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Quentin Prugnières “J’ai encore des choses à me prouver à moi-même”


Monté sur le mondial MX2 avec l’équipe F&H Racing Team pour réaliser son premier mandat dans la catégorie cette année, Quentin Prugnières repart d’Agueda avec son meilleur résultat de saison: une septième place. Le pilote Français a signé un week-end solide au Portugal, intégrant le top 10 dans les trois manches disputées. Non-content de ses prestations à Riola Sardo & Trentino, Quentin Prugnières a su s’exprimer dans les conditions difficiles ce week-end. Actuellement 12ème du championnat, le garçon compte bien réitérer la performance lors des prochains grands prix. Rome ne s’est pas faite en un jour. Micro.

Quentin, septième du grand prix avec trois manches dans le top 10. J’imagine que c’était un premier objectif cette saison ?

Oui, c’est sûr que c’était un premier objectif même si c’est un peu dommage car en deuxième manche, je passe un peu à côté d’un podium. Je ne savais pas que j’étais en mesure de le jouer, et je ne l’ai su qu’après. Mais bon, je me suis accroché tout le week-end parce que ce n’était vraiment pas facile. En deuxième manche, j’ai su faire un bon départ, mais je n’ai pas trop réussi à gérer les deux premiers virages et ça m’a pénalisé. Je suis quand même plutôt content du roulage et du week-end; j’ai enfin fait trois top 10, donc c’est plutôt positif.

Sur un week-end comme ça finalement, est-ce qu’on se dit qu’on a retrouvé trois tracés différents entre le samedi, et le dimanche ?

Oui. Entre les trois manches, c’était à chaque fois différent. Lors des essais libres et des essais chrono, c’était quand même similaire puis après, entre les essais chronos et la manche qualif’, ce n’était plus la même chose. Et puis aujourd’hui [dimanche], c’était quand même beaucoup plus gras qu’hier, ça a commencé à faire de la soupe pendant les manches avec la pluie, et oui, on a eu trois tracés différents. Mais ça restait un peu dans le même esprit, ça faisait quand même une seule trace principale et ce n’était pas facile à doubler. C’était enduro quoi !

Je t’ai suivi sur 3 GP en ce début année et en première manche, tu m’avais l’air d’être un peu plus dans ton élément. Est-ce que c’est juste un point de vue extérieur, ou c’est aussi comme ça que tu l’as ressenti ?

En fait, même lors de la manche qualificative du samedi, j’avais une bonne vitesse. J’ai enlevé les lunettes assez tôt, donc pour dépasser à chaque fois que je revenais sur quelqu’un, ce n’était pas facile. En fait peu importe car dans les trois manches, c’était positif. C’est juste vraiment dommage pour les deux chutes en seconde manche, mais je pense que dans tous les cas et sur des pistes comme ça, c’est juste du mental et puis aussi le travail fait pendant l’entraînement hivernal qui ressort à ce moment-là.

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Le samedi, Quentin Prugnières a terminé 7ème de la manche qualificative

Quand tu as vu comment ça se déroulait en première manche MXGP, est-ce que tu t’attendais à plier bagages ?

Non, je ne m’attendais pas à ce qu’on plie honnêtement. Après en soi, je m’en fiche qu’on plie ou pas honnêtement. Le plus important pour moi actuellement, c’est de rouler parce que je ne suis pas satisfait de mon début de saison jusqu’à présent. Disons que jusqu’à maintenant, j’ai fait un GP correct donc je n’avais pas envie qu’on s’arrête là. Je voulais rouler, peu importe les conditions et ce qu’il se passait. J’ai encore des choses à me prouver à moi-même, donc je voulais rouler en seconde manche.

Qu’est-ce qui fait que tu n’es pas satisfait de toi en ce début de saison ?

J’étais assez satisfait après l’Argentine parce que j’avais bien roulé, la vitesse était là. En Espagne, j’ai fait une grosse chute en première manche. J’ai tapé la tête vachement fort et c’était très difficile en deuxième manche, et puis même la semaine d’après car je n’ai quasiment pas roulé parce que ça n’allait pas trop.

Ensuite, en Sardaigne et à Arco c’est simple, je n’ai tout simplement pas bien roulé. Je n’ai pas su mettre en place mon roulage, et c’est quand même un peu frustrant quand tu roules bien à l’entraînement et que tu débarques sur les courses sans être en mesure de rouler aussi bien que pendant la semaine.

Aussi, il faut dire que la catégorie cette année n’est pas facile. En fait, c’est surtout au niveau du roulage. Je ne dis pas que je m’en fou du résultat mais si par exemple je fais 12e et que j’ai mis du gaz, je ne peux pas vraiment me le reprocher. En ce début d’année, j’ai fait des 12ème place mais je n’étais pas satisfait du roulage, je sais que je peux faire mieux que ça.

Ce week-end, j’ai quand même bien roulé en comparaison avec tout le monde. Il y en a d’autres qui ont mis du gaz, on était un peu tous en mode survie quand même dans le fond. J’ai mieux roulé cette fois-ci, et ça a payé ce week-end.

Finalement, si tu devais mettre le doigt sur une pièce manquante lors des quatre premiers grands prix, ce serait quoi pour toi ?

Le mental, le mental n’était pas là. Je ne vais pas aller dans les détails, mais c’était vraiment le mental qu’il manquait.

Un temps quatrième de la seconde manche, Quentin chutera en fin de course et terminera sixième; il signe tout de même son meilleur résultat de la saison dans ce second débat Portugais

On la décrit comment, la différence entre l’Europe 250 et le mondial MX2 ?

En MX2, il y a deux fois plus de rythme et puis ce rythme, il ne s’arrête pas. C’est vraiment du début à la fin, toute la manche. Il faut vraiment réussir à rester vachement solide parce qu’en mondial, tout le monde se bat. En mondial MX2, c’est différent car les mecs ne se battent pas forcément pour avoir un guidon comme sur l’Europe; ils se battent pour être champion du monde. Tout le monde a envie de gagner, tous les mecs du top 10. Il y a énormément de rythme et il faut vraiment s’accrocher du début à la fin.

Ces cinq dernières minutes en plus, elles comptent finalement ?

Ouais. Après, je ne les sens pas forcément passer parce qu’au final avec les entraînements qu’on fait, on tient le bon rythme. Parfois, on fait des manches beaucoup plus longues à l’entraînement donc ça va. Mais quand tu te retrouves dans un groupe de pilotes et que ça met du rythme jusqu’à la fin de la manche, tu t’accroches et tu donnes toute ta vie dans les deux derniers tours; jusqu’au bout. Tu n’as pas le choix car avec le niveau qu’il y a en MX2 cette année, il faut s’accrocher.

Si je vais voir Marc de Reuver et que je lui demande de tirer un bilan de ton début de saison, tu penses qu’il va me dire quoi ?

Je pense qu’au niveau des premières courses il va te dire la même chose que moi. Vu, comment ça s’est passé aujourd’hui, je sais qu’il est satisfait; il me l’a dit. J’ai enfin fait un grand prix comme il fallait. J’ai roulé, j’étais dans une zone de performance.

Sur les premiers grands prix, il te dira aussi probablement la même chose, que je n’ai pas affiché le rythme que je devrais avoir.

Tu étais sur l’Europe ces dernières années, et tu disposais de plus de temps pour t’entraîner. En mondial, tu enchaînes beaucoup plus avec parfois 3/4 GP consécutifs; tu ne peux pas autant t’entraîner la semaine, faire autant de testing avec les déplacements. C’est aussi quelque chose qui demande une période d’adaptation quand on arrive sur le mondial MX2 ?

Oui forcément. Déjà, la préparation réalisée pendant l’hiver est différente avec celle de l’Europe. Et puis même pendant la saison, on ne roule pas autant à l’entraînement que quand on fait l’Europe 250, parce qu’on a vachement de courses qui s’enchaînent. Du coup, c’est important d’avoir une gestion cadrée de tout ça, d’avoir un programme qui tient la route. À un moment donné, il faut savoir aussi se reposer et c’est quand toutes les courses s’enchaînent comme ça qu’on voit que le repos est vraiment très important.

Quentin Prugnières “J’ai encore des choses à me prouver à moi-même”
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