World Supercross

World Supercross: un retour loupé à Abu Dhabi                                                                   

Image: WSX Media

La seconde épreuve du championnat du monde de Supercross s’est tenue ce samedi à Abu Dhabi, et on ne prendra pas trop de risques en avançant que cette épreuve ne restera pas dans les annales.

Après des débuts prometteurs en 2022 à Cardiff & Melbourne, on attendait de voir comment se développerait le nouveau mondial de Supercross la saison suivante alors que côté US, la réplique était quasi immédiate avec la création d’un championnat SMX, distribuant des dollars à la pelle dans le but de garder ses pilotes sur son continent à l’intersaison.

Forcément, le plateau WSX a pâti de l’arrivée de ce championnat SMX, mais SX Global répondait avec la signature de Ken Roczen sur son championnat pour une durée de 3 ans. Voilà Kenny qui se concoctait un programme SX Only avec une poignée de billets verts à la clef; on imagine assez facilement que le promoteur du mondial de Supercross espère voir quelques pointures US suivre la mouvance et rejoindre Kenny d’ici les prochaines saisons.

Kenny aura bien du mal à tirer du positif de ce second round @WSX Media

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

Après la saison dite “pilote”, certains étaient optimistes, d’autres ont laissé le bénéfice du doute à SX Global alors qu’une poignée de sceptiques ont vu la création de ce World Supercross d’un mauvais œil, critiquant copieusement le plateau de pilotes et l’appellation “mondial” jugée illégitime. Pour le promoteur, la marge d’erreur était finalement assez fine et malheureusement pour lui, rien ne s’est passé comme prévu en 2023. Après un premier round à Birmingham – dans la lignée de ce qui avait été fait en 2022 – le WSX a tout bonnement pris l’eau. Lyon, Singapour, Düsseldorf, Vancouver ; 4 rounds annulés consécutivement et le départ de l’investisseur principal: Mubadala capital. 

Derrière les portes fermées, SX Global a œuvré pour maintenir à flot un semblant de championnat pour cette saison 2023. Un challenge de taille avec pour objectif de passer la tempête et rebondir dès 2024 avec l’arrivée de deux nouveaux investisseurs en provenance du monde du football – Kyril Louis-Dreyfus & Juan Sartori. Seulement, et 4 mois après la première épreuve au Royaume-Uni, le World Supercross est revenu pour se tirer une balle dans le pied en organisant son second round à Abu Dhabi.

Après 4 mois d’attente, il fallait frapper un grand coup pour relancer la machine et force est de constater que le promoteur est passé à côté ce samedi en organisant son round dans l’Etihad Arena de Yas Island, un stadium qui n’est pas en mesure d’accueillir une épreuve de rang mondial ne serait-ce que par sa superficie, et les courses s’en sont fait ressentir. Alors que 4 épreuves ont été annulées, on se demande bien pourquoi le promoteur a maintenu ce round d’Abu Dhabi, qui ne devait même pas accueillir d’épreuve cette année; s’ajoutant en effet au calendrier 2023 suite à l’annulation du WSX de Lyon. Bref, ce WSX d’Abu Dhabi posait déjà questions avant d’avoir lieu mais le financement du gouverne. Toujours est-il que tout ce petit monde a traversé la moitié du globe pour disputer 2h de course un samedi après-midi sur un tracé minuscule qui ne sera pas à la hauteur des pilotes présents: on parle très exactement de 17 minutes et 30 secondes de finales pour les pilotes SX2, sans prendre en compte l’énorme loupé côté réalisation en seconde manche. Voilà de quoi émettre des réserves quand on entend dire que SX Global se serait engagé à organiser une épreuve à Abu Dhabi jusqu’en 2025. Aux Emirats, on sait faire les choses en grand mais le World Supercross n’en a pas profité; plus jamais à l’Etihad Arena ?

On a jeté un œil sur les superficies (utilisables) des stadiums qui ont accueilli – ou devaient accueillir – une épreuve du WSX en 2022/2023. On constate que l’Etihad Arena de Yas Island est de loin le plus petit stadium planifié depuis les débuts du championnat. Avec ses 3.656M² de surface, l’Arena de ce samedi faisait bien pâle figure face aux + de 7.000m² du Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf, du Groupama Stadium de Lyon, du Villa Park Stadium de Birmingham ou du Principality Stadium de Cardiff. Cette saison étaient aussi prévus des rounds dans les 8.500m² du BC Place de Vancouver ou dans les 9.000m² du Sports Hub de Singapour. Finalement, la finale se disputera dans le monstre qu’est le Marvel Stadium de Melbourne, qui affiche 15.000m²+ dans sa plus grande configuration. Un premier bilan, et une première bonne nouvelle, c’est que SX Global ne compte pas se cantonner à l’Etihad Arena d’Abu Dhabi et qu’on devrait pouvoir espérer bien plus – et bien mieux – par la suite mais une question se pose toujours: le promoteur Australien sera-t-il en mesure de remplir ces énormes stadiums à travers le globe à l’avenir ?

L’Etihad Arena de Yas Island n’a pas les épaules pour accueillir une épreuve digne d’un mondial de Supercross…

Côté négatif, on notera un programme (trop) léger, et une communication quasi inexistante autour des changements (format, commentateurs, pilotes …). SX Global envoie malheureusement un mauvais message, et donne l’impression d’avoir voulu en terminer au plus vite avec ce WSX d’Abu Dhabi pour rentrer en Océanie et s’occuper de son Supercross à Melbourne. Problème, même en organisant l’une des plus belles épreuves de l’année en Australie d’ici la fin du mois, il sera difficile d’effacer le raté d’Abu Dhabi qui risque de traîner des casseroles un certain temps; n’en témoigne les réactions sur les réseaux sociaux.

Cette année, les pilotes du World Supercross ont pris des engagements auprès de leurs teams pour disputer 6 épreuves et finalement, la moitié des courses ont été annulées. Qui dit deux fois moins d’épreuves, dit aussi deux fois moins d’opportunités financières pour ces garçons. Pas de course, pas de paie. Voilà pourquoi une poignée de pilotes ont délaissé le championnat pour partir sur d’autres programmes. Ceux qui ont maintenu leur engagement ont roulé, et ont donc pu gagner leur croûte. Bémol, la plupart des intéressés interrogés après l’événement auront bien du mal à tirer un bilan positif de ce round d’Abu Dhabi et pour de nombreuses raisons. Dommage quand on sait que jusqu’à présent, les pilotes avaient été les meilleurs porte-paroles du championnat.

RWR n’est pas passé bien loin de faire l’impasse sur Abu Dhabi … et sur Melbourne @WSX Media

Côté Moyen-Orient, on retrouve une bonne poignée de non-initiés au sport qui n’ont, pour la plus grande majorité, jamais assisté à un Supercross de leur vie. Les chiffres annoncés par Paul Malin – qui endosse à présent le rôle de commentateur du WSX avec Grant Langston – font état de +/- 6.500 spectateurs sur place. Sur ce point-là, SX Global tient son engagement en permettant au sport de se développer auprès d’un nouveau public mais un problème persiste: personne n’a finalement assisté à un Supercross digne de ce nom – et encore moins de rang mondial – ce samedi. Une texture inappropriée, un tracé trop simple et étriqué qui ne permet pas aux pilotes de s’exprimer, des chutes à gogo et un Vince Friese qui donne une bien mauvaise image du sport, voilà ce que la majorité retiendra de ce second round: les optimistes risquent de virer vers le scepticisme, les sceptiques sont devenus détracteurs, et les détracteurs sont devenus haters. 

Niveau sportif, le championnat prend une dynamique nouvelle avant la finale de Melbourne puisque Max Anstie et Joey Savatgy sont désormais leaders de leur catégorie respective. Shane McElrath a payé lourd tribu de sa mauvaise qualification du samedi et – tout comme Ken Roczen – ce dernier est parti en seconde ligne lors des trois finales. Si Ken Roczen a sauvé les meubles malgré une chute en première manche, Shane McElrath n’a rien pu faire dans ces conditions et le titre s’est probablement envolé dès cette manche qualificative d’Abu Dhabi pour le pilote RWR, une manche d’ailleurs disputée dans un stadium vide car les portes de l’Etihad Arena n’étaient pas encore ouvertes au public; ambiance garantie pendant la superpole dans un stadium désert …

La première épreuve de la saison 2022, au Principality Stadium de Cardiff, avait été une réussite @WSX Media

On ne pourra passer sous silence les belles performances Françaises, avec un Maxime Desprey (3e) déchaîné en SX2. Cédric Soubeyras signera un podium de manche et un top 5 de journée à Abu Dhabi, devant Grégory Aranda (6e) qui s’en mettra une bonne en première manche mais qui aura répondu présent toute la journée. Thomas Ramette, qui ne connaît pas une saison 2023 des plus simples, signe un beau top 10 (9e) également ce samedi en catégorie reine. Anthony Bourdon (13e) aura signé la pole lors des essais SX2 mais une mauvaise qualif’ viendra ruiner ses chances en finales, tout comme Adrien Escoffier (14e). Jordi Tixier (17e) chutera dans la premiere finale, participera tout de même à la seconde avec un poignet en vrac mais il en restera là par la suite.

Place au Supercross de Stuttgart le week-end prochain, puis au Supercross de Paris le suivant et enfin, à la finale du WSX de Melbourne. L’intersaison est bien chargée cette année, ce qui ne serait nous déplaire. Espérons simplement que des leçons soient tirées, et des ajustements faits côté SX Global qui affiche toujours de belles ambitions pour 2024; reste à savoir comment ce dernier compte remplir les stades et contenter les investisseurs l’an prochain: deux points qui ont visiblement coincé en 2023.

Maxime Desprey a très bien tiré son épingle du jeu sur le tracé d’Abu Dhabi @WSX Media

World Supercross: un retour loupé à Abu Dhabi                                                                   
Retour