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Jason Anderson “Je sais que j’ai toujours le talent et le niveau pour gagner”

Via Eric Johnson

Présents à Glen Helen pour une journée de testing avec les effectifs Kawasaki US, les pilotes Pro Circuit & Monster Energy Kawasaki ont vu leur entraînement tourner court avec l’arrivée de la pluie; le déluge forçant tout ce petit monte à se réfugier en attendant les premières éclaircies. Assis dans le fauteuil habituellement réservé au boss de l’équipe Kawasaki, Jason Anderson attend patiemment une accalmie. Sur le point d’entamer sa 14e saison chez les professionnels, le natif d’Albuquerque désormais âgé de 30 ans est plutôt amusé de la situation. Loin des projecteurs, des paillettes et des succès que lui envient bon nombre, le voila bloqué sous la pluie battante à Glen Helen à l’intersaison; la face immergée de l’iceberg.

“Ce n’est pas idéal mais c’est quand même plutôt cool, car on peut revoir des gens qu’on connaît depuis un bail, et on peut passer un peu de temps ensemble. En vieillissant, tout ça devient un peu plus normal pour nous. On participe aux cérémonies d’ouverture, on participe aux épreuves, on roule à l’intersaison … Ça devient une normalité. Ce qui me pousse à continuer la compétition, c’est que j’ai toujours envie de progresser, et que j’ai toujours la volonté de rouler au plus haut niveau, d’être l’un des meilleurs pilotes du monde”.

“Pour y parvenir, mes journées sont bien remplies. Chaque fois que je peux travailler avec mon équipe et résoudre des problèmes, je le fais. Avec ce sport, on en demande beaucoup à nos familles. La réalité, c’est que ça impacte aussi ma femme et ma fille 31 week-ends par an. Je vis en Californie, alors quand on doit disputer des épreuves sur la côte est, il faut faire six heures d’avion aller mais aussi retour juste pour s’y rendre. Je pars le vendredi et je reviens le dimanche. Je vais au travail et elles, elles restent à la maison. Aussi glamour que cela puisse paraître vu de l’extérieur, c’est difficile à vivre pour nous. Heureusement, ma femme me soutient vraiment à 100%, elle voit que je vis mon rêve. Il y a des sacrifices à faire, mais en même temps, on peut très bien gagner sa vie dans ce sport; j’ai la chance d’être entouré de gens qui ont les mêmes intérêts que moi. On aime tous ce que l’on fait et je ne pense pas que l’on parviendrait à atteindre ce niveau si ce n’était pas le cas”

Blessé en fin de saison SX, Jason Anderson revenait finir la saison d’outdoor (9e) puis enchaînait avec le nouveau championnat SMX (8e)

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La discussion a ensuite dévié sur l’importance de décrocher des résultats, tant pour l’équipe que pour le pilote en question.

“C’est difficile” répond Jason Anderson. “Pour beaucoup d’entre nous qui roulons depuis longtemps, c’est difficile mentalement parce que notre valeur dépend directement de nos résultats. Quand tu ne signes pas les résultats espérés, c’est dur à avaler au fur et à mesure que les semaines passent. Heureusement, à ce stade de ma carrière, je sais que si je traverse des moments difficiles, les résultats finiront par être là si je continue à travailler. J’ai la chance d’être dans une position où je sais que si je maintiens cette stratégie, les résultats seront là. Certains pilotes se donnent, encore, encore, et encore mais rien ne fonctionne pour eux. Le truc, c’est que quand tu travailles dur et que tu montes sur le podium en faisant tout ce qu’il faut, ce que tu ressens est tellement jouissif que ça te pousse à continuer, à en vouloir encore plus”

Jason Anderson – El Hombre, de son surnom – est sorti des sentiers battus avec ses amis de la team Fried, et a été l’un des premiers pilotes factory à créer du contenu pour ses fans tant sur Youtube, Instagram que TikTok. “C’est compliqué parce que dans notre sport, on a des sponsors, et on doit agir d’une certaine manière, faire les choses d’une certaine façon… J’ai toujours eu du mal avec ça et du coup, au fil des saisons, je suis devenu un peu plus discret, et moins présent sur les plateformes.”

“C’est vrai que je fais les choses différemment des autres pilotes. Je vis à Laguna Beach et je roule en Californie, ce qui est plutôt rare pour un pilote 450 de nos jours. Beaucoup d’entre eux vivent en Floride. C’est ce que j’ai fait un temps, mais je reste quelqu’un attaché à la côte Ouest. J’ai grandi au Nouveau-Mexique et j’adore être ici. J’aime le climat et j’ai la chance, avec ma femme, de vivre dans une très belle région. Je travaille dur et je ferai tout ce que je peux pour réussir, mais il y a une partie de moi que je devais conserver, et c’était cet attachement à la côte Ouest. On sacrifie déjà beaucoup avec ce sport; j’ai vécu en Floride pendant huit ans, avec l’humidité, la chaleur et tout ce qui va avec. Un jour, j’ai fini par me dire que je voulais pouvoir vivre et travailler en Californie, et c’est ce que j’ai fait.”

Le pilote Monster Energy Kawasaki a signé 4 podiums (2 SX, 2 MX) en 2023

Pilote #1 chez Monster Energy Kawasaki, qu’est-ce que Jason Anderson espère accomplir en 2024 ?

“J’aimerais gagner plusieurs finales. On a une nouvelle moto et je pense qu’elle est bien meilleure que celle de l’année dernière; il y a des domaines dans lequel je suis un peu plus à l’aise. Je pense aussi que la vitesse a augmenté en 2023 par rapport à l’année précédente, et on a vraiment eu du mal à trouver des réglages me permettant d’être à l’aise avec ce nouveau rythme en piste. Ceci dit, et même si les choses ne se sont pas déroulées comme je l’aurais voulu, je savais que j’étais toujours en mesure d’être aux avant-postes, de monter sur le podium certains soirs, et de gagner des manches qualificatives assez facilement”

“Je sais que j’ai toujours le talent et le niveau pour gagner. Je n’ai pas réussi à tout mettre en place lors des finales cette saison. Il y a aussi eu la naissance de ma petite fille, c’est difficile de trouver l’équilibre. J’essayais de rouler, de m’entraîner, et j’étais inquiet car je voyais ma femme beaucoup stresser pendant sa grossesse. J’avais peur de me blesser à ce moment-là …  Aujourd’hui, notre fille est là, notre situation familiale est bien meilleure, alors je pense que ça va m’aider pour la suite.”

“Je viens de signer un contrat de deux ans avec Kawasaki. J’ai l’impression que de l’extérieur, on ne me voit pas comme quelqu’un de très social mais dans toutes les équipes où j’ai travaillé, je m’entendais vraiment bien avec tout le monde. Kawasaki, c’est vraiment une bonne équipe pour moi parce qu’ils soutiennent ma façon de faire les choses. Je vis en Californie et ils ne m’imposent pas de faire certaines choses, j’aime travailler avec eux. J’ai un contrat de deux ans et mon objectif est d’être suffisamment performant pour qu’ils me re-signent pour deux années supplémentaires. C’est vraiment l’un de mes objectifs; être compétitif et être l’un des premiers pilotes à signer le prochain contrat.”

“En ce moment, c’est un peu difficile parce que je suis dans la trentaine et que je dois changer ma façon de penser, ma façon de rouler. Ce sport, ce n’est pas qu’une question de forme physique. En fait, il faut avoir de la vitesse, le talent, et une bonne condition physique. Il faut que tout soit réuni. Je pense aussi que les motos sont tellement développées qu’on peut les piloter différemment aujourd’hui, tout en allant encore plus vite; c’est un changement assez récent et je pense qu’on le voit tous. C’est une évolution du sport et je me dois de suivre la nouvelle vague sinon je vais me retrouver à la traîne, et j’aimerais bien être un ancien qui reste à jour ! J’aime toujours ce sport et il n’y a rien d’autre que je voudrais faire. Mon objectif, c’est de continuer ma carrière et d’arriver le plus proche possible des 35 ans avant de devoir raccrocher.”

Sixième du SX US en 2023 en dépit d’avoir manqué les deux dernières épreuves de la saison après s’être fracturé deux vertèbres à Nashville, Jason Anderson compte les jours avant l’ouverture de la saison 2024, lors de laquelle il espère pouvoir jouer un nouveau titre de champion de Supercross en catégorie reine.

“Il n’y a jamais eu de champion de Supercross de plus de 30 ans, mais j’ai encore faim de victoire et je suis persuadé que je peux encore prétendre à décrocher un titre de champion de Supercross. Tant que je pense comme ça, je n’ai aucune raison d’arrêter de rouler.”

4, c’est le nombre de pilotes qui s’aligneront derrière la grille d’Anaheim 1 en ayant déjà décroché un titre de champion SX US en catégorie 450: Eli Tomac, Cooper Webb, Chase Sexton et Jason Anderson

Jason Anderson “Je sais que j’ai toujours le talent et le niveau pour gagner”
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