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Adam Cianciarulo “J’ai eu une dizaine d’opérations au niveau de la main, j’ai tout fait pour guérir”

Images: Kawasaki

Adam Cianciarulo l’a annoncé. Il mettra un terme à sa carrière de pilote professionnel au terme de la saison de Supercross 2024, du haut de ses 27 ans. En clair, Adam n’a plus que 5 épreuves à disputer avant que le rideau ne tombe. On aurait du mal à dire que le garçon a rencontré le succès escompté chez les professionnels mais une chose est certaine, Adam Cianciarulo a gagné le cœur des fans. Un talent gâché par les blessures, qui voit finalement sa carrière prendre fin à cause d’un problème persistant au niveau de la main droite.

Adam Cianciarulo propose un excellent podcast intitulé “Plugged In” lors duquel il invite des intervenants de marque. Cette fois-ci, le garçon a pris le micro pour expliquer sa décision. Les tenants et les aboutissants sont là.

Adam Cianciarulo: ” […]Je suis officiellement retraité dans quoi , cinq où six courses ? C’est fou, ça fait bizarre, et je crois que je n’ai pas encore vraiment réalisé. Ces dernières années ont été difficiles pour moi, surtout à cause de ce nerf au niveau de la main. J’en ai souvent parlé, et c’est un problème qui me suit depuis longtemps. Dernièrement, j’en suis arrivé au point où même parler de ce problème, ça me fatiguait et du coup, je n’en parlais plus trop. Dans ces circonstances, les gens oublient, et ils finissent par se dire que je suis juste trop lent, que je déteste ce sport, que je suis fini où que je roule simplement pour encaisser des chèques.

J’ai eu une dizaine d’opérations au niveau de la main, j’ai tout fait pour guérir. J’ai été aux 4 coins du monde pour essayer de trouver des solutions. Je me suis réveillé un matin de septembre 2019, et je n’arrivais même pas à prendre les whoops sur le terrain d’entraînement Kawasaki à cause de ma main; c’était avant la Monster Cup, et avant ma première saison en 450. Je manquais vraiment de grip, je me demandais ce qu’il m’arrivait, je n’avais plus de sensation dans la main et ce n’est jamais vraiment revenu depuis ce jour. Ma main droite est loin d’être aussi forte que ma main gauche et en 450, il faut vraiment de la force. Ce problème à la main, je le ressens tout le temps, tous les jours. Par exemple, si je passe trop de temps à textoter de la main droite, je vais le sentir le lendemain à l’entraînement.

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En 2020, je sentais vraiment les effets en fin de manche, j’avais tendance à sentir ma main droite fatiguer plus vite que la gauche et ça donnait surtout l’impression – de l’extérieur – que je manquais de physique, où que je n’arrivais pas à trouver les pièces du puzzle pour performer. Après, je ne suis pas du genre à me trouver des excuses. Je ne dis pas que j’aurais été 4 fois champion de Supercross sans ces problèmes à la main. Tu sais, avec des si, tu refais le monde. Moi, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour guérir, j’ai fait un paquet d’opérations, j’ai vraiment tout fait depuis tout ce temps.

Quand tu roules en 450, tu te dis que tu as enfin réussi, parce que c’est ce pourquoi tu as travaillé toute ta vie; l’opportunité est enfin là, devant toi. Maintenant, je suis en paix avec ma décision, et j’ai hâte de voir ce que l’avenir me réserve. J’aurais très bien pu arrêter il y a deux ans de ça. Quand je regarde derrière moi, je me dis que j’ai vraiment fait tout ce que je pouvais. Il y avait cette blessure à la main, qui a entraîné d’autres blessures comme quand je me suis fait une séparation claviculaire avant la saison de Supercross en 2022. Cette blessure, c’est parce que ma main droite avait lâché le guidon dans les whoops. En 2021 à Orlando, je me suis fait une clavicule à Orlando en donnant un mauvais coup de gaz, car le contrôle de la poignée de gaz était vraiment devenu problématique pour moi. Les mecs qui roulent peuvent s’imaginer que c’est comme avoir un syndrome des loges très persistant, c’est dur de gérer la poignée de gaz dans ces conditions.

Rouler contre tous ces mecs-là, c’est déjà assez dur comme ça. Être capable d’avoir ce niveau, c’est un boulot incroyable. Je me suis beaucoup amoché physiquement à cause de ce problème que j’en suis arrivé au point où je suis en paix avec ma carrière, où je sais que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour guérir. Je suis reconnaissant d’en être arrivé là, même si c’est triste d’un côté. J’ai adoré être un pilote professionnel, malgré tous les hauts et les bas. La vie, c’est comme ça pour tout le monde. Mes problèmes ne sont pas plus importants que les problèmes des autres. Je suis juste sous le feu des projecteurs dans ce milieu, c’est tout. Je suis content, triste aussi, c’est étrange. Mais je suis surtout en paix avec ma décision, c’est le plus important.

L’équipe Kawasaki a été incroyable, ils m’ont vraiment soutenu dans ma décision. Finalement, c’est peut-être pourquoi c’était aussi difficile de raccrocher car tous ces mecs étaient là, ils voulaient tout faire pour m’aider, ils me soutenaient peu importe la situation et faisaient preuve de vraiment de patience. Cette année, je me suis pointé sur les courses en faisant le job, comme d’habitude, en faisant le maximum. Je suis arrivé à Anaheim 1, sur un tracé vraiment défoncé, sur une terre vraiment meuble et dans un coin de ma tête, j’y pensais déjà. Je ne voulais pas trop y croire en fait, mais ça avait déjà commencé à me trotter dans un coin de la tête à l’intersaison, cette histoire de retraite. Je n’en ai jamais vraiment parlé mais après Anaheim 1, épreuve lors de laquelle j’ai roulotté pour terminer 12e, je me suis dit que je n’avais aucune envie de foutre mon cul sur la moto pour encaisser des chèques et me faire laver alors qu’un autre pouvait avoir ma place et faire le job. Ce n’est pas la façon dont je fonctionne. Si je sens que je n’ajoute aucune valeur dans ce que je fais, je préfère autant faire quelque chose d’autre. Au début, je pensais que j’allais être en mesure de faire la saison quand même mais au final, je ne suis pas à l’aise avec l’idée que ça se déroule comme ça pour moi toute l’année.

Évidemment, il y a eu quelques incidents en plus cette année [rires]. Jorge Prado m’a percuté dans le dernier virage à Anaheim 1 et m’a fracturé la main gauche, ce qui a forcément fait que j’ai forcé 10 fois plus sur la main droite alors qu’on disputait des courses chaotiques dans la boue à San Diego et San Francisco, avant de retrouver du sec à Anaheim 2 et là-bas, je n’étais pas en mesure de rouler. Je me suis dit qu’il allait falloir trouver des solutions, sinon c’était terminé pour moi.

Le truc, c’est que cette décision, c’est une décision énorme à prendre pour moi. La moto, c’est tout ce que je connais et tout ce que j’ai fait de ma vie. Tu ne veux pas prendre une décision comme ça sous le coup de l’émotion, tu veux vraiment être sûr que c’est la bonne décision que tu prends car tu n’auras pas de seconde chance. Voilà pourquoi je suis content d’avoir persévéré car si j’avais arrêté deux ans plus tôt, je sais très bien que je me serais demandé “Et si tu avais persévéré, et si tu avais trouvé une solution ?” […]”

Adam Cianciarulo “J’ai eu une dizaine d’opérations au niveau de la main, j’ai tout fait pour guérir”
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