Inde

Thomas Ramette – Road to India #2

Images: Shubham Dhamale

Pas le temps de respirer pour Thomas Ramette ces dernières semaines. Présent à Pune pour l’ouverture de l’ISRL, le pilote Français était du côté d’Herning – au Danemark – le week-end suivant, avant de faire un retour en inde – à Ahmedabad – pour participer à la seconde épreuve de l’Indian Supercross Racing League. Heureusement pour Thomas, ce dernier peut compter sur le soutien logistique de son équipe, Reise Moto, qui s’est offert les services du pilote Français pour la saison inaugurale.

Chaque team gère son planning différemment, mais c’est relativement pareil pour tout le monde. Le team nous réserve le billet d’avion selon nos préférences. Par exemple moi, j’ai donné les horaires qui me conviennent le plus, et je leur ai simplement demandé de me faire voyager avec Air France. J’ai un taxi qui m’attend à l’arrivée à l’aéroport, et ce dernier m’amène au stade ou à l’hôtel. À Pune, on était 3 ou 4 teams dans le même hôtel, plus l’organisation. À Ahmedabad, c’était différent, il n’y avait que mon team. Là encore, ce sont les teams qui gèrent tout pour nous. On est en pension complète à l’hôtel et on y mange matin, midi et soir. Moi, je me déplace tout seul sur ces épreuves, ma compagne bosse et ce sont de gros déplacements pour passer deux jours sur place. Je sais que certains pilotes partent avec leur mécanicien, c’est le cas de mon coéquipier Nico Koch par exemple. Là encore, le team prend en charge le mécanicien. Moi, mon mécano est déjà présent sur place, au sein du team.”

Quatrième de la première épreuve de Pune au guidon d’une 450 KX-F stock, Thomas Ramette a ramené ses suspensions en France afin de les faire préparer en prévision du deuxième round. Problème, ces dernières n’ont jamais passé la douane de Bombay lors du retour en Inde et c’est finalement dans des conditions encore plus délicates que Thomas a disputé la deuxième épreuve, ses bagages n’étant jamais arrivés à temps.

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J’ai eu une galère avec mes affaires pour cette seconde épreuve. J’avais ramené les suspensions de ma Kawasaki en France après Pune pour les faire préparer. Jérôme Hemery me les a faites et de là, c’était la grève des agriculteurs en France, le transport a pris plus de temps, puis il y a eu le Touquet. Niveau timing, c’était limite. Je devais les recevoir le mercredi et partir le jeudi en Inde mais avec UPS, ça s’est mal goupillé et je n’ai pas pu partir jeudi. Du coup, le team a modifié mon vol pour que je parte le vendredi, une fois les suspensions reçues. Je suis donc parti le vendredi, avec mes suspensions, ma valise, et mon sac en cabine. Arrivé là-bas, tout s’est retrouvé bloqué en douanes à Bombay. Je pensais pouvoir récupérer mes affaires pour le jour de la course, mais rien du tout. Finalement, j’étais en Inde sans rien. Mon team avait gardé mes tenues, j’avais par miracle mis mes bottes dans mon sac cabine – chose que je ne fais jamais – et voilà. Je n’avais pas de casque, pas de gants, pas de lunettes, pas de gants. Ce sont finalement les pilotes Français qui m’ont prêté de tout, à droite à gauche. Le problème, c’est que vu que j’étais rentré en France avec les suspensions de ma moto et qu’elles étaient bloquées à la douane, j’avais une moto …. sans suspensions ! Le team a réussi a choper une fourche de 250 pour la mettre sur la 450. Cédric Soubeyras ayant ramené ses suspensions perso’, son team a pu me prêter un amortisseur d’origine pour le week-end; ça a été une sacrée histoire et c’était finalement encore pire que la première épreuve. J’étais arrivé là-bas à poil.”

Les organisateurs de l’Indian Supercross Racing League affichent de belles ambitions avec la nouvelle série qui vise à développer le sport dans des endroits jusqu’alors inexplorés. Les quelques ratés de la première épreuve ont rapidement été corrigés par le promoteur qui apprend finalement sur le tas. S’ils ont bien fait la promotion du championnat National Indien de Supercross (Supercross India), ces organisateurs doivent désormais répondre à de nouvelles normes afin de satisfaire une poignée de pilotes internationaux triés sur le volet. Rome ne s’est pas faite en un jour.

“Cette deuxième épreuve m’a impressionnée. Tout était plus fluide, plus carré. Par exemple, à la première épreuve, on se prenait un drapeau rouge quelques mètres avant le drapeau à damier, c’était étrange. En gros, on partait pour un tour chrono, et ils nous arrêtaient à 3/4 du tour pour nous faire sortir. C’est un petit détail mais c’est énervant quand tu ne t’y attends pas. Au niveau de ces petits détails, tout a été plus fluide, lissé et corrigé. Au niveau de la grille de départ, on a pu faire un vrai test de départ le samedi lors de la séance chrono; c’est très inspiré des US. Ils ont aussi rajouté des filets de protection dans certains virages. L’organisateur a fait plein de petites choses pour s’améliorer après la première épreuve; c’était vraiment bien. On sent l’inspiration des US et franchement, c’est vraiment top. Ça avait vraiment de la gueule. En plus, ils n’avaient pas pu utiliser la pelouse du stade lors de la première épreuve. Là, ils ont pu utiliser tout le stade. C’était vraiment plaisant.”

À Pune et par manque de temps – les camions transportant la terre ayant eu bien du mal à de frayer un chemin dans le trafic – la piste s’était vue bâclée pour respecter les délais impartis. À défaut d’avoir pu utiliser l’intégralité de l’enceinte du Shree Shiv Chhatrapati Sports Complex – et notamment de recouvrir la pelouse de terre – l’organisation avait dû se contenter d’un tracé simpliste. Pour ce second round d’Ahmedabad, l’intégralité du stadium a pu être utilisé. Qui dit surface élargie dit meilleure piste, et dit aussi meilleur spectacle.

“Au niveau de la piste, c’était mieux qu’à Pune. C’est vrai qu’il y avait une petite partie qui n’a pas été très bien utilisée, par exemple toute la ligne droite de départ ne servait qu’une fois et elle prenait une grande partie du terrain. On aurait pu faire un 180 après le départ, revenir, faire deux lignes de plus. Après, on voit qu’ils sont encore un peu à l’arrache pour terminer la piste à temps, comme lors de la première épreuve. Ça se présente bien au début, et on sent que c’est un peu bâclé à la fin par manque de temps; c’est mon ressenti. Quoi qu’il en soit, ça avait de la gueule et le terrain était quand même sympa cette fois-ci. On a eu des petits whoops, ils ne font pas des trucs de fou car il y a des pilotes Indiens. Il y a des enchaînements sympas même si on était que 3 ou 4 à faire des triples dedans. Finalement, ça ne servait à rien, car c’était plus rapide de faire 2-2-2 et c’est un peu dommage de ce côté-là. C’était quand même sympa car il y a tout de même des bons pilotes. On pouvait faire des trucs différents un peu différent en piste, même si ça ne payait pas au niveau du chrono. Je me suis vraiment fait plaisir, même si j’étais encore en piste avec des suspensions d’origine [rires]. On a eu le droit à une terre un peu sablonneuse qui s’est pas mal défoncée, c’était mieux que le béton de Pune. Franchement, pour une première année, c’est vraiment top ce qu’ils font. Ils ont bien pensé et construit leur projet; leur championnat. Il faudrait peut-être travailler pour finir les pistes à temps, les améliorer un petit peu par la suite mais sinon, je me régale. On en a parlé avec les autres pilotes Français, ils trouvent aussi que c’est vraiment pas mal, et que ça a un certain potentiel.”

Après les 10.000 spectateurs annoncés à Pune, 12.000 spectateurs ont répondu présent à Ahmedabad, mais seulement en début de programme toutefois. Étonné, c’est face à un stadium quasiment vidé que Thomas a participé à la fin de soirée ce dimanche.

“Là encore, c’était quasiment plein. Ils annoncent 12.000 personnes. Il y a eu superbe présentation, une ambiance de folie, des gens qui hurlaient de partout dès qu’on faisait un saut. Il y avait le Ministre en chef du Gujarat dans le public, c’était très important pour eux. Ce qui était vraiment marrant, c’est que le stade était plein lors des premières courses, et d’un coup, il s’est vidé. Quand on s’est mis sur la grille de départ pour notre deuxième manche, il n’y avait plus personne dans les tribunes, peut-être 10% ou 20% de ce qu’il y avait lors de la première manche. Un truc de fou. J’ai demandé pourquoi à mon team, ils m’ont dit que c’était comme ça. Les gens avaient vu ce qu’ils étaient venus voir, et ils étaient tous partis. C’est une culture différente de chez nous [rires]. C’était impressionnant de passer d’un stade plein, et de finir avec un stade presque vide. Les gens sont restés 1h, 1h15, et ils sont partis. Je n’avais jamais vécu ça.”

S’il était loin d’être dans les conditions idéales à Ahmedabad, Thomas Ramette a été en mesure de tirer son épingle du jeu. Il remportera la première manche – lors de laquelle Jordi Tixier et Cédric Soubeyras en viendront aux mains – avant de terminer 5ème en seconde manche. Un carter d’allumage cassé pendant le second débat, couplé à des côtes toujours douloureuses après une mauvaise chute à Herning obligeront le pilote Reise Moto a sauver les meubles en fin de soirée. Mais Thomas ne pourra participer à la superfinale compte tenu des pépins mécaniques rencontrés sur sa 450 KX-F. Il termine toutefois second de la soirée – derrière Matt Moss – et pointe désormais dans le top 3 provisoire avant la finale, qui ne se disputera pas à New Delhi comme prévu, mais à Bengaluru. En cause, un mouvement social initié à Delhi par les fermiers Indiens.

“Niveau organisation, ils nous écoutent quand même beaucoup. Ça passe par le biais des team-manager, ça évite que ça devienne la foire d’empoigne lors des briefings pilotes. On fait passer nos messages comme ça. Lors de la première épreuve par exemple, on avait eu deux séances d’essais le samedi, la veille de l’épreuve, et rien le dimanche. On avait eu un tour de reconnaissance, et on avait directement attaqué avec la première manche le dimanche soir. C’était très particulier et on avait demandé a faire la séance chrono le dimanche matin, histoire d’être dans le bain pour les manches du dimanche. Ils sont quand même à l’écoute même si ça n’a pas été changé pour la seconde épreuve [rires]. Ils apprennent assez vite de leurs erreurs. Les petits trucs qui m’avaient dérangé à la première épreuve ont vite été corrigés pour ce second round et je pense que ça va aller en s’améliorant.”

Thomas vadrouille à l’étranger ces derniers temps, mais Thomas n’en reste pas moins attentif à ce qu’il se fait en France. Ce dernier félicite notamment la nouvelle direction prise par le championnat de France SX Tour via son nouveau projet “Supercross France Objectif 2026”. Un projet que Thomas soutient. Lui aussi, espère que la relève pointera le bout de son nez pour venir animer les Supercross dans l’hexagone dans un avenir proche.

“Je pense que ce projet est une bonne chose. On sait que ça tient à cœur à Jean Luc [Fouchet] d’avoir une relève. Ça fait 10 ans qu’on retrouve les mêmes pilotes. Je ne pense pas que ce soit réellement la faute du promoteur s’il y a moins de pilotes. Il y en a beaucoup qui ont préféré tenter leur chance en Grand Prix, sur l’Europe, etc, et le Supercross a été délaissé. Je pense que JLFO veut remotiver les jeunes. Dans les commentaires, il reste encore des gens qui disent qu’il n’y a pas de pistes en France. Au bout d’un moment, ils ne font pas dans le social non plus. On ne peut pas tout leur mettre dans la bouche. Tu peux démarcher des entreprises de TP de ta région, tes agriculteurs pour avoir des terrains … Ce qu’ils font est déjà énorme et là, il va y avoir des stages sur les circuits du championnat de France. Il y aura un encadrement avec des pilotes du championnat; c’est quand même top. Si les gens sont motivés, ça marchera. Dire qu’il n’y a pas de terrain, c’est une fausse excuse. Les gars qui font du Motocross vont s’entraîner en Belgique, en Espagne, ils font des bornes et ils mettent les moyens. S’ils mettent les moyens pour le MX, pourquoi pas pour le SX ? Ce nouveau projet est une bonne chose, j’espère que ça rencontrera du succès et que ça permettra de former de nouveaux pilotes qui performeront derrière. On voit que le Supercross se développe, regarde l’Inde ! On peut y gagner sa vie, être un pilote professionnel et reconnu; c’est quand même une belle discipline !”

Thomas Ramette – Road to India #2
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