Maxime Desprey réalise un très beau 41ème Supercross de Paris ce week-end. S’il concède sa première victoire de manche de saison sur le SX Tour le samedi, le pilote GSM Yamaha a repris ses droits le dimanche en s’imposant; il conserve de fait une belle avance au championnat avant les rounds de Lyon et de Grenoble. Cerise sur le gâteau, Maxime décroche également un podium dans la catégorie SX2 Inter aux côtés de Tom Vialle et Anthony Bourdon. On lui a tendu le micro pour aborder quelques sujets avant que ce dernier ne s’envole pour l’Australie afin de disputer pas une, mais deux épreuves du World Supercross, à Perth.
Maxime, un bon Supercross de Paris pour toi ce week-end. De bons points quand même sur le SX2, même si tu n’as pas gagné le samedi. Une belle prestation en Inter aussi; tu tires quel bilan de ce Supercross de Paris ?
Oui, ça avait commencé un peu délicatement le samedi. Je n’étais pas à l’aise avec la piste, elle était un peu molle. Je n’ai pas su trouver mes marques, du coup j’ai connu une finale SX Tour un peu compliquée. Je n’ai pas voulu prendre trop de risques, j’ai assuré la deuxième place, mais elle était longue cette manche et quand on ne roule pas à son niveau, c’est toujours un peu frustrant.
Donc voilà, un samedi un petit peu compliqué. Lors du programme du soir, c’était déjà un petit peu mieux, mais ce n’était pas encore vraiment la grande attaque. C’est cool d’avoir su rebondir aujourd’hui [dimanche], d’avoir roulé à son vrai niveau, de faire un podium, de terminer 3ème de l’épreuve. Ça fait plaisir. Après, il y a encore des petites choses où ça pourrait être encore un peu mieux.
Quand on voit Tom Vialle et Jo Shimoda, on voit bien qu’il y a quand même encore un gap. Bon, il y a aussi certaines choses qui pèsent dans la balance: la moto, les terrains… On a moins l’habitude de rouler là-dessus, mais c’est cool d’avoir tenu jusqu’au bout, ça fait plaisir pour le team d’avoir décroché cette 3ème place.
J’ai envie de parler de ces cale-pieds, il va falloir que tu m’expliques ce que c’est, et d’où ça sort.
[rires]. En fait, c’est tout simple: je ne suis pas très grand. On avait essayé ça avec la 450; c’est le moyen le plus simple pour gagner un peu en débattement entre la selle et les jambes, et du coup je me sens bien comme ça.
On t’a vu sur l’ADAC de Stuttgart le week-end dernier. Tu roules désormais en catégorie 450: tu es obligé avec la nouvelle règle d’éligibilité. Pourtant, tu as roulé sur ta 250. Pourquoi ?
Justement, comme on a beaucoup de courses en 250 qui s’enchaînent en ce moment, j’ai préféré rouler avec cette moto. En plus à Vancouver, ça ne s’était pas très bien passé lors de l’ouverture du WX, donc ça m’a permis d’essayer de toucher un peu à la moto, et de me remettre dedans. Du coup, ça a bien fonctionné parce que je fais troisième les deux soirs derrière Gregory et Jordi. On enchaîne les courses en 250, je ne m’étais pas entraîné sur la 450, donc j’ai préféré faire ça.
JLFO réinsuffle une dynamique sur le championnat de France de Supercross, en proposant un plus gros championnat de France Junior. On parle aussi de voir un championnat 85cc par la suite. Ils organisent aussi des stages de perfectionnement. Tout ça, j’imagine que c’est bienvenu ?
Oui, carrément, on en parlait justement hier. Vraiment, c’est bien parce qu’on a tous plus ou moins la trentaine, et il y a quand même une belle vague de pilotes qui va partir. Derrière, il faut que ça suive. C’est bien ce qu’ils font, ils mettent tout en œuvre pour développer le SX Tour, donc c’est bien, félicitations à eux. En espérant que ça continue dans cette dynamique. Après, pourquoi ne pas essayer d’améliorer et augmenter encore un peu le niveau des terrains ? On voit bien que même au niveau des meilleurs pilotes Français, on galère quand même un peu quand on arrive sur des pistes comme ça, à Paris. Et puis, c’est un autre monde, les USA. Après, il ne faut pas trop s’enflammer non plus avec les pistes, mais le constat c’est qu’avec ces changements, on va dans la bonne direction sur le SX Tour.
Je rebondis là-dessus. Quand on parle d’un championnat 85cc, est-ce qu’on n’a pas peur que le niveau des terrains se nivelle un peu vers le bas, pour leur permettre justement d’évoluer dans la discipline ?
Il y a aussi ce point à prendre en compte; c’est sûr qu’ils ne vont pas chercher à faire des gros enchaînements, mais on peut faire de la difficulté quand même, avec des doubles, etc. C’est sûr que de ce côté-là, il faudra faire attention. Après, je pense aussi qu’il faut qu’on roule plus en France. Le problème, c’est qu’en SX Tour on fait un essai chrono de 10 minutes, une demi-finale et une finale. À Paris, quand on voit ce qu’on enchaîne, ce n’est quand même pas le même rythme, donc je pense qu’il faudrait qu’on roule un peu plus lors des épreuves. On en parlait avec Maxime Martin; on pourrait peut-être faire deux demi-finales, et deux finales. Je ne sais pas trop, mais passer plus de temps en piste, ce serait une bonne chose.
Le calendrier du championnat de France Elite 2025 est tombé, il y a une séparation entre les catégories Junior / Espoir et MX1/MX2 sur la moitié du championnat. Qu’est-ce que tu penses de ce nouveau format ?
Moi, j’aimais bien quand toutes les catégories roulaient ensemble. Après, c’était aussi problématique par rapport au niveau des clubs, il y a certains clubs qui ne pouvaient pas accueillir autant de pilotes sur un week-end, donc au final ce n’est pas plus mal. Il y a certains clubs qui reviennent au calendrier comme Gaillac-Toulza ou Pernes par exemple. C’est cool, ça permet d’avoir d’autres pistes au calendrier, de changer un petit peu, donc c’est bien. Après, de tête, il y a encore 2/3 épreuves où tout le monde sera réuni, comme la finale; ce sera bien. Après, il n’y a que six épreuves, c’est un peu dommage. Ce serait cool d’en avoir une ou deux de plus, ce serait top pour les pilotes Français.
Il me semble que tu as ouvert une société avec ton frère, Desprey Jantes. Est-ce que ça veut dire qu’on pense aussi à l’après carrière ?
C’est vrai qu’on me pose souvent la question dernièrement, et je n’ai pas beaucoup d’idées sur ce que je vais faire après en fait. Mon frère est carrossier, il travaille dans le garage de mes parents. Il m’a parlé de son projet d’acheter une machine pour refaire des jantes. Du coup, je me suis dit pourquoi pas. Ça permet de lancer un petit truc, de mettre un pied dans le vrai monde du travail, parce que moi, j’ai fait de la moto toute ma vie et je n’ai pas gagné assez d’argent, comme les top pilotes mondiaux, pour ne pas travailler après ma carrière de pilote. Donc je sais qu’après, je vais devoir travailler. Ça remet aussi un peu les idées en place de se dire qu’il faut aller bosser; on a quand même de la chance de faire ce qu’on fait. Voilà, c’est pour se préparer entre guillemets; on va voir comment ça se passera. C’est cool d’avoir un petit truc à côté, de pouvoir se vider la tête en faisant autre chose, de voir autre chose que la moto de temps en temps.
Vrai ou faux: vous avez été surpris de la piste de Vancouver, pour l’ouverture du World Supercross ?
Ouai, vrai. Après, c’était surtout au niveau de la texture. C’était hyper mou, et assez gros. Peter (4.42 suspensions) nous prépare des motos assez confortables, mais c’est pour rouler à Brienon, à Saint Georges de Montaigu. Mais quand tu arrives sur des grosses pistes comme celle de Vancouver, avec de grosses ornières et qu’il faut faire des triples dedans … On est tout de suite moins à l’aise, on a moins l’habitude. Ça rend tout le week-end plus compliqué.
Chaque année, il y a un Grand Prix de France. La question, c’est pourquoi nos pilotes nationaux n’en profitent pas pour faire des piges devant leur public ?
Je vais parler pour ma part. J’ai déjà fait les Grand Prix pendant 4 ans; j’ai eu la chance de pouvoir les faire. Au final, on a une saison qui est déjà bien chargée entre le motocross, le supercross, le championnat allemand, le World, etc. Ça rajoute quand même une course, et c’est une course sur laquelle on sait qu’on doit se pointer à 200% sinon, c’est mort. Participer au GP de France, ça rajoute un peu de risque aussi, et puis en général, ça arrive toujours à la période où on commence à s’entraîner en supercross; c’est un peu entre deux saisons. C’est vrai qu’on en parlait souvent avec Greg’.
Après, un week-end de Grand Prix honnêtement, c’est très différent d’un week-end sur l’Elite; il ne faut pas se le cacher. C’est deux jours de course, une manche qualificative le samedi, c’est quand même un autre rythme et c’est costaud donc pour ma part, je préfère ne pas le faire. Ceci dit, si Villars revient au calendrier – vu que c’est à côté de la maison – et si c’est jouable, peut-être que je ferai de nouveau un GP.
Je parlais avec un ancien pilote Français qui me disait que la réalité, c’est que même si tu fais un Grand Prix de France, que tu te sors les doigts, que tu fais le GP de ta vie et que tu fais deux fois dans les 10… Tu rentres chez toi, et quoi ?
Et … tu n’as rien. Voilà. Il y a aussi l’aspect financier à prendre en compte. Le week-end te coûte de l’argent, à nous en tant que pilote, mais aussi au team. Il y a forcément ce côté là qui rentre en compte. Après, les pilotes pro’s ont leur contrat à l’année et ils n’ont pas ces problématiques là. Du coup, pour nous, ça fait un peu chier. Moi, j’ai 31 ans, et le but, c’est de gagner ma vie.
Par hasard, as-tu lu la dernière interview de David Luongo ?
J’ai vu passer la punchline, où il parle des pilotes millionnaires qui se plaignent du calendrier.
Tu en penses quoi ?
D’un côté, tu te dis que c’est vrai que les mecs gagnent beaucoup d’argent en GP. Mais après, et quand tu regardes aux US, sur le championnat SMX, ils ont mis des millions sur la table. Donc, il y a quand même un décalage. Je pense que c’est pour ça qu’un Prado part là-bas pour faire du Supercross. Tom Vialle a fait pareil, Dylan Ferrandis aussi; ça a toujours été.
Après, le calendrier en MXGP te fait partir vachement loin, c’est de plus en plus onéreux pour les teams … Mickael Pichon fait souvent des posts là-dessus. Avant, c’était plus centré sur l’Europe, les grilles étaient pleines et c’était plus accessible. Désormais, on voit que les grilles sont de moins en moins pleines.