Il y avait du beau monde engagé en catégorie 250 à Houston ce samedi pour l’ouverture de la côte Est et, parmi les 56 pilotes présents en piste, les premiers tours de roue du double champion du monde MX2 Tom Vialle étaient attendus. Après une poignée de saisons sur le mondial MX2 et la réussite qu’on lui connaît, le pilote Français n’a eu que quelques mois pour se lancer à l’assaut d’une toute nouvelle discipline sur l’un des championnats les plus prestigieux. Une septième place l’attendait au terme de sa première finale à Houston ce samedi; l’occasion de tirer un premier bilan.
On imagine que l’officiel Red Bull KTM a roulé avec le poids du monde sur ses épaules à l’occasion de sa première épreuve outre-Atlantique. Si les Français attendaient avec impatience les débuts du garçon aux USA, ce dernier était également attendu au tournant par les Américains qui ne voient pas débarquer un double champion du monde tous les quatre matins. La pression, Tom la connaît et sait la gérer; on se souvient d’une fin de championnat 2022 dantesque lors de laquelle Tom Vialle était parvenu à reprendre le leadership à Jago Geerts lors de la toute dernière épreuve pour finalement décrocher le titre pour 4 petits points d’avance.
Premier constat, la technique immaculée de Tom Vialle se transpose aussi bien en Motocross qu’en Supercross, jusqu’aux whoops. Victime d’un beau par-devant dans ces derniers lors des essais, c’est là que le pilote Français a rencontré le plus de difficultés ce week-end, se faisant déborder à quelques reprises dans cette portion de piste dans la finale. Section la plus technique en Supercross, on vous mentirait si on vous disait qu’on ne s’y attendait pas. Il va forcément falloir travailler dans les whoops et engranger plus d’expérience en situation de course cette saison; mais comme on dit, “Rome ne s’est pas faite en un jour”.
Il faut aussi passer par là … @Michael Lindsay
Sur le reste du tracé de Houston, Tom Vialle n’avait rien à envier aux pilotes qui écument la discipline depuis une poignée d’années, pour ne nommer que les Smith, Martin, Lawrence, Mosiman & Co. D’ailleurs, il est intéressant de voir que malgré une vitesse de pointe moins élevée que ses principaux rivaux dans les whoops, Tom Vialle a signé des temps très proches des top pilotes 250 biens établis de la catégorie.
Neuvième des essais chronos à 1 secondes 5 de la pole signée par Max Anstie, Tom Vialle a pris place derrière la grille de départ de la seconde manche qualificative; manche lors de laquelle il occupera la troisième position de bout en bout. Jordon Smith, vainqueur, signera un meilleur chrono en 52.990. Le meilleur temps de Tom Vialle ne sera que 0.004 sec moins rapide lors de cette heat, et il signera un meilleur chrono en piste que le poleman de la journée, Max Anstie qui terminera second de Jordon Smith.
Tom Vialle avait l’air de tout, sauf d’un rookie ce samedi @KTM
Bon starter en GP, bon starter en SX. Tom Vialle n’a pas loupé son départ lors de la finale de Houston. Placé derrière Hunter Lawrence dans les premiers mètres, Tom Vialle fera un intérieur au pilote Australien dans les premiers virages pour s’emparer du leadership. Chauvins, on l’est, mais on vous mentirait si on vous disait qu’on s’attendait à voir Tom mener ses premiers tours dès Houston.
Voilà donc Tom Vialle en tête, devant le gratin de la côte Est, pendant deux petits tours. Face à Hunter Lawrence, son expérience et ses 5 victoires dans la discipline, difficile de tenir. L’Australien prendra la tête de course dans la portion de sable dans le troisième tour. Tom Vialle, second, tiendra ensuite 5 tours à sa place, avant de se faire déborder par Max Anstie dans les whoops. De là, Tom parviendra à rester au contact du pilote Britannique pendant 7 tours avant de commettre une erreur à l’entrée d’un virage, et de finir dans les bottes de pailles. Cinquième, puis rapidement septième après avoir vu Deegan & Mosiman prendre le meilleur dans les whoops, Tom Vialle termine sa première finale en 7ème position. “What could have been”. En fait, c’est dans les clous, si l’on compare à la première épreuve de Dylan Ferrandis en 2017 (6e), ou encore à celle de Ken Roczen en 2011 (7e).
Maintenant, un coup d’œil sur les meilleurs secteurs à Houston; ils sont au nombre de cinq. Tom Vialle a signé le 4ème meilleur temps dans le premier et le second secteur, le huitième meilleur temps dans le 4ème secteur, le meilleur temps dans le dernier secteur mais le 18ème temps dans le troisième secteur. Bon, comme ça, ça ne vous dit probablement trop rien. L’AMA ne fournissant pas sa découpe de secteurs, on a timé le premier tour de Tom Vialle avec les segments effectués par l’officiel KTM pour tomber à quelque chose près sur l’arrangement des secteurs à Houston. On y voit un peu plus clair (vu, le CAP graphiste ?)
Sans surprise, le troisième et quatrième secteur passent par la série de whoops.
Dans le premier secteur (en jaune), le meilleur temps de Tom Vialle était 0.414 secondes moins rapide que le meilleur temps enregistré par Hunter Lawrence. Le Français a néanmoins signé un chrono plus rapide que Martin, Mosiman, Thrasher et Anstie dans ce premier secteur.
Dans le second secteur (en bleu), le meilleur temps de Tom Vialle était 0.023 secondes moins rapide que le meilleur temps enregistré par Jordon Smith.
Dans le troisième secteur (en rouge), le meilleur temps enregistré par Tom Vialle était 0.802 secondes moins rapide que Jordon Smith, qui était le plus rapide à l’entrée des whoops ce samedi. C’est dans ce même secteur que Tom Vialle a enregistré ce fameux 18ème temps lors de la finale, derrière Brock Papi, AJ Catanzaro, Henri Miller, Cullin Park, Hardy Munoz, Coty Schock & Co.
Dans le quatrième et avant-dernier secteur (en blanc), le meilleur chrono enregistré par Tom Vialle le place huitième sur cette portion de piste, à 0.360s secondes du meilleur chrono détenu par Hunter Lawrence.
Dans le dernier secteur (en orange), Tom Vialle signera le meilleur chrono lors de la finale, pour 0.009 secondes d’avance sur Hunter Lawrence.
En cumulant ses 5 meilleurs secteurs, Tom Vialle pouvait viser un chrono de 53.502′ au tour ce samedi; il enregistrera son meilleur temps – un 53.957′ – dans le 7ème tour, ce qui lui vaudra le cinquième meilleur temps enregistré lors de la finale. Sur tous les tours enregistrés lors de la finale, sa moyenne se portera à 55.388′; ce sera la quatrième meilleure moyenne de la soirée.
On remet ça samedi prochain, Tom ? @KTM
En somme, Tom Vialle a fait exactement ce qu’il fallait faire à Houston: une course intelligente, sans se précipiter, dans le but de prendre de l’expérience. Petit à petit, les choses vont se mettre en place. Une première épreuve réussie ô combien importante pour la confiance; le garçon sait qu’il est d’ores et déjà en mesure de jouer les avant-postes en Supercross.
On imagine toutefois que Tom Vialle tirait un peu la soupe à la grimace après avoir vu le podium s’envoler si près du but mais le Français n’a pas manqué ses débuts en terres US, loin de là. Quelques progrès dans les whoops, et on aura rapidement du souci à se faire du côté des habitués de la discipline qui voient non seulement Vialle débarquer, mais Haiden Deegan & Chance Hymas montrer de très belles aptitudes pour leur premier Supercross. Du sang neuf.
Tom Vialle, après Houston: “J’étais un peu nerveux lors de la première séance d’essais, mais je me suis senti plus à l’aise au fil de la journée. Dans ma manche qualificative, j’étais à nouveau un peu nerveux car c’était mon tout premier Supercross dans un stade de nuit, mais j’ai pris un bon départ et j’ai terminé troisième, donc j’étais content. En finale, j’ai encore pris un bon départ et j’ai mené pendant deux tours. Puis, à cinq tours de l’arrivée, et alors que j’étais troisième, j’ai fait une petite chute parce que j’ai manqué le frein arrière, et suis passé par-dessus le virage. Je suis déçu car j’aurais pu terminer sur le podium, mais j’ai beaucoup appris et c’était une bonne journée dans l’ensemble.”
Pour la suite, direction la Floride avec le Supercross de Tampa. Une belle série de whoops, une grosse portion de sable, un dragon’s back et les enchaînements habituels. Bref, vivement samedi.
