonne façon. L’an prochain, on se concentrera de nouveau sur notre programme en MX2, pour le cimenter, s’assurer qu’il soit solide. Pour 2026, l’objectif sera de se développer en MXGP avec la 450 et ce sera pareil pour les USA. L’an prochain (2025), on évoluera sur les deux côtes en 250 aux US et quand on sentira que ce sera le bon moment, on verra pour qu’un team nous représente sur l’Europe 250. L’un des autres points sur lesquels on se concentrera prochainement, je pense que ce sera les championnats nationaux. Évidemment, le mondial et les US c’est parfait, c’est le plus haut niveau du sport mais on doit aussi revenir aux sources du sport pour que les gens puissent voir la moto, la sentir, la toucher.

[N.B: le team FF Racing a annoncé qu’il fera évoluer Alvin Ostlund et Danne Karlsson sur la 450 Triumph en championnat Suédois en 2025; ces mêmes pilotes doivent s’aligner sur une poignée de GP en parallèle. Si Triumph repousse bel et bien son programme MXGP à 2026, verra-t-on des TF-450X en piste – en catégorie reine – aux mains de pilotes non officiels ? Pour une première représentation de la machine en MXGP, voilà qui nous semblerait bien étrange. À suivre, donc …]

Évidemment, ce serait bien de la voir sur le championnat Britannique puisque Triumph est une marque Anglaise. Est-ce que ce sera au programme l’an prochain ?

Oui, je pense qu’on aura une équipe sur le championnat Britannique l’an prochain.

Initialement, l’objectif était d’évoluer en MXGP l’an prochain, mais comme Ricky l’a mentionné en conférence de presse, mieux vaut attendre d’être à 100% prêt. Est-ce que tu peux confirmer qu’à l’heure actuelle, l’objectif est d’avoir un team MXGP en 202, et est-ce qu’il sera question d’avoir ces pilotes au sein de la structure actuelle ou faudra-t-il dénicher une autre équipe pour s’occuper du programme MXGP ?

On travaille toujours là-dessus à l’heure actuelle. Il est très probable qu’on commencera avec un pilote MXGP aux côtés de deux pilotes MX2. Pour commencer, avoir trois pilotes semble être le bon équilibre, mais sur le plus long terme, on verra comment on se développera et comment ça se passera. Vincent Bereni et son équipe dirigent une très bonne structure, et ils sont en mesure de développer la moto aux plus hauts standards. On ne veut pas avoir à faire de compromis en s’associant avec une autre structure qui ne ferait pas les choses correctement pour Triumph. Il faut savoir marcher avant de vouloir courir !

@Triumph Racing

Côté US, Swoll a fait une très belle première saison sur la Triumph mais les choses ne se sont pas passées comme prévu avec Evan Ferry et Joey Savatgy. Peut-être que s’il avait su que la 450 ne serait pas prête pour 2025, il n’aurait pas signé.

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Jalek est un bon garçon, qui roule très, très bien. Il a fait une belle saison en Supercross, une belle saison en outdoor également. Il s’est vraiment bien adapté à la moto, il semble vraiment à l’aise, dans les whoops également. Malheureusement, ça n’a pas fonctionné avec Evan Ferry. Parfois, ça ne fonctionne pas et il faut savoir laisser le pilote partir pour trouver d’autres opportunités.

Concernant Joey, ce n’est qu’une question de cylindrée. Si le programme 450 était toujours d’actualité pour l’an prochain, il serait toujours avec nous. On lui a proposé de rouler sur l’outdoor 250 de nouveau l’an prochain, mais ce n’était pas la bonne chose à faire pour sa carrière, que de louper une nouvelle saison de Supercross.

Il semble que l’an prochain, Triumph va faire évoluer 4 pilotes 250 aux USA, 2 sur chaque côte. Ça va représenter un certain budget …

Oui, ça va se développer un peu plus l’an prochain. Évidemment, si on ne roule que sur une seule côte aux US, on va louper 50% du championnat. La côte Ouest des USA est une côte où le sport est très présent et on se doit de s’assurer que Triumph sera représenté à travers tous les USA. On a de très bons pilotes de prévus pour l’an prochain, donc ce sera une nouvelle année excitante.

[N.B: on s’attend à retrouver Austin Forkner, Jordon Smith, Jalek Swoll et Stilez Robertson chez Triumph US, la saison prochaine.]

@Triumph Racing

Sur le plan personnel, comment as-tu intégré ce nouveau projet avec Triumph. Tu es évidemment à la tête des programmes de compétition de Triumph, comment ça se passe, et est-ce que tu as eu l’occasion de te rendre sur les GP, voire aux US cette année ?

En fait, ça fait 21 ans que je travaille pour Triumph. J’ai débuté en tant qu’ingénieur et j’ai gravi les échelons, d’abord dans le département ingénierie, puis ensuite en stratégie de produit quand on a débuté le projet Off-Road. Avec Ricky Carmichael, on s’est investi dans ce nouveau projet en même temps. J’étais d’abord actif dans le domaine de la production, puis je me suis plus axé sur l’aspect compétition par la suite. La compétition, c’est excitant, même s’il y a énormément de choses à faire; on savait que ce ne serait ni simple, ni rapide mais on a un plan, et on va continuer de le suivre.

En ce qui concerne les voyages, j’ai été en mesure de me rendre ici et là, mais on essaie surtout de choisir des épreuves clés pour pouvoir soutenir les teams qui nous représentent de la bonne façon.

Comment c’est de travailler avec Ricky Carmichael ?

La première fois que j’ai rencontré Ricky, il a fallu que je me pince pour réaliser que c’était réel. Je l’ai vu rouler sur notre moto, c’était vraiment du fun. Le top, c’est que c’est un très bon ambassadeur pour la marque, et c’est une personne avec qui il est très agréable de travailler. Il prend le temps. Quand tu le vois dans les paddocks, Ricky est toujours disponible pour parler à ses fans et il est pareil avec les ingénieurs de chez Triumph; il prend le temps pour les choses. On n’aurait pas pu espérer avoir un meilleur ambassadeur que Ricky.

Ian Kimber “L’an prochain, on se concentrera de nouveau sur notre programme en MX2”
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