MXGP & Europe

MXGP: retour du format sur deux jours, les pilotes s’expriment

MXGP: retour du format sur deux jours, les pilotes s’expriment

Le format sur une journée, imposé par la pandémie de Covid-19, a fait l’objet d’un regain de faveur en fin de saison dernière, lorsqu’il est apparu évident que le promoteur – Infront Motor Racing – souhaitait rétablir le format de deux jours dès 2022. Le champion du monde MXGP en titre – Jeffrey Herlings – était l’un des fervents défenseurs du format sur une journée unique, affirmant que ce format prolongerait les carrières des pilotes en réduisant les risques de blessure.

Avant 2020, le format des épreuves MXGP était bien établi: essais libres, essais chronométrés et une manche qualificative le samedi. Le format a été modifié et adapté – pour ressembler à celui des USA – dès 2020 et l’arrivée de la pandémie: des essais libres, directement suivis par des essais chronométrés qualificatifs, puis les deux manches. Toutes les épreuves des championnats d’Europe ont été déplacées au samedi, à une exception près en 2020. Cette décision visait à alléger les contraintes logistiques à l’organisation du championnat, mais également faciliter l’organisation des équipes.

Les pilotes ont vu leur temps en piste largement réduit par l’instauration de ce nouveau format. Un choc culturel pour certains, mais une routine pour les nouveaux arrivés en mondial MX2. Le changement était nécessaire pour faire face aux évènements sanitaires; en 2021, le calendrier du mondial MXGP a condensé 11 épreuves en 10 semaines lors de la seconde moitié de saison. La disparition de la manche qualificative – conçue pour distribuer les places sur la grille de départ, mais aussi pour divertir les spectateurs le samedi – a été bienvenu par les pilotes : l’effort fourni était jugé disproportionné, et les risques pris trop importants.

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Alors que le championnat s’apprête â être disputé sur vingt épreuves en 2022, les équipes et les pilotes s’acclimatent au retour du format originel, et ils sont nombreux à penser que ce retour aux origines est finalement une bonne chose.

Jed Beaton, F&H Kawasaki : “C’est bien dans un sens et un peu inutile dans un autre. C’est bien de rouler sur la piste, d’avoir un bon feeling et même de tester la moto dans les conditions ; c’est bénéfique mais la manche qualificative ? On n’en a pas besoin. Les essais chronométrés deviennent alors inutiles. On peut être premiers aux essais chronos, et terminer 10ème de la qualification. Si on faisait trois séances, deux essais et une qualification, ce serait bien.”

Glenn Coldenhoff, Monster Energy Yamaha : “On a fait des épreuves sur un jour pour la première fois il y a deux ans et on en est arrivé au point où l’on disputait jusqu’à trois GP en une semaine et, pour moi, c’était trop. C’était une bonne solution à l’époque mais je suis heureux de revenir au format de deux jours et d’avoir plus de temps sur la piste, plus de temps avec la moto. Devoir tout faire en une journée peut devenir stressant, et je pense que ça fait assez amateur si on doit passer plus de temps sur la piste d’entraînement le samedi ! J’ai toujours voulu rouler le samedi… et pour nous, cela signifiait plus d’organisation, car on devait prendre un van et trouver une piste pour rouler. Maintenant, nous avons de nouveau le temps pour nous préparer et faire des changements. J’aime ça.”

Ruben Fernandez, Honda 114 Motorsports : “Honnêtement, je préfère le format sur une journée, en tenant compte du fait que nous faisons beaucoup de courses pendant la saison. D’une certaine manière, c’est plus relax, parce que vous n’avez pas besoin d’être sur place deux jours avant les motos. Plus de temps sur la piste signifie également plus de risques, alors qu’on dispute déjà une longue saison et, parfois, avec beaucoup de week-ends consécutifs. Sur deux jours, c’est plus difficile physiquement”.

Alberto Forato, SM Action Racing Team : “Pour moi, deux jours, c’est la meilleure solution. Plus de temps sur la piste, plus de temps avec la moto, et plus de temps pour avoir un bon feeling pour être au top. C’est mon opinion, mais j’ai entendu dire que beaucoup de gars préfèrent la journée unique.”

Tim Gajser, Team HRC : “Je suis super content que nous soyons revenus au format sur deux jours. Chaque fois qu’on m’a interrogé à ce sujet lors des conférences de presse ces deux dernières années, j’ai toujours dit que le format me manquait. Je pense que si c’est un championnat du monde, ça doit être comme ça, sur deux jours. Bien sûr, on passe plus de temps sur la piste mais, de mon point de vue, c’est plus sécurisant car on a le temps de pouvoir travailler sur la moto. Sur une journée, c’était très intense.”

Giacomo Gariboldi, Team HRC & Honda 114 Motorsports : “Je préfère le format sur une journée. L’année dernière, cela a très bien fonctionné et nous n’avons pas pris de risques le samedi. Je ne suis pas un fan de la manche qualificative. On pourrait peut-être utiliser le samedi pour faire une séance d’essais ou de qualification, mais pas pour une course. Je pense qu’une seule journée est préférable pour les pilotes et les équipes.”

Jago Geerts, Monster Energy Yamaha : “Quand ils nous ont dit l’année dernière que nous allions revenir au format sur deux jours, je pensais que ce serait difficile après s’être habitué à une seule journée, mais c’était en fait très cool d’avoir à nouveau le temps sur deux jours. On dispose de plus de temps pour essayer différentes choses et c’est moins de stress. Donc, c’est une bonne chose. J’ai changé d’avis.”

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Mattia Guadagnini, Red Bull GASGAS : “Pour moi, c’est la première saison avec le format sur deux jours et ce n’est pas si mal. C’est bien de pouvoir voir la piste et trouver le rythme. C’est un peu plus de roulage, et la manche qualificative, c’est une course de plus et un départ de plus, ce qui est un peu dangereux, mais c’est bien d’avoir plus de temps sur la piste. Avant ça, c’était dix minutes pour jeter un coup d’œil et apprendre la piste, puis plein gaz pour se qualifier. C’est mieux sur deux jours.”

Pauls Jonass, Standing Construct Husqvarna: “Ça fait un moment qu’on n’avait plus disputé d’épreuve sur deux jours mais je pense que le MXGP en a besoin. On doit développer les motos et travailler sur les réglages. On peut voir que dans d’autres sports automobiles de haut niveau, ils ont également des formats sur deux ou même trois jours. C’est sûr que ça pourrait conduire à plus de blessures, mais alors peut-être qu’il nous faut équilibrer tout ça en s’entraînant moins pendant la semaine”

Simon Längenfelder, Red Bull GASGAS : “J’aime le format sur deux jours parce que je peux avoir plus de temps avec la moto de course ! Sur certains points, elle est un peu différente de celle avec laquelle je m’entraîne et parfois, je me sens un peu tendu à cause de ça. Plus de temps en piste, ça signifie qu’on peut être plus détendu, moins stressé, et qu’on a le temps de trouver les traces”

David Luongo, CEO Infront Moto Racing : “Le format d’une journée n’était pas prévu comme un changement durable. Nous avons dû adapter le calendrier afin que les piloteset les équipes soient préparés pour les triples épreuves et les GP consécutifs à cause du Covid. Notre sport se déroule sur un format de deux jours comme les autres disciplines majeures du sport automobile parce que les équipes, et en particulier les équipes d’usine, ont besoin de plus de temps sur la piste pour les réglages des motos et pour développer leurs prototypes. Le format sur deux jours rend également le championnat plus complet et plus exigeant. Nous devons également penser à nos organisateurs locaux et à leurs besoins. Les spectateurs sont habitués à voyager du vendredi au dimanche et à avoir deux jours de show sur la piste et, bien sûr, avoir les pilotes MXGP qui roulent aussi le samedi est un plus important pour les organisateurs.”

Jorge Prado, Red Bull GASGAS : “Je suis partagé. Au début, je n’étais pas un fan du retour aux deux jours car je pensais que le samedi n’était pas très utile. On roulait pour rien, juste pour les positions derrière la grille. D’un autre côté, je peux voir que le fait d’avoir plus de temps sur la piste peut réellement aider en termes de sécurité car on peut vraiment mieux connaître le circuit et la texture. Si nous devons rouler le samedi, pourquoi ne pas attribuer des points ? Cela en vaudrait la peine car sur la plupart des terrains, une place dans le top 10 lors de la manche qualificative suffit pour prendre un bon départ lors des manches”

Antti Pyrhonen, Team Manager, Kawasaki Racing Team : “Pour nous, le format de deux jours est bien meilleur. Bien sûr, nous avons compris la nécessité de passer sur un format journée unique pendant la pandémie, mais deux jours, c’est mieux pour nous permettre de régler la moto et pour que le pilote puisse se familiariser avec la moto et la piste. Cela nous laisse le temps de nous ajuster et de vraiment travailler tout au long du week-end jusqu’au moment crucial: les manches. J’ai vu ces deux dernières années – lorsque nous avions des nouveaux pilotes – qu’il était plus difficile pour eux d’atteindre leur potentiel et d’être à l’aise après une seule séance. C’était difficile et très exigeant de se lancer directement dans les courses.”

Thomas Kjer Olsen, DIGA Procross KTM : ” Je suis content du retour des deux jours. Sur une journée, c’était difficile pour s’adapter à la piste et pour pouvoir donner mes ressentis à l’équipe également. Il n’y avait tout simplement pas assez de temps pour faire des changements sur la moto. On abordait la première manche sans vraiment être certain. J’ai aussi eu le sentiment que c’était beaucoup de trajet pour juste rouler une journée.”

Maxime Renaux, Monster Energy Yamaha : “C’est différent, une approche différente. On se doit d’être intelligents avec notre dépense d’énergie, et ne pas faire de folies le samedi. C’est utile pour les réglages de la moto mais, d’un autre côté, je pense que le format d’une journée était mieux pour les équipes. C’est du 50-50. C’est ma première année en catégorie MXGP donc on peut dire que j’ai besoin de plus de temps en piste… mais j’étais déjà rapide et j’ai gagné la manche qualificative à Matterley. Je sais que ce temps supplémentaire m’aidera plus tard dans la saison mais, en même temps, j’aurais été OK avec le format sur une journée.”

Roan Van de Moosdijk, Nestaan Husqvarna : “Lorsque j’ai commencé ma carrière en MX2 en 2020, on devait déjà faire face au Covid. Avant cela, j’avais fait quatre ou cinq GP avec le format traditionnel, mais le format d’une journée me semblait être quelque chose auquel j’étais habitué sur le championnat européen. Maintenant, j’apprécie le temps supplémentaire que nous avons sur la piste, mais je pense que j’ai besoin de plus de GP, peut-être d’une saison complète ou deux, avant de pouvoir vraiment dire ce que je préfère.”

Jeremy Seewer, Monster Energy Yamaha : “Avoir le retour du format sur deux jours rend les choses un peu plus simples pour nous pilotes. Ce n’est pas aussi intense le dimanche. On peut aller sur la piste le samedi et travailler pour les manches : ce n’était pas possible l’année dernière. En gros, on avait quatre tours d’essais libres et ensuite on devait se donner à fond et parfois c’était un peu dangereux. La course de qualification ne vaut pas vraiment la peine. Il serait plus logique d’avoir deux réelles sessions le samedi et de rouler le dimanche. Globalement, deux jours, c’est mieux pour tout le monde.”

Tom Vialle, Red Bull KTM : “C’est différent, c’est sûr. Je n’ai connu qu’une seule saison comme celle-ci, en 2019, et j’apprécie le fait que nous ayons plus de temps. Je suis encore jeune et ce n’est pas comme si je roulais en mondial depuis dix ans. J’aime ça. Il y a plus de temps pour travailler et s’assurer que tout va bien pour dimanche.”

Ben Watson, Kawasaki Racing Team : “Je préfère le format sur deux jours. J’aurais bien eu besoin d’une journée supplémentaire lors de ma première saison en MXGP l’année dernière et j’apprends encore beaucoup maintenant. Le format d’une journée signifiait qu’on devait vraiment faire des sprints dès le début et j’ai eu un peu de mal avec ça, puis j’ai eu du mal avec mes départs. Maintenant, on fait plus de tours et on peut augmenter graduellement l’intensité. Ça fonctionne mieux pour moi. Il faut aussi se rappeler qu’on voyage assez loin. Maintenant, on a un vrai week-end de course et le programme est plus logique.”

Via Adam Wheeler, adapté par dailymotocross.fr

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