S’il est une nouvelle qu’Amaury Maindru pensait ne jamais recevoir, c’était celle de son éviction de la sélection nationale pour le mondial Junior. Et pourtant. Écarté de l’équipe de France sur décision arbitraire, le jeune Espoir Français accuse le coup. La famille, elle, a dû expliquer à Amaury que sa jeune carrière prenait fin. Désabusés, les Maindru ont en effet décidé de faire une croix sur les investissements dans le sport moto.
Issu d’une famille de cavaliers et ayant pratiqué l’équitation jusqu’en 2016, c’est sur le tard qu’Amaury Maindru est arrivé dans le milieu du Motocross. Le garçon originaire d’Angers fera rapidement preuve d’aptitudes un guidon entre les mains. Encouragé par son mentor David Fretigné et par son 1er supporter, son grand-père Michel Maindru – qui fera office de mécanicien d’entraînement et de chauffeur jusqu’en 2023 – Amaury se frayera petit à petit un chemin au sein de la hiérarchie régionale, puis nationale.
Champion de Ligue Pays de La loire en 2018, 7ème du Minivert 65cc en 2019, Amaury décrochera rapidement le statut de sportif de haut niveau. La première tournée internationale ne sera alors plus qu’une formalité.
Présent aux avant-postes sur le championnat de France Espoirs en 2021 – remportant l’ouverture à Ernée – Amaury fera une pige payante sur le CFS en remportant l’épreuve de Magescq. Il prendra également part à sa première saison d’Europe. 12ème de la zone Sud/Ouest et remarqué par Freddy Blanc, Amaury prendra la direction de Megalopolis – en Grèce – pour représenter l’étendard Français lors de la coupe du monde Junior: il ramènera une 16ème place au championnat 85cc.
Vice-champion de France Espoir en 2022, Amaury terminera troisième de la zone Sud/Ouest lors des qualifications à l’Europe 85 et 5ème de la finale de Loket, faisant alors office de meilleur Français. Ses belles prestations à l’international se confirmeront en Finlande avec une dixième place (4-DNF; 1er français) lors du mondial Junior à Vantaa. Amaury terminera également second de la catégorie 85cc (1er français) aux Nations Européennes, et participera activement à la victoire de la France au classement par équipes.
Vous l’aurez compris, et à plus d’une occasion, le garçon a répondu présent pour défendre les couleurs de sa nation.
Présent en équipe de France depuis trois saisons, Amaury Maindru terminait troisième du championnat de France Junior cette année, tout en réalisant – parallèlement – son second mandat sur l’Europe 125. Il ramènera une 11ème place à Arco comme meilleur résultat. Le tout, Amaury le réalisait au sein d’un programme privé soutenu par ses parents, Thierry Millet (Bihr) et Benoit Beaumont (Neken). Accompagné de son fidèle mécanicien depuis deux ans – Evan Perrin (PMX Performance) – Amaury était bien le seul pilote de l’équipe de France 125cc sans structure cette année.
En Juin dernier, Amaury Maindru se rendait à Magescq pour y effectuer un stage avec le collectif France, afin de préparer le mondial Junior. Il y retrouvait alors ses homologues Mano Faure et Tom Brunet. Lors d’un exercice, Amaury sera victime d’une mauvaise chute en fin de journée. Il devra mettre un terme à sa présence sur ledit stage de façon anticipée le lendemain, sur une deuxième chute, afin de passer des examens médicaux.
“Amaury a indiqué qu’il avait mal, qu’il ne pouvait pas rouler dans ces conditions. L’entraîneur national lui a répondu que son attitude était à l’image de sa saison : qu’il n’avait pas d’envie, pas de motivation. Qu’il fallait se défoncer, se battre; qu’il n’avait pas faim.” nous explique Charles Maindru, papa d’Amaury. “En concertation avec son entraîneur privé Quentin Thomas – et en l’absence de staff médical lors de ce stage – on a demandé à Amaury de rentrer à Angers pour effectuer des examens médicaux pour ne pas compromettre l’échéance du mondial; ce qu’il a fait.”
La sanction ne s’est pas fait attendre. Amaury Maindru a été directement avisé de son éviction de l’équipe de France pour le mondial Junior suite à son départ anticipé du stage. En désaccord avec la version de la FFM sur les faits reprochés à Amaury, la famille Maindru fera parvenir une lettre d’explication, accompagnée d’un certificat médical stipulant une inaptitude à la pratique du sport du 20 au 30 juin 2024.
La rétorque sera rapide, et la décision inflexible. La blessure contractée n’aura – elle – nécessité que quelques jours de repos mais Amaury n’était plus convié à porter le maillot tricolore à Heerde. Afin de se donner les meilleures chances de résultats en Hollande, Amaury et son entraîneur avaient organisé deux semaines d’entraînement à Lommel avant le mondial Junior; les plans seront donc annulés à la dernière minute.
Deux pilotes Français seront appelés à la rescousse – sur le tard – pour se rendre à Heerde et évoluer en catégorie 125. Ils déclineront. Mano Faure blessé, Amaury Maindru évincé, Tom Brunet sera notre seul représentant tricolore sur le mondial Junior, en catégorie 125cc.
“On y investit beaucoup de temps, on y investit beaucoup d’argent, et on se fait traiter comme des moins-que-rien. C’est de l’injustice.” Pour Charles, la décision d’écarter Amaury fait déborder le vase. “Nos enfants sont des fantassins, on les envoie au front et s’ils ne se relèvent pas, on en envoie d’autres à leur place; c’est tout. Ce qu’il faut savoir; c’est qu’une saison d’Europe, ça nous coûte +/- 120.000€. La FFM nous donne 700€ d’aide par épreuve de l’Europe uniquement, et ils voudraient qu’on soit à leur botte. La réalité, c’est que quand il s’est retrouvé sur la touche l’an dernier, seul Sebastien Bonnal lui a passé un coup de fil pour prendre de ses nouvelles en 4 mois… On voudrait qu’il soit exemplaire, mais quel exemple est-ce qu’on lui donne ?!”
Victime d’une mauvaise chute à Lommel en Juillet 2023, Amaury Maindru se fracturait 5 vertèbres et observait une longue période de convalescence. Il contractera malheureusement une nouvelle blessure – au foie – en décembre. L’intersaison 2024 sera courte, pour ne pas dire inexistante et le garçon tentera de combler son retard dès les premières épreuves de la saison 2024.
“Amaury s’est rendu compte qu’il était impossible de concilier études et sport moto à ce niveau-là.” explique Charles. “Il avait compris que ses deux blessures successives résultaient d’un surmenage mental. Vu qu’il avait une année d’avance sur sa scolarité, il a décidé d’arrêter le lycée cette année pour se consacrer à la moto. C’est impossible de faire toutes ces épreuves en Europe, en France, de s’entraîner, d’aller à l’école, et de tenir la cadence pour performer. Les jeunes se professionnalisent beaucoup plus tôt aujourd’hui et pour tenir le rythme, ils sont obligés de sortir des cursus scolaire. Cette tendance n’existait pas avant et le plus gros problème, c’est qu’on les fait courir après un rêve qui n’existe pas.”
Pour atteindre ses objectifs, Amaury Maindru a également changé d’entraîneur en avril, pour s’entourer de Quentin Thomas et intégrer son programme aux côtés d’Alexis Fueri. Du haut de ses 16 ans, Amaury a donc quitté le cocon familial pour s’installer à 1.000 kilomètres de là, et s’adonner à son sport à 200%. Si la collaboration s’avèrera positive pour Amaury, la décision de la FFM aura raison de ses ambitions et de son avenir sportif. Les motos ont été vendues, et Amaury est depuis rentré chez lui afin de préparer sa prochaine rentrée scolaire en 1ere générale, en Septembre prochain.
“Ce n’est pas ce qu’il voulait, ce n’est pas ce qu’on voulait, mais on a fini par être dégoûté de tout ça. Le sport de haut niveau n’était pas une fin en soit. Pour nous, c’était surtout une valeur d’éducation. Son frère Ambroise détient également ce statut dans le milieu de l’équitation, et on ose nous dire qu’on ne sait pas ce qu’il faut faire pour atteindre le haut niveau. Non seulement on nous manque de respect, mais on touche à notre honneur alors qu’on a toujours fait le maximum; et qu’est-ce qu’on y gagne en retour ? La réalité, la voilà, et il faut le faire savoir aux autres parents. Amaury est un garçon travailleur et intelligent, il a compris qu’il y avait peu d’avenir dans le Motocross. Désormais, il va se consacrer à l’école et surtout, il va vivre la vie classique d’un adolescent, loin de la moto.”
C’est sur ce dénouement malheureux qu’Amaury dit stop au sport moto. Une décision familiale que regrette évidemment l’intéressé, qui se voit privé de ses rêves d’adolescent. L’histoire d’une famille qui ne se retrouve plus dans les valeurs sportives de sa fédération; une parmi tant d’autres.
“Heureusement, nous avons fait de belles rencontres humaines” conclut Charles Maindru. “Nous pensons bien évidemment à Franck Helbert (HFP), Pascal Cheron (RPM) et Jérôme Hemery (HRS) pour la partie mécanique. Nous pensons également aux familles Faure, Valin, Fueri, Feipeler, Franzoni & Roux, à Christophe Métivier et Philippe Guilloteau (MX Club Saumurois) qui ouvraient leur terrain dès qu’Amaury en avait besoin et au “doc” Nicolas Chevreuil pour sa disponibilité sans faille. Enfin, un grand merci à Thierry Millet et Gérard Valat pour leur confiance, écoute, et conseils avisés. C’est la fin d’une belle aventure, qui nous a fait rêver, et aussi grandir.”