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Chase Sexton “C’était la plus belle course de ma carrière”

Images: KTM Factory Racing

Chase Sexton n’avait plus remporté d’épreuve de l’outdoor depuis Ironman, en 2022. Auteur du doublé à Hangtown à l’occasion de la seconde épreuve du championnat d’outdoor 450 ce samedi, le garçon ramène le premier succès de KTM dans la discipline – en 450 – depuis la victoire de Cooper Webb à Spring Creek en … 2019 ! Chase Sexton s’empare de la plaque rouge ce week-end, et a livré une seconde manche d’anthologie. “The ride of a lifetime”. Micro.

Chase, en seconde manche, tu es tombé dès les premiers virages avant de repartir dernier. Qu’est-ce que tu t’es dit, à ce moment là ?

Que j’étais un idiot, principalement. C’était probablement l’erreur la plus stupide que j’aurais pu faire, j’ai glissé tout seul et c’était la pire des choses à faire. Je savais qu’il allait falloir que je roule le plus vite possible le plus longtemps possible pour remonter, et que j’allais voir où ça allait me mener. Voilà mon état d’esprit sur le moment, et ça a plutôt bien fonctionné pour moi. Ce genre de remontée, tu ne peux pas te le permettre très souvent et surtout dans cette catégorie. Je prends, c’était vraiment une course excitante.

On parle parfois de pilotes qui ont fait ça par le passé. Quand on leur parle par la suite, la plupart du temps ils ne se souviennent même pas exactement de ce qu’il s’est passé tellement ils déconnectent. C’était ton cas, où tu te souviens exactement de ce que tu as fait lors de cette deuxième manche ?

C’était la plus belle course de ma carrière. J’étais bien conscient de ce que je faisais tout du long, je savais que je devais débrancher pour revenir chercher les positions qu’il me fallait. Je me suis fait quelques chaleurs dans les descentes, et c’est le genre de truc qui te fait un peu revenir à la réalité.

J’étais vraiment super à l’aise avec la moto, même si mes départs ont été plutôt mauvais, la moto marche désormais très bien et j’ai été en mesure de repousser mes limites, ce que je n’ai pas vraiment pu faire jusqu’ici. J’étais vraiment très content même si évidemment, j’étais déçu de voir Jett tomber de cette façon, car ce n’est pas de cette façon que je voulais le battre. Sa chute était impressionnante, je m’en suis pris quelques-unes comme ça … Les autres pilotes ont bien roulé toute la journée, c’était une course difficile mais j’étais vraiment à l’aise, et j’ai pu repousser mes limites.

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C’était quoi la meilleure façon d’envoyer cette descente avec les doubles ? On aurait dit que le premier double vous a posé problème, que c’était dur de passer proprement. Vous pouviez perdre du temps comme en gagner dans cette descente.

Honnêtement, j’ai regardé la journée de presse le vendredi et je me suis dit qu’ils allaient devoir refaire cette portion. Ils ont fait des rollers et je pense qu’ils ne pensaient pas qu’on allait pouvoir les sauter comme ça. C’est en descente, tu as beaucoup de vitesse; j’ai vu Haiden et d’autres pilotes les sauter et je me suis dit que ça pouvait vraiment mal tourner. Ils ont fini par les refaire. Ces descentes se défoncent déjà assez largement comme ça, ils n’ont pas vraiment besoin de mettre des rollers en plus. La vitesse cette année était beaucoup plus élevée que par le passé à Hangtown. La première descente, elle était vraiment rapide. J’aimais vraiment bien la portion avec les virages en dévers qu’on avait avant. Disons que je ne suis pas vraiment un grand fan de ces grandes descentes mais pour le reste des changements effectués, j’ai trouvé ça cool. J’ai aimé la piste, les sauts étaient fun’. Les descentes étaient un peu trop rapides à mon goût.

Dans le premier tour après avoir chuté, tu envoyais les triples, les doubles, c’était chaud avec les autres sur les sauts. C’était comment ce premier tour, et as-tu été en mesure de déconnecter pour pouvoir aller de l’avant aussi vite ?

Franchement, j’ai eu le sentiment d’être plutôt bien conscient de ce qui m’entourait. Je n’ai pas sauté quelques sauts dans le premier tour car j’avais déjà fini une première fois au sol, et ça ne valait pas la peine de prendre le risque de tomber de nouveau. Quand tu te retrouves au milieu d’autant de pilotes, ça devient vite chaud. J’ai vraiment pris mon temps, et j’ai choisi où déborder, où poser mes roues. Je ne voulais pas prendre le moindre risque si un mec ne sautait pas, je ne voulais pas leur sauter dessus. Une fois que tu parviens à te défaire des premiers groupes de pilotes, tu peux un peu plus attaquer et aller de l’avant, vraiment commencer à être agressif mais lors des deux premiers tours, j’étais vraiment sur des œufs. Je n’aurais jamais pensé que j’allais être capable de revenir jusqu’en première place, je me disais que je voulais essayer de sauver un podium de journée, car après être tombé dès le premier tour ce serait vraiment un super résultat.

Tu as utilisé combien de tear off ? Et à quel moment as-tu réalisé que tu pouvais gagner cette seconde manche ?

J’ai utilisé beaucoup de tear-off dans les premiers tours car le circuit avait été bien arrosé. J’en avais peut-être 24 sur mon masque et c’était dur de n’en tirer qu’un seul à la fois. Parfois, j’en tirais deux, voir trois d’un coup et j’en avais un qui se bloquait et qui restait coincé dans mes lunettes. Dans le premier tour, je n’ai pas réussi à tirer mon premier tear-off pour une raison que j’ignore. J’ai dû tirer un bon coup dessus et j’en ai arraché plusieurs d’un coup.

Pour le reste, je ne pensais pas vraiment pouvoir gagner. Je voulais vraiment pouvoir doubler Hunter. Je ne pensais même pas que c’était vraiment réaliste quand je suis tombé dans le premier tour. Quand j’ai pu doubler Justin, Hunter et que j’ai vu qu’Aaron n’était pas trop loin, je me suis dit que tant qu’à faire, autant continuer ! J’ai pris un tour pour reprendre mes esprits, et j’ai tout donné dans le dernier tour. Je suis revenu au contact et je savais que j’étais rapide dans cette fameuse descente dans les trous, c’est là que j’avais fait la plupart de mes dépassements. J’ai mis gaz en grand dans la descente et la moto est restée plutôt droite dans les trous, j’avais confiance et quand je suis arrivé à hauteur d’Aaron, il m’a vu et il a mis un gros coup de gaz. Le virage avant les mécaniciens, c’était mon virage favori de tout le week-end et une fois que je me suis engouffré dedans, j’ai compris que c’était fait !

Le tracé n’avait pas l’air si défoncé que ça pour une épreuve de l’outdoor. Ça ne s’est pas creusé aussi profondément qu’à l’habitude, et ils ont refait pas mal de portions durant la journée.

Vu la vitesse dans les descentes, ils ont dû faire en sorte que la piste reste plutôt propre parce que ça aurait rendu les choses encore plus difficiles. Mais en sortie de virages, c’était bien défoncé et quand ils ne creusent pas si profondément lors de la préparation de piste, on peut utiliser le circuit dans sa largeur. À Fox Raceway, il y a beaucoup de piste qui n’a pas été utilisé car ça se creusait vraiment trop profondément dans les virages alors que là, on a pu utiliser toute la piste. On peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Non, ce n’était pas spécialement truffé d’ornières mais quand ça se creuse beaucoup, une fois que tu es dans une ornière tu n’en sors plus. Là, avant le saut d’arrivée, on avait genre 10 ornières dans les vagues et ça offrait des possibilités. C’est à la préférence de chacun, mais je pense qu’on peux mieux se déplacer sur la piste quand le terrain n’est pas griffé trop profondément.

Tu as dit avoir fait du testing cette semaine. On parle de changements mineurs, ou majeurs ?

On parle de gros changements. On est retourné au travail après Pala. En seconde manche lors de l’ouverture, j’étais derrière Jett et je n’arrivais pas à rouler, la moto me malmenait de partout et je savais qu’il n’y avait pas moyen que je puisse endurer ça pendant 11 épreuves. Ce n’est pas vraiment plaisant quand la moto te malmène. On a fait du testing à Pala le mardi et fait quelques changements et le jeudi, on est allé sur une piste dans les collines. Elle avait été griffée très profondément et le dénivelé a fait que c’était parfait pour le testing, il y avait de belles ornières et on a vraiment pu trouver de bons réglages au niveau de l’amortisseur et de la fourche. C’était vraiment mieux.

J’ai été en mesure de vraiment mieux accélérer en sortie de virage ce week-end. À Pala, je perdais beaucoup de temps en sortie de virage sur Jett & Hunter, je perdais en confort sur la moto un peu partout et je devais vraiment forcer pour rester au contact et du coup, je n’étais pas précis dans mon pilotage. Il faut pouvoir être précis, mais aussi pouvoir mettre du gaz, il faut trouver le juste milieu et je dirais qu’on l’a trouvé cette fois-ci.

Après cette deuxième manche, tu ne semblais même pas fatigué. Lors de l’interview, tu n’a pas laissé transparaître grand-chose alors qu’on s’attendait à ce que l’adrénaline soit bien là !

Je ne suis pas vraiment un grand émotif mais pour autant, je pense que j’ai quand même montré un peu d’émotion après la ligne d’arrivée. J’en avais la chair de poule; c’était vraiment spécial. Dans une carrière, tu ne feras pas beaucoup de courses comme celle-ci donc ça reste bien sur très spécial comme moment. On a vu Eli faire ça, ou même Jeffrey Herlings. Ce n’est pas impossible, c’est une évidence, mais je suis vraiment content de l’avoir fait et honnêtement, j’étais sous le coup de l’émotion une fois la ligne d’arrivée franchie.

On en a parlé des dizaines de fois. Tu n’es pas du genre à abandonner quand ça devient difficile. Tu as changé de moto cette année, tu as rencontré quelques difficultés. À un moment, tu dois te demander si tu vas trouver des solutions et si ça va fonctionner de nouveau pour toi ?

Je me suis retrouvé dans une mauvaise posture à la mi-saison de Supercross, et même à l’intersaison. Être en mesure de sortir du trou vers la fin de la saison de Supercross, ça m’a fait du bien et même là, je suis plutôt fier de ce qu’on a été en mesure de faire avec l’équipe. J’ai vraiment dû travailler sur l’aspect mental, pour tenter de rester positif malgré les moments difficiles. Je suis assez émotif quand ça concerne les courses, quand ça ne se passe pas comme je le voudrais. J’ai tendance à être impacté négativement mais là, j’ai été en mesure de sortir du trou et cette mentalité de ne jamais abandonner, ça fera toujours partie de moi. C’est quelque chose dont je suis plutôt fier.

Chase Sexton “C’était la plus belle course de ma carrière”
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