Cette année, Paolo Maschio a troqué le vert Kawasaki pour le rouge Honda. Soutenu par Honda France sur le CFS et l’Elite, le pilote Français participe aussi au championnat d’Europe 250 et vient de signer l’une de ses plus belles manches dans la catégorie, en sortant en tête du second débat de Lugo. Huitième, il ramène son meilleur résultat de manche depuis son arrivée sur le championnat. Micro avec l’un de nos représentants Français qui monte sur l’Europe.
Paolo, tu termines 16ème ce week-end à Lugo avec un 20-8 en manches. Dommage pour la première manche qui a dû être relancée alors que tu étais parti devant. Tu es parti en tête en seconde manche, et tu as été chercher un beau top 10. Un bon week-end en finalité pour toi ?
Ouais, c’est quand même un super week-end comme tu l’as dit. «Dommage» pour le drapeau rouge en première manche, même si c’est la loi du sport. Si j’avais été stoppé sur la grille, bien sûr que j’aurais aimé qu’ils sortent le drapeau rouge moi aussi. Mais c’est comme ça, j’aurais dû repartir devant, et je n’ai pas réussi.
Après, en première manche, j’avais quand même un bon rythme, mais je suis tombé une fois. Il y avait un gros pack de pilotes, et je pense qu’il y avait moyen d’aller chercher un top 15 sans tomber. Les conditions étaient plus sèches et voilà, je manque encore un petit peu de rythme. Il me manque à peu près une seconde au tour pour espérer jouer dans les 15 dans toutes les manches sur le sec.
Je suis parti en tête en seconde manche. J’ai fait les 3/4 du premier tour en tête, quasiment un tour. Janis m’a passé, et d’autres ont suivi. Je suis resté quatrième pendant 10 minutes. Malheureusement, mon roll-of est resté bloqué assez vite, et j’ai fait trois tours sans rien voir. Je ne sais pas si c’est pareil pour les autres pilotes, mais quand je ne vois plus très bien, je perds directement 10 secondes au tour. Je n’arrive plus à rouler du tout. Ça me pose aussi problème sur le championnat de France des sables.
Du coup je suis passé par la goggle lane, j’ai changé de lunettes et ça a été très rapide. Merci à mon père et aux amis qui étaient là pour m’aider. Je n’ai perdu qu’une place, et je me suis retrouvé 6 ou 7. J’ai chuté dans le tour suivant, j’étais reparti en voyant mieux, j’ai voulu attaquer et je suis tombé. Par la suite, Skovbjerg m’a doublé mais dans l’avant-dernier tour, j’ai pris une grosse chute parce qu’on m’a coupé dans une descente. Dommage, parce que Skovbjerg fait sixième en passant Ernecker dans le dernier tour, et j’étais dans sa roue avant de tomber. J’avais pris ses traces, et je le suivais bien. J’aurais peut-être pu faire 6e ou 7e sans l’arrêt pour les lunettes, sans les chutes, mais c’est comme ça.
Je suis très content, c’est ma meilleure perf’ à l’Europe. Je suis un peu moins bien classé à l’overall que le week-end dernier, mais je marque encore de gros points malgré tout.
Cette fameuse seconde au tour qu’il te manque, on va aller la chercher comment ?
Je pense que c’est du physique. Je fais déjà beaucoup de moto et beaucoup de technique avec mon coach Benoit Fortunato. Il faut que j’arrive à rentrer plus vite dans les virages, à attaquer un peu plus. On l’a vu hier (ndlr: samedi), c’était vraiment défoncé. Je tiens le coup physiquement sur la durée, mais il me manque encore de la force pour pouvoir vraiment rentrer vite partout.
Ce n’est pas tous les jours qu’on part premier d’une manche de l’Europe 250, est-ce qu’à ce moment-là le mental ne rentre pas aussi un peu en jeu ? Dans les premiers tours, tout s’est passé très vite pour toi.
Oui, je me suis dit «là, tu es devant, il faut surtout essayer de garder les lunettes le plus longtemps possible, et les préserver». Il fallait donc rester devant le plus longtemps possible. J’ai attaqué sans prendre trop de risques, je roulais vite où je pouvais rouler vite, en fait.
Janis m’a doublé dans une portion où je savais – dès le warm-up – que je n’avais pas une bonne trajectoire. Je n’ai pas essayé de rentrer trop fort dedans parce qu’il valait mieux éviter de tomber dans le premier tour. Mais c’est sûr que c’est quelque chose de partir devant sur une manche de l’Europe. J’ai été en tête au départ d’une manche du France cette année, j’ai fait le holeshot à Pernes, et j’étais en tête devant Benistant pendant les 3/4 d’un tour aussi. Ça fait du bien de partir aux avant-postes. C’est quand même ma 4ème saison de 250, car je suis monté très tôt dans la catégorie. Je suis content, car j’arrive à montrer ce dont je suis capable cette année.
On en parlait avec mes parents, mais c’est aussi ma première saison sans blessure, donc ça fait du bien de pouvoir enchaîner les courses, de prendre du rythme, c’est vraiment cool.
J’imagine que c’est aussi en roulant devant qu’on apprend … à rouler devant. Qu’est-ce qu’on tire de cette deuxième manche, est-ce qu’on a appris quelque chose en roulant avec ces mecs-là ?
Exactement, on prend du rythme. J’ai vu que tant que j’avais les lunettes, j’étais avec Zanocz, avec Reisulis, j’attaquais Doensen, donc c’est vraiment bien. Je suis vraiment content d’être resté avec Doensen car c’est un bon pilote, et Garcia ne me revenait pas vraiment dessus. Je vois qu’il y a moyen de faire de belles choses, et il faut continuer à bosser, continuer à partir devant et à prendre du rythme.
Un petit mot sur ton programme. L’an dernier, tu étais en vert. Tu es en rouge cette année, pourquoi ce changement ?
On a eu quelques soucis avec les Kawasaki, puis une offre de Honda s’est présentée, une meilleure offre, donc on a décidé de changer. Ils m’ont apporté une belle aide pour le sable notamment, un bon support pour le sable. Voilà pourquoi ce changement.
Est-ce qu’on peut dire que tu es du coup dans de meilleures conditions cette année, parce qu’on te voit sur tout l’Europe 250 en ce moment. J’imagine qu’on va parler de budget ?
Pour l’instant, oui, c’est un bien meilleur budget. Mais je ne vais pas faire l’Europe 250 au complet cette année. On verra comment ça va se passer à Ernée mais normalement, j’arrête après le GP de France. En termes de budget, on a une bonne aide pour les motos, mais je ne peux pas faire tout le championnat à cause des frais de déplacement. Je n’ai pas encore assez d’aide du tout. Chez Honda, j’ai des bons budgets, mais c’est pour faire le sable.
Là, je monte en catégorie CFS, avec les grands cette année. Je vais prendre un bon mois de repos en juillet avant d’attaquer sur la 450cc en août. De là, on ira en Argentine pour la deuxième épreuve du championnat du monde des sables. Après, on fera un gros hiver en 450, donc il faut prendre un petit mois de repos.
L’an dernier, tu étais scolarisé. Il me semble que ça a aussi changé, de ce côté-là ?
Exactement, c’était ma dernière année de scolarité. J’ai décroché mon bac avec mention et cette année, j’ai la chance d’avoir mes parents qui me laissent deux ans pour décrocher un contrat pro’ et faire de mon sport mon métier. Là, je fais ma première année sans scolarité, c’est vraiment une belle opportunité.
Le sable, on voit que c’est un championnat sur lequel les constructeurs mettent les moyens. C’est quoi le plan sur le moyen terme pour toi ? Ce contrat professionnel, ça veut dire se spécialiser dans le sable ou tu es plus du genre à penser à l’Europe, et au mondial ?
Effectivement, comme tu le dis, les constructeurs arrivent de plus en plus. On a vu l’arrivée de Fantic notamment avec Maxime Sot l’année dernière, donc il y a de plus en plus de moyens. Honda met des moyens encore plus importants, parce qu’on sait que pour l’instant les Yamaha sont vraiment devant les Honda. Ce sont les Yamaha qui gagnent pour l’instant.
En début de saison, vu mon résultat sur l’Elite à Lacapelle, je t’aurais dit que je veux me diriger vers le sable. Mais la saison avance, et je vois que j’arrive à faire de belles choses. Cet hiver, sachant que ce sera une année de découverte de la 450, je vais pouvoir faire plus de terre aussi. L’année dernière, je jouais le titre en junior sur le sable – que je n’ai malheureusement pas décroché – donc j’avais vachement axé tout mon entraînement autour du CFS.
Là, on va pouvoir faire plus de terre, et la 450cc va m’aider à travailler physiquement. Je pense que par la suite, on renchaînera par une saison d’Elite parce que je suis aussi aidé pour la terre chez Honda; et donc j’ai des objectifs sur l’Elite.
Le championnat d‘Europe, ce sera nous, de notre côté, je pense qu’on fera un peu la même chose que cette année. On va essayer d’aller dans la bonne direction. J’adore le sable, mais à court terme j’aimerais, bien avoir la possibilité de faire des GP quand même, ou continuer sur l’Europe et pourquoi pas avec un team.
L’Europe 250, c’est déjà un milieu professionnalisé, il y a des pilotes avec des contrats dits «d’usine». Est-ce qu’on joue à armes égales sur ce championnat finalement dit de développement ?
Comme tu dis. En termes de contrat, d’aide, de budget, non. On joue pas du tout à armes égales. Sans même parler de leurs contrats, de leurs aides, de leurs motos etc, ces mecs-là sont payés pour rouler. Moi, je suis loin d’être payé, je suis loin de me verser des salaires, de gagner ma vie. Parce que ce n’est pas avec les primes de championnats de France qu’on a de l’argent, et on sait très bien qu’à l’Europe, notre seule prime c’est de pouvoir rentrer chez nous.
Donc non, on ne joue pas à armes égales, mais on se bat quand même. C’est bizarre de dire ça, parce que je suis parti en tête d’une manche ce week-end. Mais bon, quand on voit les motos de VHR/VRT, de Bud, ou la KTM de Gyan Doensen on sait qu’on ne joue pas à armes égales.
Le championnat ADAC ne te tente pas ? On parle de 3 manches sur de grosses pistes, on sait qu’il y a un gros niveau puisqu’on retrouve les mecs de l’ADAC devant à l’Europe. Il y a aussi un peu d’argent à prendre. Ça te botterait ?
Complètement. Surtout que sur l’ADAC, il y a beaucoup de sable. Moi, ça m’aurait vraiment plu. Malheureusement, j’habite dans le sud de la France … Je n’ai jamais trop regardé, mais je crois que la course de l’ADAC la plus proche de la maison est à plus de 10h.
Après, j’ai l’aide d’Honda France. L’ADAC, eux, ça ne les intéresse pas, j’ai des aides pour le championnat de France. Par contre, oui, le championnat en lui-même me plait. Trois manches, de grosses pistes, du sable. Ça m’aurait peut-être permis de prendre un peu d’argent et, même si je ne connais pas vraiment les primes en Allemagne, je sais qu’il y a de l’argent à prendre. Après, il faut rouler devant, mais c’est mieux échelonné jusqu’au dixième de souvenir. L’ADAC, ça m’aurait tenté. Si je n’avais pas eu l’aide d’Honda France, je pense que j’aurai fait le championnat Italien.
J’habite à une heure de la frontière avec l’Italie. Je ne sais pas du tout quel genre de primes ils proposent là-bas, mais ils ont de beaux circuits: Mantova, Montevarchi, Cingoli; de très belles pistes.
Pour terminer, ça se passe comment sur l’Elite pour toi cette année ?
Ça a été vraiment compliqué lors de la première épreuve à Lacapelle Marival. J’étais encore très fatigué de mes deux Touquet, et je manquais de roulage en Motocross. Je ne sais même plus quel résultat je fais sur la journée, mais je dois faire 26 & 24 en manches.
À Pernes-les-Fontaines, j’ai fait deux fois dans les 15 de mémoire. À Castelnau, 11 & 12. Je suis actuellement 12 ou 13ème du championnat, donc ça avance dans la bonne direction. Il y a moyen de rentrer dans le top 10. C’est en prenant du rythme sur des week-ends comme ça, à Lugo, qu’on avance dans la bonne direction. On verra ce que ça donnera le week-end prochain, à Gaillac Toulza.
