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Jeremy Seewer “À ce rythme là, on ne sera bientôt plus que 10 ou 12 derrière la grille”


Depuis son arrivée chez Kawasaki KRT, Jeremy Seewer n’avait plus signé le moindre podium de grand prix. Le Suisse a mis un terme à la disette ce week-end à Maggiora mais ne saurait se contenter de ce début de saison rempli de “galères”, comme il l’expliquait très justement. Troisième en Italie derrière Tim Gajser et Jeffrey Herlings, Jeremy Seewer n’avait pas sa langue dans sa poche au terme de la journée; un garçon franc, et réaliste. Micro.

Jeremy. C’est un premier podium de GP pour toi cette saison. Ça va dans la bonne direction, même si j’imagine que tu vises la victoire …

Je ne suis pas encore prêt pour jouer la gagne, je ne vais pas mentir. Je le prends, ce podium, car on revient de loin. Tout le monde peut voir que les galères ont été nombreuses cette saison. Aujourd’hui, c’est un podium à la chance avec la chute de Jorge en seconde manche. Ce deuxième virage était vraiment chaud tout le week-end. En deuxième manche, quelqu’un m’a percuté dans ce second virage, bien fort, ça m’a presque fait tomber. J’ai eu de la chance. C’est ce qui a décidé le podium de la journée. En réalité, je sais que je devrais être plus souvent sur le podium, mais il faut d’abord qu’on arrive à régler les problèmes pour s’améliorer. C’est un step dans la bonne direction. Je voulais décrocher un premier podium, c’est fait. On va retourner au travail pour s’améliorer.

La vitesse était là, on voyait que tu savais que tu pouvais bien figurer en première manche.

Oui, c’est le genre de piste qui me convient bien, où je sais que je peux bien figurer. Physiquement, je suis prêt. C’est juste vraiment fatigant mentalement de galérer pendant aussi longtemps. Tu essayes des choses, encore et encore, tu fais tout ce qu’il faut mais ça ne vient pas. Tu passes du mec qui gagne ou qui monte sur les podiums au mec qui termine 5ème ou 6ème alors que tu essayes de faire tout ce qui est en ton pouvoir.

À un moment, et après des mois, tu finis par être énervé de cette situation et c’est bien dommage. J’ai pu mettre cette colère en piste à bon escient ce week-end pour aller chercher un podium. J’ai enfin pris du plaisir sur un tracé que j’aime bien. J’ai fait une deuxième manche solide en contrôlant l’écart avec les mecs de derrière, car les deux leaders étaient partis. J’ai pu me faire plaisir en roulant, et surtout rouler un peu mieux.

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La règle concernant les pénalités appliquées pour non-respect des drapeaux jaunes a changé, qu’en penses-tu ?

J’en ai entendu parler sans trop savoir ce que c’était, je l’apprends maintenant. D’un côté, ça a du sens car ça n’influence pas le résultat du grand prix, donc c’est une bonne chose. Moi, je n’ai pas eu de chance en France, mon coéquipier non plus, et finalement c’est Tim qui a été le plus chanceux dans l’histoire.

Le problème, c’est que la nouvelle règle ne résout pas le problème de sécurité. En fait, ça permet juste d’éviter d’avoir des problèmes au classement du week-end comme c’est arrivé en France, mais le problème de sécurité est toujours là. Ma pénalité en France n’avait aucun sens et n’en a toujours pas aujourd’hui. Tout le monde le dira, ce qu’il s’est passé là-bas, c’est inacceptable, mais ça arrivera de nouveau si on ne règle pas le problème et le problème, ce sont les commissaires de piste qui ne sont pas professionnels, ou pas payés. Je ne sais pas, mais il faut trouver une solution au problème, pas changer de règle pour tenter de détourner le problème. C’est mon opinion.

Vous venez de faire six GP en sept semaines, le rythme des courses n’est-il pas trop relevé selon toi ?

Pour moi, faire 20 Grand Prix à l’année, chaque GP sur 2 jours, c’est trop. Si vous voulez des grands prix sur 2 jours, il faut réduire à 15 ou 18 épreuves. Pour faire 20 GP, il faudrait changer le format car deux jours, c’est trop. Pour disputer certaines courses, il nous faut même partir le jeudi car maintenant, dès le vendredi, on doit faire les essais de départ à 4 heures de l’après-midi et aucun avion ne nous permet d’arriver à temps. Donc, on part le jeudi, et on ne rentre pas à la maison avant le lundi soir. En comparaison avec un format sur un jour, ça nous demande de dépenser bien plus d’énergie.

Faire ça 20 fois dans l’année, c’est énorme. Entre 15 et 18 GP, on est bon mais sinon, on doit changer le programme. Nous, on a des teams qui font tout pour nous, mais ça ne concerne que les premiers pilotes. Les mecs qui sont au-delà de la 8ème place doivent tout faire eux-mêmes, ou presque, et c’est un énorme travail. Je n’imagine même pas comment ils s’en sortent, surtout cette année avec toute la pluie et les épreuves dans la boue, ce qui nécessite encore plus de boulot en rentrant. À ce rythme-là, on ne sera bientôt plus que 10 ou 12 derrière la grille parce que les autres ne pourront plus se permette d’être là.

Jeremy Seewer “À ce rythme là, on ne sera bientôt plus que 10 ou 12 derrière la grille”
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