Qu’ont Carlos Prats, Carlos Salvador, Salvador Perez, Elias Escandell, Francisco Garcia et Daniela Guillen en commun ? Tous les six sont espagnols, et tous les six faisaient partie de l’équipe RFME GasGas Junior Racing cette saison.
Recrée sous l’impulsion de Paco Rico, l’équipe nationale œuvre pour redresser le Motocross Espagnol ces dernières années. Longtemps mis de côté chez nos voisins hispaniques, le sport Motocross ne s’est finalement jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui. Cette nouvelle dynamique est en grande partie due au travail d’un homme – Paco Rico – et témoigne des efforts fructueux d’une collaboration avec la fédération Espagnole qui voyait l’arrivée d’un nouveau président – Manuel Casado – comme une lumière émergeant au bout du tunnel.
Mission principale de la structure Espagnole et de la RFME, aider les jeunes espoirs nationaux à s’exporter sur la scène Européenne dans l’objectif de les voir ensuite voler de leurs propres ailes en intégrant des structures professionnelles, sinon officielles. Contrat rempli avec Guillem Farres, David Braceras ou encore Oriol Oliver, ces dernières saisons, mais aussi avec Elias Escandell & Francisco Garcia cette année. Un effort conjoint qui porte ses fruits; jamais n’avait-on vu tel contingent Espagnol évoluer aux avant-postes et ce, dans toutes les catégories.
On n’ira pas jusqu’à affirmer que l’herbe est plus verte ailleurs, mais on s’est penché sur l’approche et la stratégie de développement de nos voisins hispaniques avec l’aide de Paco Rico – entraîneur national mais aussi homme à la tête du team RFME GasGas Junior – qui nous explique le projet de relance du segment Motocross initié par la fédération Espagnole depuis l’arrivée de Manuel Casado à la tête de cette dernière, en 2018.
Paco. Pour commencer, j’aimerais que l’on parle de ton parcours dans le sport et de ce qui t’a amené à t’investir au sein de la fédération, mais aussi à gérer l’équipe RFME GasGas Junior. Comment toute cette histoire a débuté, pour toi ?
Durant mes dernières années de compétition en tant que pilote, j’ai commencé à aider des jeunes talents qui n’avaient pas beaucoup de ressources financières mais qui étaient tout de même de bons pilotes, en profitant de tous les contacts et des bonnes relations que j’avais créés pendant mes 15 ans de carrière dans le sport. Je me souviens qu’en 2005, la fédération valencienne avait créé une équipe de jeunes pilotes 85cc, équipe que j’ai dirigée sur les championnats d’Espagne: on travaillait alors sur les bases.
Puis, j’ai parcouru l’Europe dans un camping-car en aidant Jorge Zaragoza. Un an plus tard, un certain Jorge Prado & son père ont commencé à sortir d’Espagne; je les ai également aidés et ils ont pu profiter de mes contacts car à ce moment-là, les parents de Jorge n’avaient pas encore de contacts à l’international, avec des responsables des marques, la presse, etc … L ‘objectif était de leur faciliter l’accès et le chemin – difficile et coûteux – vers le haut niveau du sport. À l’époque déjà, Jorge avait un très bon niveau. Quelques années plus tard, ces pilotes avaient déjà signé des résultats, comme Zaragoza qui avait décroché le titre de vice-champion d’Europe 85cc ou encore Jorge Prado qui devenait champion du monde 65cc. Plus tard, ces pilotes ont eu des contrats d’usine, Zaragoza chez Suzuki et Prado chez KTM.
Ensuite, un collectif a été créé dans ma région, composé de 6 ou 7 jeunes pilotes. L’objectif était de les aider à obtenir des résultats au niveau international. David Braceras est devenu champion d’Espagne et vice-champion d’Europe 65cc. Eddy Jay Wade est devenu champion du monde 85cc, Kim Savaste également. Francisco Bordonado est devenu champion d’Espagne en 85cc. Mario Lucas a décroché plusieurs titres de champion d’Espagne et Pablo Naert a terminé plusieurs fois vice-champion. Pendant plusieurs années, les pilotes de ce collectif ont dominé les catégories inférieures au niveau national, et se sont distingués à l’échelle internationale.
Par la suite, j’ai continué à aider – personnellement et d’une manière ou d’une autre – des pilotes qui, à un moment de leur carrière, avaient besoin et me demandaient de l’aide comme Butron, Larrañaga, Arcarons, Ruben… la liste est longue. J’aidais aussi et je collaborais avec la fédération Espagnole, surtout avec les plus jeunes pilotes. Puis un jour, Manuel Casado a été élu nouveau président de la RFME, et il a proposé d’effectuer des changements. L’un de ces changements visait à stimuler le Motocross Espagnol. À ce moment-là, ils m’ont proposé de prendre en charge la partie Motocross.
Je leur ai dit qu’il y avait beaucoup de travail à faire en Espagne comme en dehors, surtout pour essayer d’élever le niveau de nos pilotes, et que je me concentrerais sur le travail avec les meilleurs talents au niveau international en créant un collectif pour que les pilotes qui avaient du potentiel aient l’occasion de le démontrer avec les meilleurs outils possibles. C’est à ce moment-là que j’ai utilisé toutes mes connexions et mes contacts et que j’ai pu créer l’équipe RFME GasGas Junior Team, mais aussi mettre en place un plan d’aide économique qui récompensait les résultats des pilotes qui évoluaient en Europe sans pour autant faire partie de l’équipe nationale.
Pendant toutes ces années, je me suis également formé comme entraîneur moto à la fédération et à l’université de Valence. J’ai été le premier espagnol à obtenir tous les diplômes possibles dans la MXGP Academy. Je continue à me former, et à apprendre parce qu’il est toujours possible d’étendre ses connaissances.
Suite à l’élection d’un nouveau président à la tête de la fédération Espagnole, les choses semblent avoir évolué rapidement et de la meilleure façon possible. Comment évaluerais-tu le soutien que les pilotes espagnols recevaient de la RFME avant 2018, par rapport à aujourd’hui ?
Comme tu l’as dit, depuis que le nouveau président Manuel Casado et son conseil d’administration sont arrivés, tout a été mis en place pour recréer des équipes nationales, pour générer des aides directes aux pilotes en récompensant leurs résultats à l’international. Je pense qu’il n’est même pas possible de comparer le soutien d’aujourd’hui à celui d’il y a 4 ou 5 ans. Il était beaucoup plus faible, voire inexistant, en ce qui concernait le Motocross.
La Fédération espagnole a été très impliquée dans le motocross au cours des dernières années, notamment via son équipe nationale avec RFME GASGAS Junior Team. Ce projet ne s’est pas mis en place du jour au lendemain. Comment cette équipe a vu le jour et, en regardant en arrière aujourd’hui, les objectifs fixés à l’époque ont-ils été atteints ?
Quand la RFME a changé de président, ce dernier s’est entouré d’une très bonne équipe. Le directeur sportif m’a parlé pour savoir si je voulais prendre la tête du segment motocross en Espagne. J’avais des idées très précises, mais je n’allais pas réinventer quelque chose de nouveau, il fallait reformer les équipes nationales qui avaient déjà bien fonctionné il y a des décennies. Il fallait créer un programme de soutien pour les jeunes qui participaient aux championnats européens, il fallait redynamiser la jeunesse et offrir aux pilotes les plus prometteurs les meilleures chances de pouvoir évoluer à l’international, sur les championnats Européens.
Il fallait aussi se concentrer sur l’aide à l’accès à la compétition hors d’Espagne, et donc aider à relever le niveau mais aussi le nombre de pilotes qui sortaient d’Espagne. Je voulais vraiment concentrer mon temps, mes contacts et toutes mes connaissances sur le développement des pilotes espagnols, afin qu’ils aient l’occasion de démontrer leur talent, tout en leur offrant les meilleurs outils pour y parvenir. J’ai passé plusieurs jours à créer un plan d’aide pour que tous les pilotes Espagnols qui participent aux championnats européens – en 65cc, 85cc, 125cc & 250cc mais aussi les pilotes féminines – puissent être récompensés pour leurs résultats.
Je voulais aussi recréer une équipe nationale sur le championnat d’Europe 125. Depuis que ce collectif a été créé, nous avons évolué via différentes structures, mais toujours en pensant à nous améliorer toutes ces années. Il ne faut pas oublier que nous avons un accord très important avec le groupe KTM, pour pouvoir évoluer sur des GasGas. KTM est un pilier très important dans ce projet et nous sommes très reconnaissants de tout le soutien qu’ils nous apportent; je pense qu’ils sont également très satisfaits de notre travail. Le but de ce projet est clairement de donner l’occasion à nos jeunes pilotes de progresser, et de se faire une place dans le paddock MXGP en obtenant des contrats au sein des équipes professionnelles. C’est ce qu’il s’est passé avec des pilotes comme Guillem Farres, David Braceras, Oriol Oliver, Francisco Garcia ou encore Elias Escandell. D’autres n’ont pas été en mesure de démontrer leurs capacités pour générer de l’intérêt de la part des autres équipes.
En plus de ce premier objectif de collectif, nous avons terminé sur le podium sur tous les championnats: EMX125, EMX250, Mondial 125, WMX … Nous avons ramené des victoires sur l’Europe 125 mais aussi sur le mondial Féminin avec Daniela Guillen. Sur le plan individuel, le plus grand succès reste la troisième place en mondial Junior de Francisco Garcia cette année, mais aussi la seconde place de Daniela Guillen sur le mondial féminin où encore la seconde place de David Braceras sur l’Europe 125 en 2020. Nous avons non seulement atteint, mais aussi dépassé nos objectifs. Mais ceux qui me connaissent savent que je suis très exigeant, un vrai compétiteur, et aussi très motivé.

Après deux législatures lors desquelles il aura réinsufflé une grosse dynamique au sein du Motocross en Espagne, le président de la fédération Espagnole – Manuel Casado – quitte ses fonctions. La suite sera-t-elle aussi prometteuse ? Affaire à suivre. @RFME
Comment intègre-t-on l’équipe nationale Espagnole, et peut-on dire que tous les pilotes ont les mêmes chances d’être sélectionnés ?
Oui, tous ceux qui ont un niveau suffisant pour faire partie de l’équipe ont la même chance de sélection. S’ils montrent qu’ils sont les meilleurs, alors ils intègrent l’équipe et s’ils ne l’intègrent pas, c’est tout simplement qu’il y avait quelqu’un de meilleur qu’eux.
Si, pendant une saison, les pilotes qui semblent être une option pour la sélection affichent un niveau similaire et qu’il y a plus de pilotes que de places à pourvoir au sein de l’équipe, alors nous organisons une journée de test très complets afin de déterminer quels pilotes seront intégrés à l’équipe. Si un pilote est largement au-dessus du lot par rapport aux autres pendant la saison et qu’il n’y a qu’une place à pourvoir au sein de l’équipe, la sélection se fait naturellement.
Ce que nous voulons, c’est pouvoir donner l’opportunité aux meilleurs pilotes, aux plus rapides. La sélection d’un pilote n’est en rien motivée par sa situation familiale, ses partenaires, la marque de la moto sur laquelle il évolue ou quelconque autre condition. Ses aptitudes au guidon d’une moto, c’est la seule chose qui compte au moment de la sélection. Nous suivons cette logique car nous voulons donner l’opportunité aux meilleurs pilotes, aux plus rapides, car ce seront eux qui la saisiront le mieux.
Comment l’équipe est-elle financée? Dans un climat économique de plus en plus serré, il doit être difficile de trouver ce financement.
Comme son nom l’indique, l’équipe RFME GasGas Junior Team a des sponsors et partenaires techniques très importants, qui nous fournissent tout le matériel dont nous avons besoin et qui font que tout ce projet a un coût beaucoup plus faible que si nous devions acheter ce matériel en le payant nous-mêmes. La partie économique de ce projet est prise en charge par la fédération avec l’aide du Conseil Supérieur des Sports, le CSD.
Un pilote Français intégrant le collectif France doit bien souvent avoir intégré une structure tierce. Dans ce cas, il est pris en charge par ladite équipe. Dans les grandes lignes, la fédération déploie ensuite un entraîneur national sur les épreuves pour guider et aider les pilotes, en plus d’organiser des journées de stages avec le collectif France et de proposer un défraiement. Comment ça se passe, pour un pilote qui a intégré l’équipe RFME GasGas Junior ?
Le principal pour nous, c’est d’avoir une équipe au complet lors de toutes les courses du championnat. C’est à dire des motos d’un haut niveau sur le plan technique, des mécaniciens, les inscriptions validées, la nourriture gérée, l’hébergement réservé pendant le séjour et tout ce qui est nécessaire pour évoluer au plus haut niveau.
Nos pilotes disposent aussi de motos d’entraînement, participent à des stages en Espagne mais aussi en dehors de nos frontières. Ils disposent d’un service de physio pour gérer les blessures, etc. En fait, les pilotes n’ont qu’à arriver le vendredi sur l’épreuve, et ils disposent de tout ce qui est nécessaire pour le week-end de course.
Disons que les pilotes ont tout ce qu’il faut pour pouvoir démontrer leur niveau sur la moto, pour obtenir des bons résultats, dans le but qu’une équipe professionnelle s’intéresse à eux.

David Braceras (G) et Guillem Farres (D) ont parcouru du chemin depuis 2020; ils seront concurrents sur le mondial MX2 la saison prochaine @RFME
Ces dernières années, les pilotes espagnols ont explosé au plus haut niveau. Jorge Prado est double champion du monde MXGP, Ruben Fernández est un officiel chez Honda HRC, Guillem Farres a eu des contrats usine aux USA tandis qu’Oriol Oliver & David Braceras roulent régulièrement devant en MX2. Daniela Guillén a été en bataille pour le titre mondial et, en Europe 125 et 250, on retrouve également des espagnols devant. Si la fédération n’avait pas investi autant dans le motocross ces dernières années, penses-tu que la situation serait aussi positive aujourd’hui?
Jamais de toute l’histoire du Motocross Espagnol, nos pilotes n’avaient décroché ces résultats; le Motocross Espagnol ne s’est jamais aussi bien porté. Jorge reste à ce jour la meilleure chose qui soit arrivée au Motocross Espagnol. Il est vrai que Jorge et Ruben – qui sont actuellement 2 pilotes sous contrat Factory en catégorie reine – se sont formés avant que notre programme de soutien avec la RFME ne voit le jour. Ils ont probablement connu la période la plus difficile du Motocross Espagnol, quand il n’y avait pas d’équipe nationale ni d’aides.
Pourtant, ils ont atteint le plus haut niveau, et y sont arrivés de leur propre chef, au mérite. Les autres pilotes cités ont tous été – à un moment ou un autre – dans notre équipe nationale, et nous sommes fiers d’avoir pu servir de tremplin dans leur carrière sportive afin qu’ils puissent devenir professionnels, et évoluer en championnat du monde. Je crois sincèrement que le travail avec la RFME a beaucoup joué, et a aidé à retrouver cette dynamique positive. J’espère vraiment que ces projets auront une continuité, et ne seront jamais abandonnés.
La France est aussi un pays qui regorge de talents. Pourtant, la prochaine génération semble tarder à arriver. Certains parents ne savent plus trop comment aider leurs enfants, et bien que la fédération française ait un programme pour encadrer les jeunes, ces derniers peinent à émerger. De quel œil vois-tu le travail de la FFM ?
Au regard des chiffres et de l’histoire du sport, la France est clairement au-dessus de l’Espagne en Motocross. C’est une réalité; il suffit de voir le nombre de titres individuels décrochés par des pilotes Français dans les différentes catégories, ou l’histoire au Motocross des Nations. J’ai beaucoup de respect pour la façon dont les choses sont faites en France, tant pour les équipes qui sont très professionnelles que pour la fédération Française. Mais il est vrai que désormais, il semble y avoir un vide sportif au regard du nombre de jeunes pilotes Français. Toutefois, je pense qu’il reste toujours un ou deux pilotes Français parmi les meilleurs pilotes dans les plus petites catégories. Les championnats Nationaux en France sont très performants pour créer de bons pilotes, et ces derniers peuvent également devenir professionnels en ne participant qu’aux championnats Nationaux grâce aux primes qui y sont distribuées.
En Espagne, vous organisez un championnat National également compétitif. Beaucoup de vos pilotes sont également engagés à l’international. Est-il important pour la Fédération espagnole d’organiser son calendrier autour des championnats du monde et d’Europe, afin d’éviter des concurrences de dates ?
Le championnat national a une très bonne image, et les clubs améliorent chaque fois leurs installations, comme leurs pistes. L’une des priorités pour la RFME, c’est de ne pas coïncider avec les championnats internationaux pour que les pilotes puissent participer aux courses. Mais je pense qu’il nous reste un point très important à améliorer, et ce sont les primes pour les pilotes. D’ici aux prochaines années, nous devons essayer de les améliorer pour que les pilotes puissent gagner plus d’argent, et donc devenir professionnels. Nos primes sont très basses en ce moment et selon moi, il faudrait regarder comment ça se passe dans les autres championnats pour prendre exemple.

Daniela Guillen et Jana Sánchez – ici accompagnées de Paco Rico – ont décroché la victoire lors des Nations Européennes, chez les filles @RFME
J’ai été surpris de voir que la RFME détaillait la part qui revient à l’organisateur et à la fédération dans les frais d’inscription, indépendamment de la discipline. Cette transparence est importante ? L’argent est souvent un sujet tabou dans ce sport, et fait l’objet de nombreux conflits et controverses.
Une des priorités dans la RFME, c’est la transparence économique avec laquelle on travaille et c’est l’un des points importants parce que comme tu le dis, la question de l’argent peut toujours créer des conflits, et des malentendus.
Comment vois-tu le programme Motocross de la RFME évoluer d’ici les 5 ou 10 prochaines années ?
Je ne vais pas vraiment pouvoir répondre à cette question. En ce moment, il y a des élections à la fédération et le président actuel ne se représente pas. Nous ne savons pas du tout quelles seront les nouvelles priorités du prochain président qui sera élu, même si j’ai une idée bien précise d’où j’aimerais mener ce projet. Ce qui serait toutefois très important, et même si je suis à la tête de ce projet aujourd’hui, c’est que le jour où je décide de me retirer, il ne faudra pas arrêter mais continuer à soutenir les jeunes talents comme on le fait aujourd’hui.
En quelque sorte, la jeunesse est l’avenir de notre sport et un jour, ils prendront la relève. Penses-tu que c’est une erreur de négliger les jeunes au profit de ceux qui ont déjà réussi ?
C’est tout à fait vrai, la jeunesse est le pilier de l’avenir de notre sport. Si vous ne prenez pas soin de la jeunesse, alors vous aurez bien du mal à performer à l’avenir. Je pense qu’il doit y avoir un juste équilibre, afin de pouvoir aider les pilotes qui sont en progression et ont le talent de devenir des pilotes professionnels. Mon objectif a toujours été de développer le talent des jeunes pilotes, pour qu’ils puissent se projeter. Je n’ai jamais cessé de travailler en ce sens.

Francisco Garcia a terminé troisième du mondial Junior (125cc) cette année. Le pilote Espagnol a désormais intégré l’équipe Bud Racing Kawasaki pour 2025 @RFME
Avec une image plus précise du projet de développement mis en place par Paco Rico et la RFME ces dernières années, on est allé recueillir les impressions de 3 pilotes Espagnols. David Braceras, Daniela Guillen & Nil Arcarons nous ont livré leurs impressions au sujet des actions engagées par la fédération Espagnole depuis la mise en place de ce projet de relance du sport Motocross.
« J’ai été entraîné par Paco dès mes 7 ans. Ça a été de très belles années. On avait un très bon groupe de pilotes. » nous explique David Braceras, pilote officiel Fantic sur le mondial MX2 en 2024. « Ça nous a aidé à progresser très vite. Paco nous aidait beaucoup, tant dans les entraînements que dans la recherche de moyens pour pouvoir rivaliser au meilleur niveau. Paco a été un élément essentiel de ma carrière sportive. Par ailleurs, la fédération nous a aidés dès notre plus jeune âge, dans la mesure du possible, lorsque nous sortions d’Espagne pour rouler. Je suis très reconnaissant à la fois envers Paco et envers la fédération pour l’aide reçue depuis le plus jeune âge.
« La fédération fait bien les choses ces dernières années » concède le pilote Espagnol qui avait décroché le titre de vice-champion d’Europe 125 avec RFME GasGas Junior Team en 2020. « Avant, il était rare de voir des pilotes espagnols en tête des classements européens – sauf cas exceptionnels – mais maintenant il y en a de plus en plus et ce n’est plus surprenant de voir des pilotes espagnols aux avant-postes. L’équipe de la fédération a beaucoup contribué à ce que cela soit possible. Personnellement, j’ai réussi à être vice-champion d’Europe 125, et j’ai aussi gagné à Lommel. Sans leur aide, cela m’aurait été impossible. »

David Braceras est régulièrement dans le top 10 en mondial MX2 ces deux dernières années @Fantic Racing
Après être passé chez RFME GasGas en 2020, David Braceras avait été recruté par VRT KTM (2021-2022) puis faisait finalement ses débuts en mondial MX2 en 2023 avec F&H Racing Kawasaki. Il sera intégré au team SM Action Fantic en 2024. Un parcours que le garçon a pu suivre grâce à l’aide de la fédération Espagnole qui s’affaire désormais à aider la prochaine génération de pilotes. « Maintenant que j’évolue sur le mondial, c’est un peu différent. Je suis toujours en contact avec Paco et la fédération, mais différemment ces dernières années. Ce n’est pas quelque chose de mal pour autant, car je sais que la fédération travaille chaque jour pour que de plus en plus de pilotes espagnols puissent justement arriver à ce niveau mondial. J’ai été l’un de ces pilotes, et j’ai saisi l’opportunité. Maintenant, c’est au tour des autres pilotes de saisir ces opportunités pour atteindre ce niveau, et je n’ai aucun doute dans le fait qu’ils y arriveront. »
« La seule chose que je souhaiterais, c’est qu’il y ait plus de sponsors qui soutiennent le championnat d’Espagne pour le renforcer, et faire en sorte que les pilotes des autres pays soient également récompensés s’ils roulent en Espagne » nous répondra David, questionné à propos des améliorations que l’intéressé aimerait voir naître par la suite. « Ça permettrait d’élever encore plus le niveau en Espagne, mais cela ne dépend pas seulement de la fédération, mais aussi des aides qu’ils reçoivent pour pouvoir faire un championnat plus important. Il y aura toujours des choses à améliorer, mais il ne fait aucun doute que la fédération espagnole fait un super travail. »
Vice-championne du monde féminine en 2023 & 2024, Daniela Guillen a aussi pu bénéficier de l’aide de la RFME pour faire ses gammes en championnat du monde. Depuis la création de la catégorie WMX, jamais aucune pilote Espagnole ne s’était hissée aussi haut dans les classements. Dans les chiffres, jamais aucune pilote Espagnole n’avait intégré le top 10 du championnat du monde féminin avant l’arrivée de Daniela sur la série, en 2021.
« Pendant mes trois premières années en mondial, j’ai eu l’aide de la RFME, avec Fernando du Portugal, et par l’intermédiaire de la société LastLap. » nous explique Daniela Guillen. « Nous avons créé l’équipe féminine LastLap GasGas Team, avec comme coéquipière Gabriela Seisdedos. La troisième année, la Fédération s’est un peu détournée de l’équipe, mais elle est restée active en tant que structure privée. Cette année, j’ai eu la chance d’être avec Jordi Larregola et Paco Rico, intégrée dans l’équipe des garçons de la Fédération. Ils m’ont beaucoup aidé en me permettant de poursuivre ma carrière en tant que pilote de haut niveau, mais aussi d’obtenir pour la deuxième année consécutive la place de vice-championne du monde en WMX. »
Daniela pourrait bien devenir la première pilote Espagnole à remporter un titre de championne du monde; c’est tout du moins l’objectif affiché par la pilote RFME GasGas qui a été la première pilote Espagnole à porter une plaque rouge en mondial féminin cette saison.
« Il est très difficile d’atteindre le haut niveau en motocross – et dans toutes disciplines sportives – sans avoir les ressources financières » commente la vice-championne du monde WMX 2023 & 2024. « Je reste toutefois convaincue que je suis une pilote que les équipes pourraient avoir au sein de leur effectif, étant donné mon niveau et mes ambitions en tant que pilote de motocross féminine. Mais, il est vrai que je préfère être dans l’équipe de la RFME qui m’aide beaucoup sur les compétitions, tant au niveau mondial que national. Ils nous apportent le soutien dont nous avons besoin pour réaliser notre rêve en tant que pilote; c’est ce qui compte le plus. »
Questionnée quant au départ prochain du président de la fédération Espagnole – Manuel Casado – Daniela se montre sereine pour la suite et ne doute pas de l’investissement de la RFME pour les années à venir. « Dans le monde du Motorsport Espagnol, le Motocross ramène beaucoup de titres, comme ça a été le cas avec Jorge Prado il y a quelques semaines, comme avec moi-même puisque j’ai décroché le titre de vice-championne du monde; c’est également le cas dans les plus petites catégories. Je pense qu’en voyant le potentiel qu’il y a au niveau national, la fédération continuera à fournir le même soutien pour que cela continue dans ce sens. »
Pour la suite et devant le nombre grandissant d’engagées à chaque saison, Daniela espère que la fédération Espagnole mettra davantage de moyens dans le championnat Espagnol féminin, afin de permettre à ses congénères d’atteindre – à leur tour – le niveau mondial. « On peut toujours faire des changements, pour améliorer les choses, d’autant plus que tout évolue très vite. Je pense que sur le championnat National Espagnol féminin – auquel je participe – on pourrait augmenter le nombre d’épreuves. Il y a de plus en plus de filles derrière la grille, nous nous développons et la compétitivité sur la piste augmente, donc il serait bon de pouvoir disputer plus de courses. Et surtout, donner plus visibilité au motocross, parce qu’il a été démontré que les fans espagnols sont les meilleurs et les plus fidèles ! »
Quatre fois champion National, Nil Arcarons fait partie des incontournables du championnat Espagnol, sur lequel Jorge Prado, Ruben Fernandez, Mattia Guadagnini, Marc-Antoine Rossi, Lucas Coenen, Mikkel Haarup ou Camden McLellan ont fait une pige cette saison. Du haut de ses 30 ans, Nil a annoncé raccrocher les gants au terme de la saison 2024, après une poignée d’années de collaboration avec le team Ausio Yamaha.
« Je suis très reconnaissant envers Paco Rico » admet Nil, qui pointe sixième du championnat national en catégorie MX1, à deux épreuves de la fin de saison. « Sans son aide, j’aurais eu bien moins de possibilités de pouvoir évoluer hors d’Espagne et à l’international. De plus, il m’a permis d’intégrer plusieurs équipes. Avec lui, je me souviens de sa passion, et j’ai partagé beaucoup de bons moments. »
« Il est vrai que depuis plusieurs années, les membres de la fédération espagnole – avec Paco Rico – aident les jeunes pilotes à avoir plus d’opportunités de rouler en dehors de l’Espagne, et ils font un très bon travail en ce sens. » révèle Nil, qui n’a pas eu l’occasion de profiter de ce regain de dynamisme au sein de la fédération Espagnole en raison de son âge; une situation finalement similaire à celle rencontrée par Jorge Prado et Ruben Fernandez, qui se sont développés avant que ce programme ne soit remis sur les rails. Toutefois, Nil est témoin des nouvelles opportunités dont dispose la relève qui s’exporte de plus en plus en dehors des frontières espagnoles. « En raison de mon âge, je n’ai pas eu la possibilité d’entrer dans ce programme d’aide à l’époque du 125cc ou du 250, et j’évolue actuellement en MX1. Puisque je ne participe pas aux épreuves du championnat du monde, je ne bénéficie pas du programme d’aides pour les pilotes Espagnols qui évoluent en dehors de leurs frontières, mais on voit bien que la fédération Espagnole fait son maximum pour développer et aider le Motocross des dernières années. Aujourd’hui, le championnat Espagnol affiche un très bon niveau. J’imagine qu’il y a toujours de quoi améliorer les choses, mais je n’ai aucun doute sur le fait qu’ils y travaillent. »
