MXGP & Europe

Jeffrey Herlings “Jamais aucun pilote MXGP ne gagnera autant qu’aux US”


Ces dernières années, les rumeurs d’un éventuel départ de Jeffrey Herlings vers les USA ont été monnaie courante. Blessé à plusieurs reprises et de fait écarté de la course au titre, le pilote Néerlandais était espéré par beaucoup sur le championnat d’outdoor US tant en 2019 qu’en 2022, mais l’homme qui détient désormais 103 victoires en grand prix n’a finalement jamais franchi le cap d’une saison complète alors que le doublé d’Ironman en 2017 est encore bien ancré dans les esprits. Un jour peut-être ? 

Finalement, et à l’intersaison 2023/2024, c’est Jorge Prado qui fera la une des médias spécialisés de ce côté-ci de l’Atlantique comme de l’autre. Champion du monde MXGP en titre, le jeune pilote Espagnol participera aux trois premières épreuves du championnat de Supercross US en 2024 avant de revenir défendre sa couronne sur le mondial; un défi de taille. Ils seront nombreux – nous et vous les premiers – à suivre avec attention l’évolution de Prado au pays de l’oncle Sam alors que son installation – à temps plein – sur le continent Américain pourrait s’effectuer dès 2025.

La réputation des championnats AMA n’est plus à faire. Si l’enjeu sportif est de taille, l’enjeu financier l’est tout autant. Blessé à trois reprises cette saison – En Allemagne, puis aux Pays-Bas 2 fois – Jeffrey Herlings a eu du temps à tuer, et s’en est servi à bon escient pour prendre part au podcast Uncensored de Lewis Phillips; l’officiel Red Bull KTM abordait justement l’aspect financier en revenant sur sa saison la plus prolifique, 2018, lors de laquelle il remportera 17 des 20 GP disputés.

Jeffrey Herlings – Uncensored: “Si j’avais connu la même carrière aux USA qu’en Europe, j’aurais fait deux fois plus d’argent et j’aurais pris plus de plaisir, je pense. Des gars comme Ricky Carmichael ou Ryan Villopoto ont connu des carrières courtes, mais ils ont gagné beaucoup d’argent. On connaît les montants que les mecs prennent en Supercross, ce n’est pas un secret.

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En MXGP, les bonus des teams sont beaucoup moins importants qu’aux US. Je ne sais pas combien touche tout le monde mais c’est comme ça. Imagine si tu gagnes en moyenne 100.000$ par course en Supercross et en Outdoor. Je sais que tu touches plus en Supercross qu’en outdoor, mais il y a aussi les contrats avec les marques, les tenues, etc. On va imaginer une fourchette de 100.000$ par épreuve; imagine ce que Ryan Villopoto a encaissé vu la carrière qu’il a eue, sans compter les primes de championnat et tout en sachant qu’il pouvait gagner deux championnats par an. Ryan a aussi gagné sur la Monster Cup, et il avait un énorme salaire de base avec Kawasaki, Monster, Thor & compagnie.

Un pilote comme Villopoto devait se faire facilement 6 ou 7 millions par an. Tu gagnes 10 Supercross, 10 outdoor, les deux titres AMA, tu dois déjà prendre 4 millions. Tu pouvais gagner le million de la Monster Cup, ça faisait 5 millions. Tu prends aussi le salaire de ton contrat et des sponsors. Tu arrives à quoi, 6, 7 ou 8 millions ? Jamais aucun pilote MXGP ne gagnera autant qu’aux US.

En 2018, j’ai gagné quelque chose comme 4.5 millions, et c’était la saison parfaite. J’aurais pu gagner deux épreuves de plus mais je n’aurais pas gagné 3 millions de plus … Ryan Villopoto aurait peut-être pris plus que moi s’il avait décroché le titre quand il est venu, mais il n’y est pas parvenu. Je doute qu’un pilote arrive à se faire plus que moi en une seule saison, et seulement en roulant en Motocross.

Est-ce que je suis envieux des pilotes Américains ? Oui et non. Il ne faut pas sous-estimer le Supercross. C’est une discipline vraiment difficile et les gens ont tendance à sous-estimer sa dangerosité. Prendre des whoops défoncés pendant 25 tours lors d’une finale, ce n’est pas simple à faire. En 2016, j’ai fait la SMX Cup et j’ai terminé second derrière Ryan Dungey, c’était comme un Supercross sans whoops même si ce n’était pas aussi chaud que les pistes sur lesquelles les mecs roulent aux US. Un Supercross sans whoops, c’est encore différent. Quand j’étais aux US, je me suis pris des dizaines de chutes dans les whoops et je suppliais pour qu’on me renvoie à Lommel …

Regarde Tim Gasjer, quand il avait été faire la Monster Cup il avait terminé 3e ou 4e (ndlr: 5e); le Supercross en lui même n’est pas si difficile, mais les whoops… De toute façon, j’ai presque 30 ans donc ce n’est plus possible pour moi. Les Américains débutent dans la discipline à 15 ou 16 ans, ils se concentrent sur le Supercross très tôt et ils ont aussi le climat qui joue en leur faveur. Où est-ce que vous voulez qu’on s’entraîne en Supercross en hiver ici, sinon en Espagne ? […]”

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