MXGP & Europe

New Blood – Quentin Prugnières & Marc-Antoine Rossi


Il n’y avait qu’un seul représentant Français engagé à temps plein en mondial MX2 la saison passée suite à la blessure de Tom Guyon: Thibault Benistant. L’officiel Yamaha est encore éligible à la catégorie pour 2 saisons – 2024 & 2025. La relève se prépare donc dès maintenant, et il y aura fort à faire pour parvenir à marcher dans les traces de Romain Febvre, Jordi Tixier, Dylan Ferrandis, Benoit Paturel, Tom Vialle, Maxime Renaux et – justement – Thibault Benistant. Sept garçons qui ont remporté (un ou) plusieurs grands prix dans la catégorie MX2 ces 10 dernières années (2014 – 2023); 4 des 10 derniers titres de champion du monde MX2 ont d’ailleurs été décroché par des pilotes Français.

Cette année, cette fameuse relève sera incarnée par deux nouveaux arrivants tricolores dans la catégorie, à savoir Marc-Antoine Rossi et Quentin Prugnières. Tous deux sortis de l’Europe 250, les deux garçons ont connu des trajectoires différentes ces dernières saisons.

La 250 KX-F, Quentin Prugnières la connaît déjà bien.

D’un côté et après avoir amassé les titres nationaux dans les plus petites catégories, Quentin Prugnières faisait des débuts prometteurs sur l’Europe 125 en 2020, avec l’équipe Bud Racing Kawasaki. Il ne s’attardera pas dans la cylindrée, puisqu’il montait déjà sur l’Europe 250 en 2021. Un premier mandat pour apprendre de la catégorie, un second (2022) pour aller chercher les premiers podiums, et un troisième (2023) pour tenter d’aller décrocher le titre. La saison dernière avait bien démarré pour notre Français avec une seconde place en Sardaigne, mais une fracture de la clavicule après la première épreuve – blessure couplée à une mononucléose – viendra enrayer la machine, mais aussi la dernière saison de Quentin sur l’Europe 250 avec la structure Française managée par Stéphane Dassé.

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De l’autre côté, Marc-Antoine Rossi délaissait la 85cc et le championnat de France Espoirs en 2020, pour débarquer sur l’Europe 125 en 2021 et, à la surprise générale, il terminera second de sa toute première manche dans la catégorie à Matterley Basin. Pilote Tech 32 KTM, “Marcan” remportera sa première manche en France; il finira son premier mandat à la 8ème place. En 2022, et pour sa deuxième année sur l’Europe 125, Marc-Antoine se séparera de la structure Française pour finir la saison en tant que pilote privé avec le soutien de KTM. De nouveau 8ème, le pilote Corse signera avec la structure officielle EMX250 de KTM – VRT KTM – pour faire ses débuts sur l’Europe 250 en 2023. Tout comme Quentin, il s’affirmera rapidement comme l’un des meilleurs pilotes du championnat, s’imposant à Teutschenthal et Matterley Basin. Cause blessure, Marc-Antoine terminera 7ème du championnat d’Europe 250 l’an dernier; ce sera son seul et unique mandat dans la catégorie.

Marc-Antoine Rossi a été l’une des plus grosses révélations du championnat d’Europe 250 en 2023

Les trajectoires de Quentin et de Marc-Antoine vont de nouveau se croiser en 2024, sur le mondial MX2 cette fois-ci. À l’intersaison, Quentin a été intégré à l’équipe F&H Kawasaki et a déménagé ses quartiers en Hollande tandis que Marc-Antoine a été ajouté à la line-up de l’équipe Red Bull GasGas, aux côtés de Simon Langenfelder; il vit désormais en Italie. Nouveaux pays, nouveaux programmes, nouvelle vie pour préparer un premier mandat en championnat du monde MX2.

“Honnêtement, je n’ai pas eu de problème d’adaptation avec la Hollande” répond Quentin quand on le questionne sur son adaptation à la vie Hollandaise. Je pense que c’est une très bonne chose de sortir de sa zone de confort – et de France – pour aller habiter en Hollande. On arrive à la fin de l’hiver, et je n’ai pas vraiment ressenti ce dont tout le monde m’avait parlé. On m’avait fait peur en me disant que ça allait être dur, que tout le monde souffrait là-haut. Personnellement, je ne souffre pas, je suis même plutôt content. En fait, c’est même mieux qu’Hossegor parce que je n’ai pas la tentation d’aller à la plage, de sortir avec les amis le soir, etc … Ici, je n’ai pas de tentation et de toute façon, je n’ai pas le temps. Tout le monde est ici pour bosser, il fait nuit à 16h, et en fin de journée tu n’as qu’une envie, c’est te poser chez toi et te reposer. J’ai zéro distraction, je suis concentré à fond sur mon intersaison.”

“J’ai commencé avec GasGas vers la fin octobre, début novembre 2023, en Italie” nous confie Marc-Antoine “Ensuite, j’ai passé pas mal de temps en Belgique et en Hollande. À cette période, ce n’est pas marrant d’être là-haut; il fait froid et il pleut mais ça a été bien pour travailler sur la moto mais aussi physiquement, sur moi. C’était top et je pense que j’ai passé un bon step là-bas cet hiver. Par le passé et avec VRT KTM , j’étais basé aux Sables d’Olonne, et le plus souvent en Normandie chez Pierre Alexandre Renet. Là, je suis à temps plein en Italie. Ce qui est top avec GasGas, c’est qu’ils ont deux ateliers: un en Italie (Rome) et un en Belgique (Lommel), donc c’est vraiment pratique. Moi, je vis à 10 minutes du team, j’ai un appartement pour moi. Je suis plus proche de la Corse, j’ai la mer à côté … On va dire que c’est différent de la Normandie !”

F&H Kawasaki concentrera ses efforts sur Quentin Prugnières sur le mondial MX2 cette saison. Il aura toutefois une coéquipière: Courtney Duncan

Pour Quentin comme pour Marc-Antoine, une grosse transition a été effectuée à l’intersaison. Objectif: suivre une préparation leur permettant d’être capables d’affronter une première saison en grand prix, et donc être en mesure de répondre à de nouvelles exigences de la part des équipes qui se sont offert leurs services. Des teams internationaux qui dépensent des budgets colossaux pour réussir au plus haut niveau. Chez F&H, Quentin Prugnières évolue désormais sous la coupe du Néerlandais Marc de Reuver, alors que Marc-Antoine Rossi voit son programme géré par Davide de Carli en personne chez Red Bull GasGas.

“Je vais t’avouer qu’après les premiers entraînements, je me suis demandé sur quel mec j’étais tombé [rires]” plaisante Quentin au sujet de son nouvel entraîneur, Marc de Reuver.Je me suis dit qu’il était fou. En fait, pas du tout. Il est vraiment très passionné; c’est un gars qui a fait des conneries dans sa carrière et il veut nous montrer le bon chemin. Il ne s’en cache pas. Il a gagné des GP, il était en tête du mondial, et il a fait des conneries. Il me dit “J’ai fait des choses que tu n’as pas faites, alors écoute moi”. Parfois, il me dit un truc, j’essaye de lui prouver qu’il a tort en faisant autrement et ça ne marche pas ! Il a toujours raison [rires]. Du coup, j’écoute sans réfléchir maintenant. Quand j’ai pu avoir un doute, j’ai essayé de lui prouver qu’il avait tort et finalement, il m’a mis le nez dedans me regardant avec son petit sourire en coin [rires].”

“La nouvelle 250 GasGas, je l’ai prise en main très rapidement” Admet de son côté Marc-Antoine “Quand je suis arrivé au sein de l’équipe, ils m’ont dit “On t’a préparé une moto en fonction de ce qu’on voyait quand tu roulais”. Quand je suis monté dessus, je me suis tout de suite bien senti. J’étais impressionné de me sentir à l’aise dessus aussi rapidement, et d’avoir eu un bon feeling aussi vite. Ils ont fait un travail incroyable sur la moto même si elle a évolué depuis. Après l’hiver, et les journées de testings, ce n’est pas la même moto que l’an dernier, quand je suis monté dessus pour la première fois. Il y a des différences et ça ne fait qu’évoluer dans le bon sens, c’est vraiment top. Je m’entraîne désormais avec Davide de Carli. C’est lui qui gère mon sport, le programme sur la moto, on est tout le temps ensemble. C’est comme ça que c’était prévu et c’est comme ça que ça se passe avec les autres pilotes, à savoir Simon Langenfelder et Jorge Prado. On s’entraîne tout le temps ensemble, et c’est top pour moi car avant, j’avais un peu plus l’habitude de m’entraîner tout seul avec Pela. Là, j’arrive, et je m’entraîne avec d’excellents pilotes, et ça ne peut que me tirer vers le haut.”

Marc-Antoine Rossi a désormais des partenaires d’entraînement de choix: Jorge Prado et Simon Langenfelder @GasGas

Préparer une saison de Mondial MX2 requiert d’abattre un travail différent à l’intersaison, comme l’ont constaté nos deux Français cet hiver. Le bagage technique acquis au fil des ans, Quentin et Marc-Antoine voient leur nouvelle préparation axée sur le volume & l’intensité, tant sur la moto que sur le plan physique. Cette année, il faudra avoir le coffre et l’endurance pour tenir des manches de 35 minutes à un rythme de grand prix. Les voilà désormais pilotes professionnels.

“C’est vrai qu’avec le recul, le travail est différent maintenant” confirme Marc-Antoine, avant d’ajouter. “Je pense que j’ai passé le plus “dur”. Quand tu te retrouves à faire l’Europe 125 ou l’Europe 250 pour faire tes preuves … C’est différent car avec Pela [Pierre Alexandre Renet], je travaillais énormément sur la moto. On va dire que désormais, je sais faire de la moto, le team Red Bull Gas Gas ne vas pas m’apprendre à en faire. On va faire plus de manches à l’entraînement, plus de physique, tout ça. On peut dire que la vie est plus belle maintenant que quand tu dois te déplacer en camping-car à droite à gauche pour aller faire l’Europe 125.”

“C’est sûr qu’on me reprend moins sur des détails à l’entraînement” ajoute Quentin. “On ne me dit pas de lâcher les freins, de travailler la position sur la moto. Concrètement, on est là pour poser le cul sur la moto et ouvrir les gaz. Avant, on pouvait se dire que le résultat importait peu, qu’il fallait surtout bien rouler; c’était le plus important. C’est différent désormais. Là, il faut tout donner, poser ses cou*lles. On n’a plus le choix [rires]. C’est très différent de l’Europe. Quand je vois les efforts et les moyens que le team met en place pour un seul pilote, c’est juste énorme. Tu prends conscience que c’est ton travail; tu t’endors le soir en te disant que tu veux gagner des manches, tu te réveilles le matin avec l’envie de gagner des manches. Tu es formaté et tu ne penses qu’à ça.”

Quentin tire un bilan positif de ces épreuves d’intersaison. Il sera également en piste à Lacapelle Marival le week-end prochain pour l’ouverture de l’Elite

Victime d’une chute à l’entraînement, Marc-Antoine Rossi n’a pas encore participé à ses premières courses de préparation à l’heure de ces lignes. Quentin a quant à lui pris part à l’international d’Italie à Riola Sardo, et à l’international de Sommières. Il termine dans le top 5 lors des deux épreuves, et monte en puissance crescendo à l’approche de l’ouverture de la saison de mondial en Argentine. Un mondial sur lequel Quentin (DNF-10) et Marc-Antoine (8-6) ont pu faire leurs premiers tours de roue à domicile l’an dernier, à l’occasion du GP de France de Villars-sous-Ecôt.

“Cet hiver, les deux courses de l’International d’Italie étaient prévues à mon programme” confirme Marc-Antoine à l’évocation de son absence lors des courses de préparation. “Malheureusement, une semaine avant Riola Sardo, j’ai fait une grosse chute à l’entraînement. Rien de trop grave, juste un petit problème à l’épaule mais j’ai préféré faire l’impasse sur les deux courses pour me reposer et revenir en forme plus tard. Je ferais quelques courses de préparation avant l’Argentine quand même. Je n’ai pas trop perdu, car j’ai continué à travailler dur physiquement, donc ça n’a pas été quelque chose de trop impactant dans ma préparation.”

“Riola était un week-end positif. Cette première course s’est passée comme elle devait se passer” commente Quentin, quatrième dans le sable de Sardaigne, puis dans le top 5 à Sommières ce dimanche. “Ça ne servait à rien d’aller gagner à Riola, ce n’est pas le mondial. Je me suis mis en jambes même si j’étais un peu tendu lors des premiers essais. J’ai fait une première manche correcte en suivant Adamo et Oliver en début de course. Je me suis un peu tendu par la suite, je n’ai pas assez respiré et j’étais raide en fin de course. En seconde manche, j’ai roulé différemment et ça m’a aidé. J’ai fait le holeshot, quelques tours en tête, et beaucoup d’erreurs par la suite. Oriol me double, j’étais parti pour tenter de reprendre la tête mais j’ai fait des erreurs. Pour une première course, c’était bien. Sommières, c’était encore une fois une course de préparation positive. J’avais une bonne vitesse pendant les manches, on sait aussi sur quoi on doit travailler. Ça se passe comme ça doit se passer pour moi, et pour le team. On est dans le timing et la continuité.”

Du rêve à la réalité, Marc-Antoine Rossi a intégré le team usine Red Bull GasGas à l’intersaison @GasGas

Nouvelle saison, nouvelles équipes, et nouvelles ambitions pour nos deux Français. En 2024, Marc-Antoine et Quentin Prugnières feront partie de la flotte de “rookies” en provenance de l’Europe 250, et devront jouer des coudes avec des pilotes plus expérimentés. L’un comme l’autre espèrent que le travail fourni à l’intersaison portera ses fruits cette année. Avec 20 grands prix au calendrier, la saison s’annonce longue; il faudra répondre présent à chaque épreuve pour remplir ses objectifs au terme de ce premier mandat en championnat du monde.

“Mes attentes cette année ? J’ai vraiment travaillé très dur cet hiver” nous explique Marc-Antoine. “Le team sait de quoi je suis capable, et ils ne me mettent pas la pression. Ils savent ce que je peux faire, de belles choses. J’en ai aussi conscience, j’ai la vitesse, et j’aimerais vraiment pouvoir me rapprocher du top 5 final. Le championnat sera très – très long. Il faudra être présent tous les week-ends. Ce que je veux, c’est monter en puissance crescendo pour être présent à chaque fois. Il faudra être fort, ce sera ma première année dans un championnat aussi long. Il faudra éviter les blessures.”

“J’aimerais pouvoir faire des tops 10 lors des premières courses et faire évoluer les objectifs pendant la saison” nous répond Quentin, de son côté. “Si j’ai l’occasion de gagner un GP, de faire un podium, peu importe, je donnerais tout pour saisir l’occasion. L’objectif sera de faire de bons départs, et de rouler devant. Il faudra mettre du gaz, se bouger. J’ai encore des choses à prouver car l’an dernier, j’ai fait un début de saison canon sur l’Europe … Par la suite, beaucoup de gens n’ont pas pris en compte tout ce qu’il s’était passé pour moi. Je me suis cassé la clavicule, mais j’ai quand même fait des top 5 et des top 3 de manches en étant diminué par une mononucléose, en roulant face à des pilotes qui étaient en forme. Malgré tout ça, j’ai une très mauvaise réputation après ma dernière saison. J’étais loin d’avoir atteint mes objectifs la saison dernière et ça a refroidi le paddock, comme les fans. Ce n’est pas grave, je bosse, et on va faire en sorte d’arranger ça; je veux prouver ma valeur.”

Quentin Prugnières veut effacer la déconvenue de 2023.

Du haut de leurs 17 & 18 ans respectifs, Marc-Antoine Rossi et Quentin Prugnières feront leur “vrai” baptême du feu en MX2 à Neuquen pour l’ouverture de la saison en Argentine. Une catégorie dans laquelle les pilotes Français ont rencontré beaucoup de succès depuis son intronisation en 2004 (ex catégorie 125cc). Christophe Pourcel, Marvin Musquin, Jordi Tixier, Tom Vialle et Maxime Renaux ont inscrit leurs noms sur les tablettes du Mondial MX2 depuis cette date, et bon nombre sont ceux qui rêvent de leur succéder un jour. Le prochain champion du monde MX2 en provenance de France pourrait bien s’appeler Thibault Benistant, Marc-Antoine Rossi mais encore Quentin Prugnières. L’avenir nous le dira. En attendant; place à la relève.

“C’est une fierté de représenter le futur du sport Français, même si ce n’est pas quelque chose qui me traverse trop l’esprit plus que ça actuellement” conclut Marc-Antoine “Je suis concentré sur moi-même, sur le travail à effectuer. C’est top de voir que des jeunes arrivent en mondial MX2, comme moi et Quentin. Et puis faire ma première saison en MX2 au sein d’un team Factory pour lequel j’ai toujours rêvé rouler, c’est quelque chose. C’est allé très vite pour moi, car je suis passé d’un team de championnat de France à un team semi-factory, à un team Factory en l’espace de trois ans. C’est une très belle progression pour moi. “

“Je suis super content de faire partie de cette relève Française, car on sait à quel point c’est difficile d’avoir un guidon en MX2 aujourd’hui” admet Quentin “Je suis prêt à me donner à 200% pendant la saison. Faire partie de cette relève, c’est énorme car il n’y a pas beaucoup de pilotes qui ont la chance d’avoir cette place un jour. Je suis très heureux de représenter la France, de porter le logo de la FFM, et d’être considéré comme la relève en France. Je rentre dans une catégorie de personnes que j’ai admirées pendant toute ma vie. Petit, je rêvais de côtoyer les pilotes du mondial et aujourd’hui, j’en suis un. Ce n’est que du bonheur même si j’en chie à l’entraînement. C’est une grande satisfaction, je vis un rêve de gosse et j’y vais à fond, je donne tout.”

J-18

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