Il y a un nouveau constructeur engagé en mondial MX2 cette année: Triumph. Pour ses débuts en Motocross, la marque Britannique a fait confiance à Mikkel Haarup et Camden McLellan, et ces derniers n’ont pas déçu en montant tous deux sur le podium de grand prix en première moitié de saison. Ancien responsable technique chez Kawasaki KRT jusqu’à la reprise du programme officiel Kawasaki par Ice One fin 2021, Vincent Bereni a repris la casquette de team-manager de l’équipe officielle Triumph pour se lancer à l’assaut d’un nouveau défi sur le mondial MX2 cette année. Notre confrère Andy McKinstry s’est entretenu avec ce dernier lors du GP de Maggiora, afin de tirer un bilan de cette première moitié de saison. Micro.
Le rôle de Team-Manager n’est pas nouveau pour toi, car tu l’as déjà été à l’époque de Kawasaki mais ce n’était plus le cas ces dernières années. C’est comment, de revenir au sein du paddock ?
Évidemment, c’est excitant. Devoir arrêter quand ce n’est pas ton choix, ça laisse un goût amer. Tu vas sur les courses, mais juste pour regarder, car évidemment je travaillais pour le programme Triumph et je me suis rendu sur les courses pour repérer les pilotes qu’on allait tenter de signer. C’était bien, mais il manquait l’adrénaline de la compétition, et c’est bon que cet aspect soit de retour. […] Ce programme, c’était beaucoup de travail. Mais on a un bon groupe d’ingénieurs derrière nous, comme un bon groupe de personnes. C’est vraiment du fun tous les jours, et je prends beaucoup de plaisir.
Clément Desalle a eu un rôle important dans le développement. Comment a-t-il rejoint l’aventure ?
Clément avait déjà travaillé avec nous par le passé, dans mon ancienne structure. On a toujours eu de très bonnes relations et je savais que c’était un très bon pilote pour le testing, très exigeant. C’est exactement ce qu’il fallait. Tu n’as pas besoin d’un pilote d’essais qui te dise ce que tu veux entendre, tu as besoin d’un pilote d’essais qui te dise ce qu’il faut que tu améliores sur la moto. Selon moi, il a fait un travail formidable.
Vous avez deux pilotes MX2 pour vos débuts en championnat du monde. Des débuts rêvés avec un podium en Argentine pour Mikkel. Tu t’attendais à pouvoir jouer le podium d’entrée de jeu ?
Oui, avec certitude. Je m’attendais à ce qu’on soit devant. J’avais fait tout ce que je pouvais faire de mon côté, et j’avais aussi vu les pilotes et l’équipe travailler dans les coulisses. Je me disais que notre place était devant. Avant que tu ne participes aux courses, tu ne sais jamais vraiment à 100% à quoi t’attendre mais le feeling était bien là. Ce n’était pas une énorme surprise pour moi, ce podium. J’imagine que pour beaucoup de personnes, c’en était une toutefois. Mikkel l’a mérité, c’est un pilote très impliqué. Il sait ce qu’il veut, et il fait le travail pour y arriver.
Mikkel a beaucoup d’expérience en MX2. C’est sa dernière année dans la catégorie. Il a eu quelques problèmes l’an dernier avec des changements de teams, mais avoir un guidon d’usine pour sa dernière saison en MX2, c’était probablement ce dont il avait besoin.
Mikkel a été notre choix numéro 1, pour être très franc. Il a montré beaucoup de belles choses par le passé, même s’il n’a pas pu aller au bout à quelques reprises. Chaque pilote connaît sa propre carrière, et elle peut vraiment décoller en un instant. Si tu te souviens bien, Mikkel était attendu comme le gros client en provenance des championnats d’Europe. Tout le monde lui a mis de la pression sur les épaules. Le talent a toujours été là, il n’y a pas de débat là-dessus. Il a désormais une très bonne moto, il lui fallait juste rassembler toutes les pièces du puzzle.
Quelles sont les attentes concernant Mikkel d’ici la fin de saison ? J’imagine que l’objectif est de monter sur le podium de nouveau, et d’aller chercher une victoire …
C’est ce pour quoi on roule chaque week-end. Parfois c’est un peu frustrant, parce qu’on est dans le top 5 pratiquement tout le temps, très proche de remonter sur le podium. On sait qu’on est en mesure de le jouer. Le niveau en MX2 est vraiment impressionnant, au-delà de ce à quoi je m’attendais. Je me dois de le dire, la vitesse en MX2 cette année est …. wow. Si tu regardes bien, on a déjà vu 10 pilotes différents monter sur le podium. Ça en dit long sur le niveau.
Camden McLellan a décroché son premier podium cette année. C’était un choix risqué; pas le plus évident à faire que de le signer, mais il a rapidement fait ses preuves. Vous devez être satisfaits de lui.
Je ne dirais pas que c’était risqué. Pour moi, Camden, il a ce petit quelque chose. Je l’avais vu il y a un bon moment. Pour moi, ce podium, c’était le résultat d’un gros travail effectué. Il a passé beaucoup de temps à travailler avec Clément Desalle, aussi pendant l’intersaison à ajuster son pilotage, ajuster son approche des compétitions. Il est jeune, il apprend. C’est le résultat du travail fourni à l’intersaison. Il a encore beaucoup de choses à apprendre pour pouvoir être plus régulièrement sur le podium, mais il a ce qu’il faut. Évidemment, sa blessure est vraiment dommage.
Je crois qu’il sera de retour en Indonésie. Tu dois avoir hâte de l’avoir de nouveau sous l’auvent avec Mikkel.
Bien sûr. J’ai peut-être été un peu dur avec lui parfois, car j’en attends plus de lui. Évidemment, il voulait revenir en piste plus rapidement possible mais je ne le lui ai pas autorisé; c’était pour son bien et je pense qu’il l’a compris. Il continue de travailler dans l’ombre. Il a vraiment fait du bon travail au niveau de sa blessure, il a su gérer cette dernière, il a écouté et il a fait tout ce qu’il devait faire. Je veux qu’il puisse être de retour à son niveau d’avant. Les autres ont continué de rouler, donc ce sera très dur et l’approche, comme le travail, est un peu différent de d’habitude dans ces circonstances. J’espère qu’il sera en mesure de rapidement retrouver les places qui sont siennes.
C’est la première année de Triumph en MX. Vous aviez des objectifs pour la saison ? Comment décrirais-tu cette première moitié de saison ?
L’approche a changé pour tout le monde, et je pense que ça dépend de la façon dont se déroule le championnat. Tu peux connaître un début de championnat un peu lent et te développer, où démarrer sur les chapeaux de roues. Il y a également le fait qu’on apprenne de la catégorie MX2 car dans cette catégorie, c’est à fond à chaque manche donc il est difficile de mettre une stratégie en place. Il faut vraiment que le pilote soit prêt pour disputer 20 épreuves comme ça a cette intensité.
Vous avez pour objectif de faire rouler un pilote MXGP l’an prochain, certaines rumeur suggèrent que la moto ne sera pas prête. On peut avoir des nouvelles ?
Il n’y a pas vraiment de nouvelles, c’est un point qui est encore sujet à discussions, mais Triumph sera là l’an prochain.
Donc on pourrait voir un pilote MXGP chez Triumph l’an prochain ?
Pour moi, du moment qu’il y a une moto, oui …
Sur le long terme, quels sont les plans pour Triumph ? De continuer avec une seule équipe ? On voit que les autres constructeurs ont une poignée de structures, factory, satellites, EMX … Est-ce que c’est la route que Triumph souhaite emprunter ?
Pour être très franc, ce serait plus une question destinée au manager, Mr Kimber. Ils développent le futur de Triumph. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas, car ce serait assez logique.
Mikkel n’est sous contrat que pour cette année, est-il possible qu’il reste en 2025 ?
Mon souhait est que Triumph garde Mikkel. Ce serait vraiment quelque chose de génial mais ce n’est que mon opinion. Camden, lui, il sera de nouveau avec nous l’an prochain.
