World Supercross

World Supercross: bilan d’une ouverture à Cardiff


Il fallait se rendre à Cardiff ce week-end pour assister à l’épreuve inaugurale du mondial de Supercross. Après s’être séparée de la FELD fin 2021, la FIM n’a pas tardé à lancer un appel dans l’espoir de trouver un nouveau promoteur pour un nouveau championnat du monde de Supercross, hors USA. C’est la société Australienne SX Global qui a décroché les droits et autant dire que ces derniers n’ont eu qu’un très court laps de temps pour se préparer, puisque le contrat entre les deux parties sera seulement signé fin décembre 2021.

Depuis lors, beaucoup de questions, et très peu de réponses. On s’est donc rendu à Cardiff pour voir ça de plus près, et ramener nos premières impressions.

Avant même d’apercevoir un bout de la piste, la simplicité pour se rendre sur cette épreuve de rang mondial était franchement un point positif. Une heure d’avion au départ de paris, un bus (où 3 plus un Uber si comme moi, vous avez le malheur de vous perdre), et vous voilà dans le cœur historique de la ville de Cardiff, devant ce Principality Stadium franchement massif. Si vous souhaitez vous rendre sur un GP à l’étranger, ce sera bien souvent une autre paire de manches. Pour les médias, comme pour les spectateurs, les teams et les pilotes, tout était rondement bien mené et préparé par l’organisation. Qu’on se le dise, les Galois sont vraiment très accueillants et le stade était rempli à ras-bord le samedi, avec pas loin de 40.000 spectateurs annoncés.

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De la bouche des pilotes et des différents staff, le même refrain. SX Global a mis les petits plats dans les grands pour les accueillir et leur faciliter la vie: prise en charge de l’envoi des motos (le promoteur fournit la caisse et paye l’affrètement, contrairement à Infront). SX Global propose également des tarifs avantageux pour loger ce petit monde dans les hôtels à proximité et – dans le stadium – un espace restauration, un lounge, des pits équipés, des vestiaires chauffés ont été aménagés. Les Américains comme les Européens ont clairement apprécié l’attention qui leur a été apportée ce week-end.

Sur place, on découvrait une belle piste, comparable à celles des USA. Encore une fois, tous les pilotes interrogés à ce sujet donneront le même refrain; à Cardiff, on retrouvait une “vraie” piste de Supercross. Quelques petites exceptions à noter à droite à gauche et selon les ressentis de chacun: des whoops un peu plus petits, des virages très larges, des relevés moins haut, un peu plus d’écart entre les sorties de virage et les sauts et une piste plutôt glissante, surtout le samedi. L’appel du saut d’arrivée, en métal, en aura décontenancé plus d’un. Lors des premiers essais, les pilotes s’envolaient littéralement sur ce saut, à tel point qu’on s’est senti obligé de regarder le programme pour s’assurer qu’on n’était pas en pleine démonstration FMX. Il faudra quelques tours à certains – et de belles frayeurs pour d’autres – afin d’assimiler ce saut qui sera finalement le plus gros du tracé – à l’exception du quadruple envoyé par Ken Roczen ou encore Josh Hill. “J’ai fait une erreur au début de ma superpole, et je n’avais pas trop le choix, je ne l’avais pas encore sauté et j’ai décidé au dernier moment de l’envoyer” commentera Ken Roczen par la suite. “C’était à fond poignée en coin. De toute façon, je savais très bien qu’il n’y avait pas la moindre chance que je me mette long vu comment c’était gros”.

Encore un mot au niveau de la piste, on sera quand même interpellé par la nature des “ballots de paille”. Ces derniers n’étaient en fait que des boîtes en carton recouvertes d’une bâche publicitaire mais visiblement, les pilotes étaient plutôt emballés par l’idée. En cas de réception hasardeuse, ces derniers avaient une chance de s’en sortir, contrairement aux airbags & autres “tuff blocks”. Le carton rouge de la soirée, s’il doit y en avoir un, c’est la réactivité du personnel médical et le placement de certains commissaires lors des chutes; la copie est à revoir sur ces deux points. Lors de la conférence de presse d’ouverture le vendredi soir, Adam Bailey n’a pas caché que le temps avait été limité pour tout mettre en place, et qu’il faudrait tirer des leçons de ce premier Supercross, s’adapter, et effectuer les changements nécessaires par la suite: on pense notamment à ces caméras embarquées qui n’apportaient rien à la retransmission et qui privaient de quelques secondes de rediffusion. Rien n’est parfait du premier coup mais on ne pourra nier que le promoteur de ce World Supercross a fait les choses en grand pour une première et l’ambiance au sein du Principality Stadium était incroyable. La touche qu’on a beaucoup aimée également, c’est que le promoteur s’est rapproché de Ralph Sheheen & Jeff Emig pour faire office de commentateurs via WSX.TV; du costaud en studio.

Au niveau du format, on était un peu mitigé avant de venir à Cardiff. Si vous êtes un fan hardcore de Supercross, vous préférez probablement le format plus traditionnel disputé aux USA. Là, les manches s’enchaînent à une vitesse folle, sans le moindre repos pour les pilotes. Le format est plutôt bien adapté pour le grand public ne connaissant pas le sport. On arrive à 17h, on repart à 20h, et on en a pris plein les yeux. Les courses sont vraiment intenses, les écarts entre les pilotes forcément réduits, et on ne cherche pas le leader parmi les retardataires comme c’est parfois le cas de l’autre côté de l’Atlantique. Le SX de Cardiff, un orchestre finement bien préparé pour une première. Finalement, ce format tient ses promesses même s’il est toujours difficile de changer ses petites habitudes; on ne cachera pas qu’on aurait quand même bien aimé voir une finale de 20 minutes ou au moins, les finales alternées: un coup 250, un coup 450. En cas de mauvais départ ou de chute – avec ce format – le pilote en question avait des chances de se relancer quelques minutes plus tard et il était d’autant plus difficile de faire des pronostics. Si on s’attendait évidemment à voir Eli Tomac et Ken Roczen devant en 450, pour le reste des places dans le top 10, c’était une véritable loterie, loterie qui rendait les courses franchement intéressantes. On s’est levé de notre chaise un paquet de fois lors des manches de la catégorie  SX2; tout le monde semblait avoir sa chance de jouer un podium de manche. Ce format ne laissait pas vraiment de temps pour établir une stratégie ou calculer les points nécessaires à la victoire, c’était à fond tout le temps et rien d’autre. Shane McElrath ne savait même pas qu’il avait remporté l’épreuve au terme de la troisième finale et Chris Blose s’est empressé d’appeler sa famille pour montrer son trophée à son fils, resté aux USA. “J’avais promis à mon garçon que j’allais lui ramener un trophée, et je l’ai fait !”

Le plateau a fait l’objet de nombreuses critiques et le promoteur prête attention aux nombreuses remarques. Une poignée de pilotes sont sortis de leur retraite pour cette saison “test” du World Supercross et la présence de Tomac & Roczen sauvait les meubles. Mais par où, et comment commencer quand, outre Atlantique, les constructeurs et promoteurs Américains mettent le paquet pour empêcher au maximum le développement de ce mondial de Supercross ? On sait par exemple que Jason Anderson s’est vu interdire d’y participer par Kawasaki cette année, Colt Nichols également à la dernière minute, et si Ken Roczen avait prolongé son contrat chez Honda HRC pour 2023, ce dernier aurait dû se retirer du World SX. Laissons le temps au temps, mais comprenez que les tops pilotes Américains ne sont pas insensibles à ce projet et que Rome ne s’est pas faite en un jour. Pour les plus sceptiques, on finira simplement par vous demander: quand remonte la dernière fois que vous avez pu voir Chad Reed, Eli Tomac, Justin Bogle, Cole Seely, Josh Grant, Ken Roczen, Shane McElrath, Joey Savatgy, Justin Brayton, Vince Friese, Dean Wilson, Max Anstie, Mitchell Oldenburg et les autres évoluer sur un Supercross à une heure d’avion de Paris ?

Pour 2023, le promoteur prévoit déjà de proposer une saison complète avec 10 à 12 épreuves dont une poignée en Europe. Les débuts du World Supercross, on y était, et croyez-nous sur parole, on s’est régalé.

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