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Livia Lancelot “Une bonne moto, un bon pilote, à nous d’aller chercher les pilotes usines”

Livia Lancelot “Une bonne moto, un bon pilote, à nous d’aller chercher les pilotes usines”

Après un coup de poker manqué avec Bailey Malkiewizc et Nathan Crawford en 2020, la structure Française de Livia Lancelot se relance dans sa conquête du top 10 en mondial MX2 cette année avec un pilote éprouvé; Ruben Fernandez.

L’espagnol ne sera pas seul derrière les grilles du mondial MX2 puisque le jeune Joel Rizzi fera ses débuts dans la catégorie cette saison. Avec Tahlia O’Hare, Livia Lancelot retrouvera également son premier domaine de prédilection: les grilles de départ du mondial WMX. De son côté, Axel Louis s’engagera pour un troisième mandat en championnat d’Europe 250.

De l’Elite à l’Europe, en passant par le mondial MX2 et les championnats féminins; micro avec la team-manager de l’équipe Honda 114 Motorsports.

Livia, si on fait un bilan de la saison 2020 avec Bailey et Nathan, ça donne quoi ? Qu’est-ce qu’il aurait fallu changer dans leur saison pour leur permettre de re-signer avec Honda 114 ?

La saison 2020 a été très compliquée pour tout le monde, aussi bien pour les teams que pour les pilotes. Pour nous, l’organisation était délicate, financièrement, ce n’était pas simple non plus, personne n’était préparé.

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Nathan et Bailey étaient prêts, ils avaient fait deux grands prix avant de repartir en Australie pendant le break. Ensuite, l’un des deux est revenu avec sa copine et il était plus au “club med” que dans un team qui dispute le mondial. On a un peu trop laissé faire au début et après, c’était malheureusement trop tard.

Pour Bailey, ce n’est pas le Covid qui a posé problème mais sa blessure au genou du début d’année. Si on avait su que le Covid allait durer aussi longtemps, on l’aurait fait passer par la case opération dès le début et il aurait pu revenir en fin de saison. Quand on a été confiné, on ne savait pas combien de temps toute cette histoire allait durer; ni quand on reprendrait et le choix a été fait de ne pas l’opérer. Je pense que c’était une erreur, il aurait passé 3 ou 4 mois sans rouler et il serait revenu; au final, il a dû serrer les dents toute la saison avec un genou qui se déboîtait, il ne roulait pas à 100%, il ne pouvait pas mettre les pieds par terre, c’était difficile pour lui et inévitablement, les résultats n’étaient pas là.

Est-ce que tu penses que c’est vraiment jouable de découvrir le mondial et de cartonner dès la première année pour des Australiens qui ne connaissent vraiment que très peu de ce dans quoi ils mettent les pieds ? Ça a marché avec Evans, oui, mais c’était probablement l’exception qui confirme la règle ?

Mitch Evans l’a fait donc oui, on sait que c’est possible, mais ce n’est pas donné à tout le monde. Aujourd’hui, je pense que nos deux pilotes de 2020 ont fait quelques erreurs, ce qui a fait qu’ils n’ont pas eu de guidon pour l’année suivante chez nous, comme au sein des autres équipes.

On est dans un petit milieu, tout se sait, tout se voit. Un pilote qui ne travaille pas, ça se voit. Bailey sortait devant à pratiquement toutes les courses, tenait 5 ou 10 minutes avant de rétrograder; ça nous donne une idée du profil du pilote et les autres teams n’ont pas forcément envie de signer ce pilote.

De notre côté, on a peut-être fait l’erreur de prendre deux pilotes de la même nationalité car il y avait quelques antécédents entre eux en Australie. Ce qui fait qu’on n’avait pas vraiment de cohésion à l’entraînement, c’était chacun de son côté, et dans les mauvais sens. S’entraîner de son côté et faire plus que l’autre, OK, mais là, c’était plus du “je n’ai pas envie de m’entraîner avec lui, donc je ne m’entraîne pas”, malheureusement.

En 2021, on retrouvera donc Ruben Fernandez et Joel Rizzi sur le mondial MX2 avec Honda 114 Motorsports; qu’est-ce qui fait qu’on porte son choix sur ces deux pilotes ?

Pour signer des pilotes, c’est simple. On prend le classement actuel au moment des discussions, et on raye au fur et à mesure ceux qui ne sont pas disponibles. Un Tom Vialle forcément, on le raye d’office [rires]; c’est hors budget, il roule sur une moto d’usine, c’est impossible de rivaliser et on en est conscient même si j’aimerais beaucoup travailler avec Tom.

On raye tous ces pilotes qu’on ne peut pas avoir, et il reste alors les pilotes qui sont libres de contrat. À partir de là, on commence à prospecter.

Ce qui est top, c’est que Ruben, c’était mon premier choix parmi tous les pilotes qui étaient libres et ça l’a fait. On lui a présenté le team tel qu’il est; moi, j’essaye de m’occuper à 200% de mes pilotes pour leur mâcher au maximum le travail à côté de la moto et je pense que c’est quelque chose qui lui a plu. Il a vu qu’on avait une moto compétitive puisque notre 250 sortait devant en mondial avec Bailey.

On a pu le signer à Arco avant la fin de saison 2020 et pour nous c’était un vrai soulagement.

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Joel Rizzi ! J’ai été très surpris, pas par sa signature, mais par la catégorie dans laquelle il est engagé en 2021, quand on sait qu’il a débuté la saison 2020 en EMX125.

À la base, on partait éventuellement sur de l’Europe 250 avec Joel car effectivement, il était encore en 125 au début de la saison 2020. Il s’est blessé, il est revenu en Lettonie et il a fait de beaux résultats sur la 250 sur l’Europe ( 18-17 ; 11-18 ; 13-12) et après il s’est de nouveau fait mal.

Ce que j’aime avec Joel, c’est qu’il est jeune et qu’il a un vrai potentiel, et plutôt que de “perdre” une année en Europe où il ne fera que la moitié des courses sur des horaires qui ne sont pas toujours top, on préfère le mettre une année en MX2 pour apprendre, sans pression de résultat, pour lui permettre de découvrir toutes les pistes, à gérer des overseas, des GP compliqués, et l’idée c’est de le préparer sur plusieurs saisons pour ensuite viser des résultats.

Finalement, le coup de poker Australien qui avait magnifiquement bien fonctionné en 2019 a moins réussi en 2020, on a dit stop aux Australiens pour quelle raison ?

Le coup de poker a été raté en 2020, clairement.

Aujourd’hui, on est dans une conjoncture qui est difficile avec l’Australie en ce qui concerne les visas. D’un point de vue organisation, c’était plus simple de rester sur des pilotes Européens et quand tu as le choix de signer un pilote comme Ruben Fernandez – dont tu sais très bien de quoi il est capable – tu ne vas pas chercher un Australien que tu ne connais pas.

En 2020, on a été chercher des Australiens car sur le marché, il n’y avait aucun pilote de disponible dans nos budgets, donc on a tenté un coup de poker qui n’a pas fonctionné, mais qui avait réussi la saison d’avant avec Mitch Evans. Là, aujourd’hui, le team évolue, on a de plus en plus de partenaires, de budget, aujourd’hui on peut se permettre de signer un Ruben Fernandez et on a sauté sur l’occasion.

Avec tout ce qui s’est passé, le Covid, la saison 2020, l’ouverture du mondial 2021 qui se retarde, vous avez réussi à avoir les mêmes budgets ?

Non, on a eu une grosse perte sur 2020, on ne peut pas dire qu’il n’y ait pas eu d’impact sur le budget mais malgré tout, on a un team qui évolue dans le bon sens, on a fait des podiums, on a prouvé qu’on n’était pas juste là pour une saison avant d’exploser, comme on peut le voir avec certains teams.

On a des partenaires qui nous font confiance, et même si on a des baisses de budgets, il n’est pas si mal; on l’a géré d’une manière un peu différente pour pouvoir signer Ruben. Ce sont des sacrifices qu’on fait d’un côté pour pouvoir récupérer d’un autre côté par la suite.

Ruben Fernandez fait beaucoup parler de lui cette intersaison en s’imposant en Italie, en Espagne. Il a bien roulé à Calatayud face à un pilote Factory KTM, Guadagnini; j’imagine que ça ouvre la porte a de grandes ambitions pour 2021 avec Ruben ?

C’est sûr que de voir les résultats qu’il a été en mesure de produire sur les premières courses à l’intersaison, c’est encourageant. On voit qu’il y a encore pas mal de choses à travailler, et notamment sur ses départs; il y a également du travail à faire de notre côté sur la moto, il n’y a pas que Ruben qui doit travailler, et on en est conscient.

Ça nous met dans une bonne optique, avec Ruben dans un beau jour on peut clairement espérer un podium sur le mondial.

Ruben a l’air d’aimer flirter avec les limites, il n’hésite pas à aller à se frotter, je ne vais pas aller jusqu’à dire qu’il sur-roule, mais de l’extérieur, on a l’impression qu’il a besoin d’apprendre à se canaliser; c’est quelque chose sur lequel tu travailles avec lui ?

Oui, j’en ai discuté dès le début avec lui quand il est arrivé à l’entraînement. Depuis qu’on a arrêté de travailler avec Eric, j’ai repris la partie entraînement et je suis sur la piste avec les pilotes en permanence. Tout s’est très bien passé avec Eric, il a fait des choix de vie, il voulait rentrer au Portugal et je respecte ce choix.

J’ai replongé dans les résultats de course de Ruben des années précédentes, regardé les vidéos pour essayer de comprendre qui est Ruben Fernandez, ça fait aussi partie du jeu de bien connaître son pilote. J’ai parlé avec lui de ce côté “limite”. À l’entraînement on voit qu’il est toujours proche de la limite sans ne jamais la dépasser. Je lui ai dit que c’était très bien, car jouer avec la limite à l’entraînement lui permettra d’être plus serein le jour de la course; mais attention à ne pas la dépasser.

À Calatayud, Ruben a trop joué avec la limite. Tout s’est très bien passé avec Guadagnini, au contraire de ce que certaines personnes ont pu dire, les deux pilotes étaient vraiment contents de la course, car c’était tout de même très propre. Ils sont tombés en se touchant, mais c’était un fait de course. Malgré tout, Ruben roulait un petit peu trop au-delà de la limite, ce qui fait qu’il est tombé et qu’il aurait pu se faire mal. Tu retombes un peu mal, tu te casses une clavicule, un poignet, et en début de saison, ce n’est pas idéal.

On travaille donc pour être proche de la limite, sans la dépasser.

J’ai dit que c’était terminé les Australiens, mais j’ai menti. Tu te réengages en WMX avec la jeune Tahlia O’Hare. Pourquoi Tahlia ?

Depuis le début de l’équipe, je veux travailler avec une fille mais – honnêtement – je n’ai jamais trouvé personne qui m’intéressait. L’opportunité ne s’était jamais vraiment présentée. Tahlia a exactement le même agent que Nathan & Bailey l’an dernier, donc il m’en a parlé en premier en me disant “va voir Tahlia, elle roule bien“, et c’est ce que j’ai fait.

Tahlia ne faisait pas de gros résultats – sa meilleure place en manche l’an dernier, c’était une 8ème position – mais elle avait un bon style et j’ai commencé à discuter avec elle.

Son agent a fait le job pour qu’on trouve une solution avec Honda, elle avait eu un problème avec son team, elle s’était retrouvée sans moto, elle n’avait pas d’entraîneur, c’était difficile de mettre les choses en place pour aller chercher des résultats. Tahlia voulait trouver des solutions, et on a fait en sorte de pouvoir les trouver avec elle.

Je travaille avec elle depuis début décembre et je me régale. C’est top, on bosse bien et elle progresse vraiment bien.

Tahlia m’avait dit qu’elle te regardait rouler en GP quand elle était gamine; travailler avec quelqu’un que tu admires, j’imagine que ça apporte une nouvelle saveur pour une pilote comme ça.

C’est sûr que c’est différent mais parfois, Ruben et son père me ressortent des résultats à moi, des manches que j’ai gagnées, dont j’ai du mal à me rappeler; ça m’étonne qu’eux s’en souviennent !

Avec Tahlia, ce qui se passe, c’est que je suis vraiment sûre que ce que je vais lui dire va l’aider à 100%. Avec Ruben, il y a toujours ce petit truc: je reste une fille. Par exemple, le pilotage que j’avais à l’époque, je l’avais développé car je manquais de force par rapport aux hommes, il y a ce facteur.

Je leur donne mon avis, mais s’ils ne sont pas d’accord et qu’ils ont un autre avis, je le respecte car je ne suis pas dans leurs bottes. Avec Tahlia, quand je lui dis quelque chose, je suis sûre qu’elle va l’assimiler, elle peut s’identifier à moi à 200%. J’ai été rouler avec elle, on a vraiment beaucoup bossé et aujourd’hui, la progression est énorme et j’ai hâte d’attaquer le mondial féminin avec elle.

En WMX, il y a quand même pas mal de filles, mais il y a un gros écart entre le top 3, peut être 5, et le reste des filles; comment on comble cet écart ?

C’est compliqué. Difficile de dire comment le combler, je ne roule plus beaucoup et pourtant, quand j’ai été rouler avec Tahlia à l’entraînement, j’étais plus rapide qu’elle en début de journée.

En l’aidant, et en évitant de prendre des risques moi-même, Tahlia a finalement terminé la journée en étant plus rapide que moi, j’étais vraiment contente pour elle.

Kiara, Nancy et Courtney, pour aller les chercher, il va vraiment falloir bosser; on n’en est pas encore là. Par contre, après ces 3 premières, il y a de la place dans le top 5, et je pense que c’est possible d’aller chercher ces places là. On sait aussi que ces trois filles vont tout donner pour jouer le titre, ça va partir à la faute comme c’est souvent le cas, et on peut rêver d’une place sur le podium.

Passer du 85 au 250 pour Axel Louis n’a pas été une transition facile en 2019, il y a eu du mieux en 2020 avec une belle progression et un premier top 10 de manche.

Le problème qu’on a avec ce passage en 250 “précoce”, c’est qu’on se retrouve avec un pilote très jeune, qui n’est pas encore prêt mentalement, qui n’a pas encore la maturité physique et mentale pour se battre avec des pilotes de 20 ans.

C’est difficile de se retrouver dans une catégorie dans laquelle tu es le plus jeune, le plus faible en quelque sorte. Axel vient de fêter ses 17 ans, il pourrait encore rouler en EMX125 cette année s’il le voulait; il est plus jeune qu’un Soulimani. Un Bonacorsi qui a gagné l’Europe 125 avait déjà 18 ans l’an dernier.

Forcément, comme Axel roule en 250 depuis longtemps, on a l’impression qu’il est plus vieux qu’il ne l’est réellement; il a eu 17 ans au mois de Mars et il s’est lancé en 250 à 15 ans.

On se retrouve avec un pilote qui est jeune dans sa tête, et à ces âges-là en un an, il y a une grosse évolution mentale. À 20 ans, on évolue déjà moins mentalement d’une année sur l’autre mais à l’adolescence, c’est beaucoup plus rapide.

On n’a pas eu de chance en 2020 puisque du coup, le championnat d’Europe s’est déroulé presque uniquement dans le sable; on a fait la Kegums, Lommel, Valkenswaard, Mantova …. La seule et unique épreuve qui s’est disputée dans la terre, c’était en Espagne, et Axel fait 8ème en première manche après être sorti devant. Un résultat de fou par rapport à ce qu’il faisait dans le sable mais je pense que son niveau était entre 8-15 toute la saison si on avait roulé dans la terre.

Cet hiver, Axel nous a fait de belles choses, mais il s’est malheureusement fait mal à la cheville et il ne roule plus depuis 6 semaines.

À l’image de Joel, on a fait le choix de le mettre dans des catégories plus relevées. C’est vrai que de l’extérieur, on a vite fait de l’oublier, de penser qu’il est là depuis longtemps, mais un pilote comme Tom Vialle a mis un peu de temps à exploser, il n’est pas le plus jeune champion du monde de l’histoire, mais il est champion du monde tout de même.

En finalité, Axel peut encore faire 6 saisons en 250, alors qu’il a déjà fait 2 saisons dans la catégorie.

Exactement. À son âge les autres sont encore en 125, le seul qui fait un parcours similaire, c’est Maxime Grau qui s’engage sur l’Europe 250 cette année. Il va se retrouver à faire ses débuts dans la catégorie au même âge qu’Axel quand il est arrivé en 2019; c’est une énorme étape.

On verra ce que fera le petit Maxime, je lui souhaite de faire du résultat. Axel, ça lui aura pris un petit peu de temps, mais on lui laisse ce temps. Le choix du 250 a été fait avec les parents d’Axel et de toute façon, il ne voulait pas passer par la case 125, ça ne lui plaisait pas. Pour le team c’était aussi plus simple de le faire rouler en 250 directement et on avait eu l’exemple de Tom Vialle en EMX250, on avait vu que ça pouvait fonctionner.

L’avenir nous dira si c’était le bon choix.

L’an dernier, j’ai été surpris d’apprendre que Nathan évoluait avec une licence Australienne sur le championnat de France; ce qui l’empêchait de bénéficier du report de points sans quoi il aurait été champion de France Elite MX2; ce n’est qu’un titre national, mais j’imagine que c’est toujours un titre à avoir…

En fait, toute cette histoire est un mic-mac de paperasse anti-sportif à mon sens.

Aujourd’hui, quand un jeune Français priorise le championnat de France, il mérite plus d’être champion de France qu’un pilote de mondial – Français ou non – qui ne vient faire qu’une ou deux épreuves comme ça et qui fait un hold-up car il se fait rajouter des points en fin de saison.

Donc tu n’es pas pour le report de points sur l’Elite, même si c’est pour tes pilotes ?

Je ne dis pas que je ne suis pas pour, je dis qu’il y a peut-être une façon plus sportive de faire ça.

Comme tu l’as dit, si on avait pris une licence FFM à Nathan, il aurait été champion de France alors qu’à la base, le championnat de France n’était pas dans nos objectifs; on y était simplement car il n’y avait pas de courses à ce moment-là.

Je ne crache pas sur un titre de champion de France, au contraire, pour le team c’est très bien, ça rajoute au palmarès, parfait. Mais c’est quand même anti-sportif. Ce n’est pas terrible, ça ne colle pas avec mes valeurs.

Quand je roulais il y a quelques années, je marquais les points du mondial sur le championnat de France, ce qui fait que ça te donnait matière à réflexion. Si tu allais au mondial pour faire 15ème, tu étais certaine de perdre ton titre en France.

Aujourd’hui, si tu gagnes les deux premières épreuves de l’Elite, tu croises les doigts pour qu’il n’y ait que des courses de l’Europe ou du mondial pour tout le reste de la saison.

Surtout quand un championnat de France ne se déroule que sur 3 épreuves comme l’an dernier.

C’est ça. Je ne vais pas dire que je ne veux pas de titre en Elite, mais je ne suis pas fan de ce système surtout qu’il n’y avait pas beaucoup de courses. Peu de courses, des concordances de dates, et beaucoup de polémiques pour quelque chose qui était selon moi anti sportif. Je n’aurais pas trouvé ça honnête de donner le titre à Nathan pour une simple histoire de licence.

Difficile de faire un règlement équitable pour tout le monde; aujourd’hui, Ruben a une licence espagnole donc même si on refait l’Elite, ce sera la même chose. Seul Joel a une licence FFM car avec l’Angleterre qui est sortie de l’Europe, c’était un peu compliqué. Je n’ai pas donné une licence FFM à Joel pour viser le titre sur l’Elite; notre objectif reste le mondial, le reste, c’est de la paperasse.

La règle mériterait d’être réétudiée. Quand j’allais au mondial et que je loupais le championnat de France Féminin, ça ne me dérangeait pas car j’étais quasiment sûre de faire podium en mondial et donc de marquer de gros points sur le MXF.

Il faut voir ça d’un point de vue de team-manager et budget: aujourd’hui, ça m’arrange presque quand les épreuves de l’Elite tombent en même temps que celles de l’Europe ou du mondial. D’un point de vue budget, ça m’enlève des courses pour Axel par exemple, et en plus il marque des points; c’est comme si on était à deux endroits en même temps, c’est tout benef’.

Axel doit faire l’Elite, et il fait l’Europe. Financièrement, plus j’ai d’épreuves de l’Elite en même temps que l’Europe, plus ça m’arrange car j’ai moins de déplacement et d’épreuves à faire et c’est très, très anti-sportif pour le jeune pilote amateur, ou le pilote national qui fait tout l’Elite et qui terminera derrière Axel au championnat.

Ils veulent attirer les pilotes du mondial avec cette règle, mais on se demande où ils sont.

Les pilotes du mondial, pour les attirer, ce n’est pas compliqué, il faut mettre des primes de résultat. Ce n’est pas une histoire de titre.

Aujourd’hui, si on me demande “Pourquoi tu n’as pas essayé de faire quelque chose avec la licence de Nathan l’année dernière”, je répondrais “Pour quoi faire ?”.

Oui, ça nous ramenait un titre, mais avec l’équipe, il n’y a aucun bonus pour un titre de champion de France, si Nathan avait été champion de France, ça ne nous aurait rien rapporté du tout. Honda Europe ne nous donne pas de primes pour l’Elite, mais pour l’Europe et le mondial.

Si un Français signe demain avec un team Belge et que l’équipe lui demande de prendre sa licence en Belgique, ça va poser problème car ta fédération de donne des aides. Quand je roulais, la FFM m’aidait, si j’avais pris ma licence autre part, je n’aurais pas été aidée; c’est quand même plus logique pour un pilote Français d’avoir une licence Française.

Aujourd’hui, je ne pourrais pas demander à Ruben de prendre une licence FFM, il serait perdant.

À l’avenir, les champions, on les achètes ou on les fabriques ?

Ça dépend quelle équipe tu es [rires].

Un team orange bien connu.

Un team orange bien connu, il les fabrique toujours. Il pourrait les acheter, mais il ne le fait pas à mon sens.

Moi, je ne peux pas les acheter donc je suis bien obligée d’essayer de les fabriquer, c’est là que tu tentes un coup de poker avec des Australiens, c’est là que tu tentes ta chance avec un Joel Rizzi, c’est ma seule option.

Le fameux team orange a le choix. Si demain il décide que Tim Gajser va être champion du monde pour les X prochaines années, le team orange peut essayer de l’acheter, mais dans l’ensemble, ils ont fabriqué leurs champions; Herlings, Prado, ils sont plusieurs à avoir toujours été dans la famille orange.

Moi, je n’ai pas ces solutions là, donc je dois miser sur des jeunes pour les amener devant.

C’est encore jouable de faire face aux équipes usines ?

Aujourd’hui, non. Je doute qu’une équipe avec mes budgets devienne championne du monde, il y aura toujours un moment où il nous manquera quelque chose.

Sur les overseas, on ne part pas avec autant de matériel que les teams factory, on n’a pas les mêmes possibilités d’entraînement. On peut faire un hold-up et être champion du monde, mais nos chances sont bien faibles par rapport à celles des équipes usines.

On a une bonne moto, un bon pilote, à nous d’aller chercher les pilotes usines. Avec Ruben, l’idée c’est de faire un gros top 10 au général, voir un top 5 car il fait 8ème la saison passée, je pense qu’on peut viser quelques podiums et un top 5 final.

Images: Thibault Photography – Kevin François – dailymotocross.fr

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